Vingt ans et plus DU MÊME AUTEUR Romans et essais Avec François Baudin, Chagrin lorrain, Seuil, 1979. L’Âge-déraison, Seuil, 1982. Trans-europ-express, Seuil, 1984. Tanger, Quai Voltaire, 1987 ; Le Livre de Poche, 1990 ; Folio, 2000. L’Enthousiasme, Quai Voltaire, 1988 ; Grasset, 2006. Les Tambours du monde, Grasset, 1989 ; Le Livre de Poche, 1989. Chronique du liban rebelle1988-1989, Grasset, 1991. La Part du diable, Grasset, 1992. Littérature notre ciel, souvenir d’Heinrich Maria Ledig Rowohlt, Grasset, hors commerce, 1992. Les Fêtes partagées, lectures et autres voyages, NiL, 1994. Mitterrand et nous, Grasset, 1994. Avec Roger Stéphane, Des hommes libres : La France libre par ceux qui l’ont faite, Grasset, 1997. Alexandrie, NiL, 1997, 2003 ; Folio, 2000. Tanger et autres Marocs, NiL, 1997 ; Folio, 2000. Johnny, NiL, 1999 ; 2009. Istanbul, NiL, 2002 ; Folio, 2004. Dans la marche du temps, Grasset, 2004 ; Le Livre de Poche, 2006. Camus ou les promesses de la vie, Mengès, 2005. Les Vignes de Berlin, Grasset, 2006. Journal de lectures, Les Transbordeurs, 2007. Carthage, NiL, 2008 ; Folio, 2009. Malta Hanina, Grasset, 2012 ; Folio, 2013. Ouvrages collectifs Sous la direction de Jean François Fogel et Daniel Rondeau, Pourquoi écrivez- vous ?, Le Livre de Poche, 1988. Avec Gérard Rondeau, Portraits champenois, Reflets, 1991. Sous la direction de Daniel Rondeau, L’Appel du Maroc, Institut du Monde Arabe, 1999. Avec des photographies de Marc Moitessier, Istanbul, La Martinière, 2005. Avec des aquarelles d’Alberto Bali, La Consolation d’Haroué, Gourcuff Gradenigo, 2007. Préfaces Goudji, le magicien d’or, Gourcuff Gradenigo, 2007. Petites îles de Méditerranée, Gallimard/conservatoire du littoral, 2012. Istanbul : photographes et sultans, 1840-1900, CNRS Editions, 2012. De port en port : 1870-1950, Éditions du patrimoine, 2012. L’esprit du vignoble, Flammarion, 2012. Daniel Rondeau Vingt ans et plus Journal 1991-2012 Flammarion © Flammarion, 2014. ISBN : 978-2-0813-3339-0 Introduction Mon grand-père, modeste vigneron de Champagne, tenait le jour- nal des vents et des températures, de la fleur de la vigne, des maladies et des vendanges. Je décidai de faire comme lui et comme ma mère (qui notait aussi chaque centime dépensé sur son agenda), et m’effor- çai d’écrire les cahiers de mes saisons. Fraîchement entré dans la quarantaine, j’avais confirmé quelques choix stratégiques, pris des dis- tances avec toute forme d’engagement partisan, je m’étais réconcilié avec Dieu. J’aurais pu me laisser happer par la gourme pailletée de l’époque si ma jeunesse, brûlée dans les temples de l’industrie lor- raine, ne m’avait enseigné le doute face aux vérités de passage. La vie courait. Elle me jetait dans les chevilles ses bâtons de surprises explosives. J’accélérais, en sachant déjà que l’existence n’est qu’une histoire de recommencements. J’ai pour les nouveaux départs le même goût que pour les bains dans des mers fraîches. Les années passèrent. Je n’avais jamais ouvert ces cahiers jusqu’au jour où Teresa Cremisi fit le voyage de Malte pour envisager leur publication. Je les ai lus comme s’ils étaient d’un autre. Il m’a semblé y retrouver un peu de l’eau de la vie, quelques gouttes, recueillies dans la paume de la main, au jour le jour, avant le filtrage. Eau vive : amitiés, désa- mitiés, engagements, voyages, hauts, bas, solitudes, indignations, ren- contres, nouveaux départs, lectures, regrets, libertés et bonheurs. Mais sans doute ne suffit-il pas d’être libre, ou heureux. Mon étonnement est de lire aussi dans ce journal la chronique d’un persistant chagrin français. Mon souci de voir notre pays s’écarter chaque jour un peu plus de son histoire, pendant ces Vingt ans et plus, comme si une 7 VINGT ANS ET PLUS étrange corruption de la pensée avait fait de nous des « apatrides spirituels », selon l’expression de Kundera, peu à mêmes de rendre ses ailes à notre Europe foudroyée. AVERTISSEMENT Il y a des trous d’air dans ce journal, comme dans la vie, et un blanc de trois ans (couvrant notamment les dernières années de rédaction et la sortie de Dans la marche du temps). Notre maison en Champagne a été dévastée par un cambriolage et une catastrophe domestique. Certains cahiers et disquettes ont été définitivement perdus. Noëlle Rondeau a reconstitué ce qui était endommagé et récupérable. Je n’aurais jamais eu le courage de le faire. Elle est pour moi une précieuse relectrice, tout comme Alice d’Andi- gné et Anavril Wollman qui, chez Flammarion, ont fait beaucoup pour ce manuscrit rescapé. Merci à elles trois. 1991
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