Les positions théologiques d’Amphiloque d’Iconium sur le débat trinitaire au IVème siècle Matthaios Mikropoulos To cite this version: Matthaios Mikropoulos. Les positions théologiques d’Amphiloque d’Iconium sur le débat trinitaire au IVème siècle. Religions. Université de Strasbourg, 2016. Français. NNT: 2016STRAK005. tel-01493874 HAL Id: tel-01493874 https://theses.hal.science/tel-01493874 Submitted on 22 Mar 2017 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. UNIVERSITÉ DE STRASBOURG ÉCOLE DOCTORALE DE THÉOLOGIE ET DES SCIENCES RELIGIEUSES ED 270 THÈSE présentée par Matthaios MIKROPOULOS soutenue le 27 février 2016 pour obtenir le grade de : Docteur de l’Université de Strasbourg Discipline/ Spécialité : Théologie Catholique Les positions théologiques d’Amphiloque d’Iconium sur le ème débat trinitaire du IV siècle THÈSE dirigée par : Madame VINEL Françoise Professeur de l’Université de Strasbourg RAPPORTEURS : Madame BROC-SCHMEZER MCF, HDR, Université de Bordeaux et Chargée de cours au Centre Catherine Sèvres (Paris) Madame BASTIT Agnès MCF, HDR, Université de Lorraine AUTRE MEMBRE DU JURY : Monsieur CUTINO Michele Professeur de l’Université de Strasbourg SOMMAIRE SOMMAIRE .................................................................................................................. 3 RÉSUMÉS .................................................................................................................... 4 ABRÉVIATIONS .......................................................................................................... 5 INTRODUCTION ........................................................................................................ 7 PREMIÈRE PARTIE : VIE ET ŒUVRES D’AMPHILOQUE DANS LEUR CONTEXTE ............................................................................................................... 13 CHAPITRE I : LA VIE D’AMPHILOQUE D’ICONIUM .................................................... 13 CHAPITRE II : L’ŒUVRE ET LES QUESTIONS D’AUTHENTICITÉ ............................ 36 CHAPITRE III : CONTEXTE HISTORIQUE ET THÉOLOGIQUE ................................... 75 DEUXIÈME PARTIE : LA MÉTHODE THÉOLOGIQUE D’AMPHILOQUE .................................................................................................................................... .121 CHAPITRE I : LES ÉCRITURES ...................................................................................... 122 CHAPITRE II : LES INFLUENCES QUI ONT MARQUÉ AMPHILOQUE ................... 127 CHAPITRE III : LES POSITIONS THÉOLOGIQUES D’AMPHILOQUE – SA MÉTHODE ............................................................................................................................................... .192 CHAPITRE IV : LES PARTICULARITÉS DE VOCABULAIRE THÉOLOGIQUE D’AMPHILOQUE ................................................................................................................ .196 TROISIÈME PARTIE : LA THÉOLOGIE ET L’ÉCONOMIE SELON SAINT AMPHILOQUE ........................................................................................................ .213 CHAPITRE I : LA CHRISTOLOGIE AMPHILOQUIENNE ............................................. 215 CHAPITRE II : L’ENSEIGNEMENT D’AMPHILOQUE SUR LE SAINT-ESPRIT ........ 247 CHAPITRE III : LA DOCTRINE DE LA TRINITÉ SELON AMPHILOQUE ................ .260 CONCLUSION ......................................................................................................... 286 BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................... 292 INDEX SCRIPTURAIRE ....................................................................................... 313 INDEX DES MOTS-CLÉS ...................................................................................... 316 INDEX DES CITATIONS D’AMPHILOQUE ..................................................... 319 TABLE DES MATIÈRES ....................................................................................... 323 Matthaios MIKROPOULOS Les positions théologiques d’Amphiloque d’Iconium sur le ème débat trinitaire du IV siècle Résumé Amphiloque d’Iconium contribue à l’élaboration de la théologie du 4ème siècle en précisant la terminologie christologique, en particulier avec l’expression «un Fils et deux natures». Selon Amphiloque, la nature humaine du Christ est «passible, mortelle et intelligible». La nature divine est «impassible, immortelle et invisible». Le Logos de Dieu, affirme Amphiloque, a été enfanté «à cause de l’Économie». Selon l’expression propre d’Amphiloque, «le Logos de Dieu est né charnellement, pour que nous soyons réengendrés spirituellement». Il a supporté la forme d’esclave, pour que nous profitions de la gloire de la filiation. Pour Amphiloque, le Père est «incréé» et le «le créateur de toutes choses», le Fils «a été engendré hors du temps et sans principe» et «existe depuis toujours avec le Père selon la divinité» et l’Esprit, Amphiloque dit qu’Il «procède de Dieu le Père éternellement». Amphiloque parle clairement de la coexistence éternelle de trois personnes divines, de l’incréé du Père, de l’engendrement du Fils et de la procession de l’Esprit. Mots-clés: Apotactites, arianisme, Écritures, effroi, égalité, Encratites, tradition, paroles d’humilité. Abstract Amphilochius of Iconium contributes to the development of the 4th century’s theology by specifying the Christological terminology, especially with the phrase "one Son and two natures". According to Amphilochius, the human nature of Christ is "liable, deadly and intelligible". The divine nature is "impassible, immortal and invisible". According to Amphilochius, the Logos of God was engendered "because of the Economy". According to the particular expression of Amphilochius, "the Logos of God was born carnally, so as we will be regenerated spiritually". Christ put on the form of a slave, so that we can take advantage of the glory of adoption. For Amphilochius, the Father is "uncreated", "the creator of all things", the Son "was created out of time and without principle" and "has always existed with the Father according to the divinity" and the Holy Spirit, Amphilochius says that It "eternally proceeds from the Father". Amphilochius speaks clearly for the eternal coexistence of the three divine persons, for the uncreated of the Father, the begotten of the Son and the procession of the Holy Spirit. Keywords: Apotactites, Arianism, Scriptures, fear, equality, Encratites, tradition, words of humility. ABRÉVIATIONS ASFTHUA = Annales Scientifiques de la Faculté de Théologie de l’Université d’Athènes. ASFTHUTH = Annales Scientifiques de la Faculté de Théologie de l’Université de Thessalonique. ACO = Acta Conciliorum Œcumenicorum, éd. E. Schwartz, t. 1-4, Berlin, 1927- 1962. AcPaBy = Acta Patristica et Byzantina, Prétoria. Acta Classica = Acta Classica, Prétoria. Augustinianum = Istituto Patristito « Augustinianum », Rome. BLE = Bulletin de Littérature Ecclésiastique, Toulouse. BJRL = Bulletin of the John Rylands Library, Manchester. CBibpat = Cahiers de Biblia patristica, Strasbourg. CCSG = Corpus Christianorum Series Graeca. ChH = Church History. American Society of Church History, Chicago. CSHB = Corpus scriptorum historiae Byzantinae. CUF = Collection des Universités de France, Les Belles Lettres, Paris. DCTh = Dictionnaire critique de théologie, sous la dir. de J.-Y. Lacoste, 3ème édition revue et augmentée par Olivier Riaudel et Jean-Yves Lacoste, Paris 2007. DHGE = Dictionnaire d’Histoire et de Géographie ecclésiastiques, 30 vol. parus, Paris. DOP = Dumbarton Oaks Papers, Cambridge, Mass. EAug = Études augustiniennes, Paris 1954-. EBS = Electronic Bible Society. EChR = Eastern Churches Review. 1966 –. GCS = Die griechischen christlichen Schriftsteller, Berlin. GOTR = The Greek Orthodox Theological Review. Brookline, Mass.: Greek Orthodox Theological Institute Press, 1954-. Gregorianum = Gregorianum, Rome. GNO = Gregorii Nysseni Opera. HThR = Harvard Theological Review, Cambridge, Mass. HTHR = Historical and Theological Reassessments, Philadelphia. JAC = Jahrbuch für Antike und Christentum, Münster 1921-. JECS = Journal of Early Christian Studies. JÖBYZ = Jarhbuch der Öesterreichischen byzantinischen Gesellschaft, Wien 1969-. JThS = Journal of Theological Studies, London 1900-1905: Oxford 1906-1949: N. S., Oxford 1950-. Le Muséon = Le Muséon: Revue d’études orientales, Louvain. MSR = Mélanges de Science Religieuse, Lille. OCA = Orientalia Christiana Analecta, Rome. PG = Patrologia Graeca, Cursus Completus, éd. J.-P. MIGNE, Paris 1857-1912. PTAA = Politique et théologie chez Athanase d’Alexandrie. PTS = Patristische Texte und Studien. RÉAug = Revue des Études Augustiniennes, Paris. RevSR = Revue des Sciences Religieuses, Strasbourg. RHE = Revue d’Histoire Ecclésiastique, Louvain. RecSR = Recherches de Sciences Religieuses, Paris. RTPM = Recherches de Théologie et Philosophie Médiévales. SEA = Studia Ephemeridis « Augustinianum », Rome. SC = Sources Chrétiennes, Paris. SJTh = Scottish journal of theology. SP = Studia Patristica. SpOr = Spiritualité orientale, Begrolles-en-Mauges, 1966-. STVQ = St Vladimir’s Theological Quarterly, New York 1969-. TAJSC = The American Journal of Sociology, Chicago. TAJTh = The American Journal of Theology, Chicago. TJR = The Journal of Religion, Chicago. TPAPhAs = Transactions and Proceedings of the American Philological Association, vol. 50, 1919. ThSt = Theological Studies. VFAG = Volume de Fête d’Anniversaire des mille six cent ans d’Athanase le Grand (373-1973), Thessalonique 1974. VigChr = Vigiliae Christianae, Amsterdam. ZNW = Zeitschrift für die neutestamentliche Wissenschaft und die Kunde der alteren Kirche, Grießen 1990-. INTRODUCTION Tous les Pères du IVème siècle, surtout Athanase d’Alexandrie, Basile de Césarée, Grégoire de Nazianze, Grégoire de Nysse et Jean Chrysostome, qui ont contribué de façon décisive à la théologie dogmatique de l’Église, ont été profondément analysés au cours du siècle dernier. Mais il faut reconnaître qu’il en est moins ainsi pour la personnalité et la contribution théologique d’Amphiloque, évêque d’Iconium de 374 à 394 : peu de choses ont été dites et écrites. La bibliographie de notre thèse est occidentale et orientale, grâce à notre résidence en France les cinq dernières années. Ce long séjour en France nous a beaucoup aidé à traiter les diverses aspects de la thèse. On a trouvé et utilisé bien des articles et des livres sur Amphiloque disponibles dans plusieurs langues (en français, en grec, en anglais et en allemand), qui sont indiqués de façon détaillée dans la bibliographie1. Mais signalons ici les références les plus importantes, pour situer notre travail. D’abord, pour les œuvres mêmes d’Amphiloque : Amphilochii Iconiensis Opera: orationes, pluraque alia quae supersunt, nonnula etiam spuria de C. Datema (1978), les deux volumes d’Amphiloque d’Iconium : Homélies 1-5, t. 1, éd. M. Bonnet – S.-J. Voicu, SC 552, Paris 2012 et Homélies 6-10, t. 2, Fragments divers, Épître Synodale, Lettre à Séleucos, éd. M. Bonnet – S.-J. Voicu, SC 553, Paris 2012. Parmi les études, on a principalement retenu les articles suivants, cités chronologiquement : «La théologie d’Amphiloque» de L. Saltet, paru dans le Bulletin de Littérature Ecclésiastique (1905), «S. Amphilochius of Iconium on John 14, 28: The Father who sent me is greater than I» de C. Moss, dans Le Muséon (1930), «Das Symbol des Amphilohius» de R. Abramowski, dans Zeitschrift für die neutestamentliche Wissenschaft und die Kunde der alteren Kirche (1930), l’article «Amphiloque», dans le Dictionnaire de la Spiritualité de G. Bardy (1937), « Le fragment XXII d’Amphiloque d’Iconium » de M. Richard, dans les Mélanges E. Podechard (1945) et « Note sur l’Epistula synodalis d’Amphiloque d’Iconium » de B. Gain, dans Sacris Erudiri (1984). On doit citer les trois articles suivants de J.-H. Barkhuizen: «Imagery in the (Greek) homilies of Amphilochius of Iconium», dans 1 Bibliographie, p. 292-312. 7 Acta Patristica et Byzantina (2002), «Amphilochius of Iconium, Homily 5: 'On Holy Sabbath'. Translation and Commentary », dans Acta Classica (2003) et « The use of imagery as structural element in Amphilochius of Iconium, in mulierem peccatricem [Homily IV] », dans Ekklesiasticos Pharos (2010). Ensuite on a retenu trois articles de K. Bonis, parus dans Theologia : «Grégoire le Théologien, soit la généalogie de Grégoire de Nazianze et sa liaison relative avec Amphiloque d’Iconium » (1950- 1952), «Amphiloque d’Iconium (ca. 341/5 – 395 /400), ‘Sur la fausse ascèse’» (1974- 1978) et «Les trois Lettres Canoniques de saint Basile à Amphiloque d’Iconium et les problèmes crées par eux» (1989) et enfin, un article de 2011, «Amphilochius of Iconium and Lycaonian Asceticism» de P.-J. Thonemman, dans The Journal of Roman Studies. Les œuvres d’Amphiloque d’Iconium qui nous sont parvenues sont peu nombreuses par rapport à celles d’Athanase d’Alexandrie et de Basile de Césarée et cela explique peut-être qu’il soit resté comme dans leur ombre. Il vaut cependant la peine de s’interroger sur sa contribution – lui qui a été proche de Basile. Le quatrième siècle était une période difficile pour l’Église. Un siècle plein des combats et des efforts des Pères de l’Église pour établir la foi chrétienne, en formulant des dogmes de l’Église, et préserver en même temps cette foi véritable et authentique. Cela a été le rôle des conciles œcuméniques, depuis celui de Nicée en 325, de trouver un accord sur la formulation et la préservation des dogmes de l’Église contre les divers groupes hérétiques. Avant d’aborder de manière plus détaillée la vie et l’œuvre d’Amphiloque, situons-le dans le 4ème siècle : Amphiloque est né dans les années 340/345 à Diocésarée de Cappadoce. Amphiloque a reçu une éducation de qualité en tant que membre d’une famille aristocratique2. Après avoir acquis une formation d’avocat, il entre dans la vie ascétique. À la fin de l’année 373, le siège épiscopal d’Iconium de Pisidie était vacant à la suite de la mort de l’évêque Faustinos. L’évêque de Césarée, Basile, était appelé à élire en synode et avec la participation du peuple son 2 AMPHILOQUE D’ICONIUM, t. 1, Introduction, Homélies 1-5, éd. M. Bonnet – S.-J. Voicu, SC 552, Paris 2012, p. 23. G. BARDY, «Amphiloque», Dictionnaire de la Spiritualité, Paris 1937, p. 544. AMPHILOQUE D’ICONIUM, Introduction, Amphilochii Iconiensis Opera: orationes, pluraque alia quae supersunt, nonnula etiam spuria, éd. C. Datema, CCSG 3, Turnhout – Brepols 1978, p. 9. 8 successeur3. Basile a proposé au synode des évêques Amphiloque comme nouvel évêque d’Iconium et sa proposition a été admise à l’unanimité4. Ainsi, en 374 Amphiloque devient évêque d’Iconium et métropolitain de Lycaonie5. Fortement marqué par la pensée de Basile, Amphiloque développe alors jusqu’à sa mort, qu’on situe vers 394/403 son activité de pasteur et de théologien. Qu’a de particulier la figure d’Amphiloque IVème siècle ? Il était un défenseur fervent de la tradition ecclésiastique. Toutefois, il manquait sans doute de culture philosophique, lui qui était avocat. C’est pourquoi Amphiloque essayait de soutenir la théologie en insistant sur les aspects pastoraux de la vie chrétienne. Selon les éloges que ses contemporains font de lui6, son zèle et sa chasteté lui ont permis de remplir son but, c'est-à-dire servir convenablement l’Église7. Mais c’est l’aspect théologique ou les fondements théologiques de son œuvre pastorale qui font l’objet de ce travail de thèse. La théologie trinitaire d’Amphiloque tient une place importante au IVème siècle. On verra quel rôle joue, chez lui comme chez les théologiens de la période, la référence aux Écritures dans son argumentation pour montrer que Jésus, Fils de Dieu, est l’auteur de la création. Et par exemple, dans son traité contre les hérétiques, il suggère qu’Abraham a accueilli, près du Chêne de Mambré, la Sainte Trinité, sous la forme de trois anges, représentant l’archétype de la Trinité. Abraham de ce fait a vu le Logos. Sur ce point l’interprétation christologique d’Amphiloque entre en rapport direct avec son interprétation trinitaire8, une des questions que nous aborderons dans notre dernière partie. Ajoutons que, selon Amphiloque, l’axe de référence entre les deux périodes de la divine économie est le Logos : au titre de Verbe de Dieu dans l’Ancien Testament et au titre de Jésus-Christ, le Fils unique, le Verbe fait chair dans le Nouveau. De cette façon, le Logos révèle la gloire de la Trinité au monde. L’évêque d’Iconium souligne 3 AMPHILOQUE, t. 1, Introduction, p. 45. BASILE DE CÉSARÉE, Lettres II, lettre 138, 2, éd., trad. et comm. Y. Courtonne, CUF, Paris 1961 (Lettres 101-218), p. 56. 4 DATEMA, Introduction, p. 10. 5 AMPHILOQUE, t. 1, Introduction, p. 50. 6 Voir le sous-chapitre « Son cousin Grégoire de Nazianze », sur la1ère partie. cf. Epigrammes de Grégoire de Nazianze. 7 K. BONIS, «Sur la fausse ascèse», Theologia 45, 2 (1974), p. 207-208. 8 AMPHILOQUE, Contre les hérétiques, 21, p. 206. 9
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