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Théo Ananissoh, Sony Labou Tansi, Améla et moi... Lecture d'un roman de Théo Ananissoh PDF

139 Pages·2017·1.36 MB·French
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Théo Ananissoh, Sony Labou Tansi, Améla et moi... Lecture d’un roman de Théo Ananissoh Bernard Mouralis To cite this version: Bernard Mouralis. Théo Ananissoh, Sony Labou Tansi, Améla et moi... Lecture d’un roman de Théo Ananissoh. 2016. ￿hal-01374142￿ HAL Id: hal-01374142 https://hal.science/hal-01374142 Preprint submitted on 29 Sep 2016 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. 1 Bernard Mouralis Théo Ananissoh, Sony Labou Tansi, Améla et moi… Lecture d’un roman de Théo Ananissoh 2016 2 3 Pour France 4 5 « Où sont nos amis morts ? » (Baudelaire, Mon cœur mis à nu, Paris, Gallimard, édition d’André Guyau, 2016, p. 86). 6 7 INTRODUCTION Il y a quelque temps, au moment de sa publication, Théo Ananissoh m’a envoyé avec une dédicace chaleureuse, son dernier livre, Le soleil sans se brûler (Tunis, Elysad, 2015). Je l’ai lu d’une traite comme tout ce qu’il écrit et, depuis, je n’ai cessé d’être hanté par ce livre. J’ai d’abord aimé la subtilité avec laquelle Théo met en perspective tout un moment de l’histoire littéraire de l’Afrique de l’Ouest : Sony Labou Tansi, Kourouma et, à un moindre degré, Mongo Beti et Cheikh Hamidou Kane et souligne aussi deux aspects majeurs auxquels toute littérature est confrontée : la réception dont elle est l’objet et la production académique qui, ici ou là, lui est consacrée. Celles-ci peuvent évoluer rapidement et viennent en modifier la lecture. Mais ce livre a éveillé aussi en moi des résonnances personnelles que l’auteur ne pouvait sans doute pas soupçonner et qui sont liées au séjour que j’ai effectué comme maître de conférences á l’Université du Bénin à Lomé, de 1976 à 1979 et au cours duquel j’ai eu pour collègue et ami Améla, ancien professeur du narrateur et personnage central dans cette mise en perspective critique que développe Le soleil sans se brûler. J’appréciais beaucoup Améla en raison de sa vaste culture et de son esprit non conformiste qui donnaient du courage en cette époque où pesait une atmosphère politique étouffante. Il m’avait offert la première édition, ronéotée, de ses Odes lyriques et il avait écrit dessus quelques mots qui disaient bien notre complicité. Un peu plus tard, j’écrivis la préface de l’édition parue en 1983 chez Akpagnon. Je me souviens encore des longues conversations que nous avions sur toutes sortes de sujet, de l’Antiquité à la poésie du XIXe, et d’autres pas toujours académiques… Je devais également participer à son jury lorsqu’il soutint devant l’Université de Paris XII-Val de Marne en janvier 1987 sa thèse d’État sur le Thème de l’Afrique dans la poésie française du XIXe siècle. 8 En faisant d’Améla le pivot de son livre et le guide, ancien et nouveau, du narrateur, Théo Ananissoh montre toute la complexité de l’acte critique. Il éclaire également la série des modalités, parfois contradictoires et souvent douloureuses, que résume en définitive la relation qui se tisse entre Maître et Disciple et qui ne cesse de se métamorphoser dans la durée. Tels sont quelques-uns des aspects que je voudrais maintenant envisager en essayant de montrer comment les résonnances produites par un livre sur un lecteur finissent toujours, peu ou prou, par s’inscrire dans un champ qui ne se réduit pas à la seule expérience autobiographique. Ainsi, comme une pierre qu’un promeneur jette à la surface d’une eau dormante et qui vient en modifier subitement la surface et la couleur, créant des effets imprévisibles, le livre de Théo Ananissoh, Le soleil sans se brûler, a fait surgir en moi des interrogations et des problématiques enfouies depuis longtemps dans ma mémoire et ma conscience. Néanmoins, Théo Ananissoh, Sony Labou Tansi, Améla et moi… n’est pas un livre de souvenirs ou des mémoires ni, non plus, une autobiographie qui, dans ce cas, se serait limitée à retracer l’éventuelle cohérence d’une dizaine d’années de mon existence. Il est d’abord une étude d’histoire littéraire et c’est dans cette perspective qu’il doit être lu. La notion d’histoire littéraire a quelquefois mauvaise presse et l’on connaît à cet égard les excès biographiques auxquels elle a pu conduire. Mais elle ne se réduit pas à cet aspect souvent caricatural consistant à éclairer avec la plus extrême minutie des questions comme : qui a rencontré tel écrivain à tel moment, ce qu’ils ont fait, ce qu’ils se sont dit ou écrit, ce qui en est résulté comme reflet ou trace dans les œuvres, etc. Un peu à la façon du célèbre jeu des petits papiers si prisé des surréalistes. Dans son principe, l’histoire littéraire vise tout autre chose car ce qui la fonde, c’est le désir de connaître, d’une part, les conditions sociales, 9 matérielles et intellectuelles dans lesquelles se sont formés les écrivains et qui constitue aujourd’hui le cadre dans lequel s’exerce leur travail. Parallèlement, la connaissance de ce travail n’a de sens et ne peut déboucher sur des résultats intéressants et novateurs qu’à la condition de se soumettre à deux exigences. La première est l’exigence philologique : les textes ont une histoire, un devenir, leurs versions manuscrites existent ou ont disparu, ils sont écrits dans une langue africaine et/ou européenne, ils connaissent des éditions successives, comme, par exemple, le Discours sur le colonialisme de Césaire ou les romans de Couchoro qui, pour certains d’entre eux, sont parus en volume avant de l’être en feuilleton, etc. Autant de faits que l’analyse littéraire ne peut ignorer à moins de vouloir se cantonner dans le confort du tout textuel qui passe à côté du bibliographique et du généalogique. La seconde exigence réside dans la nécessité de dépasser une conception quelque peu naïve du regard que le chercheur porte sur son objet. Face aux textes, l’analyste ne doit jamais perdre de vue qu’il existe, lui aussi, en tant que sujet, avec sa propre histoire, son itinéraire et toute sa subjectivité. Le respect de ces deux exigences vaut pour l’étude de toute littérature, quel que soit son mode d’expression, mais, dans le cas des littératures africaines, il est rendu encore plus nécessaire par le caractère souvent réduit de la documentation concernant les avant-textes, la période de formation des écrivains et leur correspondance. Dans un premier temps, j’étudierai la façon dont Théo Ananissoh, dans Le soleil sans se brûler, propose, à travers les conversations entre Théo, le narrateur, et Améla son ancien professeur à l’Université, une réflexion sur la destinée littéraire de Sony Labou Tansi. Cet aspect du roman l’inscrit dans un genre souvent pratiqué : le roman d’histoire littéraire dans lequel des personnages traitent d’une question littéraire, par exemple chez Balzac (Illusions perdues, La muse du département) ou chez Proust (le narrateur et sa grand-mère à propos de George Sand). Le débat mené sous nos yeux par les deux protagonistes n’a rien de formel car

Description:
1. Bernard Mouralis. Théo Ananissoh, Sony Labou Tansi, Améla et moi… .. Mes remerciements vont encore à Boniface Mongo-Mboussa qui a suivi de près beaucoup plus allusive Mongo Beti et Cheikh Hamidou Kane. passionnément par Améla-, dans Le Christ aux Oliviers ou les Vers dorés
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