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Sémantique et morphosyntaxe des verbes aspectuels anglais PDF

17 Pages·2017·0.5 MB·French
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Sémantique et morphosyntaxe des verbes aspectuels anglais Didier Bottineau To cite this version: Didier Bottineau. Sémantique et morphosyntaxe des verbes aspectuels anglais. Atelier de linguistique des congrès de la SAES, May 2000, Angers, France. pp.209-242. ￿halshs-00244011￿ HAL Id: halshs-00244011 https://shs.hal.science/halshs-00244011 Submitted on 7 Feb 2008 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. 1 Sémantique et morphosyntaxe des verbes aspectuels anglais Le systèmes des verbes aspectuels anglais suivis d’une forme verbale régie se situe à la croisée de deux séries paradigmatiques : des alternances lexicales dans un champ donné, du type begin / start / commence pour l’inchoation ; des variantes combinatoires grammaticales, du type to + base verbale (BV) vs V-ing pour la forme régie. Les interactions complexes entre ces deux types d’alternances déterminent des contraintes souples ou rigides (*stop + to + BV avec l’infinitif pour désigner le procès interrompu). Les lignes qui suivent tentent d’ébaucher une synthèse montrant qu’il est possible de ramener chaque alternance à un critère précis, quitte à nuancer la présentation par la suite en réintroduisant la complexité liée aux interactions de ces alternances dès lors qu’on les combine dans un contexte donné. 1. Un verbe aspectuel, pour quoi faire ? Lorsque l’on dit qu’un verbe aspectuel focalise le début, le milieu ou la fin du temps d’événement, on se borne à constater les saisies qu’il est susceptible d’instancier, mais on n’a pas pour autant spécifié la fonction générique de la catégorie. Pour ce faire, c’est justement de l’absence de verbe aspectuel qu’il faut partir. Un énoncé n’est recevable que s’il est pertinent. Dans le contexte d’un cours d’histoire, The Gauls lived in huts est pertinent, donc recevable, parce que la valeur informationnelle est congruente aux attentes situationnelles. Dans un contexte narratif, He entered the room est pertinent parce que le contexte est un enchaînement d’événement successifs est que l’apport d’un événement nouveau est, une fois encore, congruent à une attente. Dans le premier exemple, le procès est statif en raison de la généricité du sujet et de l’adynamisme de live (indifférenciation qualitative des instants successifs, absence de bornage pertinent de l’aspect lexical : les limites [naissance] et [mort] ne sont pas ici convoquées). Présent et prétérit se limitent à repérer le référent du procès in praesentia ou in absentia par rapport à l’instant de parole auquel la relation prédicative est actualisée, l’interaction avec l’aspect lexical du verbe de langue, son reprofilage éventuel par la complémentation (cf. to eat imperfectif, to eat an apple perfectif) et le sujet (générique ou spécifique) ajustent le caractère narratif ou descriptif de la scène évoquée ; l’énonciateur ne peut s’abstenir de tout filtrage supplémentaire que si et seulement si ce réseau primitif livre une scène dont la pertinence à l’instant d’interlocution soit transparente et ne fasse aucun doute aux « oreilles » des partenaires de l’interlocution. D’où le problème posé par un énoncé comme *It rains ou *It rained. On ne voit a priori pas pourquoi un verbe comme rain, évoquant un procès à l’aspect lexical imperfectif, ne pourrait pas décrire directement un action en cours à un moment présent ou passé. Or ce qui frappe, dans ces formulations, est que leur irrecevabilité n’est pas tant lié à leur défaut de sens qu’à leur défaut de motivation. He entered the room, à l’aspect lexical limité, sera pertinent si l’énonciateur l’insère dans une concaténation, et sa pertinence sera relative à celle de la narration fictionnelle en bloc. The Gauls lived in huts, qui n’est pas limité (ou tout au plus l’est par la connaissance plus ou moins précise de la période historique concernée), ne peut contribuer à une narration, et devra donc être intrinsèquement pertinent en tant qu’information autonome, d’où la nécessité d’insérer cet énoncé dans un environnement didactique. It rains, en fin, n’est aucunement limité, ni aspectuellement, ni thématiquement : l’opposition générique / spécifique n’est pas tranchée et on ne sait si on a affaire à du descriptif, de l’événementiel, du didactique. It rains a lot in autumn a une valeur informationnelle pertinente, mais pas it rains. Ainsi, la construction aoristique directe de la relation prédicative sans aucune procédure de filtrage énonciatif n’est possible que si le seuil fatidique de la pertinence interlocutive est atteint. *It rains se situe en deçà de ce seuil et à ce titre il ne doit pas être vu comme incorrect au sens normatif du terme, mais insuffisant ou incomplet, c’est à dire, « im-pertinent ». L’insuffisance en question disparaît immédiatement avec it is raining, it began / started to rain / raining. Que s’est-il passé précisément? Dans le domaine grammatical, -ing fragmente le procès en 2 focalisant cursivement une succession d’instants : il modifie la notion de procès compacte en y introduisant la différenciation qualitative des parties. Or, ce qui importe, ce n’est pas tant la fragmentation en tant que telle que le fait qu’elle signale l’activation du regard de l’énonciateur, qui soumet le procès à une analyse de pertinence. L’information concernant la pluie, ainsi soumise à l’analyse, n’est pertinente que par rapport à autre chose, contrairement à celle des Gaulois, qui étaient intrinsèquement pertinente dans le cadre du cours d’histoire. En utilisant be + -ing, l’énonciateur engage un processus de fragmentation qui stigmatise son regard analytique et invite le récepteur du message à œuvrer dans le même sens. Nous rejoignons ici la problématique de Stéphane Robert : aspectualiser, c’est certes fragmenter le procès, mais cette fragmentation n’est pertinente qu’en tant qu’elle est la trace (côté énonciation) et le déclencheur (côté interprétation) d’un calcul de pertinence portant sur un procès évoquant une scène dont l’expression, si elle était laissée en l’état, serait dénuée de motivation. Aspectualiser, c’est introduire un point de vue, donc modaliser. La forme en –ing grammaticalise cette procédure en indéterminant la position du fragment saisi, dont on sait simplement qu’il se situe quelque part entre le début et la fin. Le verbe aspectuel, au contraire, la lexicalise en spécifiant sa position : début, milieu, ou fin. Le prélèvement d’une partie au sein du tout notionnel occasionne une prise de recul par rapport à la notion elle-même : sa nomination est rapportée à un arrière-plan cognitif et ce qui passe au premier plan est, justement, le regard lui-même qu’il convient de porter sur la scène évoquée. *It rained : à scène non repérable, pertinence non calculable. It was raining : conformément à la région, ou la saison ; ou alors, la perception de la pluie induit chez l’observateur une réaction pertinente, comme la mélancolie du citadin ou la satisfaction du laboureur ; it began to rain : la fragmentation fait de l’imperfectif non borné rain un imperfectif borné à l’initiale began et lui apporte ainsi la frontière inchoative qui lui faisait défaut pour s’insérer dans une économie narrative constituée d’un enchaînement d’événement discrets. On a ainsi défini le rôle de began par sa fonction : le prélèvement du fragment initial corrige l’aspect lexical du verbe de langue de manière à lui apporter le complément de pertinence qui lui manquait en vue d’une insertion dans la concaténation narrative. Dans He entered the room, le même verbe aspectuel est proscrit parce que le profilage en question est inutile et même impossible : enter possède, dans son aspect lexical, un bornage installé « en série » que l’on ne peut plus ajouter « en option », *He began to enter the room. Ceci semble coïncider avec le propos du récent ouvrage de Cadiot consacré à l’application en sémantique de la Théories des Formes (Gestalttheorie) : le verbe aspectuel begin réalise un reprofilage du motif associé à rain en vue d’une stabilisation plutôt que d’une instanciation de la forme schématique, et, si l’on croise la théorie des catastrophes de Thom et la théorie de la pertinence de Sperber et Wilson, l’instabilité sémantique qui condamne le proto-énoncé *it rained s’explique par un défaut de pertinence lié à l’incomplétude du profilage du motif1. Mais on ne peut en rester là. S’il suffisait de fragmenter le procès pour résoudre l’énigme de sa pertinence, on n’aurait qu’un verbe aspectuel pour l’inchoation, un pour la poursuite et un pour l’achèvement. On sait qu’il n’en est rien, comme l’illustre le trio begin, start, commence. C’est que l’introduction d’une modalisation, aspectuelle ou autre, déplace la focale du prédicat vers le sujet : en disant Oil floats on water, l’énonciateur focalise le comportement du sujet thématique en mettant en exergue la sélection de la notion de prédicat en convenance avec le fait observé et à l’exclusion d’autres options envisageables (« l’huile ne coule pas, elle flotte ») ; en disant Oil will float on water, il présuppose la réunion de conditions préalables (le fait entre autre qu’il y ait bien eau et huile dans un contenant partagé, ce qui n’est pas une situation naturelle) qui déterminent une réaction du sujet comme à un stimulus et suscite le calcul des propriétés intrasubjectives qui motivent cette réponse. De même, *he slept, en l’état, pose un prédicat mystérieux, de pertinence indéterminée, et le problème ne se résout qu’en sondant le rapport des propriétés du sujet à lza situation, d’où he was sleeping, qui, 1 Ainsi, enter aussi est reprofilable. S’il est pris au sens ordinaire de « franchir un seuil », son aspect lexical présente un collage des bornes initiale et finale avec évidement de l’espace intermédiaire, ce qui le rend en principe insécable, d’où la difficulté d’un verbe aspectuel. Be + V-ing, par contre, n’est pas exclu si sa valeur est clairement anaphorisante et présupposante (I was entering the room when…), puisqu’en ce cas l’aspectualisation n’est que l’instrument de la modalisation, ce qui la rend pertinente malgré tout ; enfin, dans la combinaison enter + into (we are beginning to enter into a new era), la préposition valorise le seuil à franchir comme intervalle, donc aspectuellement fragmentable, et la construction prend le sens de « accéder à un nouvel état », « transiter d’un état à un autre ». C’est ce sème de la mutation qui rend irrecevable (hors contexte très spécifique) *to enter into a room (room n’étant pas susceptible d’exprimer l’état résultant de la mutation). Cette dynamique du reprofilage rend quasi impossible les prédictions de principe du type « un verbe à l’aspect lexical comme enter est par définition incompatible avec un verbe aspectuel ». 3 selon contexte, amèra les partenaires de l’interlocutions à toutes sortes de calculs sur ce que ce sommeil révèle du personnage par rapport à la situation dans laquelle il se trouve, levant la non- pertinence de la scène précédente2. Il en va de même avec les verbes aspectuels : (1) [Extrait de l’introduction d’un article] Cosmic timeline shows the evolution of our universe from the big bang to our present day. In the first instant of creation – the epoch of inflation – the universe expanded at a staggering rate. After about three minutes, the plasma of particles and radiations cooled enough to allow the formation of simple atomic nuclei; after another 300,000 years, atoms of hydrogen and helium began to form. The first stars and galaxies appeared about a billion years later. The ultimate fate of the universe – whether it will expand forever or recollapse – is still unknown, although current evidence favors perpetual expansion. (Scientific American, Dec. 1999, p.46) (2) [Extrait du corps du même article] Astronomers are also unsure how much dark matter there is. The ultimate fate of our universe – whether it continues expanding indefinitely or eventually changes and collapses to the so-called big crunch – depends on the total amount of dark matter and the gravity it exerts. (ibid.) Dans l’introduction, expand forever pose une première nomination du processus observé (d’où l’opposition à recollapse au sein du paradigme des possibilités), alors que dans l’argumentation, continues expanding thématise le procès dont le choix est acquis de manière à mettre en examen les propriétés du sujet qui induisent ce comportement, et cette soumission du procès au regard analytique et interrogateur de l’énonciateur passe par la fragmentation aspectuelle de l’événement. Le verbe aspectuel met en recherche l’origine, la cause explicative, du déclenchement, de la poursuite ou de l’achèvement du procès, et cette recherche est orientée vers le sujet. Le procès perd ainsi son autonomie : la fragmentation, le prélèvement d’une partie, en fait un espace topologique tronqué à réinsérer dans un tout plus vaste au sein duquel il va trouver une fonction nouvelle. Le verbe aspectuel convertit un procès « à bords nets » en « pièce de puzzle » dont le rôle ne se comprend qu’à l’échelle de l’ensemble du puzzle, ce qui fait de l’aspectualisation un opérateur d’insertion. Le paradoxe est donc que si le verbe aspectuel semble porter son attention sur une partie du procès, c’est précisément pour l’insérer dans un tout qui dépasse le procès lui-même, et la dialectique de la réduction se résout finalement en dilatation : l’échantillonnage crée un effet de mise en perspective par rapport à un fond de tableau3. Or on a dit que la réponse au caractère énigmatique du procès exprimé par le prédicat était recherchée du côté du sujet. Ceci configure deux situations possibles : soit l’explication est effectivement trouvée au sein des propriéiés du sujet, soit elle ne l’est pas, et c’est précisément ce clivage qui est à la base de la partition des champs aspectuels comme l’inchoation en plusieurs verbes comme begin et start. 2. Verbes aspectuels et catégories sémantiques On a suggéré que la fonction modale du verbe aspectuel consiste à motiver l’actualisation du procès par l’observation des propriétés du sujet. Ceci donne lieu en anglais à plusieurs niveaux de pénétration du calcul de ces paramètres : 2.1. Les verbes heuristiques : begin, continue, cease L’énonciateur se contente d’une observation superficielle du sujet percevable du sujet dans l’environnement situationnel où il se trouve : begin pour l’inchoation, continue pour la poursuite, cease pour l’achèvement. Indépendemment de la forme verbale qui les régit, ces trois verbes lexicaux ont en commun de repérer le fragment aspectuel pertinent de la modalisation (début, milieu, fin) pour la mise en perspective du procès et de se contenter de ce transfert sans sonder plus avant les propriétés constitutives du sujet. En règle générale, l’un des verbes aspectuels de cette catégorie est retenu lorsque l’énonciateur se satisfait des indicateurs contextuels percevables qui motivent le déclenchement, la poursuite ou la fin du procès sans sonder plus en profondeur les propriétés non 2 Un auteur peut donc délibérément créer un mystère autour de ses intentions en s’abstenant d’aspectualiser un procès dont le calcul de pertinence le requerrait : She waited, Kate Croy, for her father to come in (incipit de The Wings of the Dove de Henry James (la position syntaxique de Kate Croy n’arrange rien pour éclairer le lecteur). 3 Selon Dessalles, le rapport saillance / fond de tableau est constitutif de la naissance de la dichotomie thème / rhème dans l’histoire de la syntaxe. On ne peut dire *I live., qui n’est saillant par rapport à rien, contrairement à I’m alive. Même remarque pour *It rains, alors que It’s raining respecte le doublet saillance / fond de tableau. 4 percevables du sujet lui-même. Ces indicateurs sont souvent très explicites, ils sont soulignés dans les exemples qui suivent : Avec begin : (3) The Coroner has arrived. The inquiry is just going to begin. (G. K. Chesterton, p.248) [Le début de l’enquête est évidemment la conséquence de l’arrivée d’un participant indispensable, ce qu’indique going to – les conditions nécessaires et suffisantes à l’actualisation du procès sont réunies.] (4) Australia’s largest bird, the ostrich-like cassowary, has become so unafraid of people that it has begun to attack them for food. (New Scientist, 4 Dec. 1999, p.13) [Le comportement de l’oiseau est contextuellement déterminé, d’où begin. Si au contraire ce comportement était évoqué avant que la cause n’en soit explicitée dans l’enchaînement discursif, on aurait : The cassowary has started to attack people for food. According to some specialists it appears that it has become completely unafraid of people. Start présenterait d’abord l’inchoation comme une initiative autonome et inexpliquée de l’oiseau, vu comme agent assimilable à de l’animé humain (doué de réaction idiosyncratique, automotivées), l’explication venant a posteriori.] Avec continue : (5) And Italy’s nuova economia will still be based on commercial ventures more than research and innovation. Therefore, expect Italy’s brain-drain to continue, with people moving to the United States and Northern Europe. (The Economist, The World in 2001, p.36) [Déterminisme situationnel explicité par le contexte souligné : si le marché se désintéresse de la recherche, la fuite des cerveaux est inéluctable.] Avec cease (noter l’alternance to / -ing, qui n’interfère pas avec ce volet de la valeur sémantique de cease) : (6) When a white man surrenders in the slightest degree to the influences that surround him he very soon loses his self-respect, and when he loses his self-respect you may be quite sure that the natives will soon cease to respect him. (W. Somerset Maugham, SSM, p.278) (7) [Le prêtre profite de ses homélies pour glisser des jugements politiques sur la vertu des candidats aux prochaines élections. Une réaction : ] - I’ll pay your dues, Father, when you cease turning the House of God into a polling-booth. (J. Joyce, p.31) Ces facteurs peuvent être plus implicites ; l’énonciateur recourt aux verbes heuristiques quand ce qui motive l’inchoation (la poursuite, la fin) ne semble pas poser de problème à l’interprétation : soit en raison de la présence de déterminismes extérieurs au sujet (8) Journalists who were not even born when businessmen last called their secretaries by their second names are still beginning stories with an office theme ‘Take a letter, Miss Smith.’ (K. Waterhouse, p.75) [Et donc ils obéissent aveuglément à une convention : ils subissent la pression des déterminismes qui les poussent à commencer ainsi.] soit que le programme sémantique même du sujet intériorise la motivation du procès, avec un énoncé quasiment tautologique : (9) A biography usually begins with a birth. (Sky and Telescope, July 1999, p.32) soit, enfin, que l’énonciateur se désintéresse de la recherche d’une explication précise et considère la modalisation superficielle réalisée comme suffisante ; ceci rend les verbes heuristiques congruents à des prédicats de type descriptifs et perceptuels, comme en témoigne le nombre énorme d’exemples de mon corpus pourvus d’adjectifs et d’adverbes remplissant cette fonction : (10) ‘You all know about me’, he continued huskily. (G. K. Chesterton, p.243) [*went on; cela étant, l’adverbe huskily peut être vu comme motivé par le malaise du personnage dans le contexte, auquel cas on retombe dans l’explication première.] Bref, le verbe heuristique s’en tient à une observation superficielle, perceptuelle, discursive et extrasubjective des paramètres motivateurs du procès : l’énonciateur s’estime satisfait de l’information immédiatement collectée « à vue » dans l’environnement du sujet et ne se donne pas la peine de spéculer davantage pour justifier de la pertinence du procès évoqué. 2.2. Les verbes herméneutiques : start, verbe + préposition on (go / keep / carry on), stop Si tel n’est pas le cas, il pénètre dans le second champ de la modalisation aspectuelle, celui des verbes herméneutiques et intrasubjectifs : lorsque le procès dont on saisit un fragment semble contredire les déterminismes situationnels collectés en contexte, on est amené à douter de sa pertinence, et donc à 5 sonder les propriétés « internes » du sujet qui seraient susceptibles de motiver le procès, à savoir son tempérament, ses intentions, sa psychologie. Il s’agit d’une tentative de résolution de conflit cognitif entre le procès attendu selon les circonstances et le procès effectivement constaté. Dans cette seconde classe, les verbes start, go on et stop rapportent aux caractéristiques non visibles du sujet la motivation du déclenchement, de la poursuite ou de l’interruption du procès. Avec start : (11) On 24 August 1999, in the Benin village of Maregourou, three brothers aged 12 to 14 went to weed a field of cotton and maize belonging to their father. A day earlier he had spread the field with pesticide endosulfan. A witness told the Pesticide News the rest : “After the work they were hungry and took a few maize cobs to eat. Fifteen minutes later they started vomiting. They were taken to the hospital of Bembereke where one boy of 12 died. The other two survived.” (New Scientist, 25 November 2000, p.16) [En aucun cas la consommation de céréales n’est censée générer l’intoxication : begin présenterait le vomissement comme résultant logiquement de ce qui précède, alors que start en fait une réaction inopinée. Pour la forme verbale régie, to signalerait que pour l’énonciateur l’explication reste un mystère, alors qu’ici le journaliste, justement, connaît le fin mot de l’histoire : le pesticide, d’où –ing, car à ses yeux le raport est clair. Il a donc utilisé start pour sonder les propriétés des enfants, puis indexé vomit au contexte avant par –ing pour flécher la réponse à la question posée. La résolution du conflit cognitif ainsi obtenue est satisfaisante.] Ainsi, begin est un verbe d’aspectualisation fondé sur le perçu, alors que start s’appuie sur le conçu. Le premier est symptomatique, le second diagnostique. Ceci explique le caractère plus marqué de start4, qui toujours approfondit la réflexion de l’énonciateur quant à l’interprétation qu’il faut produire de l’événement : start apparaît quand begin serait insuffisant pour faire sortir les critères d’analyse pertinents. Cette distribution sémantique peut être étalonnée par le tenseur binaire radical guillaumien, mais aussi la théorie des phases adamczewskienne et le modèle interlocutionniste de Douay fondé sur les analyses de Gardiner (le verbe heuristique étant insaturant et ouvert, le verbe herméneutique saturant et fermé, car il impose au destinataire du message l’interprétation que l’énonciateur se fait de la situation) ; les trois modèles sont constructivistes et cognitifs, explicitement ou non, et les deux derniers présentent l’intérêt de tenir compte du rapport à l’allocutaire sans faire la part trop exclusive au locuteur. Il s’ensuit les effets de sens bien connus : avec les verbes herméneutiques, le sujet semble prendre l’initiative de réagir à une situation, son comportement n’est pas mécaniquement déterminé par l’environnement situationnel ; au contraire, si on laissait la situation extrasubjective tout déterminer, l’événement qui s’ensuivrait logiquement est l’inverse de celui que l’on constate, et l’agent s’oppose à la pression situationnelle : (12) [Le couple est en froid] When she finally comes back in I start before the door closes : ‘I just want to say-’ (…) (Dads, September / October 2000, p.79) (13) At the moment the team is simulating their biomotor on a computer to maximise the power output of their design. But they hope to start building a prototype within a few months. (…) Leslie Rubinstein, president of engineering design firm Renaissance Technologies, based in Lexington, Kentucky, hopes to begin building medical robots in the millimeter range within a year. “It’s potentially viable, there’s no doubt about that,’ he says of the biomotor idea. (New Scientist, 25 November 2000, p.12) Avec go on (ou un autre verbe suivi de on), le sujet poursuit l’action en dépit de l’attente contraire: (14) The show must go on. [en dépit de circonstances adverses, comme un accident de scène; la poursuite s’oppose à la pression des déterminismes situationnels, ce qui crée un antagonisme anthropomorphisant le sujet agentif du procès.] (15) Keep on digging! (Pink Floyd, Animals, 1979) [Creuser étant épuisant, on est naturellement enclin à s’arrêter, et donc si on continue, on doit être animé par une motivation psychologique impérieuse. Le fait que cette valeur soit clairement liée à on est manifeste avec la possibilité de ne pas utiliser la préposition quand justement la poursuite du procès n’a rien de problématique : Keep talking ! (Cause toujours !) vs Keep on talking = continue de parler, garde la parole (pour occuper le terrain)] Avec stop, le sujet prend l’initiative d’interrompre le procès alors que les circonstances présupposaient sa poursuite : (16) A comma would have stopped the flow and obstructed the clarity of the sentence. (K. Waterhouse, p.58) Le choix d’un verbe de cette seconde classe est d’autant plus marqué que le référent du sujet est inanimé : expliquer l’actualisation d’un procès par le sondage des motivations internes du sujet est non 4 Conformément à l’analyse de Tobin (1993). 6 problématique s’il s’agit d’un animé humain doué d’intentionnalité, mais on a plus de mal à imaginer the stone started to fall / falling car cela semblerait rapporter le motif de la chute à des propriétés internes au caillou plutôt qu’à des facteurs externes comme la gravitation, d’où un effet d’anthropomorphisation mal venu dans un contexte non fantastique (un tel énoncé trouverait facilement sa place dans Harry Potter, par exemple, si le caillou plonge inopinément après avoir flotté un moment, pour des raisons autres que la seule gravitation donc). En dernière instance, un autre élément du modèle guillaumien permet de formaliser le clivage des verbes heuristiques et herméneutiques : les premiers, qui présentent au sujet l’avènement du début, du milieu ou de la fin du procès, sont indexés sur le cinétisme du temps descendant et présentent le fragment aspectuel considéré comme incident au support de la, prédication. Au contraire, les seconds placent l’actualisation du même fragment sous le contrôle du référent du sujet, qui s’en trouve agentivisé ou, pour mieux dire, anthropomorphisé, et ce d’autant plus s’il porte le trait inanimé. Il n’est guère surprenant que des verbes qui lexicalisent l’aspect se distribuent selon l’opposition temps ascendant / temps descendant constitutif de la mise en relation du temps d’événement au temps d’univers : le verbe aspectuel fait remonter au niveau puissanciel précoce de la langue un clivage tardif relevant en principe de l’actualisation discursive. 2.3. Verbes programmatiques : commence, finish et end Cette catégorie n’est pas aussi symétrique que les deux précédentes : le site de la poursuite ne semble pas instancié, alors que celui de l’achèvement l’est doublement. On appelle verbe aspectuel programmatique un verbe qui reconnaît dans le fragment aspectuel prélevé (début ou fin) une dimension programmée par la nature ou la configuration du procès. Comme le montre Erades5, commence ne s’utilise en effet que pour des procès éminemment ritualisés, constitués d’une procédure obligée et généralement prise en charge par un agent dans lequel l’énonciateur reconnaît un « professionnel » de l’opération concernée : (17) At this point it dawns on us that the narrative we have just read was not a true narrative at all, but simply an elaborate preamble consisting of selected highlights from the gunslinging dentist’s saga, which now commences in earnest and goes on for another four paragraph, in the course of which it repeats everything we have already been told. (K. Waterhouse, p.81) [La saga est un genre littéraire avec ses règles, et on en est à la phase initiale] (18) Our first foul weather commenced as rain periodically fell after ten straight days of 80°F, which had been deemed ‘bloody hot’ by Londoners. (Astronomy, Dec. 1999, p.84) [Ce mauvais temps tout Britannique va s’imposer “méthodiquement” pour empêcher les Anglais d’observer l’éclipse du 11 août 1999] Dans le champ de l’achèvement, finish signale l’accès à la fin programmée du procès, ce qui en fait le complémentaire symétrique de commence6 : (19) We had just finished a late dinner when (...) (Scientific American, Nov. 1999, p.45) [Par définition, un repas est programmé par la succession des plats qui le constituent, le “finish” étant l’accès au dernier d’entre eux.] (20) A nice guy, Hall - and like many such, he finishes last. (Scientific American, Nov. 1998, p.94) [métaphore de la course au parcours prédéterminé et fini; cf. last lap.] End, par contre, signale que l’agent improvise d’actualiser une fin dont l’existence était programmée, mais pas la localisation précise dans le temps d’événement, d’où son caractère éventuellement inattendu, voire contrariant : (21) There the story ends, leaving the following questions unanswered (K. Waterhouse, p.77)] (22) On August 16 our expedition ended as it began, thwarted by the capricious Greenlandic weather. (...) Snow started falling on the day the team left. 5 Erades (1975, 77) : “Commence has a much more restricted meaning than begin. It is not used of states or occurrences, but exclusively of the inception or the initial stage(s) of deliberate human activities generally of long duration and conducted according to plans.” 6 Avec toutefois une différence : pour commence, le procès n’étant pas entamé, la compétence de l’agent doit être garantie par l’identité du sujet, et le procès doit être « digne » d’une telle évaluation de sa compétence (un énoncé comme He commenced doing the washing-up serait ironique). Avec finish, par contre, la compétence du sujet est présupposée du seul fait que l’action était déjà engagée, d’où la levée des restrictions sémantiques qui frappaient commence. 7 On retrouve ainsi dans le cadre des verbes programmatiques d’achèvement l’opposition extra- / intrasubjectifs, puisque finish rapporte aux propriétés du procès la détermination totale de la borne finale (à la fois dans son existence et son positionnement), alors que end place sous le contrôle agentif le positionnement d’une fin dont seule l’existence est prédéterminée7. Dans le cadre guillaumien, finish présente au sujet une borne finale incidente selon le mouvement du temps descendant, alors que end fait actualiser par le sujet la même borne, cette fois indexée sur le cinétisme du temps ascendant. Ceci confère à finish la dimension heuristique d’une modalisation au pouvoir explicatif suffisant : on accède à la fini que l’on savait trouver, et il n’y a rien à ajouter (to finish the washing-up) ; et à end, la dimension herméneutique par laquelle une explication insuffisante si seuls les éléments percevables sont retenus amène l’énonciateur à sonder les motivations intrasubjectives : to end a story. C’est pourquoi on dit and there the story ends, présupposant que l’auteur a pris la décision de la faire s’arrêter là, achèvement donc nécessaire dans son existence mais pas dans sa localisation ni sa teneur, d’où le sondage de ses motivations, et ce mécanisme est occulté par la thématisation du patient story et l’occultation de l’agent présupposé de end qui « désergativise » la structure (to end a story > the story ends). Très logiquement, on retrouve la dichotomie des temps descendant et ascendant : finish présente au sujet l’avènement d’un seuil terminal préprogrammé au niveau de la notion de procès et, corollairement, extérieur et incident au sujet, alors que end place sous le contrôle du sujet la détermination du positionnement (et donc, de la teneur) d’un achèvement dont seul l’existence était programmée. Il y a ainsi dans end un caractère transactionnel qui le différencie de finish, lequel ne délègue rien au sujet. Transactionnel, en ce que end reste programmatique, plaçant l’existence de l’achèvement sous le contrôle de la notion de procès, et intrasubjectif, plaçant le placement de ce seuil sous l’égide du sujet. Pour l’inchoation, il n’existe pas de verbe programmatique transactionnel, sans doute parce que le champ de l’achèvement bénéficie d’une antériorité et d’un caractère présupposant qui fait défaut à l’inchoation en raison de sa primitivité dans le schème aspectuel. Pour le champ de la poursuite, enfin, l’inexistence d’un verbe programmatique est probablement lié à l’absence de seuil en cette position intermédiaire : pour qu’une saisie aspectuelle soit programmable, il est nécessaire qu’elle corresponde au franchissement d’un seuil cognitif bien établi comme le début ou la fin, or le continuum intermédiaire du déroulement en est par définition dépourvu. 3. To vs –ing : modalisation primaire, modalisation secondaire On peut résumer comme suit la question de la modalisation telle qu’elle a été exposée dans Bottineau 1999. Pour l’énonciateur, modaliser, c’est attirer l’attention de l’interlocuteur sur le fait que la relation prédicative mise en jeu n’est pas actualisable sans discussion : la connexion est mise en examen et fait l’objet d’un verdict. La mise en examen passe par un verbe lexical qui spécifie la nature du regard porté sur la relation, en l’occurrence le verbe aspectuel. Le mode formel de rection verbale spécifie la nature de l’impact que la modalisation lexicale a produit sur la connexion examinée : to en cataphorise la validation, c’est à dire la refuse à l’instant de parole et la diffère, et on parle de modalisation primaire (antérieure à l’instant de validation de la connexion prédicative). –ing l’anaphorise en la présentant comme acquise et prévalidée, mais toujours d’actualité à l’instant de parole, et on parle de modalisation secondaire (postérieure à ladite actualisation). Le participe passé, enfin, la déclare antérieurement valide, mais présentement obsolète, périmée (il s’agit donc d’un second niveau de modalisation secondaire). Le verbe lexical saisit l’opération de modalisation, alors que le mode verbal flexionnel en saisit l’effet résultant sur la prédication : ce type de modalité instancie un regard qui modifie l’objet observé. J’ai nommé modalisation analytique la modalisation qui distingue clairement un verbe lexical pour l’opération et une forme régie pour la prédication affectée ; la modalisation analytique est syntaxiquement externe à la prédication lorsque son verbe lexical est muni d’un sujet propre (I started 7 Dans le cadre de la théorie des cognèmes et de la reconnaissance de submorphèmes signifiants, on peut montrer que end involue les formants N et D : D pour l’achèvement, comme pour la finale dentale du prétérit, et N négatif inséré devant D, livrant une saisie imperfective de l’accès à la borne finale du procès ; il en résulte une synapse avec la conjonction and (qui pose un inachèvement en résolution) et la finale nt / nd du gérondif des langues romanes. Et en effet, end visualise l’accès à l’achèvement depuis l’intériorité du procès (saisie en immanence du temps d’événement), alors que finish opère une saisie d’ensemble en extériorité. 8 the horse galloping) alors que si elle n’en possède pas elle s’insère au sein même de la relation modalisée, entre le sujet et le prédicat, en position de relateur : the horse started galloping, auquel cas on parlera de modalisation analytique interne. Les modalisations primaires et secondaires sont toutes deux analytiques puisqu’elles mettent en jeu un décalage cognitif entre les instants d’actualisation de la modalité visante et de la relation visée, dans un sens (to) ou dans l’autre (-ing, -en), et la différence entre préfixe pour l’infinitif et flexions pour les participes est la conséquence morpho-syntaxique de cette configuration différenciée des parcours cognitifs (qui reçoit chez Guillaume le nom de syntaxe génétique). Entre les modalisations analytiques primaire (to) et secondaire (-ing), qu’elles soient externes (à sujet propre) ou internes (à sujet coréférentiel), il existe le cas intermédiaire où l’opération lexicale de modalisation (modus) affecte la relation visée (dictum) à l’instant précis où cette connexion s’actualise, à savoir, l’instant de l’interlocution : le verbe régi n’est alors ni préfixé (pas de to), ni suffixé (pas de flexion –ing ni –en), en raison même de l’absence de décalage cognitif entre l’opération de modalisation et l’instant de validation de la relation modalisée, et le lexème modalisateur cumule alors l’opération et le résultat : l’auxiliaire modal, paradoxalement, actualise la relation prédicative en s’insérant syntaxiquement en position de relateur, ne refuse pas sa validation en s’abstenant de la décaler vers l’après (to) ou l’avant (-ing) cognitifs, mais la maintient en suspens en faisant obstacle à l’accord du sujet au verbe qui entérine le caractère transactionnel de la connexion (*he can smokes / smoked)8 : en présence d’un modus, la validation du dictum est future (to), présente (Ø) ou passée (-ing)9. En résumé, selon cette présentation, le verbe aspectuel relève de la modalisation analytique, presque toujours interne (sauf en cas de relation intersujets, type start), en alternance primaire (+to) ou secondaire (+ing). Certains verbes aspectuels, comme finish et stop, présupposent mécaniquement la validation de la connexion, d’où la contrainte pesant sur le choix de –ing comme mode régi. Quel est l’impact de l’alternance des modalisations primaire (to) et secondaire (-ing) sur l’interprétation de l’énoncé ? Deux écueils sont à éviter : d’une part, on sait que cette alternance n’a pas de valeur référencielle directe, puisque to n’implique pas automatiquement un événement irréel (It began to rain), pas plus que –ing ne poserait systématiquement la réalité du procès (He considered leaving the country). D’autre part, si certains verbes imposent une contrainte sur la résolution de l’alternance (to finish / stop + -ing), ce n’est généralement pas le cas : l’alternance est libre avec begin, start, commence, continue, cease, même si pour chaque verbe il existe toujours une combinaison statistiquement moins fréquente et sémantiquement plus marquée que sa rivale (pour begin, la forme non marquée est to ; pour start, c’est -ing). Il se trouve que pour les verbes heuristiques, la forme non marquée est l’infinitif, alors que pour les verbes herméneutiques, la forme non marquée est –ing. En effet, to permet de procéder à la sélection de la notion de procès dont le verbe aspectuel repère l’inchoation, la poursuite ou l’achèvement : son caractère futurisant n’est pas référentiel – to n’implique pas une réalité à venir – mais cognitif et métalinguistique : si la connexion sujet – prédicat reste à venir, c’est qu’un choix reste possible et que l’énonciateur prend l’initiative de le réaliser à l’instant de parole. Il en résulte que le choix de la notion de procès n’était pas prédéterminé en contexte : l’émetteur du message fait découvrir au récepteur le procès dont il est question. Inversement, avec –ing, présenter l’instant de connexion prédicative comme antérieure à celui de modalisation lexicale revient à présenter le choix de la notion de procès comme prédéterminé, 8 Ce caractère transactionnel est formalisé par la théorie des échanges d’information sémantique entre sujet et prédicat par le canal de l’incidence : incidence orientée du sujet au verbe en syntaxe génétique, du verbe au sujet en syntaxe des résultats. To saisit iconiquement la première à l’état de puissance en la figurant comme une direction, une trajectoire, un parcours possible dont le verbe est la cible. –ing, au contraire, se suffixe de manière à présupposer le verbe comme nouveau terme de départ de la relation inversée, à partir duquel c’est la reconstruction du sujet qui est visée et, partant, la manière dont l’apport verbal en modifie les propriétés : to sing saisit exclusivement la première phase de la transaction, he sings le seuil d’inversion, et singing la seconde phase. 9 Cette ordination cognitive to-Ø-ing est le point par lequel ce modèle s’écarte le plus des théories des opérations et des phases. En perspective psychomécanique, elle suppose également que l’on ne pose pas pour le verbe anglais une chronogenèse à trois modes (mode quasi-nominal, subjonctif, indicatif), ce que font certains guillaumiens, mais en aucun cas Guillaume lui-même. J’ai montré dans ma thèse que si l’on applique au synapses de l’anglais (base verbale, impératif, subjonctif, présent simple) le raisonnement suivi par Guillaume pour l’impératif français, on est immédiatement amené à récuser l’idée d’une chronogenèse à trois modes pour le verbe anglais. Le système est autre. 9 nécessairement par le contexte, ce qui confère à la construction un caractère rétrospectif et interprétatif dans la cohésion discursive. 3.1. Begin + to L’énonciateur se borne à constater descriptivement (avec force adjectifs et adverbes perceptuels) l’inchoation du procès (begin) qu’il inscrit dans la continuité discursive des événements narrés : soit begin pose la naissance d’un procès, soit il l’inscrit dans la suite logique des événements narrés (voir soulignage des causes ou des rapports de cause à effet), mais il ne rapporte pas au sujet le contrôle de l’inchoation, et le procès s’impose (temps descendant) plus qu’il n’est maîtrisé (temps ascendant). De son côté, to pose la découverte de la teneur du procès, dont le choix n’était pas dicté par le contexte. Si l’effet minimal est celui d’une simple présentation de l’événement, le trait heuristique peut se valoriser jusqu’à impliquer la surprise ou l’incompréhension de l’énonciateur-observatzeur quant à l’interprétation du procès observé. Au plan de l’échange dialogique, ceci revient à livrer une situation insaturée, dont seule la perception est livrée au détriment de l’interprétation, laissant donc au destinataire la liberté d’interpréter la scène comme bon lui semble. (23) It’s extraordinary how as soon as you have to share space with somebody, you begin to see them in a completely different light, and things about them irritate you which you never expected. (D. Lodge, p.156) (24) And thanks to Hubble we can begin to register the notion that while our earth is our local address, we have an entire universe that we can call home. (National Geographic, April 1997, p.7) Par contraste, begin + -ing marque la reconnaissance par l’énonciateur d’un déterminisme contextuel implicite ou explicite qui explique l’origine du procès qui s’impose au sujet. Autrement dit, begin + to pose une question à laquelle que begin + ing apporte une réponse : l’énonciateur tranche par avance le versant interprétatif, privant l’énonciataire de sa liberté de manœuvre et saturant l’énoncé. Le paradoxe est que si begin prive le sujet du contrôle de l’initiative du déclenchement du procès, -ing marque la reconnaissance, au sein même des propriétés constitutives de ce même sujet, des déterminismes qui président à l’actualisation du procès : (25) [Le destroyer vient d’être torpillé] As the Hamman sank, her depth charges began exploding at preset depths; the concussions killed many men in the water. (National Geographic, p.103) (26) The nine-hour flight gave us plenty of time to reflect on our adventures and begin planning for the African eclipse in June 2001. (Astronomy, Dec. 1999, p.81) Il apparaît ainsi que l’effet de sens de la combinaison ne dépend même pas d’autres paramètres tels que les propriétés du sujet (inanimé ou animé), la nature du procès (indésirable ou désirable), etc : dans tous les exemples qui précèdent et indépendemment de plus d’affinement dans la classification, begin indique que l’énonciateur se contente des paramètres observables et extérieurs au sujet pour accepter l’inchoation sans procéder au sondage de son état psychologique ; -ing complète ce regard d’un calcul évaluateur consistant à faire du procès le symptôme d’un diagnostic préétabli, le plus souvent sur la base de la reconnaissance d’une conformité du procès observé aux propriétés connues du sujet, impliquant un rapport du type stimulus / réponse ou condition suffisante / déclenchement. Dans notre corpus, comme dans celui de Bailey (1992), la combinaison begin + to est majoritaire par rapport à begin + -ing, ce qui ferait de la première une forme non marquée et de la seconde une forme marquée. Ceci n’est somme toute guère surprenant : si begin est extrasubjectif et si to focalise la sélection d’un prédicat futurisé et rhématique, alors l’un et l’autre sont congruents dans leur manière commune de se détourner du sujet thématique, les deux forment un couple homogène. Begin + -ing n’est pas discongruent (sinon il serait inattesté), mais hétérogène en ce que -ing se tourne vers des présupposés textuels associés au sujet alors même que begin s’en détourne : l’ensemble constitue paradoxalement la découverte d’une anaphore, combinaison fortement marquée qui ne s’obtient qu’au prix d’une modalisation volontariste et motivée de la part de l’énonciateur. 3.2. Start + to Start + to est la combinaison hétérogène diamétralement opposée : d’un côté l’énonciateur ne reconnaît pas dans la situation les déterminismes causateurs du procès, et sonde les motivations psychologiques non percevables de l’agent, qu’il situe en contraste ou en rupture par rapport à la

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calcul de pertinence le requerrait : She waited, Kate Croy, for her father to come in (incipit de The Wings of the Dove de. Henry James (la position syntaxique de Kate .. modalisateur cumule alors l'opération et le résultat : l'auxiliaire modal, paradoxalement, actualise la relation prédicative
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