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Sapiens : Une brève histoire de l’humanité PDF

509 Pages·2015·10.07 MB·French
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Copyright © Yuval Noah Harari, 2012 Première édition publiée en hébreu en 2011 chez Kinneret, Zmora-Bitan, Dvir. Édition anglaise, traduite par l’auteur, avec la collaboration de John Purcell et Haim Watzman, parue en 2014 sous le titre : S APIENS A B H H chez Harvill Secker, Random House, Londres. RIEF ISTORY OF UMANKIND Tous droits réservés. Toute reproduction totale ou partielle sur quelque support que ce soit est interdite sans l’autorisation écrite préalable de l’éditeur. T : © Éditions Albin Michel, 2015 RADUCTION FRANÇAISE 9782226332202 En souvenir affectueux de mon père Shlomo Harari I. La Révolution cognitive Empreinte de main humaine réalisée il y a environ 30 000 ans sur la paroi de la grotte Chauvet-Pont-d’Arc dans le sud de la France. Quelqu’un a essayé de dire : « J’étais ici ! » 1. Un animal insignifiant Il y a environ 13,5 milliards d’années, la matière, l’énergie, le temps et l’espace apparaissaient à l’occasion du Big Bang. L’histoire de ces traits fondamentaux de notre univers est ce qu’on appelle la physique. Environ 300 000 ans après leur apparition, la matière et l’énergie commencèrent à se fondre en structures complexes, appelées atomes, lesquels se combinèrent ensuite en molécules. L’histoire des atomes, des molécules et de leurs interactions est ce qu’on appelle la chimie. Voici près de 3,8 milliards d’années, sur la planète Terre, certaines molécules s’associèrent en structures particulièrement grandes et compliquées : les organismes. L’histoire des organismes est ce qu’on appelle la biologie. Voici près de 70 000 ans, des organismes appartenant à l’espèce Homo sapiens commencèrent à former des structures encore plus élaborées : les cultures. Le développement ultérieur de ces cultures humaines est ce qu’on appelle l’histoire. Trois révolutions importantes infléchirent le cours de l’histoire. La Révolution cognitive donna le coup d’envoi à l’histoire voici quelque 70 000 ans. La Révolution agricole l’accéléra voici environ 12 000 ans. La Révolution scientifique, engagée voici seulement 500 ans, pourrait bien mettre fin à l’histoire et amorcer quelque chose d’entièrement différent. Ce livre raconte comment ces trois révolutions ont affecté les êtres humains et les organismes qui les accompagnent. * Il y a eu des êtres humains bien avant qu’il y ait histoire. Des animaux très proches des hommes modernes apparurent il y a environ 2,5 millions d’années. Pendant d’innombrables générations, cependant, ils ne se distinguèrent pas de la myriade d’autres organismes dont ils partageaient les habitats. Voici deux millions d’années, en excursion en Afrique orientale, vous auriez pu tomber sur un éventail de personnages familiers : des mères inquiètes câlinant leurs bébés et des bandes d’enfants insouciants jouant dans la boue ; des jeunes capricieux en révolte contre les diktats de la société et des vieux fatigués qui demandaient seulement qu’on leur fiche la paix ; des machos bombant le torse pour impressionner la beauté locale et de vieilles et sages matriarches qui avaient déjà tout vu. Ces hommes archaïques aimaient, jouaient, nouaient des amitiés et se disputaient rang et pouvoir – mais les babouins, les chimpanzés et les éléphants en faisaient autant. Ils n’avaient rien de très particulier. Personne, et les humains moins que quiconque, n’imaginait que leurs descendants marcheraient un jour sur la Lune, scinderaient l’atome, sonderaient le code génétique et écriraient des livres d’histoire. Ce qu’il faut avant tout savoir des hommes préhistoriques, c’est qu’ils étaient des animaux insignifiants, sans plus d’impact sur leur milieu que des gorilles, des lucioles ou des méduses. Les biologistes classent les organismes en espèces. On dit d’animaux qu’ils appartiennent à la même espèce s’ils ont tendance à s’accoupler l’un avec l’autre, donnant naissance à des rejetons féconds. Juments et ânes ont un ancêtre commun récent, et partagent maints traits physiques. Sexuellement, cependant, ils ne s’intéressent guère les uns aux autres. Ils s’accoupleront si on les y pousse, mais ils donneront des mules ou des mulets stériles. Les mutations de l’ADN de l’âne ne sauraient donc jamais se transmettre aux chevaux, et inversement. Les deux types d’animaux sont considérés comme des espèces différentes, suivant des voies évolutives différentes. En revanche, un bouledogue et un épagneul paraissent très différents, mais ils sont membres de la même espèce, partageant le même vivier d’ADN. Leur accouplement sera fructueux, et leurs chiots devenus adultes pourront s’accoupler avec d’autres chiens et faire à leur tour des petits. Les espèces issues d’un ancêtre commun sont réunies sous le vocable de « genre » (en latin genus, ou genera au pluriel). Lions, tigres, léopards et jaguars sont des espèces différentes du genre Panthera. Les biologistes baptisent les organismes d’un double nom latin, indiquant le genre, suivi de l’espèce. Les lions, par exemple, portent le nom de Panthera leo : l’espèce leo, du genre Panthera. Les lecteurs de ce livre sont vraisemblablement tous des Homo sapiens : de l’espèce sapiens (sage) et du genre Homo (homme). Les genres sont à leur tour regroupés en familles : ainsi des chats (lions, guépards, chats domestiques), des chiens (loups, renards, chacals) ou des éléphants (éléphants, mammouths, mastodontes). Tous les membres d’une même famille peuvent faire remonter leur lignage à une matriarche ou un patriarche fondateur. Par exemple, du plus petit chaton domestique au lion le plus féroce, tous les chats ont un ancêtre félin commun qui vivait il y a environ 25 millions d’années. Homo sapiens appartient lui aussi à une famille. Un fait banal, qui a été l’un des secrets les mieux gardés de l’histoire. Homo sapiens a longtemps préféré se croire à part des autres animaux : un orphelin sans famille, privé de frères et sœurs et de cousins et, surtout, sans parents. Or, ce n’est pas le cas. Qu’on le veuille ou non, nous sommes membres d’une grande famille particulièrement tapageuse : celle des grands singes. Parmi nos plus proches parents vivants figurent les chimpanzés, les gorilles et les orangs-outangs. Les plus proches sont les chimpanzés. Il y a six millions d’années, une même femelle eut deux filles : l’une qui est l’ancêtre de tous les chimpanzés ; l’autre qui est notre grand-mère. D ES SQUELETTES DANS LE PLACARD Homo sapiens a caché un secret encore plus dérangeant. Non seulement nous avons pléthore de cousins peu civilisés, mais nous avions aussi jadis bon nombre de frères et sœurs. Nous avons pris l’habitude de nous considérer comme les seuls humains parce que, au cours des 10 000 dernières années, notre espèce a bel et bien été la seule espèce humaine dans les parages. Pourtant, le sens réel du mot « humain » est « animal appartenant au genre Homo », et il y a eu beaucoup d’autres espèces de ce genre en plus d’Homo sapiens. De surcroît, on le verra dans le dernier chapitre du livre, dans un avenir pas si lointain nous pourrions avoir affaire à des humains non sapiens. Afin de clarifier ce point, je précise que j’emploierai souvent le mot « Sapiens » (Sapiens, au pluriel) pour désigner les membres de l’espèce Homo sapiens, et réserverai le mot « humain » à tous les membres existants du genre Homo. Les humains sont apparus en Afrique de l’Est voici environ 2,5 millions d’années, issus d’un genre antérieur de singe, Australopithecus ou « australopithèque », qui signifie « singe austral ». Il y a environ deux millions d’années, une partie de ces hommes et femmes archaïques quittèrent leur foyer d’origine pour traverser et coloniser de vastes régions d’Afrique du Nord, d’Europe et d’Asie. La survie dans les forêts enneigées d’Europe septentrionale n’exigeant pas les mêmes qualités que la survie dans les jungles fumantes d’Indonésie, les populations humaines évoluèrent dans des directions différentes. Il en résulta diverses espèces distinctes, auxquelles les savants ont assigné des noms latins pompeux. Les humains d’Europe et d’Asie occidentale ont donné l’Homo neanderthalensis (« l’homme de la vallée de Neander »), plus communément connu sous le nom de « Neandertal ». Plus trapu et plus musculeux que le Sapiens, le Neandertal était bien adapté au climat froid de l’Eurasie occidentale à l’âge glaciaire. Les régions orientales de l’Asie étaient peuplés par l’Homo erectus, ou « homme dressé », qui y survécut près de deux millions d’années – ce qui en fait l’espèce humaine la plus durable qui ait jamais vécu. Il est peu probable que ce record soit jamais battu, même par notre espèce. Il est douteux qu’Homo sapiens soit encore dans les parages dans un millénaire. Alors deux millions d’années est tout à fait inconcevable ! Sur l’île de Java, en Indonésie, vivait l’Homo soloensis, « homme de la vallée de Solo », mieux armé pour vivre sous les tropiques. Sur une autre île indonésienne – l’îlot de Florès – vivaient des humains archaïques qui ont subi un processus de rabougrissement. Les humains atteignirent Florès quand le niveau de la mer était exceptionnellement bas, et que l’île était aisément accessible depuis le Continent. Quand le niveau des mers remonta, certains se trouvèrent pris au piège sur l’île, pauvre en ressources. Les grands éléments, qui ont besoin de beaucoup de nourriture, furent les premiers à mourir. Les plus petits survécurent bien plus facilement. Au fil des générations, la population de Florès devint une population de nains. Cette espèce unique, dont le nom scientifique est Homo floresiensis, ne dépassait pas un mètre pour un poids maximal de 25 kilos. Ils n’en furent pas moins capables de produire des outils de pierre et, à l’occasion, réussirent à chasser l’éléphant – même si, pour être honnête, il s’agissait aussi d’éléphants nains. En 2010, un autre frère perdu fut arraché à l’oubli, quand des chercheurs fouillant la grotte de Denisova, en Sibérie, découvrirent une phalange fossilisée. L’analyse génétique prouva que le doigt était celui d’une espèce humaine encore inconnue, qu’on a baptisée du nom d’Homo denisova. Qui sait combien de nos parents perdus attendent d’être redécouverts dans d’autres grottes, sur d’autres îles, dans d’autres contrées ? Pendant que ces humains évoluaient en Europe et en Asie, l’évolution ne s’arrêta pas en Afrique de l’Est. Le berceau de l’humanité continua de nourrir de nombreuses espèces nouvelles, telles que l’Homo rudolfensis, « l’homme du lac Rodolphe », l’Homo ergaster, « homme artisan », et finalement notre propre espèce, que nous avons immodestement baptisée du nom d’Homo sapiens, « homme sage ». Les membres de certaines de ces espèces étaient massifs, d’autres nains. Les uns étaient de redoutables chasseurs quand les autres étaient de faibles cueilleurs. Si certains ne quittèrent jamais leur île, beaucoup écumèrent les continents. Mais toutes appartenaient au genre Homo. Tous étaient des êtres humains. Nos frères et sœurs, selon les reconstructions spéculatives (de gauche à droite) : Homo rudolfensis (Afrique de l’Est) ; Homo erectus (Asie) ; et Homo neanderthalensis (Europe et Asie occidentale). Tous sont des humains. Un sophisme commun est d’imaginer une ascendance linéaire, avec l’ergaster qui engendre erectus, qui engendre Neandertal, qui lui-même mène à nous. Or, ce modèle linéaire donne l’impression fausse qu’à tout moment un seul type d’humain aurait habité la Terre, et que toutes les espèces antérieures ne seraient que des modèles plus anciens de nous-mêmes. La vérité est qu’entre voici deux millions d’années et 10 000 ans, le monde a hébergé, en même temps, plusieurs espèces humaines. Et pourquoi pas ? Il existe bien aujourd’hui plusieurs espèces de renards, d’ours et de cochons. Il y a 100 000 ans, au moins six espèces d’homme arpentaient la Terre. C’est notre exclusivité présente, non pas la pluralité d’espèces passée, qui est peut-être particulière – et compromettante. Nous le verrons sous peu, nous, les Sapiens, avons de bonnes raisons de refouler le souvenir de nos frères et sœurs. L E COÛT DE LA PENSÉE

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