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Revue Lignes N47 PDF

325 Pages·2015·16.499 MB·French
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Directeur Michel Surya Comité jean-Loup Amselle / Fethi Benslama /Véranique Ber'gen Martin Crawley / jean-Paul Curnier / Georges Didi-Huberman Mathilde Girard / Alain jugnon / Boyan Manchev Frédéric Neyrat / Marc Nichanian / Bernard Noël Jacob Rogozinski / Enzo Traverso 366697 lignes www.editions-lignes.com Art· littérature· philosophie • politique Paraît trois fois par an - vingt-neuvième année Publié avec l'aide du Centre national du Livre. Publié avec le soutien du Conseil régional d'Ile de France. Adresse postale de la rédaction, abonnements: Revue lignes 90 quai Maupassant F-76400 Fécamp © NeL, 2015 Tous droits de traduction et reproduction réservés pour tous pays. La revue n'est pas responsable des manuscrits qui lui sont adressés. Achevé d'imprimer en avril 20 15. Imprimé en Europe. Dépôt légal: mai 20 15.lssn: 0988-5226. Isbn : 978-2-35526-145-9 Diffusion-distribution: Les Belles Lettres DERRIDA Présentation 5 MARC CRÉPON & RENÉ MAJOR, Ouvertures 7 GEOFFREY BENNINGTON, Politique, Derrida! 15 GINETTE MICHAUD, (Ir)responsabilité de la littérature ",,,""",.,,,,,",,,,,,,",,,,,,,,,""",,,,,,,""" 28 GIL ANIDjAR, Politiques de la laïcité 45 MARC GOLDSCHMIT, La politique depuis la fin du monde 56 SIMONE REGAZZONI, Au-delà de la pulsion de pouvoir. Derrida et la déconstruction de la souveraineté 72 JACQUES DERRIDA, Fragments d'une lettre à Jean Genet 87 PEGGY KAMuF, Le philosophe, en tant que tel, et la peine de mort 9 1 JACQUES DERRIDA, «Write on,» Pour Mumia Abu Jamal 103 THOMAS DUTOIT, Traduction comme passage politique 107 JACQUES DERRIDA, Parti pris pour l'Algérie 129 JACQUES DERRIDA, Chers omis de France et d'Algérie 13 8 HÉLÈNE Clxous, Ça promet 142 RENÉ MAJOR, , , ,entre Derrida et Freud 16 1 STÉPHANE HABIB, Si 170 CHARLES ALUNNI, D'un Autre Cap 187 CHRISTINA DE PERETTI, DELMIRO ROCHA, Dès ses premiers textes 204 JACQUES DERRIDA, Manquements du droit à la justice 221 MICHEL LISSE, Une politique pour la vie 226 SATOSHI UKAI, De «monstrueux comme si », Pour une histoire du mensonge en politique ou Japon 242 JACQUES DERRIDA, Pour le «Monde diplomatique» 259 MARIE-LoUISE MALLET, Le horla ou la folie de /'ipséité souveraine 263 JÉRÔME LÈBRE, Une réponse à la force: la messianicité de Derrida 282 AVITAL RONELL, Derridémocratie 300 JEAN-Luc NANCY, Politique et/ou politique 309 Textes réunis par Marc Crépon, René Major et Chantal Talagrand Présentation Le colloque international, dont nous reproduisons les Actes, s'est tenu à l'École normale supérieure de Paris les 6 et 7 décembre 2008. Convoqué à l'initiative de l'Institut des hautes études en psychanalyse, du Laboratoire disciplinaire « "Pensées des sciences" », des Archives Husserl (ENS-CNRS) et du Comité éditorial de l'œuvre de Derrida, à l'occasion des parutions de Derrida pour les temps à venir (Stock, 2007) et La Bête et le souverain (Galilée, 2008), ce colloque enten dait affronter ce constat: alors que l'œuvre de Derrida traverse plusieurs champs de la pensée - la philosophie, la littérature, la psychanalyse, le droit, l'architecture, l'art, la théologie -, elle est rarement considérée du point de vue politique. Malgré de nombreux textes qui font directement référence au politique et en dépit des prises de position dont Derrida ne se sera pas privé lorsque le contexte socio-politique l'exigeait, on ne manque pas d'entendre fréquemment qu'il n'y a pas de pensée politique chez Derrida. Certes, les concepts traditionnels du politique ou de la politique se trouvent-ils dé construits par la pensée derri dienne. Au point que Derrida peut affirmer que « l'inadéquation au concept [à tout concept] se manifeste par excellence dans l'ordre du politique ou de la pratique politique». Mais c'est précisément ce qui rend politique cette pensée, de part en part. De manière déconcertante, il est vrai, pour tout ce qui œuvre au nom de la raison politique. Dans le temps qui est le nôtre, où le pouvoir politique conspire à sa ruine, il est apparu nécessaire de voir comment le politique peut se penser autrement. Nous reproduisons ici le court argument qui fut adressé aux intervenants et aux participants du colloque: Si la pensée derridienne ne développe pas une «philosophie poli tique» au sens traditionnel, c'est-à-dire toujours marquée par Présentation l'histoire de la métaphysique, elle ne constitue pas moins un mode de pensée fondamentalement politique. Mais autrement. Cette pensée demeure incomprise pour « ceux qui ne reconnaissent le poli tique qu'à l'aide des panneaux de signalisation d'avant la guerre». Toutes les interventions de Derrida dans des situations politiques concrètes s'inscrivent dans le prolongement d'un acte de déconstruction qui se situe en amont des habituelles prises de positions qu'appellent les préjugés de la conscience bavarde. Leurs gesticulations tournent court devant la « chose même » du politique en ne cessant de répéter, «sans même la conscience ou la mémoire du ressassement». S'il n'y a pas de démocratie sans « mise en commun », il n'y a pas non plus de démocratie sans respect de la singularité et de l'altérité irréductible qui échappent à toute communauté. Dans l'urgence de penser ce qui vient de nouveau, de penser de manière neuve ce qui est nouveau et ce qui revient - en parlant de la politique sans parler politique -, Derrida nous invite à révolutionner le concept même de révolution. Nous tenons à remercier les intervenants, souvent venus de l'étranger, qui ont généreusement accepté notre invitation, M.ichel Surya qui a bien voulu consacrer à ces Actes un numéro de la revue Lignes en lui apportant la plus grande attention et Daniel Mesguich qui, de sa voix au cours du colloque, a su rendre si présente celle de Jacques Derrida dans ses prises de position politique. Charles Alunni, Geoffrey Bennington, Marc Crépon, Marguerite Derrida, René Major, Chantal Talagrand Ouvertures Marc Crépon Au titre des mauvais procès qui auront ete Intentés à Jacques Derrida, de façon récurrente, il y aura eu celui-ci: il se serait peu intéressé, trop peu, moins que d'autres, dit-on, à la politique. Il se serait insuffisamment engagé dans les luttes auxquelles celle-ci est identifiée, de façon toujours trop hâtive et réductrice. D'une telle accusation, il est évidemment facile de souligner l'ignorance, la négligence ou l'oubli, en rappelant tous les combats auxquels il se sera associé, tous les secours et les soutiens qu'il aura tenu à apporter, aux uns et aux autres, opprimés et prisonniers (Nelson Mandela, Mumia Abu-jamal), chaque fois qu'ils s'imposaient dans l'urgence. En intitulant ce colloque «Derrida politique», c'est pour commencer, à ces infa tigables prises de position que l'on tenait à rendre hommage, telles qu'elles auront accompagné sinon jalonné livres et sémi naires pendant près de quarante ans. Pour tous ceux qui en partageaient l'indignation, l'inquiétude ou la colère, pour tous ceux qui s'alarmaient du silence, de l'indifférence ou de l'ac coutumance à l'injustice, elles avaient la force d'une parole accordée et d'un temps consenti. Elles rappelaient, de fait, qu'il n'est de politique responsable qu'articulée à cette disponibilité pour un appel imprévu. Dans un texte, publié en l'an 2000 et intitulé «L a paix, la mondialisation, la cosmopolitique », l'au teur de Cosmopolites de tous les pays) encore un effort se risqua même à en décliner les quatre principales orientations, dont nous savons que d'autres les avaient précédées (comme la lutte contre l'apartheid) et qu'elles ne devaient pas être les dernières: 1. J. Derrida, <1 La paix, la mondialisation, la cosmopolitique », conférence publiée dans le magazine Regards, nO 54, février 2000, p. 16-19. Ouvertures «Le travail, le pardon, la paix et la peine de mort)}. Une autre idée reçue que l'on entend parfois reproduire de façon péremptoire est que la politique serait tardive. «Derrida politique)}! Oui, sans doute, mais cela n'aurait de sens qu'à partir d'un «tournant éthico-politique)} qui se serait produit dans le milieu des années 1990 avec VAutre cap (1991), Spectres de Marx (1993), Politiques de l'amitié et Force de loi (1994), voyous (2003) et Le concept du Il septembre (2004) - ce qui fait, on l'avouera, tout de même beaucoup de livres pour un philosophe supposé avoir négligé la politique - sans compter tous les séminaires donnés à l'EHESS sous l'intitulé général: «Q uestions de responsabilité )}, les conférences et les entretiens. Mais ici, la question est évidemment tout autre. Elle relève moins de la mauvaise foi ou de la négligence, que de l'assu rance avec laquelle on imagine possible de décréter à l'avance ce qui est et n'est pas « politique », de décider autrement dit, quels problèmes, quels thèmes, mais aussi quels régimes de discours (l'appel, l'injonction, le programme, la critique), quelles obli gations remplies tiennent lieu de « critères)} discriminants pour accorder ou refuser à une pensée le label politique» - de tracer « autrement dit des frontières ou des lignes de démarcation. Lorsqu'on parle (à l'encontre de ce que Jacques Derrida lui même aura toujours dit) de tournant, c'est à ce prix qu'on croit pouvoir l'identifier. Rien ne va moins de soi (on s'en doute) qu'une telle assu rance et qu'une telle décision. Il se pourrait même que l'un des premiers effets de ce qui s'est appelé «déconstruction» ait été d'en comprolllettre irrémédiablement la possibilité. Mais si nous le savons, si nous nous rappelons l'avoir appris de lui, c'est qu'un concept)} au moins vient perturber le partage des « domaines, brouiller la distinction entre les questions qui relè veraient de la politique et celles dont on décréterait qu'elles lui sont étrangères. Ce concept, c'est évidemment celui de « souve raineté )}. Sa déconstruction est une longue histoire sinon l'his toire de la déconstruction elle-même. Elle aura commencé avec la mise à jour du phonologocentrisme à l'œuvre dans la tradition Marc Crépon philosophique, de Platon à Heidegger, et elle aura trouvé son dernier point d'ancrage (ce qui ne signifie pas son achèvement) avec le séminaire des dernières années: La Bête et le souverain. Jacques Derrida avait l'habitude de nouer les fils, de rappeler les occurrences, de renvoyer, à propos d'un thème ou d'une ques tion, à des pages, à des leçons, à des livres antérieurs, de lancer ses lecteurs et ses auditeurs sur des pistes à travers les méandres de son travail. Nul doute que s'il avait voulu le faire, de façon exhaustive, à propos de la souveraineté, peu de volumes auraient échappé au renvoi et qu'il lui aurait fallu remonter au moins jusqu'à La Vbix et le phénomène et De la grammatologie. D'autres diront si, entre les lignes du dernier séminaire, il est juste ou non de découvrir ici et là les fulgurances ou les abîmes d'une recollection ou d'une anamnèse. Ce qui est sûr par contre, c'est qu'au titre d'une telle immersion, il aurait fallu rappeler et renouer tous les fils de sa confrontation avec la psychanalyse - et notamment tous les jalons de sa lecture de Freud. « Derrida politique», cela ne pouvait se dire et s'entendre autrement. Mais il faut encore apporter un dernier éclairage au malen tendu. Devant tant d'évidences d'un souci ou d'une inquiétude ininterrompus de la politique, on est en droit de se demander ce que pouvait bien signifier le fait que, en dépit de tout cela qui est connu, d'aucuns avaient pu prétendre ou avoir l'impres sion que Derrida se serait moins intéressé à la politique » que « d'autres penseurs de sa génération (mais tout aussi bien de celles qui ont suivi ou de celles qui l'ont précédé). Il n'est pas facile de répondre à cette question, tant les motivations d'un déni sont toujours complexes. Un point toutefois mérite d'être rappelé. À l'inverse de bon nombre de ses contemporains, la pensée et les engagements de Derrida se distinguent par son refus constant et inflexible de tout « consentement aveugle » à la violence politique - en d'autres termes de tout «consentement meurtrien). Ce n'est pas un hasard si le séminaire La Bête et le souverain (2001-2003) fut précédé d'un séminaire consacré à la peine de mort (1999-2001). La pensée politique de Derrida est habitée sinon portée par la hantise de la mort violente - une 10 Ouvertures hantise dont on pourrait suivre la trame, au fil des livres et des séminaires - un spectre dont on devrait repérer l'entrée discrète ou l'irruption, sans compromis et sans concession, aussi bien dans ce qu'il aura dit de la révolution que du {< terrorisme », ou encore de la guerre - mais également du pardon, du droit et de la justice, de l'hospitalité et de l'hostilité et (pour finir) des promesses d'une démocratie à venir. C'est elle qui nourrit sa vigilance, ses réserves (s'il en est), mais aussi et surtout le caractère irréductible de ses soutiens. C'est elle qui trace des limites et des lignes rouges que rien ne devrait autoriser à fran chir. Parmi les penseurs du siècle dernier, il en est qui n'auront pas hésité à le faire, qui se seront aventurés dans les voies du consentement meurtrier - qui auront beaucoup fermé les yeux donc, minimisé, justifié ou encouragé {<le meurtre ». Et puis il en est d'autres qui n'auront jamais transigé avec ce qu'un tel consentement finit toujours par signifier, qui est l'acceptation du pire, l'acquiescement à la mort des uns ou des autres, à tel titre criminel. Sans doute n'est-il rien de plus responsable et de plus {<politique» que cette intransigeance. Mais l'ironie cruelle de l'histoire veut que souvent (comme une perpétuation de l'aveuglement) les premiers passent pour plus {<politiques» que les seconds.

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