MINISTERE DE L’AGRICULTURE ET DE LA PECHE COMITE PERMANENT de COORDINATION des INSPECTIONS COPERCI - 2006 / N° 131 « Réglementations et distorsions de concurrence » (SanEco) "La vérité ne se définit pas comme étant l'opinion de la majorité : la vérité est ce qui découle de l'observation des faits". (Maurice Allais, prix Nobel d'économie) Lillian Bertaudière, Jean-Pierre Bigre, François-Jh Froget, Alain Gravaud, André Manfrédi, Josy Mazodier, Anne-Marie Vanelle. CGGREF n° 2405 SOMMAIRE 1. Le cadre de la mission............................................................................................3 1.1. Le PNDIAA....................................................................................................3 1.1.1. La lettre de mission...................................................................................4 2. Le déroulement de la mission :..............................................................................5 2.1. Méthode utilisée.............................................................................................5 2.2. Le déroulement des travaux et le « ressenti » général....................................5 3. Les informations collectées dans le cadre de la mission........................................6 3.1. La segmentation des cas de distorsion rencontrés..........................................6 3.1.1. Le marché et le droit national....................................................................6 3.1.2. Le marché intérieur et le droit communautaire.........................................7 3.1.3. Le marché et les pays tiers.........................................................................7 3.2. Analyse des cas en fonction de leur impact sur les IAA................................8 3.2.1. La réglementation nationale en matière de produits de traitement phytosanitaires ...................................................................................................................8 3.2.2. La valorisation des sous produits d’origine animale................................9 3.2.3. Transports sous régime du froid................................................................9 3.2.4. Application de la réglementation (harmonisation de l’inspection) .........10 3.3. Distorsions mises en évidences ne relevant pas de l’application d’une réglementation sanitaire ou d’application en charge du MAP.............................................10 3.3.1. Ministère des finances (DGI/DGCRF/DGDI) et prélèvements obligatoires .................................................................................................................10 3.3.2. MEDD (ICPE).........................................................................................11 3.3.3. Ministère des transports...........................................................................11 4. Recommandations................................................................................................11 4.1. Simplification et harmonisation réglementaire............................................11 4.1.1. Paquet hygiène :......................................................................................11 4.1.2. Le secteur phytosanitaire et les conditions d’utilisation des produits phytopharmaceutiques :............................................................................................................12 4.1.3. Réglementation, normalisation et référentiels privés..............................13 4.2. Axes de travail proposées.............................................................................13 4.2.1. L’information et la concertation pour accompagner la mise en application du « paquet hygiène »...............................................................................................................13 4.2.2. L’observatoire des distorsions de concurrence (article 56 de la loi d’orientation agricole)..............................................................................................................14 4.2.3. Gouvernance et expertise........................................................................14 4.2.4. La coordination interservice....................................................................15 Conclusion....................................................................................................................16 ANNEXES : 1 Lettre de mission 2 Liste des cas de distorsions recensés 3 Tableau synoptique des règlements en application et des dispositions issues du paquet hygiène 4 Personnalités et institutions rencontrées 5 Guide d’entretien Fiches techniques et documents explicatifs 6.1. Produits phytopharmaceutiques 6.2. Valorisation des protéines d’origine animale 6.3. Transport sous froid 6.4. Inspection et certification vétérinaire 2/54 1. Le cadre de la mission La mission confiée conjointement au Conseil Général du Génie Rural des Eaux et des Forêts et au Conseil Général Vétérinaire s’insère dans un cadre plus général dont il convient de retracer les principaux éléments. 1.1. Le PNDIAA Présenté par Nicolas FORISSIER le 10 mai 20051, le partenariat national pour le développement de l’industrie agroalimentaire a pour objectif de remédier aux fragilités de ce secteur et d’accompagner son développement, à travers six grands axes de travail, correspondant aux attentes des entreprises : 1. favoriser le développement économique des entreprises ; 2. affirmer la dynamique des entreprises à l’international ; 3. encourager la recherche, le développement et l’innovation ; 4. adapter et simplifier les normes et réglementations ; 5. mieux répondre aux attentes de la société ; 6. développer l’emploi et valoriser les métiers de l’agroalimentaire. Sur l’axe de la simplification des normes et de la réglementation l’objectif est de : - mieux écouter les entreprises sur l’application de la réglementation, - simplifier les normes et réglementations qui s’imposent aux entreprises, assurer une meilleure transparence et une meilleure lisibilité. Des mesures sont envisagées ou prises : 1. pour améliorer l’environnement réglementaire; La loi d’orientation agricole a habilité le gouvernement à légiférer par ordonnance dans le projet de loi d’orientation agricole. Par ailleurs, un travail est en cours dans le cadre de la mise en place « paquet hygiène » par les administrations concernées. 2. pour dresser le bilan de la réglementation existante et proposer des améliorations concrètes ; C’est sous cette rubrique que prend place la mission confiée au Conseil général vétérinaire et au Conseil général du génie rural, des eaux et forêts sur la réglementation sanitaire et phytosanitaire. 3. pour clarifier les normes et référentiels de toute nature qui s’imposent aux entreprises et diminuer les coûts : Les entreprises se plaignent d’avoir à répondre à un nombre croissant de cahiers des charges, publics, normatifs ou privés, qui génèrent des coûts importants, des inefficacités, voire des incohérences. Réalisée dans ce cadre par l’INRA et remise fin 2005, l’étude « articulation entre réglementation, normalisation et référentiels privés dans les industries agroalimentaires » établit un premier diagnostic : - en dressant l’état des lieux des référentiels présents sur le marché, - en analysant le positionnement des utilisateurs, - en évaluant la cohérence de ces dispositifs afin d’en mesurer l’efficacité, - en esquissant des scenarii et en proposant aux pouvoirs publics des pistes de réflexion stratégique. 1 Dossier de presse du 10 mai 2005 : www.agriculture.gouv.fr/spip/IMG/pdf/pndia_doss_presse_100505.pdf 3/54 4. pour écouter les entreprises et les aider à résoudre les problèmes qu’elles rencontrent : La création d’une cellule d’action permanente et d’un numéro vert est retenue pour : - permettre aux entreprises d’obtenir une réponse précise à leurs interrogations, - permettre aux services de l’administration de mieux connaître et de mieux prendre en compte l’impact des réglementations 1.1.1. La lettre de mission La décision de désigner une mission sur les distorsions de concurrence éventuellement générées par la réglementation françaises en matière de sécurité des denrées alimentaires a été prise à l’issue des contacts entre le secrétaire d’Etat et les entreprises de l’agroalimentaire. Celles-ci ont exprimé le sentiment que la réglementation française va au delà des exigences communautaires et qu’elle serait appliquée plus sévèrement pour les produits nationaux que pour les produits importés. Cet excès de rigueur handicaperait les entreprises nationales par divers surcoûts et faciliterait l’ouverture du marché européen aux produits importés. Selon les termes de la lettre de mission2 il convient de : « …, se pencher sur les principales réglementations alimentaires, vétérinaires et phytosanitaires qui affectent les entreprises agroalimentaires,… Il faut d’abord analyser les contrôles auxquels les produits importés sont soumis … … recenser les principales règles qui ne s’appliquent pas de la même manière partout,… proposer des mesures préventives pour éviter les phénomènes de surenchère. La seconde partie de l’étude sera consacrée aux réglementations qui constituent manifestement des freins au développement et à la compétitivité,… …, formuler,…, des propositions d’allègement. …, chiffrer le coût de ces réglementations,… sur le chiffre d’affaire des entreprises. » Il s’agit donc d’étudier et de comparer les types de contrôles auxquels sont soumis les produits nationaux et les produits échangés ou importés, d’identifier les réglementations à l’origine de distorsions de concurrence, d’examiner comment simplifier les réglementations, et de proposer des améliorations. Le champ ainsi tracé était très large et ne pouvait être appréhendé en totalité compte tenu des moyens disponibles et des délais imposés. La mission a donc proposé au cabinet du ministre que cette étude se limite en première approche aux réglementations nationales, communautaires ou internationales applicables en matière d’alimentation animale, d’alimentation humaine, de bien-être des animaux et de protection phytosanitaire. En particulier, les réglementations relatives à la protection de l’environnement ou à la protection sociale ne sont pas dans le champ de la mission ni celles qui relèvent de l’application ordinaire du droit de la concurrence ou douanier dont la gestion incombe à la DGCCRF ou à la DGDI. La mission a cependant estimé utile de relever certaines des situations se rapportant à ces réglementations sans toutefois les approfondir. 2 Lettre de mission du secrétaire d’état à l’Agriculture N. FORISSIER le (annexe 1) 4/54 2. Le déroulement de la mission : 2.1. Méthode utilisée Les doléances portées à la connaissance du Ministre lors de la phase préparatoire du PNDIAA, étaient très générales. C’est pourquoi la mission a privilégié une méthode permettant de faire émerger des faits précis correspondant aux situations dénoncées pour les recouper, les faire expertiser et tenter d’obtenir une illustration factuelle des faits dénoncés, de leurs causes et de leurs conséquences. La citation de Maurice Allais placée en exergue de cette étude s’efforce de traduire cet état d’esprit. En raison de l’importance du champ couvert, les investigations ont porté sur les filières suivantes : - les viandes, - les œufs et les ovo produits essentiellement, - le lait, - les productions végétales - l’alimentation animale. Dans ce but, des contacts ont été pris : - avec les services de l’administration centrale (DGAL) et déconcentrés (DDSV, SREA, SRPV et poste d’inspection frontalier) du ministère de l’agriculture et de la pêche, les attachés agricoles de certaines ambassades auprès des Etats membres et de la représentation permanente à Bruxelles, des organisations publiques (CNA), - avec des organisations professionnelles pour obtenir un premier cadrage des situations rencontrées par les opérateurs, - auprès des opérateurs économiques eux-mêmes (production à différents stades, logistique, négoce, etc.). Chaque demande d’entretien a été précédée d’un contact téléphonique pour que l’objet de la mission et sa méthode soient clairement précisés puis d’un envoi par messagerie de la lettre de mission et d’un guide d’entretien3. Tous les entretiens ont donné lieu soit à la production de documents de la part des organismes contactés, soit à un compte-rendu d’entretien par la mission. Les textes en application et les évolutions réglementaires récentes liées à l’application des règlements du paquet hygiène ont été recensés4 . 2.2. Le déroulement des travaux et le « ressenti » général D’une manière générale, la mission a reçu un très bon accueil et ses investigations ont suscité un réel intérêt de la part des personnalités et des organisations qu’elle a rencontrées5, voire une certaine satisfaction vis-à-vis de l’initiative prise. Le premier tour d’horizon effectué auprès des responsables professionnels n’a pas mis en évidence de situations graves ; après expertise les cas de distorsion de concurrence directement rattachés à la réglementation alimentaire restent limités. La mission a perçu chez certains de ses correspondants, notamment du secteur amont, une certaine prudence à l’égard des services de contrôles. Certains n’ont d’ailleurs pas caché 3 Guide d’entretien (annexe 5) 4 Tableau synoptique des mesures réglementaires nationales et des règlements du « paquet hygiène » (annexe 3) 5 liste des personnalités rencontrées (annexe 4) 5/54 qu’ils s’accommodaient des faits dont ils se plaignaient, voire pour quelques uns, qu’ils en tiraient parti. Tous redoutent de se brouiller avec les services de contrôle. La mission a également rencontré des difficultés pour amener ses correspondants à sortir des généralités et à donner des faits concrets et chiffrés. Cette situation est probablement imputable au fait qu’une partie des doléances relève d’un ressenti et de l’accumulation de difficultés, d’inquiétudes ou de tracasseries, sans preuves apportées de distorsion de concurrence. Il convient en particulier de souligner que la filière « lait » n’a pas répondu à nos demandes réitérées d’entretien malgré des déclarations initiales d’intérêt et de forte motivation pour le sujet de notre mission. Les contacts avec les principaux secteurs ont permis un premier inventaire, et il resterait à mener à bien trois tâches importantes et complexes qui font l’objet de propositions en conclusion de ce rapport pour répondre pleinement aux termes de la lettre de mission : - expertiser l’impact économique des dispositions réglementaires - assurer le suivi des productions réglementaires des administrations centrales concernées, - concevoir un « guichet » permettant de recueillir les doléances des professionnels, confrontés à des demandes souvent ponctuelles et spécialisées, et de leur apporter le soutien adapté. La mission n’était pas en mesure de conduire sur ces thèmes des investigations complémentaires détaillées dans un délai compatible avec sa commande. La première cause d’inquiétude paraît être l’insécurité juridique des opérateurs consécutive au rajout de mesures nationales et à la coordination et l’harmonisation insuffisante des services de l’Etat (Agriculture, Finances, etc.). Cette complexité peut expliquer une certaine difficulté à disposer d’informations sur des points précis. 3. Les informations collectées dans le cadre de la mission 3.1. La segmentation des cas de distorsion rencontrés 3.1.1. Le marché et le droit national • Des réglementations parfois plus contraignantes Les Etats membres ont la possibilité de fixer des mesures réglementaires plus exigeantes pour la sécurité sanitaire des denrées alimentaires. Ces réglementations peuvent avoir un impact qu’il convient d’apprécier tant au plan de la compétitivité des entreprises que du bénéfice au plan sanitaire. Il convient aussi de s’assurer que ces mesures ne seront pas contournées du fait de la libre circulation des biens en Europe. • La non standardisation des méthodes de contrôle Les services chargés du contrôle disposent d'une certaine latitude pour définir les conditions dans lesquelles ils délivrent des autorisations ou ils certifient la conformité de produits. L'exercice de cette responsabilité s'opère selon des appréciations liées au contexte qui peuvent favoriser des distorsions de concurrence. C’est par l’adoption de procédures de contrôles, de vade-mecum, d’audit des services et la formation des agents que ces hétérogénéités peuvent être identifiées et limitées6. 6 Annexe 6-4 : note technique (inspection de salubrité et certification vétérinaire) 6/54 3.1.2. Le marché intérieur et le droit communautaire • La transcription du droit communautaire en droit national Diverses causes, retard dans la transcription du droit communautaire, transcription insuffisamment harmonisée, pratiques hétérogènes des services chargés des contrôles, etc., peuvent participer à fixer des exigences inégales. • Le règlement 178/2002 et le paquet hygiène Le nouveau droit alimentaire procède de règlements directement applicables au sein de l’UE. Ce dispositif laisse cependant aux Etats membres l’organisation des contrôles. Le passage d’une obligation de moyens à une obligation de résultats peut entraîner des différences d’appréciation dans ces contrôles à propos desquels le règlement 882/2004 prévoit des mesures de régulation : - obligation de rédiger des procédures d’inspection, - mise en place d’audits internes des services de contrôles, - mise en place d’audits externes réguliers par l’Office Alimentaire et Vétérinaire (OAV) de la Commission européenne. Cette nouvelle approche va être confrontée aux référentiels privés portés ces dernières années par la grande distribution qui ont pu maintenir ou réintroduire des obligations de moyens afin de donner aux l’acheteurs la garantie dans les échanges commerciaux que ces obligations de résultats sont satisfaites. 3.1.3. Le marché et les pays tiers • Les importations venant des pays tiers L'accès au marché européen de produits venant de pays tiers doit satisfaire aux réglementations européennes. La vérification du respect de cette réglementation se fait en général aux points de contrôle, poste d’inspection frontalier (PIF) pour les produits d’origine animale et point d’entrée dans la communauté (PEC) pour les végétaux (320 pour l'ensemble de l'Europe). La mission a pu vérifier que ces contrôles sont bien harmonisés pour les produits d’origine animale, mais de façon moindre pour les végétaux. L'intensité et la qualité de ces contrôles peuvent sans doute varier d'un point de contrôle à un autre; ainsi la mission a recueilli une certaine unanimité, quant à un accès plus aisé au marché communautaire par Rotterdam. Mais il est difficile, sur ce point, de faire la part entre l’impact de l’offre logistique et celui des contrôles. L’OAV basé à Dublin mène pour le compte de la Commission des inspections sur certaines cibles « produits – pays » selon une programmation annuelle. L'action de l'OAV vise à prévenir les entorses au droit communautaire et ainsi soutenir l’action initiale de coordination de l’action des services aux frontières. Il est étonnant que les professionnels n’aient que peu mentionné la concurrence des pays tiers vis-à-vis des productions nationales ou communautaires. L’incidence de la mondialisation des échanges sur l’économie de leurs filières a été rarement évoquée, contrairement aux disparités entre Etats membres. • Les exportations vers les pays tiers Le cadre de ces échanges commerciaux est majoritairement bilatéral. Les distorsions résultent d’exigences différenciées de la part du pays tiers vis-à-vis du pays exportateur. Dans ce cadre contractuel des distorsions sont inévitables et peuvent être aggravées par un manque de réactivité de l’administration, notamment en situation de crise sanitaire. 7/54 Il peut s’ajouter à ceci des difficultés liées à la négociation préalable de certifications sanitaires bilatérales, ainsi qu’à l’attestation des certificats proprement dite. Pour résoudre ces difficultés la négociation de modèles communautaires de certificats sanitaires est à rechercher. 3.2. Analyse des cas en fonction de leur impact sur les IAA Le tableau de l’annexe 2 décrit de manière simplifiée les situations qui nous ont été présentées par nos interlocuteurs. Ce tableau donne pour chacune de ces situations un indice de gravité, allant de 1 à 4 : • les faits les plus graves (indice 1: problèmes majeurs nécessitant une évaluation complémentaire) ; • les faits présentant également un caractère certain de gravité mais déjà clairement identifiés et en cours de résolution (indice 2 : problèmes majeurs en voie de règlement) ; • les faits susceptibles de présenter sur un plan plus sectoriel des conséquences significatives (indice 3 : problèmes d’incidence mineure) mais nécessitant des analyses plus approfondies ; • les faits présentant moins d’importance (indice 4). Les situations qui relèvent de la première catégorie sont au nombre de quatre. 3.2.1. La réglementation nationale en matière de produits de traitement phytosanitaires C’est le sujet le plus préoccupant ; la mission relève le sentiment des opérateurs que l’évolution récente de la réglementation française en matière d'utilisation des produits phyto pharmaceutiques (délais avant récolte (DAR), interdiction des mélanges, LMR,…) est une cause importante de perturbations économiques et de distorsions de concurrence dans le secteur végétal au détriment des entreprises agricoles et industrielles françaises. Le dispositif français, très encadré dès l’origine et porté par l’activité développement des SRPV (avertissements agricoles), vise à garantir la qualité de nos produits. Ce dispositif avait un effet incitatif de recherche de solutions novatrices ou plus élaborées, et de proposition de pratiques agricoles garantissant la conformité et la salubrité des denrées. L’enquête7 menée par la mission auprès des attachés agricole de l’UE, dont la bonne réactivité mérite d’être soulignée, montre que la majorité des Etats mettent en application la directive 91/414 concernant l’AMM des produits phyto pharmaceutiques. Ils procèdent actuellement à l’adaptation de leur dispositif aux dispositions du règlement 178/2002 : il serait très utile d’effectuer une étude plus détaillée sur l’encadrement des pratiques et des préconisations qui se met en place. La réglementation en matière d’autorisation de mise en marché (AMM) en France est jugée, à ce jour, peu adaptée et handicapante par comparaison avec les dispositions en vigueur dans d'autres pays. Elle ne permet pas l’adaptation des pratiques au cas par cas comme en matière de pharmacie vétérinaire qui pose clairement les responsabilités en matière de prescription. Elle est mise en oeuvre selon des modalités longues et incertaines. L’administration est handicapée par le fonctionnement de commissions et inhibée par une appréciation dominée par le principe de précaution. 7 Se reporter à l’annexe 6-1 : fiche technique sur la réglementation applicables aux produits phytopharmaceutiques 8/54 Les producteurs de molécules ou de préparations se détournent du marché français, considéré autrefois comme marché de référence. On constate une réduction préoccupante de la liste des produits homologués, voire, pour certaines cultures maraîchères, peu attractives pour les producteurs de produits de traitement, une absence totale de produits, ou des pratiques illégales. Les OP restent réticentes à se substituer, comme la réglementation le leur permettrait, aux propriétaires de molécules pour demander un AMM dans le cadre des usages mineurs. Les producteurs français dont la productivité s’en trouverait affectée supporteraient des pertes de parts de marchés, pour les fruits et légumes frais comme pour ceux destinés à la conserverie ou à la surgélation, au profit de producteurs d'autres pays d'Europe (Belgique, Pologne, Espagne, etc.) ou de pays tiers (Chine, etc.). Le problème nous a été rapporté de l'importation, de la vente et de l'utilisation illégales de formulations non homologuées en France mais homologuées dans les pays membres voisins. Il semble que si les dispositions françaises sont pénalisantes pour les professionnels, ce serait sur trois points de procédures : - les délais de ces procédures, - la dérogation appelée « usage essentiel ». Si la substance active (SA) n’est plus inscrite à la suite d’une évaluation défavorable, la position de principe de la France et toujours défendue en CP CASA est de ne pas délivrer d’AMM contrairement à d’autres Etats ; - l’AMM pour « usage mineur » qui vise à obtenir une homologation par extension sur la base d’un dossier simplifié. Cette possibilité pourrait être mieux exploitée. En pratique, elle est liée à l’établissement de conventions triparties et donc d’un accord préalable qui n’est pas systématique pour les usages « orphelins ». Cette situation serait en grande partie liée au fonctionnement de la procédure d’homologation (comité d’homologation, commission des toxiques, commission des PPP, etc.), qui est spécifique à la France, le secteur phytosanitaire n’ayant pas été pris en charge par l’AFSSA lors de sa constitution en 1998. Le transfert à l’AFSSA de l’évaluation des risques liés aux produits phytopharmaceutiques tel qu’il découle des articles 70 et 71 de la loi d’orientation agricole permettra de remédier pour une part à ces difficultés. Il serait cependant souhaitable de compléter cette réforme en s’efforçant parallèlement d’améliorer la maîtrise des conditions de prescription et d’utilisation des traitements phytosanitaires. 3.2.2. La valorisation des sous produits d’origine animale Ce thème recouvre deux aspects consécutifs aux dispositions nationales prises suite à l’ESB : - le coût du service public de l’équarrissage pour la filière viande : cet aspect est en voie de résolution à la suite du travail d’une mission spécifique. - la liste des MRS constitue toujours une source de distorsion de concurrence pour l’utilisation de certains sous-produits issus d’abattage : l’alignement sur la réglementation communautaire n’est pas encore totalement réalisé8 (filière pet- food, gélatines,…), mais en voie de l’être à court ou moyen terme. 3.2.3. Transports sous régime du froid Les transports internationaux sous régime du froid sont assujettis, depuis 1974 aux dispositions de l’accord international ATP. L’accord ATP est appliqué au plan européen selon 8 Annexe 6-4 : note technique définition de MRS et SPE 9/54 des procédures de type comparable dans les principaux Etats membres9 et permet des contrôles ciblés sur les véhicules nationaux en intra UE. La révision de l’arrêté transport en 1998 a étendu au niveau national ce dispositif fondé sur le contrôle technique des engins de transport, neufs et en service, dont la mise en œuvre est déléguée par le ministère de l’agriculture au GIE Cemafroid. Or ce dispositif institue une obligation de moyens qui ne répond pas pleinement aux nouvelles conditions crées par le règlement 178/2002. Il est considéré par certaines entreprises comme coûteux et peu efficient quant à la garantie du résultat. 3.2.4. Application de la réglementation (harmonisation de l’inspection) La mission a perçu un équilibre qui semble prévaloir entre certains points qui feraient l’objet d’une application trop rigoureuse selon les professionnels et la majorité des cas pour lesquels les services d’inspection font preuve d’un pragmatisme dont les professionnels bénéficient. Aux facteurs techniques s’ajoute le paramètre humain, qui ne peut être uniforme et va conduire plusieurs inspecteurs à des descriptions singulières d’une même particularité pouvant conduire à des décisions différentes. Nos interlocuteurs n’ont pas osé mettre en cause les agents de contrôle, mais ont effleuré ou ont privilégié le rapport de proximité qu’ils entretiennent avec eux. Il est primordial de maintenir un dialogue entre professionnels et services de contrôle qui quotidiennement, au contact du terrain, fait progresser la connaissance et permet d’adapter les décisions. Ainsi des anomalies mineures, inhérentes au travail routinier, peuvent être rapidement corrigées. La qualité du réseau des directions départementales des services vétérinaires, permet une information rapide de la DGAL qui peut arrêter les instructions correctives pour des dérives correctement identifiées et analysées. Ces procédures bien connues des acteurs « terrain » professionnels ou publics sont toujours mobilisables et sans difficulté. A cet aspect s’ajoute le cadre préventif des grilles d’inspections et de la mise sous assurance qualité qui sont un facteur d’harmonisation. Ces acquis doivent perdurer dans la mise en place du nouveau droit alimentaire. Sans qu’il soit nécessaire, comme pour les exemples décrits en annexe10, de recourir à des instructions centrales, il convient de conserver les échanges d’information technique entre les services déconcentrés et l’échelon national pour optimiser et faciliter la coordination des interventions auprès des opérateurs. L’échelon régional a vocation à favoriser ces échanges d’informations. 3.3. Distorsions mises en évidences ne relevant pas de l’application d’une réglementation sanitaire ou d’application en charge du MAP 3.3.1. Ministère des finances (DGI/DGCRF/DGDI) et prélèvements obligatoires L’industrie de l’alimentation des animaux de compagnie considère qu’elle est pénalisée par l’application d’un taux de TVA à 19.6%, depuis 1981. Les propriétaires d'animaux familiers les plus modestes sont pénalisés ; ils représentent environ 40% des foyers possesseurs de chiens et chats. La législation européenne permet cependant de taxer ces produits à 5,5%. 9 Annexe 6-3 : note technique accord ATP et GIE CEMAFROID 10 Annexe 6-4 : note technique : inspection de salubrité et certification vétérinaire 10/54
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