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Redéfinition des genres Rochinia A. Milne Edwards, Sphenocarcinus A. Milne Edwards et Oxypleurodon Miers, et établissement du genre Nasutocarcinus gen. nov. (Crustacea, Brachyura, Majidae) PDF

21 Pages·1991·4.7 MB·French
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Bull. Mus. nail. Hist, nat., Paris, 4' sér., 13, 1991, section A, nos 1-2 : 159-179. Redéfinition des genres Rochinia A. Milne Edwards, Sphenocarcinus A. Milne Edwards et Oxypleurodon Miers, et établissement du genre Nasutocarcinus gen. nov. (Crustacea, Brachyura, Majidae) par Marcos Siqueira Tavares Résumé. - Dans ce travail sont relevées les différences morphologiques séparant les genres Rochinia A. Milne Edwards, 1875, Sphenocarcinus A. Milne Edwards, 1878, et Oxypleurodon Miers, 1886, à ce jour le plus souvent considérés comme synonymes. Au grand genre Rochinia sont attribuées quelques espèces de Sphenocarcinus à épines rostrales écartées et à chélipèdes beaucoup plus courts que P2. Dès lors, Rochinia renferme plus de 30 espèces, habituellement bathyales, distribuées dans les principaux bassins océaniques mondiaux. Après notre émendation, le genre Sphenocarcinus ne regroupe plus que deux espèces, américaines, toutes deux à épines rostrales étroitement accolées : S. corrosus, qui en est l’espèce- type, de la rive atlantique, et S. agassizi, de la côte pacifique. Il est donc strictement amphiaméricain. Les espèces indo-pacifiques de Sphenocarcinus à rostre impair sont placées dans un genre nouveau, Nasutocarcinus gen. nov. Il reçoit N. difficilis gen. nov., comb. nov. (Guinot et Richer de Forges, 1985), qui est choisie comme l’espèce-type du genre; N. cuneus gen. nov., comb. nov. (Wood-Mason, 1891); N. aurorae gen. nov., comb. nov. (Alcock, 1899), et N. pinocchio gen. nov., comb. nov. (Guinot et Richer de Forges, 1985). Le genre Oxypleurodon Miers, 1886, créé pour O. stimpsoni Miers, depuis sa création confondu avec le genre Sphenocarcinus, est ressuscité pour accueillir les six espèces indo-pacifiques de Sphenocarcinus [y compris S. stimpsoni (Miers)] à épines rostrales paires, relativement courtes à partir d’une base élargie, et à chélipèdes aussi longs que P2. Une nouvelle espèce de Rochinia est décrite. R. confusa sp. nov., récoltée au cours de la campagne franco-brésilienne TAAF MD55, provenant du sud-est du Brésil (23°46' S-42°09' W), entre 592 et 733 m. Abstract. — The morphological differences between the genera Rochinia A. Milne Edwards, 1875, Sphenocarcinus A. Milne Edwards, 1878, and Oxypleurodon Miers, 1886, are investigated and it is clear that they should no longer be considered synonymous. The world-wide genus Rochinia comprises more than 30 species (including the Indo-Pacific species with divergent rostrum and chelipeds shorter than P2, previously considered in the genus Sphenocarcinus and now transferred to Rochinia) which are mostly deep-water. Sphenocarcinus as now redefined is an endemic amphi-American genus, with just one species on each side of the continent, both with a contiguous rostrum : S. corrosus, type-species of the genus, is the Atlantic species, and S. agassizi from the Pacific. A new genus, Nasutocarcinus, is erected for the Indo- Pacific species of Sphenocarcinus with single rostrum : it includes N. difficilis gen. nov., comb. nov. (Guinot et Richer de Forges, 1985), the type-species of the genus; N. cuneus gen. nov., comb. nov. (Wood-Mason, 1891); N. aurorae gen. nov., comb. nov. (Alcock, 1899); and N. pinocchio gen. nov.. comb. nov. (Guinot et Richer de Forges, 1985). The genus Oxypleurodon Miers, 1886, erected for O. stimpsoni Miers, and since then largely considered as a synonym of Sphenocarcinus, is resurrected to include the six species of Sphenocarcinus [including S. stimpsoni (Miers)] with divergent rostral spines and chelipeds as long as P2. A new species of Rochinia collected during the French-Brazilian joint expedition TAAF MD55 from a depth between 592 and 733 meters in southeastern Brazil (23°46'S-42°09'W) is described. Mots-clés. — Crabes; Brachyoures bathyaux; Majidae; Rochinia, Sphenocarcinus, Oxypleurodon, Nasutocarcinus gen. nov. ; campagne océanographique TAAF MD55/Brésil. M. S. Tavares, Universidade Santa Ursula, Rio de Janeiro, Brésil, et Muséum national d'Histoire naturelle. 61, rue Buffon, 75231 Paris cedex 05, France. Introduction Ce travail fait partie d’une série consacrée à l’étude des espèces nouvelles ou mal connues récoltées au cours de la campagne TAAF MD55/Brésil 1987 (Tavares, 1990). Une espèce de Rochinia A. Milne Edwards, 1875, recueillie dans les eaux brésiliennes à des profondeurs comprises entre 592 et 733 m, et qui s’est avérée nouvelle, R. confusa sp. nov., nous a amené à étudier ce genre et à revoir les taxons les plus proches. Le genre Rochinia a pour espèce-type R. gracilipes A. Milne Edwards, de l'Atlantique sud- occidental. C’est dans une note de bas de page que A. Milne Edwards (1875 : 86, sous Chorinus) a décrit à la fois le genre et l’espèce, avec des commentaires assez vagues : « Il en est de même d’un autre Oxyrhynque que j’ai désigné dans la collection du Muséum sous le nom de Rochinia gracilipes, et qui provient du cap Corrientes. D’autres exemplaires de la même espèce ont été dragués à 30 brasses de profondeur par l’expédition du Hassler, par 43°22' de latitude sud et 60°35' de longitude ouest (Greenwich), près de l’embouchure du Rio Negro [Argentine], et à 44 brasses par 67°42' de latitude sud et 56°20' de longitude ouest, par conséquent près de la Terre de Feu. J’ai fait représenter cette espèce dans les planches qui accompagnent ce travail (Voy., pi. XVIII, fig. 1). » Depuis sa création, un grand nombre d’espèces ont été attribuées au genre Rochinia, qui comprend aujourd’hui plus de trente représentants, la plupart habitant l’Indo-ouest-Pacifique. A peu près à la même époque, A. Milne Edwards (1978 : 135) a établi le genre Sphenocarcinus pour S. corrosus, de l’Atlantique occidental, qui est donc l’espèce-type. L’absence d’une définition claire pour les genres Rochinia et Sphenocarcinus a abouti à la création de divers autres genres qui, par la suite, ont été reconnus comme des synonymes de l’un et de l’autre. C’est le cas, par exemple, d’Oxypleurodon Miers, 1886, créé pour O. stimpsoni Miers, espèce maintenant connue des Philippines, du Japon et de Corée. Se basant sur la faune américaine, Rathbun (1925 : 204) puis Garth (1958 : 282) ont bien fait ressortir les différences séparant Rochinia de Sphenocarcinus. Ces derniers auteurs se servent des caractères concernant l’ornementation de la carapace et de la région oculaire. Leur définition restant attachée aux espèces américaines, l’attribution d’espèces indo-pacifiques ne pouvait manquer de poser des difficultés. Ainsi, le besoin d’une définition plus solide pour les genres Rochinia et Sphenocarcinus, tenant compte de l’existence du genre Oxypleurodon Miers, 1886, a été remarqué par Guinot et Richer de Forges (19866 : 29, 30). De leur côté, dans leur révision des Majidae, Griffin et Tranter (1986 : 174, 175), conscients de la valeur limitée des définitions données par Rathbun (loc. cit.) et Garth (loc. cit.), mais sans vraiment approfondir la question, ont préféré inclure le genre Sphenocarcinus dans la synonymie de Rochinia. Au cours d’une visite dans diverses institutions scientifiques nous avons eu en main de nombreux échantillons de la plupart des espèces appartenant à ces deux genres. L’étude de tout ce matériel, y compris des espèces-types, a confirmé la nécessité de reformuler des définitions pour l’un et l’autre, et ainsi de ressusciter le genre Oxypleurodon. Nous avons également été conduit à la conclusion que le groupe formé par les quatre espèces indo¬ pacifiques de Sphenocarcinus à rostre impair constituait une catégorie taxonomique à part, que nous dénommons Nasutocarcinus gen. nov. — 161 — Les abréviations suivantes ont été utilisées : MP = Muséum national d’Histoire naturelle; MNRJ = Museu Nacional do Rio de Janeiro; st = station; CB = chalut Blake. Le matériel-type est déposé de façon équivalente au Muséum national d’Histoire naturelle à Paris et au Museu Nacional do Rio de Janeiro. Genre ROCHINIA A. Milne Edwards, 1875 Amalhia Roux, 1828 : 5 (espèce-type : A. Rissoana Roux. Non Amathia Lamouroux, 1812, créé pour une espèce de Polype). Pisa (Amathia) de Haan, 1839 : 78, 84, 85. Rochinia A. Milne Edwards, 1875 : 86 (espèce-type : R. gracilipes A. Milne Edwards). Scyramathia A. Milne Edwards, 1880 : 356 [espèce-type : 5. carpenteri (Thompson, 1873)]. Anamathia Smith, 1885 ; 493 (espèce-type : A. rissoana). Rachinia [5/c] Alcock, 1895 : 165. Diagnose Carapace subtriangulaire, à rostre pair, les deux épines rostrales étant toujours bien séparées et écartées. Proépistome à peine creusé, sans crête transversale. Face dorsale munie de tubercules, d’épines ou de nodosités (parfois une combinaison de ces structures) généralement disposées comme suit : 4 sur la région gastrique (2 protogastri¬ ques, 1 mésogastrique impaire, 1 métagastrique impaire) ; 2 hépatiques, 2 épibranchiales, 2 mésobranchiales, 2 métabranchiales, 1 cardiaque, et 1 intestinale). Les éléments nodulaires parfois confluents. Région orbitaire (l’auvent et l’ornement postoculaire) le plus souvent constituée par des éléments assez développés, plus ou moins aigus, rarement contigus et jamais vraiment érodés sur le dessus. Ornement postoculaire avec, dans certains cas, une surface aplatie. Chélipède beaucoup moins long que P2 ; la longueur de ce dernier dépassant largement celle du chélipède dont l’extrémité n’atteint pas le dactyle de P2. Abdomen mâle et femelle de sept segments. Toutes les sutures sternales incomplètes. Liste des espèces : R. hystrix (Stimpson, 1871); R. tanneri (Smith, 1871); R. umbonata (Stimpson, 1871); R. carpenteri (Thompson, 1873); R. gracilipes A. Milne Edwards, 1875; R. crassa (A. Milne Edwards, 1879); R. pulchra (Miers, 1886); R. velutina comb. nov. (Miers, 1886); R. globulifera (Wood- Mason, 1891); R. occidentalis (Faxon, 1893); R. beauchampi (Alcock et Anderson, 1894); R. riversandersoni (Alcock, 1895); R. cornuta (Rathbun, 1898); R. hertwigi (Doflein, 1900); R. mosaica (Whitelegge, 1900); R. brevirostris (Doflein, 1904); R. fultoni (Grant, 1905), R. carbuncula comb. nov. (Rathbun, 1906); R. vesicularis (Rathbun, 1907); R. luzonica comb. nov. (Rathbun, 1916); R. nodosa comb. nov. (Rathbun, 1916), R. sagamiensis (Gordon, 1931); R. debilis Rathbun, 1932; R. bidens comb, nov. (Sakai, 1969); R. strangeri Serène et Lohavanijaya, 1973; R. nalalensis Kensley, 1977; R. coralliophila comb. nov. (Takeda, 1980); R. carinata Griffin et Tranter, 1986; R. crosnieri Griffin et Tranter, 1986, R. galathea Griffin et Tranter, 1986; R. makassar Griffin et Tranter, 1986; R. moluccensis Griffin et Tranter, 1986; R. sibogae Griffin et Tranter, 1986; R. soela Griffin et Tranter, 1986; R. stukiae comb. nov. (Guinot et Richer de Forges, 1986) ; R. suluensis Griffin et Tranter, 1986 ; R. tomentosa Griffin et Tranter, 1986; R. griffini Davie et Short, 1989; R. confusa sp. nov. — 162 — Remarques Nous restreignons le genre Rochinia aux seules espèces à épines rostrales bien séparées et écartées, ainsi qu’à chélipèdes beaucoup moins longs que P2. Les espèces incluses dans ce genre sont habituellement bathyales et distribuées dans les principaux bassins océaniques mondiaux. Selon cet arrangement, certaines espèces à habitus de Sphenocarcinus soit demeurent, soit entrent dans le genre Rochinia. Aucune espèce n’est exclue de ce genre, tel qu’il est conçu provisoirement. Rochinia confusa sp. nov. (Fig. 1 A-C; 5 A; pi. I A-D) Étymologie. — Du latin confusus, a, um : mélangé, sans ordre, par allusion aux confusions dans le genre Rochinia. Matériel-type. — Brésil : TAAF MD55/Brésil 1987, st 64, 23°46' S-42°09' W, CB 105, 592-610 m, 2.6.1987, holotype, ? 23 x 32 mm (MNRJ-1581). Localité-type. — Au large de la côte sud-est brésilienne (23°46'S-42°09'W), 592-610 m. Matériel examiné. — Brésil : TAAF MD55/Brésil 1987, st 64, 23°46' S-42°09' W, CB 105, 592- 610m, 2.6.1987, holotype, femelle 23 x 32mm (MNRJ-1581). Idem : st 54, 19°36'S-38°53' W, CB 93, 707-733 m, 2.6.1987, paratype, mâle 12 x 8 mm (MP-B 24570). Description Femelle holotype Rostre pair. Épines rostrales moins longues que la moitié de la longueur maximale de la carapace, séparées à partir de leur base, très aiguës et ornées de soies en crochet longues et espacées, mais abondantes. Carapace typiquement celle d’un Majidae, c’est-à-dire beaucoup plus étroite à l’avant qu’à l’arrière, plus sétifère (soies en crochet) à l’avant et sur les flancs. Les éléments qui ornent la face dorsale de la carapace disposés comme suit (épines rostrales et de la région antennaire non comprises) : 4 gastriques (une nodosité mésogastrique impaire, très petite et arrondie; une paire de nodosités protogastriques, plus grosses que la précédente; une nodosité métagastrique, impaire, de loin la plus développée de toutes les nodosités de la région gastrique) ; 1 épine hépatique, très aiguë. Sur chaque région branchiale, 1 nodosité épibranchiale, 1 épine mésobranchiale analogue à l’épine hépatique, mais un peu plus longue, et 1 nodosité métabranchiale, petite et arrondie; 1 nodosité cardiaque, impaire, qui est la plus saillante des nodosités de la carapace ; 1 tubercule intestinal, juste sur le bord postérieur de la carapace. Auvent de l’orbite formé par une épine très forte ; région postoculaire représentée par une dent très accentuée et à face externe aplatie. Antennes à peine plus longues que les épines rostrales. — 163 — Une crête de tubercules très marqués et jointifs sur la région ptérygostomienne. Exopodite des trois paires de maxillipèdes flagellé; sur Mxp3, exopodite avec une épine aiguë près de l’extrémité distale. Fig. 1 A-C. — Rochinia confusa sp. nov. : holotype, $ 23 x 32mm, 23°46'S-42°09' W, MD55/Brésil, st 64. 592-610m (MNRJ-1581). A, carapace vue dorsale; B, région rostrale gauche, face dorsale; C, région antenno-orbitaire gauche (pilosité non représentée). Chélipèdes égaux (homoiochélie et homodontie), plus courts que la longueur maximale de la carapace (rostre inclus). PI et P2 sans aucune ornementation saillante sur le carpe, le propode et le dactyle. Mérus avec un tubercule distal peu aigu sur la face supérieure. Péréiopodes très longs et minces par rapport à la carapace, se réduisant vers l'arrière, mais similaires. P2 beaucoup plus allongés que les chélipèdes. P3 également plus allongés que PI mais plus courts que P2. — 164 — Abdomen de sept segments, s’élargissant jusqu'au sixième segment. Telson beaucoup plus réduit que le segment précédent. Sutures sternales thoraciques toutes interrompues. Mâle paratype Toutes les nodosités et épines qui ornent la carapace de la femelle holotype sont déjà présentes chez le jeune mâle paratype (12 x 8 mm); en revanche, les soies y sont beaucoup moins denses dans l’ensemble, quoique fournies autour de la région branchiale. Une crête de tubercules non jointifs sur la région ptérygostomienne. Articles 2 et 3 de l’antenne incomplètement soudés. Abdomen de 7 segments. Remarques Le genre Rochinia était jusqu’à présent représenté par une seule espèce dans l’Atlantique sud-américain, à savoir Rochinia gracilipes. Nous l’enrichissons d’une espèce. Notre espèce nouvelle diffère de Rochinia gracilipes par : les ornements de la face dorsale de la carapace beaucoup plus développés, les épines postoculaire et hépatique reliées par un bord, le bord externe de l’article antennaire 2+3 incurvé. Par les traits généraux de la carapace, Rochinia confusa sp. nov. se rapproche de R. umbonata (Stimpson, 1871), de la mer des Caraïbes, mais elle diverge fortement de cette dernière par P2 et P3 beaucoup plus longs que les chélipèdes. Chez Rochinia confusa sp. nov., l'épine hépatique de la carapace est aussi nettement plus développée que chez R. umbonata. A la suite de Dana (1853), qui a divisé les océans en zones selon les isothermes et qui a reconnu des ensembles faunistiques pour chaque zone, les carcinologistes se sont intéressés aux coupures faunistiques dans l’Atlantique. Dana (1853 : 1564) a reconnu une zone tempérée dans l’océan Atlantique, et il l’a partagée en quatre provinces : « We know little of the Crustacea of this coast of South America. According to the temperate regions, there are four provinces. Two are north of the La Plata, and may be called the Provinces of St. Paul (four hundred and eighty miles long), and Uruguay (three hundred and sixty miles). The mouth of the La Plata from Maldonado, around by Montevideo, Buenos Ayres, to the south Cape, C. Antonio, constitutes a third province, the Platesian ; a fourth, from C. Antonio to the south cape of the bay of Rio Negro, the Northern Patagonian, five hundred miles long. » En ce qui concerne la faune des Crustacés Décapodes de l’Atlantique sud-américain, les études biogéographiques les plus importantes sont celles de Forest et de Saint Laurent (1967) sur la faune pagurienne ; de Coelho et Ramos (1972) et de Boschi (1979) sur l’ensemble des Décapodes; de Christoffersen (1980) sur les Alpheidae; et de Melo (1985) sur les Brachyoures. Pour une liste des travaux sur d’autres groupes que les Décapodes, voir Melo (1985 : 2). Les limites de la zone tempérée envisagées par Dana ont été déplacées soit vers le nord, soit vers le sud, selon les critères de chaque auteur. En tout cas, il est remarquable que l’existence d’une zone tempérée, qui regroupe aussi bien des espèces provenant des eaux — 165 — tropicales que des espèces thermophiles froides d'origine australe, ait toujours été reconnue, quel que soit le groupe zoologique considéré. Eu égard aux seuls Brachyoures, il apparaît que 70% environ des espèces endémiques sont restreintes à la région dite de transition. Il convient de faire ressortir ici que la composition faunistique de la côte sud-est du Brésil contient à la fois des espèces provenant des eaux tropicales et des espèces thermophiles froides d’origine australe ; ajoutons qu’elle est surtout la région qui renferme la plus grande quantité d’espèces endémiques dans l’Atlantique occidental, au sud de la mer des Caraïbes. Cela nous amène à considérer l’hypothèse, selon laquelle cette région a dû passer par une période d’isolement géographique, suivie d’une période d’invasion par des éléments eurythermes, autant septentrionaux qu’austraux. Genre SPHENOCARCINUS A. Milne Edwards, 1878 Sphenocarcinus A. Milne Edwards, 1878 : 135 (espèce-type : S. corrosus A. Milne Edwards, 1878). Diagnose Carapace triangulaire. Rostre allongé, paraissant impair mais en réalité composé de deux épines étroitement contiguës, sauf à l’apex où elles divergent. Proépistome avec un creux, dont le bord postérieur est limité par une crête bien accusée. Face dorsale ornée d’éléments aplatis, fortement érodés et arrangés comme suit : 1 plaque mésogastrique impaire ; 2 protogastriques (une paire) et 1 métagastrique impaire, confluentes, formant une croix dont l’axe longitudinal est nettement plus long que le transversal; une grande plaque médiane, résultant de l'accolement de la paire de plaques métabranchiales et de la plaque cardiaque impaire; en arrière de cette dernière, une plaque intestinale impaire, environ deux fois plus large que longue et formant un épais bourrelet tout le long du bord postérieur; une plaque épibranchiale et une autre mésobranchiale fusionnées latéralement en une très grande plaque branchiale, de loin l’élément le plus développé sur la face dorsale de la carapace. Jamais d’épines. Auvent de la région oculaire et ornement postoculaire en plate-forme, très érodés sur le dessus et à peine plus bas que les autres plaques de la carapace. P2 beaucoup plus allongés que les chélipèdes. Abdomen mâle et femelle de sept segments. Toutes les sutures sternales incomplètes. Liste des espèces : S. corrosus A. Milne Edwards, 1878; S. agassizi Rathbun, 1893. Remarques Nous restreignons le genre Sphenocarcinus aux seules espèces américaines : S. corrosus A. Milne Edwards, 1878, espèce-type du genre , connue de la Caroline du Nord jusqu’au golfe du Mexique et à la Barbade, et S. agassizi Rathbun, 1893, distribuée du golfe de Californie jusqu’à la côte mexicaine. Selon nous, toutes les espèces indo-pacifiques à rostre pair et à — 166 — chélipède moins long que P2 doivent en être écartées et entrer dans le genre Rochinia (cf. supra). Pour les espèces indo-pacifiques soit à rostre impair, soit à rostre pair et à chélipède toujours aussi long que P2, cf. infra sous Nasutocarcinus gen. nov. et Oxypleurodon Miers. Fig. 2, A-C. — Région frontale, face dorsale : A, Nasutocarcinus difficilis gen. nov., comb. nov. (Guinot et Richer de Forges, 1985), holotype, 28,5 x 19,5 mm, Madagascar, 12°41'7" S-48“I4'5" E, chalutage 123, 310-315m (MP- B8819), d’après Guinot et Richer de Forges (1985 : fig. 3A); B, Sphenocarcinus corrosus A. Milne Edwards, 1875, (J 12 x 7 mm, Gulf Stream, 30 mille au sud de S. Lookout (MP-B24570); C, Rochinia stuckiae (Guinot et Richer de Forges, 1986), 14 x 13,5 mm, Nouvelle-Calédonie, îles des Pins (MP-B8738), d’après Guinot et Richer de Forges (1986 : fig. 20 C). 167 — Le genre Sphenocarcinus fournit un nouvel exemple de l’existence d’une faune endémique amphiaméricaine, tout comme les genres de Majidae Mithrax Latreille, 1817, et Pyromaia Stimpson, 1871, et les genres d’Echinodermes Mellita Agassiz, 1841, et Encope Agassiz, 1840 (c/. Ekman, 1953 : 30-38). Cette faune amphiaméricaine s’est sans doute individualisée lors de la formation de l’Amérique Centrale, qui s’est élevée en créant un hiatus entre les populations atlantique et pacifique. Genre OXYPLEURODON Miers, 1886 Oxypleurodon Miers, 1886 : 38 (espèce-type : Oxypleurodon stimpsoni Miers, 1886). Diagnose Carapace subtriangulaire. Rostre pair, composé de deux épines nettement séparées, relativement courtes et largement ouvertes en V, ou de deux éléments trapus [O. auritus (Rathbun, 1916)]. Proépistome profondément déprimé mais sans crête transversale. Face dorsale de la carapace surmontée d’un certain nombre de nodosités, souvent épaisses et globuleuses mais jamais épineuses, parfois confluentes. Dans le cas de leur confluence, ces nodosités réduites seulement à cinq : une impaire gastrique (méso + méta + protogastriques) longitudinale ; une impaire cardiaque transverse ; une plaque intestinale qui couvre tout le bord postérieur de la carapace (un bourrelet pair et un fusionné avec le bord postérieur chez O. auritus) ; une nodosité hépatique, dans certains cas jointive avec la petite nodosité postoculai¬ re; et une paire de nodosités branchiales (épi + méso + métabranchiales) très épaisses. Ailleurs, les nodosités non coalescentes et donc plus nombreuses, arrondies sur le dessus au lieu d’aplaties. Auvent oculaire et nodosité postoculaire jamais épineux. Chélipède aussi long que P2. Abdomen mâle et femelle de sept segments. Toutes les sutures sternales incomplètes. Liste des espèces : O. stimpsoni Miers, 1886; O. auritus comb. nov. (Rathbun, 1916); O. sphenocarcinoides comb. nov. (Rathbun, 1916); O. bipartitus comb. nov. (Guinot et Richer de Forges, 1986); O. mammatus comb. nov. (Guinot et Richer de Forges, 1986); O. orbiculatus comb. nov. (Guinot et Richer de Forges, 1986). Remarques Depuis sa création, le genre Oxypleurodon Miers, 1886, créé pour O. stimpsoni Miers, a été largement traité comme synonyme du genre Sphenocarcinus. Nous le ressuscitons pour accueillir les six espèces de Sphenocarcinus indo-pacifiques (y compris O. stimpsoni) à épines rostrales relativement courtes, et à chélipède aussi long que P2. Il se distingue nettement de Sphenocarcinus sensu stricto, américain, par le type de rostre et la disposition des ornements sur la face dorsale de la carapace. C’est néanmoins avec une certaine hésitation que nous proposons de rétablir l’ancien Fig. 3 A-D. — Vue d’ensemble de la carapace : A, Rochinia gracilipes A. Milne Edwards, 1875, syntype, <J 20 x 15mm, cap Corrientes (MP-B4460S); B, Rochinia histrix (Stimpson, 1871), $ 56 x 44mm, St. Kitts, 120m (MP- B20499); C, Nasutocarcinus difficilis gen. nov., comb. nov. (Guinot et Richer de Forges, 1985), holotype, (J 28,5 x 19,5mm, Madagascar, 12‘41'7"S-48°14'5"E, chalutage 123, 310-315m (MP-B8819), d’après Guinot et Richer de Forges (1985 : pi. 1, fig. E); D, Nasutocarcinus difficilis gen. nov., comb. nov. (Guinot et Richer de Forges, 1985), paratype, J juv. 8,2 x 6,1 mm, Madagascar, chalutage 10 (MP-B7969), d’après Guinot et Richer de Forges (1985 : pi. 1, fig. H).

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