ISSN 2335-2019 (Print), ISSN 2335-2027 (Online) Darnioji daugiakalbystė | Sustainable multilingualism | 4/2014 http://dx.doi.org/10.7220/2335-2027.4.4 Jūratė Andriuškevičienė Vytautas magnus université, Lituanie Daina Kazlauskaitė Vytautas magnus université, Lituanie QUeLLeS LAnGUeS APPrenDre? CHoIX DeS LAnGUeS ÉTrAnGÈreS À L’UnIVerSITÉ VYTAUTAS MAGNUS Annotation. Suivant la définition de Claude Hagège, une langue vivante est celle, par opposition à une langue morte, que les locuteurs utilisent naturellement pour la communication entre les personnes. De plus, de nombreuses cultures stimulent l’apprentissage de certaines langues pour favoriser les échanges commerciaux et culturels. nous allons surtout nous intéresser à ce deuxième aspect, c’est-à-dire à l’apprentissage ou le choix d’une langue étrangère. A cette fin, nous allons analyser l’eurobaromètre spécial n° 386 « Les Européens et leurs langues » paru en juin 2012, le Baromètre Calvet, l’enquête du laboratoire européen d’anticipation politique (LeAP/e2020) sur l’avenir des langues ainsi que d’autres documents européens sur le plurilinguisme. en ce qui concerne notre propre recherche, nous présenterons les diagrammes de l’offre et du choix des langues étrangères à l’Institut des langues étrangères (ILe) de l’université Vytautas magnus en 2002–2012 afin de comparer les tendances des préférences langagières. Comme l’anglais est déjà considéré comme une lingua franca, notre étude va en général se baser sur les langues vivantes autres que l’anglais, autrement dit, les « langues tertiaires» (Hufeisen & neuner, 2004). Cet article vise à présenter la situation des langues étrangères à l’ILe et la comparer à celle en europe afin d’inciter la discussion concernant l’apprentissage des langues étrangères dans toutes les institutions ainsi que « tout au long de la vie » comme le recommande le Cadre Européen Commun de Référence (CECRL) pour les langues ainsi que les autres documents du Conseil de l’europe conçus pour promouvoir le plurilinguisme. Mots-clés: langues vivantes, choix de deuxième langue vivante, multilinguisme, critères, tendances. Introduction « La possibilité de prendre part à la vie politique et publique de l’europe implique une compétence plurilingue, c’est-à-dire la capacité à interagir de manière efficace et appropriée avec les autres citoyens d’europe » (Déclaration et Programme concernant l’éducation à la citoyenneté démocratique (CM (99) 76, Comité des Ministres, 7 mai 1999). La politique linguistique de l’Union européenne privilégie la diversité linguistique (Jean Duverger, p. 5), le Conseil de l‘europe met l’accent sur la compréhension 58 QUeLLeS LAnGUeS APPrenDre? CHoIX DeS LAnGUeS ÉTrAnGÈreS À L’UnIVerSITÉ VYTAUTAS mAGnUS mutuelle entre les peuples européens soutient la diversité culturelle et les contributions nationales à l’héritage culturel commun (STe n° 018). Dans la stratégie du ministère de l’education nationale de Lituanie du 9 avril 2013 est prévu que 70% des élèves à la fin de dix années de la scolarité obligatoire devraient atteindre le niveau B1 et le niveau B2 à la fin des études secondaires (douze années de la scolarité obligatoire) pour la première langue et le niveau B1 pour la deuxième langue. L’apprentissage d’une troisième langue étrangère est facultatif dans le deuxième cycle du secondaire (raudiniene, 2013). Selon les objectifs européens, chacun de nous devrait parler deux langues étrangères en plus de la langue maternelle. mais, malgré la politique linguistique européenne très prometteuse, nous pouvons observer un très grand engouement pour l’anglais qui devient la principale et souvent l’unique langue étrangère ce qui nous préoccupe beaucoup et nous pousse d’ouvrir largement la discussion en faveur du choix des langues tertiaires. Dans cet article, nous utiliserons les données de l’eurobaromètre no 386 « Les européens et leurs langues », les données du baromètre Calvet et de l’enquête du laboratoire européen d’anticipation politique (LeAP/e2020) sur l’avenir des langues ainsi que d’autres documents sur la situation du plurilinguisme en europe afin de comparer le choix des langues en europe et à l’Institut des langues étrangères de l’Université Vytautas magnus de Kaunas (ILe de l’UVm). Quelles langues sont donc les plus populaires en europe et dans notre établissement? Pourquoi les étudiants privilégient-ils une langue plutôt qu’une autre? Terminologie du plurilinguisme Avant de commencer cette discussion nous pensons indispensable d’expliciter certaines notions que nous utiliserons dans notre étude. De nombreux documents du Conseil de l’europe accordent beaucoup d’importance au plurilinguisme et au multilinguisme. Il serait donc logique de commencer notre article par le développement de ces deux termes. nous avons décidé d’emprunter l’explication des concepts mentionnés ci-dessus ainsi que ceux de la société plurilingue et monolingue au site de l’observatoire européen du plurilinguisme, qui reprend la définition de la Charte européenne du plurilinguisme où le plurilinguisme est défini comme « l’usage de plusieurs langues par un même individu » tandis que le multilinguisme signifie « la coexistence de plusieurs langues au sein d’un groupe social ». Dans les documents européens, nous rencontrons aussi les termes de société « plurilingue » et « multilingue ». La première « est composée d’individus capables de s’exprimer à divers niveaux de compétence en plusieurs langues, c’est-à-dire d’individus multilingues ou plurilingues, » alors que la deuxième « peut être majoritairement formée d’individus monolingues ignorant la langue de l’autre ». Le Cadre européen commun de référence pour les langues: apprendre, enseigner, évaluer (CECR) consacre aussi un paragraphe sur le plurilinguisme par opposition au multilinguisme (CeCr, 2001, pp. 11). Pour définir les notions de compétence plurilingue et interculturelle, nous avons eu recours au document du Conseil de l’europe Langues dans l‘éducation, langues pour l’éducation. Ces définitions sont données par J. CL. Beacco et m. Byram. 59 Jūratė AnDrIUŠKeVIČIenĖ, Daina KAZLAUSKAITĖ Suivant les auteurs mentionnés, la « compétence plurilingue » est la capacité d’acquérir et d’utiliser diverses compétences en plusieurs langues, tandis que la « compétence interculturelle » rassemble des savoirs, des savoirs faire et savoirs être et des attitudes permettant de comprendre et d’interpréter ou d’accepter d’autres modes de vie et de pensée (Langues dans l‘éducation, langues pour l’éducation, 2009, p. 8). nous allons également utiliser la notion de « langues tertiaires » que nous avons retrouvée chez B. Hufeiseh et G. neuner dans l’article Le concept de didactique du plurilinguisme. Il s’agit d’une langue étrangère apprise après une première langue étrangère comme deuxième, troisième, quatrième langue étrangère (Hufeisen & neuner, 2004, p. 5). Ce terme convient à notre analyse portant sur les langues étrangères autres que l’anglais. Il est à préciser que le niveau B2 en langue anglaise est exigé à l’UVm. Les étudiants qui veulent approfondir leurs connaissances en anglais choisissent cette langue comme option. C’est pour cette raison l’anglais figure dans nos diagrammes. Méthodes de l’étude Dans la présente étude, nous nous pencherons sur la problématique du choix des langues étrangères à l’institut des langues étrangères (ILe) de l’Université Vytautas magnus (UVm). Dans un premier temps, nous expliciterons les principales notions que nous allons utiliser dans cet article, dans un second temps, nous présenterons les résultats de l’eurobaromètre spécial no386 « Les Européens et leurs langues » paru en juin 2012 et le baromètre Calvet ainsi que les résultats de l’enquête réalisé par le laboratoire d’anticipation politique sur le futur des langues afin de pouvoir comparer le choix des langues en europe et en Lituanie, ensuite nous commenterons les données statistiques de 2002 à 2012 pour présenter la situation à l’ILe dans le but de la comparer avec celle de l’europe. Les données statistiques sont prises des bilans officiels de l’ILe sur les périodes de 2002 à 2012 et elles ne seront utilisées que pour cette étude. enfin, à partir des diagrammes présentés, nous sélectionnerons les cinq langues les plus populaires à l’ILe de l’UVm pour les comparer à celles de l’eurobaromètre. en nous fondant sur les données mentionnées ci-dessus ainsi que sur la recherche effectuée par les mêmes auteurs en 2010 (D. Kazlauskaite et al, 2010, pp. 72–77) suite à l’enquête anonyme effectuée auprès 190 étudiants de l’UVm, étudiant une autre langue que l’anglais, nous chercherons les raisons du choix d’une langue tertiaire. Les étudiants ont volontairement répondu à partir des suggestions données par les auteurs de la présente étude à plusieurs questions sur leurs motifs du choix des langues tertiaires. La méthode appliquée est donc descriptive, comparative et analytique. Langues étrangères sur la carte mondiale Comment se situent les langues sur la carte mondiale? Pour y répondre nous allons recourir au baromètre Calvet qui est considéré comme une nouvelle approche scientifique des politiques linguistiques. C’est un outil de mesure du poids de la langue, conçu par les professeurs Alain et Louis-Jean Calvet, évalue le degré d’influence de 137 langues selon onze différents critères: nombre de locuteurs, entropie, véhicularité, 60 QUeLLeS LAnGUeS APPrenDre? CHoIX DeS LAnGUeS ÉTrAnGÈreS À L’UnIVerSITÉ VYTAUTAS mAGnUS langues officielles, traduction langue source, traduction langue cible, prix littéraires internationaux, articles wikipédia, indices de développement humain, taux de fécondité, taux de pénétration Internet. Suivant ces critères, les langues se situent d’une manière suivante (nous ne prenons en compte que les dix premières langues). Tableau n° 1 Les 10 langues du monde d’après leur importance http://wikilf.culture.fr/barometre2012/ Rang Langue Score 1 anglais 9.062 2 espagnol 7.806 3 français 7.733 4 allemand 6.987 5 russe 6.335 6 japonais 6.187 7 néerlandais 6.138 8 italien 6.131 9 portugais 5.97 10 mandarin 5.964 Le baromètre Calvet dont le but est de démontrer le poids langagier prouve que certaines « petites » langues comme le néerlandais, le suédois, l’italien, le polonais, le catalan sont aussi importantes que les langues parlées par de très grandes populations. Le baromètre existe en six langues (catalan, espagnol, français, italien, portugais, roumain). Sur son site personnel Jean Calvet promet de le traduire également en anglais. nous présentons ce tableau uniquement parce qu’il permet de vérifier si les langues choisies par nos apprenants correspondent aux langues considérées comme importantes dans le monde ce qui serait tout à fait logique. Langues vivantes dans un contexte européen Un des principaux objectifs du Conseil de l’europe concernant les politiques linguistiques est de promouvoir le plurilinguisme « tous les citoyens européens ont le droit d’acquérir un niveau de compétences communicatives dans plusieurs langues, et ce, tout au long de leur vie, en fonction de leurs besoins » (L‘éducation plurilingue en europe. 50 ans de coopération internationale, 2006). Dans l’introduction de l’eurobaromètre spécial n° 386 «Les Européens et leurs langues » paru en juin 2012, il est souligné qu’à présent 23 langues officielles sont reconnues dans l’Union européenne ainsi que plus de 60 langues minoritaires ou régionales. Ce document accorde une grande importance à la promotion des langues 61 Jūratė AnDrIUŠKeVIČIenĖ, Daina KAZLAUSKAITĖ étrangères et à l’encouragement des citoyens européens à apprendre plusieurs langues étrangères. L‘eurobaromètre ainsi que le baromètre Calvet étudient l’emploi des langues vivantes d’après différents critères. nous allons en sélectionner quelques-uns pour pouvoir les analyser et en tirer des conclusions. nous avons donc tout d’abord choisi le critère de l’« utilité des langues ». nous avons mis cette expression entre guillemets car nous ne pensons pas qu’une langue puisse être plus utile qu’une autre. Selon nous, elle peut être plus utilisée, toutefois nous adopterons la terminologie de l’eurobaromètre. L’enquête européenne indique que 67% des répondants citent l’anglais comme une des deux langues les plus utiles. mais quelle est la place des autres langues vivantes dans un contexte européen? Après l’anglais, les européens citent l’allemand (17%), puis le français (16% des répondants) ensuite l’espagnol (14%) et enfin le chinois (6%) (eurobaromètre, p. 7). en comparaison avec l’eurobaromètre précédent (2005), nous devons reconnaître que le français a subi une baisse de 9 points depuis 2005, l’allemand de 5 points. Par contre, pour le chinois, on observe une hausse de 4 points (eurobaromètre, p. 8). Si on observe le critère des langues citées comme les plus utilisées dans les conversations, on peut constater que les langues étrangères se situent de la manière suivante en europe: comme toujours l’anglais (38%) occupe la première position suivi du français (12%), de l’allemand (11%), de l’espagnol (7%) et finalement du russe (5%). D’après un tableau emprunté à l’eurobaromètre (p. 21), nous pouvons Tableau no 2 Les langues en Europe 2012 rang Langue Score 1 Anglais 38% 2 Français 12% 3 Allemand 11% 4 espagnol 7% 5 russe 5% Tableau no 3 Les langues en Europe 2005 rang Langue Score 1 Anglais 38% 2 Français 14% 3 Allemand 14% 4 espagnol 6% 5 russe 6% 62 QUeLLeS LAnGUeS APPrenDre? CHoIX DeS LAnGUeS ÉTrAnGÈreS À L’UnIVerSITÉ VYTAUTAS mAGnUS suivre les évolutions depuis 2005. L’anglais garde la même popularité et on ne voit qu’une petite hausse pour l’espagnol (+1 point) tandis que le français, l’allemand et le russe subissent la baisse (–2 points pour le français, –3 pour l’allemand et –1 pour le russe). Il est à noter que les langues maternelles les plus parlées en europe sont l’allemand (16% des européens), puis l’italien et l’anglais (13% chacun), le français (12%), l’espagnol et le polonais (8% chacun) (eurobaromètre, p. 11). Si on prend la Lituanie, on peut se réjouir que les Lituaniens soient parmi les européens parlant le plus de langues étrangères, 92% des répondants ont indiqué leur capacité à parler au moins une langue étrangère et 54% deux langues, 18% plus de deux (p. 19). La Lituanie est également parmi 8 États membres remplissant l’objectif de long terme de l’Ue qui prévoit que chaque citoyen puisse s’exprimer dans au moins deux langues étrangères. Après les Pays-Bas (77%), la Slovénie (67%), malte (59%), le Danemark (58%), et la Lettonie (54%) la Lituanie (52%) et l’estonie (52%) closent cette liste (p. 15). Pourquoi les européens apprennent-ils les langues étrangères? Selon l’eurobaromètre, ils en ont besoin pour regarder des films et/ou la télé ainsi que pour écouter la radio (37% des répondants européens), soit 8 points supplémentaires par rapport à l’eurobaromètre précédent. Certes, Internet joue un rôle considérable concernant le choix d’une langue étrangère (36%), si l’on comparait avec les résultats de l’année 2005, on note une hausse de 10 points. 35% des européens mentionnent la communication entre amis en langue étrangère, 27% des répondants affirment qu’ils ont régulièrement besoin d’une langue étrangère dans leur travail, 50% des répondants l’utilisent pendant les voyages et en vacances. notons avec satisfaction que le nombre des personnes qui n’utilisent aucune langue étrangère a baissé de 13% en 2005 à 9% en 2012. mais en ce qui concerne l’apprentissage tout au long de la vie, la situation du baromètre est beaucoup moins satisfaisante. Les européens ne sont pas actifs dans l’apprentissage des langues: pas moins de 44% des répondants n’ont étudié aucune langue étrangère récemment et ils ne pensent pas s’y mettre prochainement. 14% des personnes interrogées ont seulement poursuivi l’apprentissage d’une langue au cours des deux dernières années. Toujours suivant le baromètre, 7% ont commencé à apprendre une nouvelle langue au cours des deux dernières années. À ce sujet, il reste donc du travail à faire pour promouvoir l’apprentissage des langues tout au long de la vie et ne pas se limiter aux cours scolaires (68%), il n’y a que 15% des répondants européens qui ont appris une langue étrangère hors de l’école. Langues des Européens dans 20 ans Le laboratoire européen d’anticipation politique (LeAP/e2020) dont l’équipe s’occupe depuis plus de dix ans d’une recherche détaillée des tendances linguistiques en Ue a effectué une enquête sur les langues des européens en 2025. Les résultats de ce sondage ont attiré notre attention car ils apportent des conclusions intéressantes sur certaines langues étrangères. Ce site nous a aussi intéressées par son caractère instructif. Le LeAP conçoit ses recherches comme des outils d’aide au choix des 63 Jūratė AnDrIUŠKeVIČIenĖ, Daina KAZLAUSKAITĖ langues à long terme. L’équipe de ce laboratoire présente cinq facteurs stratégiques qui vont changer l’image linguistique de l’Ue dans une vingtaine d’années: pour la langue allemande cette enquête prévoit un grand retour et le statut de l’une des grandes langues trans-européennes puisque l’europe centrale où l’allemand est très répandu deviendra une véritable force économique en l’Ue. Toujours suivant les conclusions de cette enquête, le LeAP promet la revitalisation du français grâce à la croissance de la population française et du nombre de personnes qui parlent la langue. L’anglais ou plutôt l’anglo-américain s’affirmera définitivement comme la langue « internationale » mais à base d’un vocabulaire très limité. L’enquête relève une chose préoccupante sur cette langue: elle s’affaiblira sur ses propres terres, aux États-Unis en faveur de l’espagnol, au royaume-Uni, la montée des langues celtiques va la faire reculer. La langue russe restera encore au moins dix ans comme la langue sous-utilisée pour les raisons politiques. Selon l’enquête mentionnée, l’espagnol deviendra plus puissant dans certains États des États-Unis mais en europe il sera faible à cause de l’importance des langues régionales en espagne et de la concurrence du français. L’avenir des langues étrangères est la préoccupation de plusieurs institutions y compris le Goethe-Institut. Hans-Dieter Dräxler, directeur du département linguistique au Goethe-Institut de madrid, présentant des réflexions au sujet de l’avenir des langues étrangères, suite à une série des séminaires effectués par le ministère espagnol de l’Éducation, souligne aussi que le rôle de la langue anglaise dans le domaine de l’économie diminuera jusqu’à 2050. en s’appuyant sur l’étude de David Graddol, il affirme que de telles tendances sont déjà remarquables à l’égard du japonais, du français, de l’allemand et de l’espagnol. Le vieux proverbe commerçant le confirme parfaitement: « Si tu veux vendre quelque chose, il vaut mieux parler la langue de ton client ». Comme justification, il donne l’exemple d’une étude de la chambre de commerce allemande de 2003 qui affirme que les relations durables ne peuvent prospérer avec succès qu’en langue du marché cible. Cette information complète celle du LeAP concernant l’augmentation de l’importance de la langue allemande et confirme le pronostic de l’affaiblissement de la langue anglaise. en lisant des articles sur l’avenir des langues étrangères, on se rend compte que la popularité des langues dépend directement de la puissance économique des pays dont cette langue est la langue maternelle ainsi que du facteur démographique. Par conséquent, la question suivante se pose tout à fait naturellement: pourquoi un grand avenir n’est-il pas annoncé pour le chinois, langue de la deuxième économie mondiale et du premier pays exportateur de marchandises? L’eurobaromètre constate juste une petite hausse pour cette langue. D’après l’article l’Expansion des langues, la diffusion d’une langue dépend de plusieurs facteurs d’ordre économique, culturel, linguistique, démographique, militaire etc., entre autre, l’article développe l’idée du degré de difficulté d’une langue même si ce point reste discutable et arbitraire. La réponse pour le chinois pourrait probablement résider dans la difficulté de son orthographe, très différente de la plupart des langues européennes et très complexe, de même pour le japonais. L’apprenant devrait maîtriser au moins trois ou quatre mille caractères pour pouvoir lire et écrire en chinois ou en japonais. 64 QUeLLeS LAnGUeS APPrenDre? CHoIX DeS LAnGUeS ÉTrAnGÈreS À L’UnIVerSITÉ VYTAUTAS mAGnUS Langues tertiaires à l’ILE de l’université Vytautas Magnus en tant qu’enseignants à l’université, nous trouvons particulièrement intéressant d’analyser la situation dans notre établissement. Suivant la Communication de la Commission au Conseil, au Parlement européen, au Comité économique et social et au Comité des régions « les établissements d’enseignement supérieur contribuent de manière essentielle à promouvoir le multilinguisme sociétal et individuel » (p. 9). Tableau n° 4 Offre et choix des langues tertiaires (Mačianskienė N., Bijeikienė V., 2012, p. 16) offre des langues/ 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 ans 1 Allemand 2 Anglais 3 Arabe 4 Chinois 5 Coréen 6 Danois 7 espagnol 8 estonien 9 Finnois 10 Français 11 Grec 12 Grec ancien 13 Grec NT* 14 Hébreu 15 Italien 16 Japonais 17 Kirghiz 18 Letton 19 Latin 20 Lithuanien des signes 21 Lituanien Le* 22 norvégien 23 Polonais 24 Portugais 25 russe 26 Serbe 27 Suédois 28 Tchèque 29 Turc 30 Vieil islandais 31 Langues choisies *Grec nT – grec du nouveau Testament, *Lituanien Le – lituanien langue étrangère 65 Jūratė AnDrIUŠKeVIČIenĖ, Daina KAZLAUSKAITĖ Le choix des langues 2002–2012 Fig. n°1. Les cinq langues les plus choisies 2002–2012 L’ILe apporte à cette contribution proposant 30 langues étrangères en option en 2002–2012. Le tableau n°3 démontre l’offre et le choix des langues proposées. en observant le tableau, nous pouvons nous réjouir qu’il y ait 11 langues (anglais, arabe, espagnol, italien, japonais, polonais, latin, norvégien, français, russe et allemand) qui ont été enseignées sans interruption durant ces onze dernières années, bien que le nombre d’étudiants n’ait pas toujours été en hausse pour toutes les langues, comme l’indiquent les tableaux suivants. Ainsi que nous l’avons mentionné dans l’introduction, l’anglais figure au niveau C1/C2. Il a été proposé et choisi pendant la période mentionnée. Il y a évidemment des semestres où certaines langues n’ont pas été proposées, et ce pour différentes raisons d’ordre administratif (absence de professeurs par exemple, c’est le cas de la langue suédoise). Il n’y a qu’une seule langue, le kirghiz, qui n’a encore jamais été enseignée, alors qu’elle est proposée depuis quelques années déjà. Le vieil islandais a été enseigné seulement en 2003. L’estonien, qui n’est pas non plus parmi les langues populaires, même s’il s’agit du voisinage géographique, a été enseigné de 2007 à 2010. Les langues les plus choisies durant les onze dernières années sont l’espagnol, le français, l’italien, l’allemand, le russe, le japonais, le polonais et le norvégien. La première position est occupée par la langue espagnole qui a été leader 9 années sur 11. La langue française a réuni plus d’étudiants que l’espagnol seulement deux années, en 2009 et 2010. en 2009, l’espagnol s’est retrouvé en quatrième position après le français, le russe et l’italien, mais en 2010, il a repris la deuxième position et depuis 2011, il a repris la première place. Le français s’est contenté de la seconde position durant sept ans sur onze, nous venons de mentionner ses meilleures années 2009 et 2010, mais en 2002, il a cédé la deuxième place à l’allemand et en 2012, il a repris la troisième place après l’espagnol et le russe. Le russe est entré dans les cinq langues les plus choisies depuis 2008 et jusqu’à maintenant l’intérêt pour la langue russe est 66 QUeLLeS LAnGUeS APPrenDre? CHoIX DeS LAnGUeS ÉTrAnGÈreS À L’UnIVerSITÉ VYTAUTAS mAGnUS toujours en hausse. L’espagnol, le français, l’allemand et l’italien n’ont jamais quitté les cinq langues les plus populaires durant les onze années tandis que le polonais y a été une seule fois en 2004, le norvégien deux fois en 2002 et 2003, le japonais trois fois en 2005, 2006 et en 2007, où il fut quatrième avant l’allemand. Quel est l’intérêt des apprenants à choisir une certaine langue? Pourquoi une langue est-elle préférée à une autre langue? Citons la phrase de Syviane Halphen, déléguée générale de l’Unosel: « on n’apprend pas une langue pour rien, mais pour réaliser un projet personnel ou professionnel ». Les critères peuvent être différents selon les besoins des apprenants. Si quelqu’un a choisi d’être styliste ou il est fort probable qu’il choisira l’italien puisque la capitale du design est milan. Apprendre une langue rare comme le japonais peut devenir une vraie valeur ajoutée pour quelqu’un qui pense par exemple ouvrir une boutique à Tokyo ou, selon l’exemple de Sylviane Halphen, le japonais pourrait garantir un bel avenir professionnel pour une hôtesse de l’air travaillant dans une compagnie aérienne desservant l‘Asie. Dans cette perspective, le choix d’une langue étrangère ne dépendra forcément pas de la popularité d’une langue mais du projet concret. en revenant aux informations de LeAP, les rôles des langues sont différents. Selon les données de l’enquête réalisée par ce laboratoire, l’anglais, le français et l’espagnol domineront dans le domaine des échanges culturels et économiques entre tous les continents, tandis que l’anglais, l’allemand et le français sont considérés comme trois langues trans-européennes, qui seront de toute évidence plus utilisées en europe. Passons à la situation à l‘ILe. Selon un sondage effectué en 2010 (Kazlauskaite et al., 2010, pp. 72–77), nous pouvons affirmer que la plus grande importance est donnée aux opportunités: un atout dans le CV, de meilleures possibilités de faire carrière, d’effectuer des missions de travail ou d‘études (conférences, échanges), la possibilité de travailler à l‘étranger. Ce n‘est qu‘après que venaient les motifs culturels (voyager, connaître d‘autres cultures, passer des vacances à l‘étranger) ou personnels (parents proches et lointains vivant à l’étranger). Selon les idées des apprenants, apprendre une autre langue étrangère que l‘anglais constitue un atout pour les personnes ayant l‘intention de faire carrière, pour ceux qui ont l‘ambition de travailler dans les organisations européennes ou de partir en mission à l‘étranger ou tout simplement pour celles qui s‘intéressent aux autres cultures, aux autres pays et à leur épanouissement personnel. Ces affirmations correspondent à celles que nous lisons dans les documents du Conseil de l‘europe sur la promotion du plurilinguisme. «La langue est l‘expression la plus directe de la culture, elle est ce qui fait de nous des êtres humains et nous donne un sentiment d‘identité» (Communication de la Commission au Conseil, au Parlement européen et au Comité économique et social européen et au Comité de régions, 2005, p. 3). Au vu de tout cela, nous pouvons affirmer que parler une autre langue que l‘anglais est une valeur ajoutée pour faire une carrière ou tout simplement pour connaitre les autres cultures. en ce qui concerne le choix, nous ne pouvons que faire quelques hypothèses sur ce qui détermine les préférences à partir des réponses reçues car nous ne savons pas si les répondants ont des projets concrets pour leur carrière professionnelle. en préparant l‘enquête nous n’avons pas pensé à poser cette question. Les étudiants citent souvent la beauté, la sonorité des langues romanes, les séries télévisées mexicaines ou les destinations touristiques comme la Turquie par exemple. nous avons retrouvé 67
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