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Quelle agronomie pour le développement durable? PDF

146 Pages·2017·0.86 MB·French
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Quelle agronomie pour le développement durable? Histoires, concepts, pratiques et perspectives Sylvain Perret To cite this version: Sylvain Perret. Quelle agronomie pour le développement durable? Histoires, concepts, pratiques et perspectives. Sciences de l’Homme et Société. Institut National Polytechnique de Lorraine - INPL, 2005. ￿tel-00127073￿ HAL Id: tel-00127073 https://theses.hal.science/tel-00127073 Submitted on 29 Jan 2007 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. Institut National Polytechnique de Lorraine Ecole Doctorale : Sciences et Ingénierie des Ressources, Procédés, Produits et Environnement – RP2E (num. 0410) Dossier d’Habilitation à Diriger des Recherches Spécialité : Sciences Agronomiques Quelle agronomie pour le développement durable ? histoires, concepts, pratiques et perspectives Candidat : Sylvain Perret CIRAD-TERA, Mars 2005 Numéro d’enregistrement : 05/05 Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement 2 - … “Who are you ?” said the Caterpillar. This was not an encouraging opening for a conversation. Alice replied, rather shyly, “I – I hardly know, Sir, just at present – at least I know who I was when I got up this morning, but I think I must have changed several times since then.”…- L. Carroll "Alice’s adventures in wonderland" (1865) A tous ceux qui savent combien courir un marathon est plus complexe que courir un cent mètres, fût-ce 422 fois. 3 4 Sommaire Sommaire.......................................................................................................5 Préambule.....................................................................................................6 Partie 1 : Introduction....................................................................................7 Partie 2 : L’agronomie, les sociétés humaines et le développement durable.... 11 2.1. L’agronomie : histoires, contours, évolutions ...............................................................11 2.2. Le développement durable comme projet......................................................................40 Partie 3 : De l’étude des objets de la nature, à l’étude des projets impliquant la nature : une trajectoire d’agronome.............................................................. 57 3.1. Fertilité, aptitude culturale du milieu et durabilité ........................................................57 3.2. Les questions du changement technique et de l’innovation..........................................66 3.3. La diversité des modes d’exploitation agricole du milieu. Approches typologiques....81 3.4. Pratiques des producteurs, processus de décision et durabilité.....................................90 3.5. Recherche-action, recherche-intervention : modélisation et participation comme principes d’action................................................................................................................106 Partie 4 : Conclusion : une épistémologie et des résolutions pour des pratiques de recherche en agronomie au service du développement durable................ 121 4.1. L’agronomie : état des lieux........................................................................................121 4.2. Des principes et des suggestions pour aller plus loin ..................................................124 Références cités dans le texte...................................................................... 127 Liste des publications et documents produits par le candidat........................ 137 5 Préambule Ce dossier d’Habilitation à Diriger des Recherches a été défendu le 15 février 2005 à l’Institut National Polytechnique de Lorraine, et évalué par le jury suivant : - Professeur A. Guckert, ENSAIA Nancy (Président du jury) - Dr. Alain Vidal, Hdr, Cemagref Paris (Rapporteur) - Professeur J. Caneill, ENESA Dijon (Rapporteur) - Professeur H. Manichon, CIRAD Paris (Rapporteur) - Dr. E. Torquebiau, Hdr, CIRAD Montpellier - Professeur S. Plantureux, ENSAIA Nancy. Le dossier initial de demande d’inscription avait été évalué par le Professeur P. Jouve (CNEARC Montpellier). Ce dossier d’HDR a été hébergé par l’Ecole Doctorale Ressources, Procédés, Produits et Environnement (num. 0410) dirigé par le Professeur Sylvain Plantureux. Compte rendu synoptique de la soutenance Au terme de la soutenance, le jury a salué la qualité du dossier thématique, l’effort de synthèse, et de recherche bibliographique qu’il représente. L’effort de reconstruction / repositionnement des activités du candidat dans une réflexion d’ensemble sur l’agronomie et le développement durable a été également souligné. L’intérêt de cette synthèse a été jugé indéniable. Les qualités d’enseignant-chercheur, de pédagogue (nombre d’étudiants encadrés, participation active à l’enseignement) et de rédacteur du candidat ont été reconnues. Enfin, le jury a estimé que sa reconnaissance professionnelle à un niveau international semble bien établie. Le jury a par ailleurs été plus critique, voire sévère sur certains aspects du dossier, et sur la présentation orale. La liste suivante résume ces critiques et pourra interesser les futurs candidats au diplôme : - faible production académique du candidat (publications dans des revues internationales à facteur d’impact) ; - conclusions et perspectives personnelles trop peu développées (programmes futurs) ; - faible mobilisation des travaux personnels, et leur description plus technique, à la fois à l’écrit et à l’oral ; - faible originalité d’ensemble des travaux du candidat ; - dispersion des thèmes choisis, et faiblesse des illustrations concrètes ; - excès de questions laissées en suspens (institutionalisation, échelles et impact de la recherche-action, la dimension écologique) ; - abus de réflexion philosophique et épistémologique ; - présentation orale finalement décevante, manquant d’illustrations. En dépit de ces critiques, le diplôme a été attribué au candidat, après 3 heures de soutenance / discussion. Le présent document constitue une version réduite du dossier complet, et inclut seulement le rapport thématique, la liste des références citées dans le texte, et la bibliographie du candidat. Dans le texte, les citations de documents produits par le candidat sont simplement des numéros, placés entre parenthèses, en gras, et qui renvoient à la liste bibliographique en fin de document. Malgré un effort d’édition et d’adaptation de cette version réduite, il pourra subsister dans le texte quelques références à des annexes disparues, voire quelques erreurs et coquilles. Le lecteur voudra bien les excuser. J’espère que ce dossier pourra intéresser mes collègues agronomes, et aider les aspirants à l’habilitation. 6 Partie 1 : Introduction - Les hommes dont les recherches sont fondées sur le même paradigme adhèrent aux mêmes règles et aux mêmes normes dans la pratique scientifique. … En l’absence d’un paradigme, … tous les faits qui pourraient jouer un rôle dans le développement d’une science donnée risquent de sembler également importants. - T. Kuhn "La structure des révolutions scientifiques" (1962) L’agronomie, champ disciplinaire situé typiquement à l’interface entre nature, sociétés et sciences, a une histoire récente mais riche, et relève de fondements épistémologiques très originaux. Le point de vue adopté dans ce document est que cette histoire est intimement liée aux projets politiques, sociaux, économiques, scientifiques et environnementaux que des acteurs locaux, nationaux et internationaux se sont donnés à différentes époques1. De nouveaux paradigmes (voir encadré 1), de nouvelles postures et pratiques de recherche en agronomie sont apparus au fil de ces projets de société, les accompagnant, parfois les précédant et les forgeant. Anciens et nouveaux paradigmes se sont ainsi souvent superposés, et cohabitent au sein d’organisations de recherche et de formation en agronomie, tels que le Cirad2. C’est donc une entrée épistémologique que je choisis pour développer ma réflexion, avant d’aborder des aspects plus techniques. Parmi ces projets, le développement durable, apparu dans les années 1980, s’impose aujourd’hui comme cadre consensuel, comme projet planétaire, dans les discours sur ou par la recherche et les politiques de la recherche. Dans la pratique, les réflexions et analyses autour de ce concept restent plutôt le fait d’économistes et d’écologues, sur l’environnement, les politiques environnementales ou agricoles. Ces réflexions sont par ailleurs souvent globales, et peinent à atteindre le niveau local. On constate également la relative discrétion des disciplines techniques, et leur difficulté apparente à intégrer ce concept aux pratiques de recherche ou, en tout cas, à faire explicitement référence à la durabilité, comme objectif ou comme principe d’action. Certains évoquent même déjà un certain essoufflement du concept de développement durable, faute de déclinaisons locales, techniques, concrètes. Le thème du présent rapport concerne les relations entre l’agronomie et ses pratiques, et ce projet de société qu’est le développement durable. Il s’agit de discuter, sur la base d’exemples et sans prétendre à l’exhaustivité, les dimensions épistémologiques et pratiques du champ scientifique « Agronomie », et de son utilité sociale, dans une perspective de développement durable. En d’autres termes, les questions que ce document souhaite aborder sont les suivantes : Quels ressorts se cachent derrière les pratiques des agronomes ? Comment l’agronomie a-t-elle contribué à forger ce nouveau projet planétaire qu’est le développement durable ? En retour, comment ce projet pèse-t-il sur les pratiques actuelles de l’agronomie, sur ses options ? Comment l’agronomie, en tant que domaine scientifique, peut-elle mieux se positionner pour 1 Parmi ces projets ou « mots d’ordre », on peut citer notamment et sans chronologie ni localisation : sécurité alimentaire, lutte contre la pauvreté, développement rural, développement local, développement économique, intensification de la production agricole, révolution verte, qualité des produits, développement durable, préservation de l’environnement, multifonctionnalité de l’agriculture, intégration sociale, etc. 2 Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement 7 répondre à ce défi ? Cette contribution se limite-t-elle à améliorer la durabilité des modes d’exploitation agricole du milieu, et d’utilisation des ressources naturelles, ou peut-elle toucher à d’autres aspects du développement durable, tels que l’équité, la participation, la gouvernance locale, le développement territorial, etc. ? Et comment ? Encadré 1. Les paradigmes Dans ce document, nous utiliserons de façon répétée le concept de paradigme, au sens épistémologique de Kuhn, et non pas linguistique. Dans le foisonnement d’usages et de définitions ambiguës du terme, on retiendra deux acceptions, précisées par Kuhn lui-même après la sortie de son ouvrage clef en 1962, la structure des révolutions scientifiques. Un paradigme désigne l’ensemble des théories, des connaissances, des valeurs et des techniques que partage un groupe scientifique sur un sujet, à un moment donné. Un paradigme fournit donc la manière de poser et d’entreprendre la résolution d’un problème. C’est la « matrice disciplinaire » qui forme le cadre, l’ensemble de repères, auxquels les scientifiques d’une discipline se réfèrent lorsqu’ils évoquent des résultats ou des problèmes se posant dans leur domaine. Le mot paradigme désigne aussi la manière dont le chercheur qui est éduqué dans une discipline apprend à reconnaître, à isoler et à utiliser ces repères. Cette seconde acception renvoie à la phase pratique de la formation d’un scientifique. Pour Kuhn, un paradigme possède donc des dimensions sociologiques et pédagogiques. Illustrant une certaine crainte des confusions et l’apparente difficulté du concept à passer en français, Legay (1997) ou Hubert (2004) par exemple s’obstinent à parler de point de vue lorsqu’ils désignent l’ensemble que constitue le statut que les chercheurs donnent à leur recherche, le type de connaissance qu’ils produisent, les démarches employées, le mode d’intervention mis en oeuvre, etc. A mon sens, il s’agit bien là de paradigme. Comme un cadre, un paradigme soutient, mais aussi délimite et enferme ; d’où l’importance des paradigmes dans l’évolution des sciences, rythmée par des ruptures, voire des luttes entre paradigmes. Avec le concept de paradigme, Kuhn défend ainsi l’idée que les sciences n’avancent pas d’une façon progressive, consensuelle, linéaire et cumulative, mais par des phases de renouvellement radical, en installant de nouveaux cadres de perception et d’appréhension des problèmes. Plus tard, Lakatos (1978) précise le concept et le fait sortir du cadre de la recherche scientifique. Pour lui, un paradigme est une certaine vision que la société a d’elle-même et du monde, qui influence la facon dont la science se construit, et qui est incluse dans ce qu’il appelle le « programme de recherche ». Pour lui, les paradigmes se succèdent moins par des ruptures que par des processus de divergence, de fusion, de cohabitation, de compromis successifs. On est très proche de la définition de l’épistémè de Foucault (1966), qui désigne l’ensemble du projet culturel et scientifique, et du système de valeurs que se donne une société à une époque donnée. Au delà de la prise en compte du concept de durabilité, le texte qui suit milite en fait pour une « agronomie de l’action »3, pour une recherche socialement responsable, impliquée dans la formation, critique et réflexive des sujets et projets de société qu’elle aborde, mais en même temps, une agronomie qui se donne des limites, qui ne prétend pas tout faire, et qui se fonde dans l’interdisciplinarité lorsque c’est nécessaire. Les récentes étapes de ma carrière fourniront des illustrations, et des bases de discussion. La conclusion essaiera de fournir quelques pistes, résolutions et suggestions, parmi lesquelles une posture de recherche clairement partenariale et participative, modélisatrice et prospective est promue. Avant d’en arriver à ces propositions, mon argumentaire va d’abord m’amener à cerner les concepts : l’agronomie, le développement durable, la durabilité. Il ne s’agira pas d’aboutir à un glossaire définitif, mais de discuter les concepts, leurs histoires, leurs acceptions, leurs dimensions, pratiques et évolutions récentes, propres et comparées, par une analyse 3 Pour paraphraser B. Hubert (2004). 8 personnelle et bibliographique. Il s’agit aussi de circonscrire les dimensions du développement durable (vaste sujet, aux multiples définitions), les objets de la durabilité, qui sont accessibles à l’agronome, sur lesquels il peut espérer agir. L’analyse des relations entre agronomie et durabilité sera ensuite conduite d’une part au travers d’exemples et d’expériences tirés de mon parcours professionnel d’agronome, d’autre part au travers de discussions originales, sur des thèmes qui me semblent porteurs d’avenir ou d’enjeux pour la discipline, au fil de ces exemples. Ces analyses, alimentées de références bibliographiques, concerneront les thèmes suivants : 1) Interactions entre modes d’exploitation du sol et caractéristiques du sol : revisiter la notion de fertilité et la relation plante-milieu-technique, pour mieux appréhender la durabilité des systèmes de production ; 2) Développer des technologies conservatoires pour améliorer la durabilité des modes d’exploitation agricole du milieu : les questions de l’adoption et de l’innovation 3) Comprendre et représenter la diversité des modes d’exploitation agricole du milieu : intérêts et limites des techniques typologiques 4) Etudier et modéliser les pratiques des producteurs dans un objectif d’appui : gérer les systèmes productifs et les ressources, construire la durabilité 5) Modélisation et participation comme principes d’intervention visant la durabilité : cas de la gestion de périmètres irrigués collectifs Le choix de ces thèmes est évidemment en relation avec les activités que j’ai menées dans ma carrière, mais ce n’est pas le seul critère4. J’ai choisi ces thèmes surtout parce qu’à mon sens ils permettent de décliner, de préciser la contribution de l’agronomie au projet de développement durable, et à ses composantes. En particulier, ils illustrent les possibles postures, pratiques et paradigmes qui peuvent non seulement aider à faire progresser les pratiques agricoles et les connaissances sur les modes d’exploitation durables du milieu en vue de production agricole et de développement (surtout thèmes 1, 2 et 3), mais aussi, pour certains, à intégrer d’autres dimensions du développement durable en tant que projet de société : équité, respect des savoirs locaux, et prise en compte de la diversité, participation et gouvernance locale (surtout thèmes 2, 3, 4 et 5). Ce n’est pas par hasard si ces thèmes sont présentés ici dans l’ordre chronologique dans lequel je les ai successivement abordé. Cette succession correspond à une trajectoire, de l’étude des objets de la nature vers l’étude des projets des hommes impliquant la nature. Ces thèmes traitent de fertilité, d’innovation, de typologies, de pratiques paysannes, de modélisation, de recherche-action, comme autant de concepts et de termes emblématiques des activités (ou des velléités) d’une génération d’agronomes embarqués dans l’aventure de la recherche-système. Pourvu d’une expérience et d’un point de vue, forcément limités et subjectifs, mais soutenus par une littérature abondante et aussi internationale que possible, je souhaite les discuter au fil de ce document. Mon ambition est de réunir quelques bases épistémologiques, théoriques et méthodologiques, sans prétendre à l’exhaustivité mais plutôt en tirant les enseignements de certaines références5 4 D’autant que j’ai également choisi de ne pas développer d’autres sujets sur lesquels j’ai travaillé et qui sont listés en annexe 3 5 Dans le texte, mes propres références seront simplement des numéros, placés entre parenthèses, en gras, et qui renvoient à la liste bibliographique en fin de document. 9

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This was not an encouraging opening for a conversation. Alice replied de recherche en agronomie au service du développement durable . 121. 4.1. 38 Définition personnelle ; le Larousse agricole (édition 1991) propose : Ensemble des travaux visant à utiliser et à transformer le milieu
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