a valanche Correspondance anarchiste Novembre 2017 numéro 12 VERSION FR Uruguay Allemange Anarquía Attacke! 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Soit. Sans aucun doute, une proje- choses – de la persistance. Une qualité auquel on ne tectualité insurrectionnelle doit aussi être capable de prête pas souvent beaucoup d‘attention. Comme des reconnaître quand certaines voies devront être aban- papillons, il est assez commun pour beaucoup de per- données, ou quand quelque chose ne vaut plus la peine. sonnes de s‘intéresser un jour à une chose, le lendemain Cela peut être à cause de conditions plus dures, mais à autre chose, et le jour après encore à autre chose – ce ces derniers temps je vois plus souvent que l‘érosion qui était intéressant avant est déjà oublié. Cette attitude de principes en est à la base : des anciens compagnons n‘a rien à voir avec ce que des marxistes ont toujours qui se vantent qu‘ils sont aller voter, par exemple. Tout dépeint comme l‘impatience révolutionnaire des anar- d‘un coup, son propre implication dans le capitalisme, chistes, qui insiste que les attaques contre l‘ordre exis- ses propres contradictions et les moments où on ne peut tant sont possibles et nécessaires, aussi mauvaises qui pas répondre à ses propres exigences de cohérence, puissent être les conditions « objectives ». deviennent tous des excuses générales. Bien sûr, il faut réfl échir sur ses propres contradictions, mais il faut dire Cependant la question reste ; développe-t-on une pro- aussi que la subversion de l‘existant n‘est pas une tâche jectualité, ou est-ce qu‘on devient victime des circons- facile qu‘on peut réaliser du jour au lendemain. tances contre lesquelles on se rebelle, courant dans toutes les directions comme des poussins eff arouchés. Nous continuons donc de nous adresser aux anarchistes Ne nous faisons pas d‘illusions. La corde autour de nos qui veulent partager leur projectualité, leur analyse, gorges se serre toujours plus – ou, si nous préférons ce leur réfl exion, leurs expériences et leurs propositions de métaphore, on se retrouvé toujours plus poussé dans la lutte, qui se reconnaissent dans un anarchisme combatif marge, ensemble avec pleines d‘autres personnes. Est- qui tente de contribuer à une internationale informelle ce que nous persisterons avec nos idées ? Et, par consé- sans centres ni hégémonies. Car nous insistons qu‘une quent, chercherons-nous des moyens et des possibilités correspondance internationale est nécessaire pour dé- pour attaquer la restructuration numérique du capita- passer ses propres limites et pour renforcer ses propres lisme, inlassablement promue dans les universités, les qualités. En partant de luttes locales qui visent à créer parlements, les laboratoires,…, avançant, attaquant, une rupture, de propositions d‘intervention pour une avec le but de détruire. Ou est-ce que nous allons nous présence anarchiste insurrectionnelle dans des troubles retrouver dans une disposition critique mais fi nalement sociaux ou d‘un sentier individuel d‘attaques éparpil- bien plus sympathique concernant les possibilités des lées, Avalanche est une tentative collective pour affi ner « smart cities » et de l‘internet des objets ? On peut se nos perspectives et pratiques, en les faisant dialoguent poser une question similaire quand on considère la crois- les uns avec les autres. sance de néofascistes. Est-ce que nous persisterons que le fascisme n‘est qu‘une modalité parmi d‘autres pour Un ennemi de l’État dans le territoire contrôlé par l’État gouverner un État et administrer le Capital, et que, autrichienne. par conséquent, nous ne visons pas uniquement le fas- cisme mais continuons aussi à attaquer la démocratie et, eff ectivement, la politique en soi, avec l‘intention de les détruire ? Où est-ce que nous nous contenterons de défendre « le meilleur des mondes possibles » ou le « moindre mal », s‘alliant à des églises, des syndicats et des libéraux ? |3| Parc à thème et laboratoire vivant : l’avenir de (deux) villes ? Erschütterungen verursachen, um die territoriale Entwicklung zu destabilisieren. Septembre 2017 - Portugal Partant de quelques expériences dispersés et de réflexions ment et une nouvelle marquage culturelles. Les institu- en cours des dernières années, ce texte tente de distiller tions de l’État pourraient être intéressées d‘avoir plus une compréhension du contexte social afin de mieux viser de prise sur les endroits où la survie entraîne aussi des nos initiatives. Si une proposition pour un projet de lutte méthodes illégales (ou se trouvant dans la zone grise) et partagé et marqué manque, l‘intention est plutôt de créer où les gens sont plus indifférents, critiques ou cyniques un cadre ou un point de départ pour des discussions et envers l‘idéologie démocratique et ses contes d‘inclu- des expérimentations à venir. sion et de prospérité pour tous. Ainsi, une nouvelle population plus aisée y est accueillie, perçue comme Au niveau international, la question du développement plus coopérative dans l‘établissement d‘un environne- territorial est manifeste. Mais plus spécifiquement, des ment pacifié (et elle génère aussi plus de fric), et une références aux textes récents « Au début de la fleuve » partie des habitants est dispersée. L’État investira plus (de Berlin, publié dans Avalanche n°11) et « Les chaînes dans la répression, mais aussi dans des événements ou technologiques d‘aujourd‘hui et de demain » (traduction endroits culturels (afin de draguer les gens du quartier de « Smarter Prisons » de Radical Interference, édité en et de promouvoir l‘image d‘un endroit sympa envers français par Entropie à Bruxelles) sont appropriées afin un nouveau public) et des constructions de logements de mettre ce texte en correspondance avec d‘autres cri- (pour y déplacer les habitants pauvres ou pour attirer tiques (en mots et en actes) de l‘économie numérique et une imminente classe moyenne jeune qui a besoin d‘une de la technologie. poussée – financière). *** Selon les villes et les régions, le mélange d‘ingrédients du processus de gentrification peut être assez diffé- Depuis des années, la question de la gentrification a été rent. Dans certains endroits, de grands investisseurs au cœur de différentes actions et luttes en Europe où des capitalistes feront la plupart du travail, d‘autres endroits anarchistes ont été impliqués. Comme ces changements impliquent plus d‘efforts de la part d‘acteurs étatiques dans les quartiers ont lieu dans les zones centrales des pour réprimer et subventionner. Parfois juste la situa- villes, impulsés par la recherche capitaliste du profit ou tion géographique d‘un quartier est en jeu, ailleurs, une par la gestion étatique, elles sont très visibles. Souvent appropriation culturelle rajoute de la valeur. Le but de la ce sont des zones où des anarchistes et leurs projets, ou gentrification d‘un quartier n‘implique pas nécessaire- ceux venant d‘un mouvement alternatif ou radical, ont ment une nouvelle couche d‘habitants, mais peut aussi découpé un espace en dehors et/ou contre la logique être la transformation d‘un quartier en zone résidentiel dominante. C‘est facile à comprendre, vu que ces zones avec ses besoins locaux de nœuds de consommation ou étaient estimés pas suffisamment intéressantes ou trop de production dans le quadrillage métropolitaine. Le pu- difficiles par les habituels courtiers du pouvoir (même si blic désiré est différent, d‘une classe moyenne régionale cela ne veut pas dire que la logique capitaliste ou auto- qui, avant, préférait le calme des faubourgs (avec ses ritaire n‘y pénétrait pas) ; et donc, dans les fêlures, des centres commerciaux et ses parcs de commerce), aux mauvaises herbes ont poussés. Mais ces zones suscitent touristes qui amènent du fric d‘endroits plus lointains, maintenant un intérêt renouvelé. passant par un secteur de professionnels spécialisés qui affluent vers les nouveaux hubs internationaux. D‘un point de vue capitaliste, ces territoires peuvent générer du profit si un nouveau public, plus aisé, puisse Il y a beaucoup plus à dire sur ce processus qui peut être être attiré. Physiquement, cela peut se réaliser par la défini sommairement comme la restructuration des ter- démolition et la reconstruction, ou par le réaménage- ritoires, basée sur la recherche de profit et des objectifs |4| de gestion de la population. Beaucoup plus a déjà été dit, Les deux villes font effectivement partie d‘une zone dont une partie majeure dans un cadre académique qui métropolitaine plus large, comprenant des villages aux ne l‘a pas rendu nécessairement plus compréhensible1 ; alentours avec leur propre mix d‘habitants. Plus proche jusqu‘au point où on pourrait argumenter de laisser le de l‘océan résident les riches, plutôt désintéressés des mot « gentrification » et les discours qui s‘en servent aux centres-villes (cela est en train de changer pour une académiques autoréférentiels, et d‘être plus sensibles partie de la jeune génération, mais le phénomène reste aux dynamiques locales et aux connexions entre celles- limité et réactif), même s‘ils ne sont évidemment pas ci et des idées anti-autoritaires et anti-capitalistes (sans insensibles à la croissance de la valeur des propriétés « l‘étape intermédiaire » de la gentrification). Dans le familiales dans les districts centraux. De l‘autre côté – texte qui suit, on se concentrera sur les développements si on veut parler des activités des riches – il y a des territoriaux récents dans deux villes, Lisbonne et Porto. investissements assez conséquents dans la construction On espère que ce texte peut enrichir les discussions d‘hôtels, et dans des nouveaux restaurants et bars dans dans le contexte local et au-delà. les quartiers qui auparavant ont été épargnés d‘un tel sort. Mais il ne compte guère si ces investisseurs sont Encaissez à la case portugais, espagnol ou français. Ces deux villes ont changé rapidement ces dernières Cela nous amène à l‘entrée principale du flux d‘argent : années ; à Lisbonne, cette transformation a commencé le tourisme. L‘industrie touristique n‘est certes pas un plus tôt qu‘à Porto. Cela a a donné un certain longueur phénomène nouveau, mais auparavant elle était centrée d‘avance à Lisbonne dans la compétition pour attirer les sur le soleil et les plages, ou les yachts et les verts (des flux d‘argent. C‘est aussi la capitale du Portugal, et en terrains de golf). Lisbonne devenait de plus en plus ca- cela, la ville concentre déjà beaucoup de l‘économie et pable de divertir une partie de l‘influx touristique par des institutions du pays. Mais Porto a eu la possibilité son centre-ville. De l‘exhibition des butins coloniaux d‘apprendre de Lisbonne et peut aussi profiter de la po- (bâtiments monumentaux, places, musées), l‘attention sition de la capitale (en se vendant comme complémen- se dirigeait vers les quartiers historiques et populaires taire ou alternative – plus authentique, plus inconnue, aux alentours et entre les sites touristiques principaux. moins cher). En général les deux villes passent cepen- Porto de son côté a réussi à s‘établir sur la carte du tou- dant par un processus similaire. Regardons donc de plus risme grâce à son propre aéroport moderne, accueillant près les différentes joueurs sur le tableau de Monopoly toute les lignes aériennes low cost de l‘Europe. Il semble (avertissement : quelques stéréotypes et généralisations que pour le moment, les deux villes se trouvent dans seront inévitables). l’œil du cyclone, avec les circonstances pour un boom touriste tout à fait présents. Les mesures d‘austérité Si cause et conséquence peuvent être difficiles à distin- ont maintenu le coût du travail très bas et les classes guer (en évitant de creuser une analyse économique), moyennes européennes sont toujours à la recherche de mais l‘exode massif après la crise financière de 2007- la prochaine destination bon marché. Les centres histo- 2008, démontre clairement que la classe moyenne locale riques ont été relativement épargnés du développement ne sera pas le principal moteur de la transformations des urbain des dernières décennies, et le lubie pour les city- quartiers. Les jeunes diplômés et une impressionnante trips et les expériences authentiques ne fait qu‘augmen- partie de la classe ouvrière ont préféré aller à l‘étranger ter. Les lignes aériennes low cost ont rendu possible les pour trouver un emploi ou gagner plus (la ville ayant le excursions de courte durée tout au longue de l‘année, plus d‘habitants portugais après Lisbonne, c‘est Paris…). et donc la possibilité d‘une économie locale totalement Cela s‘explique en partie par les émigrations précédentes dépendant de l‘afflux de touristes (avant, les commerces (pendant la dictature fasciste, mais aussi lors des décen- devaient fermer les portes en dehors du saison tou- nies suivantes) et les liens que celles-ci ont établi avec ristique, ou devaient puiser leur clientèle d‘un mix de d‘autres villes européennes. Et il semble que la plupart locaux et de touristes). Les subventions de l‘Union Eu- de l‘argent qui revient au pays est investi en dehors des ropéenne ont permis d‘améliorer l‘infrastructure locale centres urbains. Dit cela, ceux qui sont restés doivent et la délinquance de rue est à un point bas historique trouver leurs propres voies pour gagner de l‘argent, tout (cela paraît être un phénomène qui se produit partout en en voulant peut-être participer au style de vie urbain – Europe, et ne peut donc être expliqué par des questions qui tend à être très similaire partout en Europe. Donc cer- politiques et/ou économiques locales). Les riches, ayant tains démarrent leur propre commerce, focalisant sur le réussi à recueillir les fruits de l‘austérité, se vouent à local et l‘artisanat, ou en louant leurs appartements à tra- nouveau à leur vieil amour : l‘immobilier. Et au final, qui vers des plate-formes sur Internet. Et d‘autres (s‘ils ont peut être contre l‘influx de gens qui veulent dépenser de l‘argent à dépenser) fréquentent les zones de consom- de l‘argent en moment de « crise économique » ? Nous mation spécifiquement créées (la zone avec les bars et sommes invités à considérer ceci comme une oppor- les clubs, et les artères commerciales). Ceux qui sont tunité et à devenir flexibles et innovateurs, plutôt que « établis », les classes moyennes plus âgées (ceux qui ont comme un processus d‘exclusion qui te – et pas seu- réussi plus ou moins à maintenir la tête au-dessus de l‘eau lement – poussera dans une position de dépendance durant l‘austérité), habitent les districts construits dans accrue (se conformant aux demandes de l‘économie et les années 80 et 90, dispersés autour des villes. des institutions afin de survivre). |5| Les transformations qui se donnent dans les quartiers Cela découvre un des pièges d‘une opposition à la tou- les plus concernés sont très brutales. Du moment ristification. La lutte pour maintenir une vie locale dans qu‘une zone est déclaré sûre pour les passants, l‘es- un certain quartier risque de contribuer justement à l‘at- pace publique devient rapidement dominé par les tractivité de ce quartier pour des touristes. L‘opposition touristes et leurs besoins. Les habitations deviennent à la vente du centre culturel Coliseu (en 1995) et à la de locations de vacances. A Porto, beaucoup de bâti- privatisation du Teatro Rivoli (en 2006 – la privatisa- ments voués au tourisme étaient encore à l‘abandon tion a été annulée plus tard par le nouveau maire) prend il y a quelques années, vu que la fuite des classes une nouvelle signification avec le recul, maintenant que moyennes vers les périphéries – avec son confort ces espaces culturels sont devenus des facteurs impor- moderne et le déplacement des habitants pauvres vers tants dans la revitalisation du centre-ville de Porto des projets de logements sociaux – n‘a pas été com- comme hub de consommation (exprimant la reconfigu- blée par un mouvement d‘immigration (le nombre des ration du rapport entre culture et capital). Une telle lutte habitants du centre-ville est en déclin depuis les trois risque aussi de s‘aventurer sur les pentes glissantes de dernières décennies et l‘est toujours). Les habitants de « l‘authentique », défendant des rapports sociaux et des « ilhas »2 sur la pente à côté de la fleuve ont été expul- conditions de vie à l‘intérieur des quartiers qui sont sés, généralement sous le prétexte de sécurité, expul- étouffantes et oppressives simplement parce qu‘ils sont sions suivies par la démolition de tous les bâtiments. plus « réels ». Cela peut virer vers une guerre de mots Mais certains sont encore là et sont vendus aujourd‘hui privée de sens avec ceux qui veulent commercialiser comme de « l‘immobilier de luxe » (ah, l‘ironie!), et à l‘authentique, et un soupçon implicite envers tout chan- d‘autres endroits, des ilhas vides sont transformés gement et une préférence a-critique pour l‘ancien. Mais en appartements pour touristes. A Lisbonne, avec sa la réalité dresse un tableau bien plus ambiguë. Qui re- position de capitale du pays, la pression sur le mar- présente à Rua do Capelão - Largo Severa - Rua da Guia ché du logement a été constant, et donc une nouvelle l‘authentique Mouraria (Lisbonne) ? Le ginjinha bar de loi facilitant de mettre fin à des contrats de location 5m² avec son propriétaire sympa qui échange des sou- était considérée nécessaire (avec un peu de pression rires, le centre culturel fado qui célèbre les origines de de la Troika – les vieux contrats de location d‘avant la musique fado, le restaurant chinois clandestin, caché 1990 le rendaient très difficiles pour les propriétaires mais connu par tout le monde, les mitras3 à la fin de la d‘expulser les locataires). Les propriétaires se sont rue comptant sur les trickle-down economics ? Proba- petit-à-petit débarrassés des anciens contrats et de blement une combinaison de tout ça, mais personne de leur « anciens » locataires, les remplaçant avec des ceux-là a des scrupules envers le fric que les touristes profits tirés du Airbnb. amènent, ni des problèmes avec les investissements de la ville dans le réaménagement des rues et des places. Un certain grogne se manifeste depuis les quartiers. Mais le mécontentement est resté plutôt poli si on Retournez trois cases en arrière prend en compte les changements drastiques. Sans doute, l‘idée que le Portugal doit être content avec toute Comme on a dit au début du texte, ces changements sont argent qui entre dans l‘économie, peu importe d‘où elle très visibles et se déroulent dans les quartiers où nom- vienne, a un effet calmant énorme. Les groupes gau- breux d‘entre nous habitons. Nous sommes donc bien chistes militent pour une distribution plus égalitaire obligés de réagir d‘une manière ou d‘une autre. Mais on des profits générés par le tourisme, argumentant pour devrait être conscient de la course de haies qu‘est ce la cohabitation entre touristes et locaux et plus de sujet si nous comptons de s‘y confronter d‘une position contrôle sur le secteur touristique. Ces positions n‘ont autonome et anti-autoritaire. Les institutions locales donc rien de radicale et la politique locale est récep- et les activistes gauchistes semblent très impatients tive envers elles. Les conseils des villes ont ventilé de faire la médiation de tout signe de protestation ou leur « préoccupation » pour quelques effets contraires même juste de malaise. Si une résistance plus consis- du tourisme. Quelques mesures ont été prises pour tante se développe, elle sera toute de suite mesurée afin calmer les locaux, allant de limiter l‘accès de Tuk Tuk de déterminer sa légitimité représentative et se verra aux quartiers à la donation de matériaux de rénovation attribué en conséquence sa place sur le tableau du Stra- aux ilhas. A Porto, le département du logement social tego politique. Refuser ces tentatives de récupération, ont rénové des maisons dans les centre historique et y tout en ne pas se laisser isoler du quartier (où beaucoup installent des familles qui avaient été reléguées aux lo- de personnes tendent à avoir des opinions ambiguës gements sociaux dans la périphérie. Il s‘agit peut-être ou contradictoires), sera très difficile. Le processus de d‘un geste limité et symbolique, ou d‘une manière pour touristification est rarement poussé par des gens ano- faire repartir le réaménagement de certaines rues qui nymes de l‘extérieur comme les grands investisseurs pour l‘instant ne se trouvent pas sur le radar des inves- qui construisent des hôtels cinq étoiles. Mais quoi d‘un tisseurs privés (par exemple, en rénovant les façades). bar local qui attire beaucoup de non-locaux ? Et quoi Il pourrait aussi être une tentative de maintenir un peu des locaux qui payent leur loyer en offrant de l‘héberge- d‘« authenticité » dans la ville, car tout endroit envahi ment aux touristes ? Ces choses peuvent déclencher des par le tourisme tend à perdre son unicité et devient débats très intéressants, mais tendent à finir en conclu- alors moins intéressant pour les touristes. sions défaitistes et cyniques (le plus optimiste : amu- |6| sons-nous/profitons-en tant qu‘on peut). On peut s‘ima- créer une nouvelle entreprise est réglée en 48 heures). ger de se battre contre cette léthargie en créant des Le gouvernement central peut le trouver dur de faire la structures autonomes. L‘exemple de Es.Col.A (2011- compétition avec les fonds que d‘autres pays destinent 2012) dans le quartier de Fontinha (Porto) vient en tête. à « l‘innovation », mais il est aussi flexible et indulgent Créer des rapports différents qui ne dépendent pas de qu‘imaginable. A Lisbonne, à part les événements et la la logique capitaliste ou étatique, peuvent pousser l‘idée promotion inévitable de la ville (Lisboa Startup City), les de ce qui est possible au-delà des questions d‘immédia- espaces de co-working, les incubateurs et les accumula- teté et de survie (la réponse de la municipalité – répres- teurs poussent partout, des zones spécifiques sont déve- sion, investissement dans leur propre centre social et loppés pour mimer l‘ambiance Silicon Valley (principalle- réaménagement de quelques rues – montrent qu‘ils ont ment à côté de la fleuve, à l‘oest de Cais do Sodré, mais perçu l‘espace auto-organisé comme une menace à leur sans se limiter à Lisbonne même, comme on voit avec légitimité). Mais les temps ont changé et ce genre de Lisbon South Bay). Entre temps, Porto tente de combler projets dans les quartiers qui subissent déjà la gentrifi- son retard et dessine des plans pour transformer le quar- cation risquent de perdre leur équilibre et contribuent, tier autour de Campanhã en son propre tech hub. Il y a plutôt que de résister, à la gentrification. quelques années, la ville de Porto a installé autour de 800 capteurs dans la ville et dans les transports en commun Est-ce que nous sommes capables de défendre l‘auto- (d‘anémomètres – mesurant la puissance du vent – aux nomie de la résistance contre les tentatives de récupé- microphones mesurant le bruit), rassemblant toutes ces ration ? Est-ce que nous serons capables de créer un informations dans des banques de données et transfor- discours anti-autoritaire qui s‘oppose aussi aux rapports mant la ville en laboratoire vivant (sous la bannière de oppressives existants ? Si nous voulons être visiblement Future Cities4). Ces big data doivent bien constituer un présents, avec qui est-ce que nous voulons nous orga- big appât pour les entreprises de technologies. niser ? Et contre quoi ? Qu‘est-ce que ça veut dire de rendre un quartier pas sûr pour des investisseurs ? Où Les deux villes aimeraient que l‘industrie technologique est-ce que nous tirons les lignes et comment est-ce que va se concentrer dans la partie délabrée ou « margi- nous sabotons des développeurs qui « montent un com- nale » de la ville, afin de nettoyer et développer (c‘est- merce » ? à-dire, rendre rentables) ces quartiers. Mais les start up évitent typiquement d‘investir dans les espaces de Chance travail, recherchant plutôt la proximité avec des gens ayant la même vision des choses et des investisseurs qui Le tourisme ne résume pas tout ce qui se passe. Der- se trouve, pour l‘instant, justement dans d‘autres quar- rière le coin, une dynamique différente se dessine, tiers où « il se passe déjà quelque chose ». Les grandes même si elle est intrinsèquement liée avec les questions entreprises de l‘industrie technologiques ne montrent de restructuration urbaine. La mairie a compris que le qu‘un intérêt modéré (tant de villes dans le monde en- tourisme n‘est pas éternel et si la ville est encore perçu tier souhaiteraient devenir la prochaine ville huppée du comme the-place-to-be, elle parie aussi sur un autre capitalisme) et, comme on disait avant, l’État ne dispose secteur, celui de l‘économie numérique. pas de suffisamment de fonds. La question reste donc si suffisamment d‘investisseurs privés vont se pointer pour Si Porto a eu son prix en 2017 quand la ville a été sélec- construire une infrastructure de presque zéro. L‘industrie tionnée comme la Meilleure Destination Européenne, du tourisme semble bien installée, l‘industrie technolo- Lisbonne était déjà quelque pas en avant quand elle a gique teste encore les eaux. reçu la médaille de Capitale Européenne de l‘Entrepre- neuriat en 2015 et a organisé le Sommet du Web annuel Les quartiers populaires dans les centres-villes sont rapi- en 2016. Des politiciens qui paradent avec le nombre dement transformés en zones de consommation, parcs de start up peut sembler rien de plus que la mascarade à thèmes pour visiteurs (pas seulement des touristes de des bonnes nouvelles si on a en tête qu‘une bonne partie l‘étranger, mais aussi pour les habitants de la zone mé- de l‘économie portugaise consiste déjà de petites com- tropolitaine). C‘est une vraie perte, car les rapports qui merces qui génèrent à peine des revenus pour plus de 2 ne sont pas quantifiés en profits et qui sont averses aux à 10 personnes, et que de nombreuses personnes sont règles et régulations imposées par le gouvernement de revenues à une économie de survie lors de l‘austérité en la ville se voient ainsi détruits. Mais cette perte est un tentant de vendre n‘importe quoi (nourriture, boissons, fait depuis des années (et pour les jeunes générations, artisanat – surtout destiné aux touristes) et en montant c‘est ainsi depuis toujours) pour la grande majorité des leur propre commerce. On pourrait dire qu‘il s‘agit de habitants de la ville, car ils vivent la réalité de la péri- régression plutôt que de progression en termes écono- phérie. Ils redécouvrent le centre justement parce qu‘on miques. Mais il y a un nouveau joueur, le secteur digital, lui a donné un nouveau destin comme partie intégrale de qui se voit aussi octroyé plus de privilèges. Après le Gol- la métropole. Ils naviguent à travers la ville suivant les den Visa (pour des non-européens qui investissent des flux gérés de façon centralisée (lignes de métro, routes sommes significatives), il y a le Startup Visa (visant des menant au parking le plus proche) et les applications professionnels IT et ingénieurs de l‘Inde), il y a le 0 % numériques (où trouver des amis, des fêtes, des événe- taxes, la Empresa Na Hora (toute la bureaucratie pour ments, le nouveau place-to-be). |7| Ainsi, un conflit dans une ville qui est centré sur l‘oppo- Une critique de l‘économie numérique et de la techno- sition à la gentrification d‘un quartier peut se retrou- logie devrait développer un discours qui part des expé- ver marginalisé comme une prise de position défen- riences réelles et vécues dans le monde digital (en plus sive d‘un segment très précis de ses habitants. Un d‘une critique sur la restructuration territoriale qu‘il im- conflit qui développe aussi une critique de l‘économie plique). Une telle critique reste un projet très difficile, car numérique (contre la quantification de la vie, contre les applications technologiques et numériques sont de plus la tentative de la rendre transparente et de la sou- en plus normalisés non uniquement comme moyens pour mettre à la logique capitaliste et aux comportements « faciliter » ou « jouir de » la vie, mais aussi pour « vivre » la normés) pourrait peut-être toucher plus de gens. Et vie. Une critique radical du numérique peut être facilement cela nous oblige à réfléchir à nouveau sur la commu- perçue comme une attaque contre la vie de ses utilisateurs. nication (comme un effort contre l‘isolement) et d‘en En même temps, une compréhension critique de la techno- expérimenter des nouvelles formes. logie est évitée, car considérée trop acide ou pessimiste, ou tourné en parodie (gravitant vers une utopie numérique Le déploiement de l‘infrastructure de l‘internet par- horizontale ou une dystopie imaginée par les théories de tout dans le monde a été salué comme la base pour conspiration). Mais l‘urgence d‘une critique du numérique l‘émancipation de groupes marginalisés, l‘enrichis- gagnant la vie humaine est grandissante et doit trouver son sement de l‘expérience individuelle, l‘expression de expressions dans des expériences pratiques (et pas seule- la différence sans limites. La réalité pour la grande ment dans des entreprises intellectuelles). majorité des utilisateurs de l‘internet semble bien être le total opposé. La misère de la vie sociale, mé- Gagner pour perdre, perdre pour gagner diée à travers les entreprises de l‘internet, devrait être articulée clairement ; la pression constante (ou Le but de ce texte n‘est pas de faire de assertions abso- les incitations) de prétendre (et la tension émotion- lues, ni de donner plus de valeur intrinsèque à telle ou telle nelle que cela génère à cause de la contradiction avec chose. Les choix de focaliser le conflit social dans une ville la réalité), la disponibilité 24h sur 24 et l‘indésira- sur le tourisme ou l‘économie numérique, de focaliser sur bilité sociale de déconnecter, les rencontres privées la visibilité dans un certain quartier ou d‘élargir la portée, de toute substance ou de discordance, le jury popu- de focaliser sur l‘approfondissement de rapport de solida- laire de la section de commentaires, etc. Tout cela rité ou sur l‘expression de critiques de l‘autorité, créent est exploité par des entreprises qui recueillent tout tous leur propre potentiel et ont tous leur limites. Ce détail personnel que nous laissons afin de vendre de texte veut rajouter une autre dimension dans la myriade l‘espace publicitaire pour nous cibler. Des entreprises d‘intentions, motivations, pensées, actes. Dans le meil- qui visent à savoir tout, à réaliser un monopole sur leur des cas, on les aurait tous (et il y aura l‘anarchie!). les articulation de nos vies. La transparence qu‘est Nier complètement (consciemment ou pas) ces différents demandée de nous (et qui est récompensée par plus aspects et pousser en avant un seul aspect, serait la pire d‘applications) nous mène sur la voie d‘une société de des situations. conformisme total (mais t‘inquiètes, il y a suffisam- ment de « styles de vie » personnels à choisir) avec Dépasser la défensive et passer à l‘offensif, est probable- des répercussions directes pour ceux qui refusent et ment le pas le plus grand et le plus crucial à faire au sein un renforcement du contrôle pour ceux qui résistent. d‘un conflit. Il n‘y a pas de garantie de vaincre (et vaincre La dépendance croissante des applications numé- pourrait même impliquer perdre beaucoup – voir trop – ; riques (conçues comme des produits de consomma- et à l‘inverse, ce qui peut sentir comme une perte, pour- tion) réduit les capacités de créer nos propres outils rait se révéler de ne pas en être une). Mais l‘issue directe et méthodes à travers l‘expérience et la réflexion. Un d‘un conflit social est rarement le plus important. D‘ail- smartphone ne renforce pas notre autonomie, il fait leurs, quand on vise la subversion de la société et de ses plutôt le contraire. Naviguant dans nos vies avec les rapports d‘exploitation et d‘oppression, on ne peut être appareils digitaux à portée de main, nos actions se satisfaits qu‘à des moments. Comment provoquer ces mo- voient aussi modelées par les conceptions du monde ments, les étendre et les donner un écho reste une ques- et les notions moralistes de ses créateurs. Nous finis- tion ouverte, car ils font partie d‘une vie d‘errance et pas sons par quantifier tout pas qu‘on fait, calculer nos d‘une vie programmée. En multipliant les expériences, gains (par seulement pour nos comptes en banque – en approfondissant la compréhension, on pourrait être ou de Bitcoin et de Paypal – mais aussi pour notre capables de s‘orienter, de fixer des paramètres, de tracer santé, notre statu social, etc.). Sommes-nous en train des lignes, de tendre dans une direction. Au moins, pour de vivre la vie ou en train de la gérer ? l‘instant. |8| [1] Le discours académique sur la gentrification repré- [3] Les mitra sont les jeunes (ou jeunes de cœur) des quar- sente plusieurs problèmes. Tout d’abord, sans une cri- tiers populaires, reconnaissables à leur style de vêtements tique des rapports de pouvoir, toute personne devient inspiré par le hip-hop. L’équivalent à Porto, ce sont les guna. à part égale complice dans le processus de gentri- fication. Aussi, dans ces analyses, il n’y a pas de [4] Un autre mot en vogue ici c’est Smart City, un concept place pour l’éthique des individus, on est réduit à des tellement vaste qu’il devient difficile à utiliser. On pourrait rouages de la machine. Cela représente une vision dire que Smart City réfère à tout dans la gestion et la plani- déterministe de la société, permettant uniquement fication d’une ville qui peut être digitalisé et connecté. Les des perspectives réformistes (ajustant le processus projets de Smart City sont principalement d’ordre gouverne- quelque peu) et fatalistes. Enfin, ce discours crée une mental (le plus souvent, une digitalisation de la bureaucratie histoire générique de la gentrification, permettant pour la rendre plus efficace), et du domaine des transports aux professionnels de la critique de la gentrification et de l’énergie (il semble y avoir une préférence pour des su- de voyager dans le monde entier pour faire des pré- jets qui sont déjà pensés en termes de flux et de nœuds). Le sentations et des ateliers, imposant leurs conceptions domaine de la sécurité (l’intégration de différentes formes moralistes et gauchistes de résistance sur les dyna- et plate-formes de surveillance, ainsi que l’introduction de miques locales. nouvelles technologies comme la reconnaissance faciale et l’analyse par logiciel des comportements et des situations) [2] Ces petites ruelles avec des maisons d’un étage, reste encore un peu sur l’arrière-plan pour l’instant, proba- pressées les unes contre les autres, sont les restes de blement pour éviter que la Smart City s’associe aux images l’industrialisation de la ville. Une grande maison don- dystopiques de Big Brother (quoiqu’aux Pays-Bas et dans le nant sur la rue, habitée par le propriétaire de l’usine Royaume-Uni, on teste les possibilités sans trop de retenu). ou d’un employé diplômé (ingénieur par exemple), Il est évident que quand tout dans une ville (y compris ses était la porte d’accès vers le « ilha » derrière ; une habitants) sera traduit en données et sera connecté, tout et architecture renforçant la propriété et le contrôle des tout le monde deviendra traçable et visible (aux entreprises ouvriers par les patrons. et aux institutions). |9| Contre le TAP, bloquer tout ! Juillet 2017 - Italie Nous voulons tenter de discuter sur l‘énergie et à quoi Cette diversifi cation des sources énergétiques semble elle est liée. Pour ce faire, nous partirons de la construc- être une constante et une exigence impérieuse et fon- tion d‘un gazoduc de quelques milliers de kilomètres qui damentale pour un système qui tente de se reproduire devrait passer aussi par la zone où nous habitons. Ce ga- et que cherche toujours des nouvelles voies pour exploi- zoduc s‘appelle TAP et devrait partir de Azerbaïdjan pour ter la planète et ses ressources jusqu‘à l‘épuisement. fi nir en Salento (Italie), passant par la Géorgie, la Tur- Une idéologie dominante régit les théories et modali- quie, la Grèce, l‘Albanie et l‘Adriatique, pour transporter tés qui sont adoptés dans la recherche, la production du méthane. Nous continuerons à utiliser le conditionnel et la distribution de toujours plus d‘énergie. Pour que vu que l’œuvre n‘a pas encore été réalisée, même si des ça marche, tout y doit être soumis et doit être transfor- travaux sont en cours dans les diff érents pays touchés. Ce mable. Lieux, systèmes de vie ou de survie, économie sera pour nous l‘occasion – l‘énième – de comprendre de territoire, qu‘elle soit organisée au niveau étatique ou pourquoi nous voulons nous battre contre une nuisance au niveau traditionnel. Quand on observe un lieux avant spécifi que et comment le faire. et après l‘avancement du « progrès » énergétique, on est frappé par la transformation de sa géographie. Dans Nous nous sommes posés la question de la centralité cette même direction est utilisé aussi le langage : les qu‘occupe l‘énergie dans un système comme celui dont vastes campagnes incultivées deviendront des déserts à on est immergé. Il n‘existe pas de sphère qui ne nécessite remplir avec des infrastructure de tout type qui apporte- pas, pour sa survie, d‘une production et d‘un fournisse- ront le bien-être, le développement, le travail etc. ment d‘énergie toujours en croissance exponentielle. On peut dire, sans répéter des banalités, que tout tourne Changements irréversibles autour de ce point. Mais on peut saisir combien fondamental soit le besoin Ces dernières décennies, nous avons assisté à la multi- d‘énergie pour la perpétuation de ce système aussi dans plication des sources de production d‘énergie. Propor- d‘autres aspects. Constamment soumis à des impulses tionnellement à la multiplication des marchandises, les et des stimuli de toute sorte, nous assistons souvent sources pour produire l‘énergie ont connues une impor- inertes au changement opéré dans nos vies, à la per- tante expansion qui est aussi liée à la fi nitude des ma- ception que nous avons de ce qui nous entoure, à l‘éga- tières premières. En même temps, les technologies et lisation de l‘être humain à un modèle robotique et des la recherche ont développés des nouveaux systèmes qui êtres vivants à la marchandise. L‘être humain comme permettent de produire toujours plus. Quand on pense au les autres êtres vivants sont les cobayes d‘une série photovoltaïque par exemple, très probablement la pro- d’expérimentations qui préparent le futur, voir le pré- chaine étape d‘une production d‘énergie qui utilise une sent immédiat. Il suffi t de regarder l‘utilisation qu‘on fait technique toujours plus sophistiquée et surtout, qui peut d‘instruments comme les smartphone pour comprendre être utilisée partout. Le photovoltaïque civil et industriel comment ceux-ci ont totalement révolutionné l‘approche pour fournir les maisons, écoles et usines ; celui militaire, que les personnes ont entre elles d‘un point de vu rela- pour fournir les dispositifs et appareils qui permettent de tionnel, communicative et émotionnel. On communique faire fonctionner la machine de guerre. Récemment, il y rapidement, donc il faut toujours être au qui-vive, tou- a eu la nouvelle qu‘un avion pouvait voler sans carburant, jours prêt à répondre, toujours être présent. Le change- justement grâce aux panneaux solaires. Ou qu‘on pense ment qui s‘enracine de cette façon est irrémédiable. Il aux nanotechnologies et à leurs applications précisément habitue l‘être humain à devenir une machine, à codifi er dans la construction d‘appareils (technologiques-infor- et à décoder des signaux, des images, des paroles ; au matiques) capables de fonctionner sur l’énergie solaire. niveau social, se génèrent des automates qui, en appa- |10|
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