BIBLIOTHÈQUE DE L'ARCHIVUM AUGUSTANUM PAR LES SOINS DES ARCHIVES HISTORIQUES RÉGIONALES INVENTAIRE DES ARCHIVES DES CHALLANT PAR JOSEPH~CÉSAR PERRIN TOME PREMIER 61291 AOSTE 1974 ......................AA.22 . ....................JI.Ill . .......................1!;I; . PR~FACE Deux collections parallèles prennent ces ;ours-ci leur essor: la Bibliothèque de l'Archivum Augustanum et les Monumenta liturgica Ecclesiae Augustanae dont les deux premiers volumes sont actuelle mentsous presse. Cela apu se réalisergrâce àla collaboration dévouée du personnel et des amis des Archives Historiques Régionales, ainsi qu'au mécénat du Gouvernement valddtain. Nous avons conçu ces deux collections comme un complément logique et nécessaire aux publications annuelles de l'Archivum Augus tanum et des Recherches sur l'ancienne liturgie d'Aoste. La Bibliothèque et les Monumenta s'inspirent des mêmes prin cipes méthodologiques et prétendent atteindre les mêmes buts scien tifiques. Ce premier volume de la Bibliothèque renferme la première partie de l'inventaire d'un de nos fonds d'archives les plus presti gieux: celui des comtes de Challant. Trois ans à peine viennent de s'écouler depuis l'acquisition des Archives Challant de la part des Archives Historiques Régionales, et voilà que M. ].-e. Perrin a réussi, grâce à son abnégation et à sa per sévérance, à parachever l'inventaire de ce fonds incomparable. L'Inventaire des Archives des Challant constituera une trilogie d'une importance capitale pour l'histoire de la Vallée d'Aoste et des anciens Etats de Savoie. En même temps que cet inventaire d'archives, paraissent chez VI Préface deux imprimeries différentes, mais suivant les mêmes principes typo graphiques, deux autres volumes (Ile et Ille de la collection), d'un genre divers, mais d'une égale valeur scientifique: il s'agit des Etudes Maistriennes par M. le Prof. Jean Rebotton, de Reims, et du premier tome des Testaments des seigneurs de Challant, par M. le Professeur Orphée Zanolli. Le programme de notre Bibliothèque se présente vaste et varié: inventaires d'archives et de bibliothèques, éditions de sources narra tives et documentaires, de cartulaires et de registres, monographies concernant l'histoire médiévale et moderne de la Vallée d'Aoste,. tout cela trouvera une large hospitalité dans cette nouvelle collection, qui ne manquera pas de contribuer à une connaissance plus approfondie des richesses insoupçonnées du patrimonie historique de la Vallée d'Aoste. LIN COLLIARD Directeur des Archives Historiques Régionales INTRODUCTION En 1460 le chroniqueur de la maison de Challant, Pierre du Bois, écrivait: «Et sontceulx de la noble etancienne ethaulte maison de Challand la plus magnifique et exellente maison plus renommée selon son estat, non pas seulement au noble pays de Savoye, mais deçà mer, la plus exauchée et auctorisée par la vertu des enfans qui en son salli a eu grand conduicte et de bruyt ».1 Pierre du Bois avait été le secrétaire du comte Jacques de Challant et il écrivait cette 2 Chronique pour en honorer la mémoire. L'on pourrait donc croire que ces louanges furent dictées par un esprit de servilité. Mais au XVIIe siècle, un autre historien valdôtain reprenait le même thème avec des termes plus flatteurs encore: «Si bien la très illustre et opulente famille de Challant ne se lit pas la plus ancienne du duché, si est ce neanmoings qu'elle à tous;ours heu et tient le rang de la plus auguste et cellebre d'entre les vassaux, tant pour sa très noble origine que pour les haut1. degré1., charges et delegations qu'elle a supereminement heu et possedé tant près des personnes de leurs AA.SS. nos souverains, memorables gestes et haut1. faÎt1. et exploÎt1. en guerre, deffence de la patrie, que pour les rares exemples et eru- 1PIBRllB DU BOIS, Chronique de la maison de Challant, par les soins de O. Za· nolli, in Archivum Augustanum, IV, Aoste 1970, p. 21. 2Lui.même le dit dans sa Chronique: «Car fay seulement en brief, sans glosse, euript ce que fay veu, oy, entenduetde verité sceu, le passé que fay serviledict Jacques, lout le temps qr/il a veuu, de qui festoye familier secretare, sans jamais changer de maistre jusques a sa fin» (Cf. Ibidem, p. 110). VIII f.-C. Perrin ditions de tant de personnages de la maison... ».3 Au siècle suivant, le père de l'histoire valdôtaine, Jean-Baptiste de Tillier, n'épargnait pas, lui non plus, ses éloges envers cette noble Maison.4 Cette constante à travers les siècles, même si elle révèle l'ha bitude des temps révolus à la grandiloquence, aux éloges flatteurs et à l'idéalisation des portraits, démontre cependant les égards et l'estime que l'on avait pour cette famille et la considération qu'elle avait su mériter. Il est en effet indéniable que la famille de Challant fut la plus importante des familles nobles valdôtaines par sa puissance écono mique, politique et culturelle et qu'à l'apogée de sa fortune elle riva lisa avec la plus haute noblesse des Etats de Savoie. Sa montée com mença à la fin du XIe siècle et atteignit le plus haut degré d'élévation avec le comte René de Challant(t 1565). Depuis lors commença le long déclin jusqu'à l'extinction de la famille, survenue le 2 mai 1802 par la mort du jeune Maurice-Jules-Charles-Hyacinthe-François de Challant, âgé à peine de sept ans. L'origine de la famille est inconnue. Quelques historiens mo dernes, à l'instar de J.-C. Mochet,5 J.-B. de Tillier et d'autres encore, 6 la disent de souche aléramique des marquis du Montferrat à cause de la ressemblance des armoiries.' Mais l'affirmation est douteuse, faute de preuves sûres à cet égard. Le premier membre connu de la famille est un certain Boson, que l'on rencontre dans l'acte de donation de plusieurs droits, faite l'an 1100 à l'église de Chambave par le comte Humbert II de 'JEAN-CLAUDE MOCHET, Porfil historial et diagraphique de la très antique cité d'Aouste, par les soins des Archives Historiques Régionales, Aoste 1968, p. 337. •«Ancienne et très illustre famille du du~hé d'Aoste qu'on tient par tradition et par tiltres tirer son origine des marquis souverains du Montferrat de la premiere ra~e, et une des plus distinguées et des plus ~onsiderables qu'il y ait eu dans les anciens Etats de la royale maison de Savoye, tant par ses ri~hesses, par les grandes allian~es que par les importants emplois e~clesiastiques et se~uliers desquels ont eth revetus les seigneurs qui en sont su~~essivement des~endus, ainsy qtlon le verra dans la genealogie raisonnée suivante». Cf. JEAN-BAPTISTE DE TILLIER, Nobiliaire du Du~hé d'Aoste, par les soins d'André Zanotto, Aoste 1970, p. 83. ,J.-c. MOCHET, op. cit., p. 338. . •J.-B. DE TILLIER, Historique de la Vallée d'Aoste, première édition intégrale, Aoste 1966, p. 111. 7Cf. par exemple A.-P. FRUTAZ, Le fonti per la storia della Valle d'Aosta, Roma 1966, p. 57-58.