Peintures romaines antiques et faussaires. Sources et techniques. Delphine Burlot To cite this version: Delphine Burlot. Peintures romaines antiques et faussaires. Sources et techniques.. Archéologie et Préhistoire. Université Paris-Sorbonne - Paris IV, 2007. Français. NNT: . tel-00778669 HAL Id: tel-00778669 https://theses.hal.science/tel-00778669 Submitted on 21 Jan 2013 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. UNIVERSITÉ PARIS IV – SORBONNE École Doctorale VI : Histoire de l’Art et Archéologie |_|_|_|_|_|_|_|_|_|_| THÈSE pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L’UNIVERSITE PARIS IV Discipline : Archéologie présentée et soutenue publiquement, le 24 novembre 2007, par Delphine Burlot PEINTURES ANTIQUES ROMAINES ET FAUSSAIRES Sources et techniques Directeur de Thèse : M. François Baratte Jury : Mme Mariette De Vos, professeur à l’Université de Trento, Italie Mme Daniela Gallo, professeur à l’Université de Grenoble Mme Nathalie de Chaisemartin, HDR, maître de conférence à l’Université Paris IV Mme Hélène Eristov, chargée de recherche au CNRS 1 Qu’allez-vous faire ? m’a-t-on dit. Dévoiler les contrefaçons ! Mais vous porterez un coup terrible au commerce de la curiosité. Sans aucun profit, vous jetterez l’effroi dans certaines consciences et vous troublerez l’esprit de tous les collectionneurs jusqu’ici sans défiance. Et puis quel résultat obtiendrez-vous ? - Aucun. La contrefaçon répond à de véritables besoins. Malgré les commotions les plus violentes, le roi Bibelot règne toujours en souverain maître. Il faut bien que le nombre des antiquités augmente en raison directe de celui des amateurs ; et c’est se bercer d’illusions que de vouloir empêcher les naïfs d’acheter des vieilleries vendues par des truqueurs de profession. Voyons, soyez sincère. Répondez. Est-ce que les acheteurs qui débutent ne sont pas aussi heureux avec un objet faux qu’avec un vrai ? A quoi bon leur enlever leurs illusions ? Tant pis pour eux s’ils ont été trompés. C’est leur faute. S’ils ne veulent pas l’être, ils ont des livres, qu’ils lisent ; des musées, qu’ils les étudient ; des collections particulières, qu’ils les visitent ; des experts attitrés, qu’ils les consultent. (…) Vous ne supprimerez pas cette lèpre de la contrefaçon, véritable prostitution de l’art, vous l’aggraverez au contraire, et vous n’arriverez, en fin de compte, qu’à accroître le nombre de vos ennemis. Eudel Paul, Le trucage, Paris, s.d., p.1. 2 AVANT-PROPOS Lors de ma quatrième et dernière année à l’école de restauration, l’INP-ifroa, Catherine Metzger, conservatrice au département des antiquités grecques étrusques et romaines du musée du Louvre, m’avait confié la restauration de trois fragments de peinture murale romaine antique. L’une de ces œuvres, la Scène égyptisante, s’est révélée être un faux au cours de l’étude. Hélène Eristov, responsable avec Mme Metzger de la partie historique de mon mémoire, m’a aiguillée sur la piste du faussaire Guerra et elle a attiré mon attention sur un article de Mariette De Vos concernant la Scène égyptisante. Dans cet article, l’auteur montrait que l’œuvre était une contrefaçon réalisée par Giuseppe Guerra et donnait également des indications techniques sur les méthodes du faussaire. Des examens ont alors été faits sur la Scène égyptisante aux laboratoires du Louvre et de l’INP, par Sylvie Colinart et Marie-Christine Papillon. Ils ont mis en évidence les caractéristiques techniques des œuvres de Guerra décrites par les contemporains du faussaire. À la suite de cette enquête, mon intérêt pour ces faux s’est nourri à la fois par ce qu’ils me semblaient véhiculer d’informations, d’histoires, …. Ma formation de restauratrice m’incitait également à approfondir ce sujet, du fait de la proximité qui semblait exister au XVIIIe siècle entre l’activité de faussaire de Giuseppe Guerra et le métier de restaurateur qu’il prétendait exercer. J’ai donc commencé un DEA à l’université Paris IV sous la direction de François Baratte, Nathalie de Chaisemartin et Hélène Eristov, parallèlement à mon activité professionnelle. J’ai alors constitué un premier catalogue d’œuvres présentant des contrefaçons de peinture antique du XVIIe au XIXe siècle, qui a servi de point de départ à cette thèse. Je souhaitais en effet poursuivre les recherches sur le faussaire Guerra et je voulais étudier le contexte qui lui avait permis de réaliser cette supercherie avec succès. Au cours des quatre années de thèse, j’ai eu la chance d’obtenir des bourses d’étude qui m’ont permis de me rendre à l’étranger, en Angleterre, grâce à la fondation Carnot, et en Italie. Les séjours que j’ai effectués à Rome, comme boursière de l’Ecole Française, puis comme pensionnaire de la villa Médicis, ont été très profitables pour mes recherches car ces deux 3 institutions m’ont aidée dans mes démarches. Elles m’ont en effet facilité l’accès aux réserves des musées et aux collections privées. Grâce à leur aide, j’ai pu observer dans de bonnes conditions plusieurs œuvres qui m’intéressaient en Italie. Enfin grâce à l’aide des conservateurs des musées français, et en particulier à Mme Avisseau-Broustet au cabinet des médailles de la bibliothèque nationale de France et à Daniel Roger au département des antiquités grecques étrusques et romaines du musée du Louvre, j’ai pu étudier les contrefaçons conservées dans ces collections dans des conditions exceptionnelles. Les analyses effectuées sur le Guerrier grec par Nathalie Buisson, ingénieur de recherche au laboratoire de la bibliothèque nationale de France m’ont été d’une grande aide dans la connaissance des matériaux utilisés par le faussaire Guerra. Ma formation professionnelle m’incite à aborder les œuvres sous leur aspect technique et m’aide dans l’expertise des faux lorsque j’ai l’occasion de les examiner. Dans cette thèse, je fais fréquemment usage de termes techniques lorsque je mentionne la technologie des œuvres et pour une meilleure compréhension j’ai placé un lexique à la suite de l’introduction. 4 REMERCIEMENTS Je tiens à remercier vivement mes professeurs, M. François Baratte, Mme Nathalie de Chaisemartin et Mme Hélène Eristov, pour m’avoir accompagnée de leurs conseils et de leur soutien durant ces quatre années. Sans eux ce travail n’aurait sans doute pas vu le jour. Je tiens tout particulièrement à remercier Hélène Eristov pour tout ce qu’elle a fait pour moi lors de ces quatre années d’étude. Son aide m’a été précieuse tout au long de l’élaboration de ce mémoire. Je suis très reconnaissante à M. Gaëtan Carnot, président de la fondation Carnot, de m’avoir octroyé la bourse de sa fondation pour un séjour à Londres. Ce séjour a fait avancer mes recherches et a eu pour résultat la publication d’un article dans la revue Patrimoines. Ce séjour n’aurait pas été possible sans l’aide de Mme Geneviève Gallot, directrice de l’INP et de Mme Astrid Brandt, directrice du département des restaurateurs à l’INP, et je les en remercie. Je remercie également M. Richard Peduzzi, directeur de la villa Médicis, ainsi que toutes les personnes de l’Académie de France à Rome qui m’ont aidée dans mes recherches. Toute ma gratitude va à Angela Stahl, au département d’Histoire de l’Art, qui par son aide m’a permis d’accéder à de nombreuses collections italiennes. Je remercie M. Michel Gras et M. Stéphane Verger de m’avoir accordé une bourse de deux mois à l’Ecole Française de Rome. J’ai grâce à eux découvert la bibliothèque de l’école. M. Yannick Nexon m’a permis d’accéder à la bibliothèque pendant toute la durée de mon séjour à la villa Médicis et je lui en suis reconnaissante. Je tiens à exprimer ma gratitude envers les conservateurs des musées français qui m’ont aidée dans mes recherches : Mme Catherine Metzger, conservateur au département des AGER du musée du Louvre, qui est à l’origine de cette recherche, puisqu’elle m’avait confié en 2002 la restauration de la Scène égyptisante. Elle m’a également engagée à écrire un article à ce sujet dans la revue du Louvre. Mme Mathilde Avisseau-Broustet, conservateur au cabinet des médailles de Bibliothèque Nationale de France, car elle m’a permis d’étudier les fragments de peinture murale romaine ayant appartenu au comte de Caylus. Elle a demandé des analyses 5 sur ces œuvres à Nathalie Buisson, ingénieur au laboratoire de la BnF, et je les remercie toutes les deux pour l’étude qui a été faite ainsi que pour l’intérêt qu’elles portent à mon travail. Je suis reconnaissante envers M. Daniel Roger, conservateur au département des AGER du musée du Louvre, pour avoir mis à disposition les œuvres qui m’intéressaient dans la collection. Enfin je tiens à remercier les nombreuses personnes qui m’ont apporté leur aide durant ce travail : Manuela Bazzali, Nicole Blanc, Maria Rosaria Borriello, M. et Mme de Breteuil, Lucilla Burn, Paola D’Alconzo, Mariette De Vos, Anne-Lise Desmas, Paola Di Giambattista, Emmanuel Eisenstaedt, Geneviève Galliano, Daniela Gallo, Pauline Horovitz, Ian Jenkins, Henri Lavagne, Roger Ling, Paolo Liverani, Anna Lo Bianco, Emmanuel Lurin, Linda McLeod, Gianna Musatti, Maria Luisa Nava, Gabriella Prisco, Maria Antonietta Tomei, Laurent Vallière, Lord Yardborough, Helen Whitehouse, William Whitney, ainsi que mes parents et mes amis. 6 TABLE DES MATIERES INTRODUCTION....................................................................................................................10 LEXIQUE.................................................................................................................................20 I. Origine de l’intérêt pour les peintures murales antiques..................................................22 A. Découverte des peintures murales antiques.................................................................22 1. Rome........................................................................................................................22 a) Copies par les artistes...........................................................................................22 b) Les fouilles au XVIIe siècle..................................................................................27 c) Peintures murales antiques dans les collections...................................................32 2. Premières contrefaçons de peintures antiques : peintures et mosaïque antiques de la collection Barberini..........................................................................................................51 a) La Parque Atropos...............................................................................................52 b) La Vénus Barberini..............................................................................................53 c) L’Enlèvement d’Europe.......................................................................................55 B. Copie et diffusion des peintures murales antiques.......................................................57 1. Copie de peintures antiques......................................................................................57 a) Rôle de la copie de peintures antiques.................................................................58 b) La copie de peinture antique à Rome au XVIIe siècle et dans la première moitié du XVIIIe siècle............................................................................................................63 2. Publications sur les peintures antiques trouvées à Rome.........................................83 a) Giovan Pietro Bellori...........................................................................................84 b) Turnbull, A Treatise on Ancient Painting, 1740..................................................90 c) Caylus...................................................................................................................97 C. Réception des peintures antiques aux XVIIe et XVIIIe siècles..................................106 1. Les peintures antiques prises comme modèle dans la peinture moderne aux XVIIe et XVIIIe siècles.................................................................................................................107 a) Peintures à l’huile sur toile.................................................................................107 b) Motifs inspirés de la peinture antique dans les peintures murales.....................110 2. Le débat sur la restauration des peintures antiques................................................117 3. Contrefaçons de peintures antiques........................................................................120 a) Esculape, Sept divinités......................................................................................121 b) L’Amour endormi..............................................................................................123 c) La collection du Docteur Mead..........................................................................124 II. Développement de l’intérêt pour les peintures murales antiques à l’extérieur de Rome131 A. Nouvelles découvertes de peintures antiques : Herculanum et Pompéi.....................131 1. Les fouilles et la dépose des peintures...................................................................134 a) La direction des fouilles : Alcubierre et Venuti.................................................134 b) La dépose des peintures : Joseph Canart............................................................138 2. Publications sur les découvertes d’Herculanum.....................................................140 a) Témoignages non-officiels sur les découvertes.................................................140 b) Le Antichità di Ercolano esposte.......................................................................153 3. Le Museo Ercolanese de Portici et son directeur, Camillo Paderni.......................159 a) Paderni dessinateur et graveur............................................................................160 b) Paderni, directeur du Musée de Portici..............................................................161 c) Relations avec les voyageurs étrangers et les Britanniques...............................164 B. Le Grand Tour............................................................................................................165 1. Les touristes et leur accueil à Rome et à Naples....................................................166 7 a) Personnalités influentes dans le milieu romain..................................................167 b) Le contrôle du Vatican sur le marché des antiquités..........................................174 c) La visite des sites romains..................................................................................177 2. Réflexion sur l’esthétique de la peinture antique...................................................183 a) La querelle des Anciens et des Modernes..........................................................183 b) La lecture de l’iconographie des peintures antiques au travers de la littérature antique........................................................................................................................193 C. Accroissement de la production de contrefaçons.......................................................195 1. Peintures antiques en vente à Rome et à Naples....................................................195 a) Vente clandestine...............................................................................................195 b) La découverte de la supercherie.........................................................................201 c) Giuseppe Guerra.................................................................................................221 d) Réglementation napolitaine contre le vol...........................................................233 2. Un terrain propice à l’apparition de contrefaçons d’antiquités..............................242 a) La Muse de Cortone...........................................................................................243 b) Jupiter et Ganymède...........................................................................................246 3. Autres types de contrefaçons..................................................................................251 a) Les reproductions d’antiquités...........................................................................251 b) Les mosaïques en relief......................................................................................253 c) Les bronzes et terres cuites.................................................................................256 d) Les inventions des marchands............................................................................259 III. Recherches sur la technique des peintures antiques et leurs conséquences sur la restauration et la contrefaçon.................................................................................................261 A. Recherches sur la technique.......................................................................................263 1. Les recherches des peintres....................................................................................263 a) Giovanni da Udine.............................................................................................263 b) Questions sur la technique de peinture romaine au XVIIe siècle.......................265 c) Recherches sur la pérennité de la peinture.........................................................267 2. Les recherches des théoriciens...............................................................................268 a) Les recherches du comte de Caylus....................................................................270 b) Requeno..............................................................................................................281 B. Mise au point de techniques et de produits spécifiques à la restauration des peintures murales antiques.................................................................................................................288 1. Mesures de conservation........................................................................................288 a) Conditions de conservation................................................................................288 b) Pâlissement des peintures...................................................................................290 c) Opérations de conservation................................................................................290 2. La dépose................................................................................................................293 a) Dépose a stacco e masello ou a masello............................................................294 b) Dépose a stacco..................................................................................................297 3. La retouche.............................................................................................................303 4. Le vernis.................................................................................................................305 C. Une forme de réception de la peinture murale antique : la contrefaçon....................311 1. Fabrication de la contrefaçon.................................................................................312 a) Iconographie.......................................................................................................312 b) La technique de fabrication du faux...................................................................319 2. L’invention de l’histoire de l’œuvre.......................................................................336 a) La provenance de l’œuvre..................................................................................336 b) Création d’une authenticité grâce à la publication antiquaire............................337 3. la détection des faux hier et aujourd’hui................................................................341 8 a) Analyse des pigments.........................................................................................342 b) Détermination de la technique de peinture à l’aide de méthodes scientifiques..343 c) Authentification de peintures suspectes.............................................................344 Conclusion..............................................................................................................................346 Bibliographie..........................................................................................................................350 Recueils de dessins consultés.................................................................................................417 VOLUME DEUX CATALOGUE………………………………………………………………………………430 ANNEXES…………………………………………………………………………………..536 Annexe 1 : CATALOGUE B……………………………………………………………..…537 Annexe 2 : CATALOGUE C………………………………………………………….…….544 Annexe 3 : Tableau récapitulatif des œuvres du catalogue A……………………………….559 Annexe 4 : Liste des peintures antiques découvertes au XVIIe siècle et début du XVIIIe siècle…………………………………………………………………………………………562 Annexe 5 : Recueils de dessins de peintures et mosaïques antiques …………………….…564 Annexe 6 : Préface du second tome des Antichità………………………………………….566 Annexe 7 : Technique de la peinture murale romaine………………………………………567 FIGURES……………………………………………………………………………………571 TABLE DES ILLUSTRATIONS…………………………………………………………...594 Ce mémoire est constitué de deux volumes. 9
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