Table des matières Couverture NON C’EST NON AVANT-PROPOS 1. SE DÉFENDRE, C’EST SE PROTÉGER (ET VICE VERSA) 2. CONNAÎTRE L’ENNEMI 3. L’AUTODÉFENSE MENTALE 4. L’AUTODÉFENSE ÉMOTIONNELLE 5. L’AUTODÉFENSE VERBALE 6. L’AUTODÉFENSE PHYSIQUE 7. APRÈS UNE AGRESSION 8. COMMENT CHOISIR UN COURS D’AUTODÉFENSE ? REMERCIEMENTS Irene Zeilinger NON C’EST NON Petit manuel d’autodéfense à l’usage de toutes les femmes qui en ont marre de se faire emmerder sans rien dire. Pour Anne, car c’est elle que je voudrais avoir à mes côtés si je dois affronter un danger. Lyber Zones Vous avez ici (http://www.editions-zones.fr/spip.php? page=lyberplayer&id_article=60) gratuitement accès au contenu des livres publiés par Zones. Nous espérons que ces lybers vous donneront envie d’acheter nos livres, disponibles dans toutes les bonnes librairies. Car c’est la vente de livres qui permet de rémunérer l’auteur, l’éditeur et le libraire, et… de vous proposer de nouveaux lybers… et de nouveaux livres. NOTE IMPORTANTE AVANT TOUTE LECTURE DE CET EBOOK Le contenu de cet ebook a été copié et mis en page à partir du site http://www.editions-zones.fr/spip.php?page=lyberplayer&id_article=60 Si vous visualisez cet ebook vous le savez certainement, mais pour être clair: cet ebook n’est pas autorisé par l’auteure ni par la maison d’édition. Ce livre est formidable, j’ai beaucoup appris en le lisant et je vous invite à consulter directement le site dont le lien est donné plus haut et surtout à acheter le livre papier car vous ferez un réel investissement pour votre futur de femme et surtout votre présent en plus de rémunérer l’auteure et l’éditeur. Je compte moi-même acheter et offrir ce livre à moi-même et aux femmes qui m’entourent dès que je serais financièrement en mesure de le faire. AVANT-PROPOS Permettez-moi de me présenter : je suis formatrice d’autodéfense pour femmes depuis maintenant près de quinze ans. J’ai travaillé avec de très nombreux groupes de femmes et de filles un peu partout en Europe et en Amérique latine. Comme beaucoup de femmes, j’ai conscience du risque d’être un jour confrontée à la violence. Plutôt que rester démunie, j’ai voulu chercher les meilleurs moyens de me protéger et, si nécessaire, de me défendre. Aujourd’hui, je voudrais vous transmettre ce que j’ai appris. Je voudrais vous montrer comment vous respecter vous-même et comment vous faire respecter tout en respectant les autres. La violence n’est pas une fatalité : nous pouvons toutes agir pour notre sécurité. Si je me suis mise à écrire, c’est parce que je ne trouvais pas en librairie de manuel d’autodéfense à recommander aux femmes qui suivent mes cours, à mes amies ou aux femmes de ma famille. Ce livre manquait, le voilà. Mais ce n’est pas seulement la pénurie de bons livres en autodéfense qui m’a motivée à coucher mes expériences sur le papier. Je le fais aussi parce qu’il nous faut des modèles, des images positives, des idées qui soulagent nos angoisses. Il nous faut du courage pour nous donner la permission de faire ce qui est nécessaire pour prendre notre vie en main. Tant que les femmes penseront que se défendre signifie être agressive, irrespectueuse, immorale, égoïste ou masculine, elles auront des difficultés à se donner cette permission. Si vous avez ouvert ce livre, c’est sans doute parce que vous voudriez savoir quoi et comment faire face à la violence. L’autodéfense pour femmes recouvre tous les petits et grands moyens qui rendent la vie plus sûre, et cela aux niveaux mental, émotionnel, verbal et, en dernier recours, physique. Il s’agit, autrement dit, d’une approche globale à la prévention des violences faites aux femmes. Vous trouverez ici des conseils qui vous permettront – je l’espère – de vous sentir plus forte, plus sûre de vous et plus apte à vous protéger et à vous défendre dans toutes les situations de la vie quotidienne. Rassurez-vous, après avoir lu ce livre, vous ne verrez pas des dangers partout, vous ne serez pas devenue paranoïaque. Au contraire, savoir comment vous protéger et vous défendre contre différents types d’agressions devrait plutôt accroître votre confiance en vous. Une plus grande confiance en soi, cela donne plus de choix, davantage d’autonomie et cela fait reculer le sentiment d’insécurité. Sachez cependant que ces pages ne peuvent pas se substituer à un vrai stage d’autodéfense en chair et en os. Il est en effet impossible de donner l’équivalent par écrit. En situation, on apprend plus et mieux, et puis il y a l’échange et le partage avec les autres participantes, le soutien qu’on y reçoit, la complicité, l’humour et les rires. Ne vous attendez pas non plus à ce que vous sachiez, après la lecture de ce livre, affronter toutes les situations possibles sans aucun risque pour votre intégrité. Vous y recevrez néanmoins des informations qui peuvent sauver votre vie, des invitations à réfléchir, à mettre en question les vieilles habitudes et adopter des comportements nouveaux. Le contenu de ce livre est le résultat de quinze ans de travail dans le domaine de la prévention des violences faites aux femmes et aux filles. Mais ce n’est pas pour autant que je détiens la vérité. Mettre en question mes affirmations et suggestions, trouver votre approche personnelle à l’autodéfense – vous ne pourriez pas faire mieux. En fin de compte, c’est vous qui vivez votre vie, et qui devez décider comment la vivre, quels conseils accepter et quelles stratégies adopter. Ne faites pas trop confiance aux expert/e/s, même quand c’est moi. Si j’étais une lectrice, je voudrais des conseils concrets sur la façon d’agir, une manière de penser qui a à voir avec ce qui se passe dans ma vie ; je ne voudrais pas que l’on m’impose des règles fixes ou des interdits, mais plutôt que l’on me fasse des propositions et que l’on me donne le choix. J’estime que nous sommes entre adultes et que je peux vous faire des propositions que vous êtes libre de prendre ou de laisser, ou encore d’arranger à votre sauce. Encore quelques remarques par rapport au langage que j’ai choisi dans ce livre. Tout d’abord, j’écris comme je parle dans mes stages, c’est ce que je sais faire de mieux. Je ne m’excuse pas non plus pour le fait que ce livre s’adresse aux femmes. C’est en vivant comme femme, en travaillant et discutant avec des femmes que j’ai pu développer le savoir que ce livre vous présente. Expliquer comment se défendre contre quelqu’un implique qu’il y a un autre contre qui l’on doit se protéger. Je parlerai donc d’un agresseur, à la forme masculine, parce que la plupart des agressions faites aux femmes leur sont faites par des hommes. Je ne veux pas par cela sous-entendre que tous les hommes seraient des agresseurs potentiels. De même, si je parle dans les pages suivantes de « victimes », il ne s’agit en aucune manière de personnes passives qui seraient irrémédiablement livrées à leur destin. Devenir victime, ce n’est pas la même chose que devenir aveugle, par exemple. Ce n’est pas un état irréversible, et avoir été victime dans une situation ou à un certain moment de ma vie ne veut pas dire que je dois le rester pour le restant de mes jours. J’utilise le terme victime au sens où ces personnes ne sont pas responsables de la violence qui leur est ou leur a été faite, au sens où elles n’ont pas choisi d’être victimes et où elles n’étaient pas non plus nées pour l’être. Les victimes, comme je l’entends, sont des personnes qui se trouvent confrontées à une réalité souvent brutale et qui font de leur mieux pour s’en sortir et survivre. Je propose des stratégies et des instruments de défense dont je pense qu’ils ont le plus de chances d’aboutir, et je déconseille des outils que je trouve risqués. Ceci ne veut pas dire qu’il y a une « bonne » et une « mauvaise » manière de se défendre. Personne parmi nous ne sait d’avance ce qu’elle ferait dans une situation où sa vie est en danger. Tout ce qu’une femme fait dans une telle situation, tout ce qui sauve sa vie est bon – même si cela me contredit. Parce que vous le valez bien, et parce que nous avons toutes le droit à plus que juste survivre ou à vivre éternellement la peur au ventre. 1. SE DÉFENDRE, C’EST SE PROTÉGER (ET VICE VERSA) Les femmes vivent d’autres formes de violences que les hommes, et elles les vivent différemment. Leurs craintes et leur sentiment d’insécurité se focalisent sur d’autres situations et sur d’autres risques. Dans ce livre, nous verrons comment notre éducation et notre socialisation en tant que femmes nous préparent – mal, le plus souvent – à faire face à des agressions, la plupart du temps commises par des hommes qui, eux, ont appris le vocabulaire de la violence. Nous verrons surtout que se défendre ne consiste pas en quelques coups de karaté bien placés. Il nous faut plus : le sens de notre propre valeur, la permission que nous nous donnons de nous défendre, la présence d’esprit, la maîtrise de nos émotions, un sixième sens pour détecter le danger, des stratégies pour prévenir la confrontation physique… C’est tout cela qu’enseigne l’autodéfense féministe. L’AUTODÉFENSE, QU’EST-CE QUE C’EST ? Si vous cherchez « autodéfense » sur Internet, vous trouverez des sites d’arts martiaux ou de protection personnelle. Or ce n’est pas ce que, moi, j’entends par autodéfense. L’autodéfense, ce n’est pas du karaté le costume en moins ! Pour être véritablement capables de nous protéger et de nous défendre, il nous faut savoir tout autre chose que simplement casser des briques à main nue. Certes, ces pratiques peuvent augmenter la capacité d’une femme à se protéger et à se défendre physiquement, mais elles ne tiennent pas suffisamment compte de notre situation spécifique. Exercer pendant des années des techniques difficiles et compliquées, c’est sans doute bon pour la confiance en soi et, dans certaines conditions, peut-être aussi pour la santé. Mais ces techniques sont-elles réellement utilisables dans une situation de grand stress ? L’AUTODÉFENSE NE CASSE PAS DES BRIQUES Les confusions entre autodéfense et arts martiaux ont une origine historique : la plupart des arts martiaux ont d’abord été conçus comme des pratiques d’autodéfense, avant de devenir des sports. Certains ont même servi de base aux techniques d’autodéfense pour femmes développées à partir des années 1970 en Europe et en Amérique du Nord. Mais les arts martiaux sont la plupart du temps pratiqués dans un contexte très hiérarchique et traditionnel où peu de femmes réussissent à se faire une place à l’égal des hommes. Non parce qu’elles seraient moins douées ou moins fortes, mais parce que, dans ces espaces, elles doivent souvent se battre pour le moindre gramme de légitimité. J’ai entendu des profs d’arts martiaux faire des commentaires machistes sans que cela suscite la moindre critique. Dans certains dojos, les hommes refusent de s’entraîner sérieusement avec des femmes, au prétexte qu’elles seraient trop fragiles, ou par peur de ne pas toujours avoir le dessus… Un instructeur d’art martial qui ne comprend pas que les femmes abordent ses cours avec un rapport spécifique à la violence, très différent de celui des hommes, pourra difficilement leur enseigner l’autodéfense. Il leur apprendra peut-être un art martial version « allégée », mais c’est tout. Bon ! Mais qu’est-ce alors que l’autodéfense féministe ? J’ai trouvé une définition qui devrait plaire à toutes ses praticiennes : l’autodéfense comprend tout ce qui rend nos vies plus sûres. Pour pouvoir se défendre soi-même physiquement (ce que je voudrais d’ailleurs pouvoir éviter), il faut y être prête psychologiquement. C’est pourquoi les chapitres suivants vous parleront d’autodéfense mentale, émotionnelle et verbale, et pas seulement d’autodéfense physique. L’AUTODÉFENSE FÉMINISTE SERT À : - augmenter sa confiance en soi, connaître ses limites, comprendre que l’on vaut la peine de se défendre et que l’on en a le droit ; - repérer des situations potentiellement dangereuses, les évaluer et choisir sa stratégie en fonction des circonstances ; - poser ses limites face à tout ce qui est désagréable et évitable ; - se protéger et se défendre par tous les moyens contre les agressions que l’on n’arrive pas à désamorcer en amont. L’autodéfense nous permet d’éviter ou de faire cesser des situations nuisibles et de prendre le contrôle de notre vie dans beaucoup de situations, où, sans elle, nous nous sentons démunies et sans issue. Comme elle nous offre davantage de choix au quotidien, elle peut augmenter notre bien-être et notre qualité de vie. Elle vous servira indirectement, même si vous n’avez jamais l’occasion d’utiliser votre corps pour vous défendre – et j’espère que vous n’aurez jamais besoin de le faire. Elle peut aussi aider, après des traumatismes violents, à rompre le cercle vicieux de la vulnérabilité et à redonner confiance en soi à des femmes victimes de violence. Elle peut également, en dernière extrémité, vous permettre de sauver votre vie ou celle des personnes que vous aimez. L’autodéfense est tout d’abord un instrument de la prévention primaire de la violence. Ce type de prévention a pour objectif d’agir avant que la violence n’ait lieu, pour qu’elle n’ait pas lieu. C’est pourquoi elle englobe tout ce qui rend nos vies plus sûres : savoir calmer un fou furieux, mettre un terme verbalement à des situations d’agression, prendre la fuite dans des circonstances qui ne nous donnent aucune chance de préserver notre intégrité – autant de savoir-faire qui nous évitent d’avoir à nous défendre bec et ongles. C’est pourquoi l’autodéfense a peu en commun avec ce que fait Bruce Lee (ou Lara Croft, tant qu’on y est). Prévention primaire, cela veut dire éviter les risques en rendant les femmes et les filles moins vulnérables à la violence et en même temps plus fortes et plus conscientes de leur force. Cela ne veut pas dire que, pour une lectrice qui a déjà vécu de la violence, il serait trop tard pour apprendre à se défendre. Au contraire, vous avez d’autant plus de raisons de le faire : pour vous sentir forte et regagner votre indépendance, pour apprendre d’autres stratégies encore que celles qui vous ont permis de survivre et pour donner un sens et une place à votre vécu. Par ailleurs, ce n’est pas parce que nous avons déjà subi des violences que cela ne se reproduira pas. L’objectif de prévention de la violence reste encore valable après une éventuelle première attaque. À la mention du mot « autodéfense », la plupart des gens pensent uniquement à la défense physique, et à une agression commise par un inconnu. Or l’autodéfense féministe est beaucoup plus vaste : elle propose des outils pour prévenir les transgressions de limites de toutes sortes, y compris le harcèlement, les agressions physiques et sexuelles. Bien que la défense physique reste un élément important, les cours d’autodéfense féministe se focalisent sur la manière de mettre un terme aux différentes formes de violence le plus tôt possible, de préférence avant qu’il y ait eu agression physique ou sexuelle. C’est pourquoi les stratégies verbales et le travail sur la confiance en soi y prennent une place toujours croissante, en lien avec les résultats de la recherche féministe et l’analyse sociale des différentes formes de violence. Il s’agit d’une approche complexe fondée sur la notion du droit à l’intégrité et à l’autonomie. L’autodéfense a pour but de mettre en question la construction des genres, de ce que nous comprenons comme masculin ou féminin dans notre société et qui cause, banalise et justifie les violences faites aux femmes. Elle cherche à développer les ressources des femmes et à augmenter leur capacité d’action. Elle accroît leur répertoire d’attitudes et de comportements afin de se protéger. Le vécu et le savoir des femmes en sont le point de départ. Elle vise à développer et à tester différentes stratégies de prévention à la violence pour que chacune trouve les moyens qui lui conviennent, en fonction de ses choix personnels et grâce à la solidarité entre femmes. L’autodéfense féministe part donc de l’analyse des situations réellement dangereuses pour les femmes. Elle tente de réagir à une agression le plus tôt possible, idéalement avant qu’une intervention physique ne soit nécessaire. Et surtout : l’autodéfense ne sert pas à gagner, elle sert à survivre. PETITE HISTOIRE DE L’AUTODÉFENSE FÉMINISTE Il a toujours existé des femmes combattantes : dans les différentes armées et rébellions au cours de l’histoire, et encore aujourd’hui un peu partout dans le monde. Les femmes peuvent être héroïnes nationales, assassines, brigandes, pirates… tout comme les hommes, et elles l’ont prouvé à maintes reprises. Mais
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