Neuf ans après Julianna Morris Collection Horizon Résumé : Revoir par hasard Tyler, son amour de jeunesse, presque dix ans après leur séparation, trouble profondément Mégan. Non content d’avoir réussi avec brio dans les affaires, ne vient-il pas d’être élu « l’homme le plus sexy d’Amérique » par les lectrices de magazines féminins ? Pourtant, au lieu d’être flatté par les attentions de Tyler, manifestement désireux de renouer le fil de leur histoire, la jeune femme, très affectée par le récent échec de son mariage, résiste à ses avances… Prologue — Ce qu'il est beau... Megan O'Bannon regarda sa fille Kara, âgée de sept ans, et soupira. — C'est vrai; il est très séduisant. Kara tourna la page du magazine qui absorbait ses pensées depuis une semaine à cause de l'article sur Tyler O'Bannon, self-made man devenu multimillionnaire et doté d'un charme fou. — Et c'est vraiment un parent à moi? — Ton père était cousin au deuxième ou troisième degré avec Tyler. Ce n'est pas un lien très proche. D'autant qu'il n'a jamais tellement fréquenté la famille. — Tu sais, maman, il viendrait peut-être à la réunion si on l'invitait. Il habite San Francisco, ce n'est qu'à quelques heures de route. Megan massa ses tempes douloureuses. Depuis une semaine, elle consacrait tout son temps et son énergie à l'organisation de la réunion qui rassemblait tous les trois ans les membres de la vaste famille O'Bannon et se tenait cette fois chez elle. L'auberge qu'elle avait ouverte à la mort de son mari constituait un lieu idéal pour ce genre de rencontre; cependant, toutes ces discussions au sujet de Tyler O'Bannon lui embrouillaient les idées. D'anciens souvenirs refluant à sa mémoire, elle ferma les yeux. C'était à l'occasion de ses fiançailles qu'elle avait fait la connaissance de Tyler, et dès leur premier contact, l'expression de son regard sombre l'avait troublée. Ensuite, pendant quelque temps, il avait assisté à la plupart des réunions familiales, l'observant avec un air de perpétuelle désapprobation, puis il avait cessé de venir. — Pourquoi ne vient-il jamais nous voir? demanda justement Kara. Je croyais qu'il avait vécu chez grand-père et grand-mère à une époque ? Megan haussa les épaules. — Durant quelques mois seulement. Ils ont appris tardivement que ses parents étaient décédés et qu'il avait été placé dans un foyer pour enfants. Alors, ils sont allés le chercher et l'ont ramené en Californie. C'était juste avant son dix-huitième anniversaire. Mais il n'a jamais réussi à s'intégrer vraiment à la famille. Kara soupira. — IL faut l'inviter, maman. Il n'a pas d'enfants, il doit se sentir si seul ! Le ton de la petite fille aurait pu donner à croire que Tyler était un vieillard oublié de tous au lieu d'un solide gaillard de trente-quatre ans, mordant la vie à pleines dents. — Je suis sûre qu'il va très bien, assura Megan. Par-dessus l'épaule de sa fille, elle jeta un coup d'œil au magazine et un frisson familier la parcourut. « L'homme le plus séduisant d'Amérique », titrait l'article. Et le qualificatif n'était pas usurpé. Même si, à la suite de son malheureux mariage, Megan avait juré de ne plus s'intéresser aux hommes, l'évocation de Tyler ne manquait jamais de l'émouvoir. Kara ne tarda pas à revenir à la charge. — Grand-mère Eleanor serait si heureuse de le revoir, maman ! Elle qui ne se porte pas trop bien en ce moment, je suis sûre que ça la remettrait sur pied. Tout en se sachant manipulée par sa fille, Megan ne pouvait rejeter ce dernier argument. D'accord, je vais l'inviter... Ignorant la jubilation de l'enfant, Megan sortit une feuille de papier à lettres. Tant de temps s'était écoulé; elle ne parvenait pas à imaginer Tyler se présentant à sa porte. Enfin, du moins comblerait-elle de joie Kara et sa grand-mère en l'invitant. 1 « Auberge O'Bannon. Bed and Breakfast. » La pancarte oscillait dans son cadre de fer forgé agrémenté à chaque coin d'un délicat motif floral. Dessous, une seconde pancarte indiquait : « Fermé pour la saison. » Tyler O'Bannon emprunta une large allée bordée d'arbres et déboucha un peu plus loin sur une maison de style victorien restaurée avec goût. Une bonne vingtaine de voitures se trouvaient garées sur le parking et dans le jardin se déroulait une partie de fers à cheval. Il examina plus attentivement le groupe, cherchant à reconnaître un visage, en vain. Tant de temps s'était écoulé depuis sa dernière visite ; et puis, Eleanor et Grady mis à part, il n'avait jamais vraiment bien connu les différents membres de la famille. Le couple s'était jadis montré bon avec lui; malheureusement, les adolescents ombrageux ne sont pas toujours réceptifs à la bonté. Un sourire amer joua sur les lèvres de Tyler. Durant son bref passage chez Eleanor et Grady O'Bannon, il ne leur avait causé que des ennuis. A cette époque, il était à la fois trop fier et trop têtu pour s'attendrir sur le sort d'autrui. Tyler gara sa Mercedes entre un pick-up et un vieux break et descendit de voiture. Sa poche contenait une notice d'information sur la réunion accompagnée de deux lettres. L'une provenait d'Eleanor expliquant qu'elle ne se sentait pas très bien ces derniers temps et que, craignant que ce ne soit sa dernière réunion de famille, elle souhaitait vivement sa présence. La seconde lettre émanait d'une petite fille qui le suppliait de se joindre à eux pour l'événement. Un post-scriptum de la mère de l'enfant précisait qu'il ne devait pas se sentir obligé de venir si ses occupations ne le lui permettaient pas. Et elle avait cru bon d'ajouter qu'il ne se souvenait sans doute pas d'elle, Megan, la veuve de son cousin Brad... Ne pas se souvenir de Megan ? Sourcils froncés, Tyler se dirigea vers l'entrée de la maison. Il avait rencontré Megan lors de la réception donnée pour ses fiançailles avec Brad et immédiatement éprouvé un vif sentiment pour elle. Seulement, les circonstances se prêtaient mal à un aveu, bien sûr, même s'il pressentait que Brad avait trop de défauts pour que leur union soit une réussite. La main sur la poignée de cuivre poli, Tyler s'immobilisa. Il aurait aimé croire qu'il assistait à cette réunion uniquement pour complaire à Eleanor mais pour être sincère avec lui-même il devait reconnaître que sa présence n'était motivée que par le désir de revoir Megan. Il ne souhaitait peut-être ces retrouvailles que pour s'assurer qu'il en avait terminé avec elle et que tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes. Elle aurait souffert avec un mari désargenté, et il aurait trouvé injuste de ne pouvoir lui offrir la vie facile que son cousin était en mesure de lui procurer. Exact? « Exact », marmonna-t-il, sachant, au fond de son cœur, qu'il n'était pas entièrement convaincu. Tout en hochant la tête, il traversa l'entrée pour pénétrer dans le hall de l'auberge. Deux lustres de cristal pendant du haut plafond éclairaient la pièce et le vaste escalier. Apercevant, à quelques mètres de lui, une jeune femme s'entretenant avec une petite fille, son cœur se mit à battre plus fort. Il s'agissait de Megan, et de sa fille, probablement. Pour une raison qu'il ne souhaitait pas expliciter, il fut heureux de constater que l'enfant ressemblait à sa mère plutôt qu'à son père. — Nous ne pouvons mettre Reece et Jessie dans la même chambre, expliquait Megan, passablement agacée. — Mais puisqu'ils sont fiancés ! protesta la fillette.