ebook img

N° 9016 LES RAPPORTS CAPITAL-TRAVAIL A L'AUBE DU XXlè SIECLE Alain LIPIETZ PDF

47 Pages·2017·2.13 MB·French
by  
Save to my drive
Quick download
Download
Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.

Preview N° 9016 LES RAPPORTS CAPITAL-TRAVAIL A L'AUBE DU XXlè SIECLE Alain LIPIETZ

N° 9016 LES RAPPORTS CAPITAL-TRAVAIL A L'AUBE DU XXlè SIECLE Alain LIPIETZ . RESUME LES RAPPORTS CAPITAL-TRAVAIL A L'AUBE DU XXlè SIECLE Il n'y a pas une seule issue à la crise des relations professionnelles de type fordiste. Deux orientations principales sont possibles ("flexibilité" et "implication négociée". Elles ne sont pas entièrement compatibles entre elles, ni compatibles avec toutes les situations nationales ou régionales. On étudie d'abord les possibilités ouvertes dans les pays de l'OCDE puis on élargit la perspective à l'Europe de l'Est, à la Chine, l'Inde et quelques Nouveaux Pays Industrialisés. On analyse ensuite les différentes forces causales qui influenceront les évolutions dans ces divers territoires,.et la possibilité d'une coexistence de ces évolutions, en prenant en compte les contraintes macroéconomiques, écologiques et sociales. MOTS CLES: PROSPECTIVE - RAPPORT SALARIAL. ABSTRACT CAPITAL/LABOUR RELATIONS: A WORLDWIDE PROSPECTIVE This paper shows that there is nota single way out of the cr1s1s of "fordist-type" Capital-labour relations. Two main directions are possible ("flexibility" and "negotiated involvement"). They are not completely mutualy consistent, and they are not consistent with any given regional situation. The paper first studies the possibilities of these alternative solutions in the various OECD countries. Then it extend the analysis to Eastern Europe, China, India, and some Newly Industrializing Countries. Then it analyses the different causal forces which will influence the outcome in each territory, and the possibility to combine these solutions between territories. Social, ecological, and macroeconomic constraints are considered. KEY-WORDS: PROSPECTIVE - INDUSTRIAL RELATIONS J.E.L. CODE: 830 3 LES RAPPORTS CAPITAL-TRAVAIL A L'AUBE DU XXIè SIECLE * I - INTRODUCTION METHODOLOGIQUE Prévoir l'avenir des rapports capital/travail est loin d'être une tâche facile. Il existe déjà un large spectre de relations professionnelles, même à l'intérieur des pays capitaliste avancés. De plus, dans ces mêmes pays, les divergences s'accroîssent, en opposition aux années cinquante-soixante, où un modèle plutôt unifié avait prévalu : le "fordisme". C'est peut-être une situation transitoire : la crise du monde ancien entraîne une période de recherche tâtonnante de nouveaux "paradigmes industriels", de nouvelles règles du jeu dans l'organisation du travail salarié 1 Il reste possible qu'émerge un • nouvel ordre paradigmatique. Mais on peut aussi imaginer que la marche du fordisme vers l'hégémonie n'ait été qu'une "success-story" unique dans l'histoire du capitalisme. L'avenir nous présentera peut-être une situation beaucoup pl us floue, avec une coexistence de pl us i eurs types de rapports capital/travail, même dans un seul pays: une configuration de modèles complèmentaires de relations professionnelles. De plus, un "ordre paradigmatique" n'est peut-être qu'une création du théoricien, une simplification de la réalité sans forme, une stylisation subjective de l'empirie * Ce texte est une version préliminaire de la conclusion d'un programme de recherches de l'Université des Nations Unies (WIDER, Helsinki), coordonné par S. MARGLIN et J. SCHOR. Les différentes études, dont cet essai vise à la synthèse, sont citées dans la bibliographie comme "Projet WIDER"; ils représentent un large échantillon de situations dans le monde entier (Nord, Sud, Est, Ouest). Je remercie le WIDER pour son soutien financier à ce programme de recherche, et les participants pour leurs critiques de mon essai de synthèses, dont j'assume néanmoins la seule responsabilité. 4 chaotique. Ni le fordisme ni le taylorisme n'ont jamais existé comme pur reflet de leurs modèles ! Après toutes ces précautions oratoires, il semblerait que l'analyse prospective des relations capital/travail, ou d'ailleurs n'importe quelle analyse prospective des formes sociales, soit inutile. Pourtant, il y a de bonnes raisons de croire que les rapports sociaux obéissent à un ordre, et tendent à s'adapter à des formes typiques. Le meilleur argument est que tous les agents qui participent à la mise en forme des rapports sociaux sont eux-mêmes des sujets qui poursuivent des buts dans des situations similaires: optimisation de l'efficience, ou du moins comportement satisfaisant, de façon à survivre à travers les intérêts conflictuels de la concurrence. Au cours de ce processus, ils tendent à imiter les expériences des autres, ils li sent des livres de management, des journaux d'affaires, des éditoriaux, ils suivent des modes. Les gens apprennent. L'analyse prospective concerne la possibilité d'une convergence au cours de ce processus d'apprentissage. Pourtant il n'y a pas de raison de croire qu'il n'y ait qu'une seule solution dans ce processus de mise en forme des rapports sociaux. Dans le champ des relations professionnelles, cette idée est souvent liée à l'hypothèse d'un progrès objectif des forces productives, auxquelles les rapports sociaux devraient s'adapter à travers le processus d'apprentissage. Cette idée, commune au vieux texte marxiste et à beaucoup d'écrits d'actualité sur <<les exigences de la révolution informatique>>, est réfutée par les observations empiriques évoquées dans les études dont nous allons tenter de présenter une synthèse. En fait, entre l'évolution technologique et la stabilisation de relations professionnelles typiques, s'étend le vaste champ des conflits sociaux, influencés par les traditions d'accords antérieures, nationales ou même locales. Un paradigme industriel est un compromis social, accepté bon gré mal gré par les dirigeants et par les travailleurs. De plus, ce paradigme contribue à mettre en forme et à diriger l'évolution technologique elle même. L'analyse prospective 5 n'est pas un art purement spéculatif: elle doit s'enraciner dans l'examen des évolutions présentes. Heureusement (du moins pour le prospectiviste) l'année 1989 a spectaculairement simplifiée la situation. En quelques mois, avec l'immense et tragique (mais probablement temporaire) exception de la République Populaire de Chine, et les exceptions anecdotiques de la Corée du Nord, du Vietnam, de Cuba et de l'Albanie, les pays socialistes ont reflué vers l'acceptation explicite de la supériorité des relations capital/travail "normales", c'est-à-dire : celles qui sont basées sur des firmes produisants des marchandises et organisées par des dirigeants louant de la force de travail. Aujourd'hui il est presque sûr que l'aube du XXIè siècle sera capitaliste. Mais quel capitalisme? Cela reste la question. Si les relations professionnelles complexes des pays de l'Est, telles qu'analysées par KOLLO [1990], ont de fortes chances de se transformer en curiorités du passé, l'avenir des anciens pays "socialistes" est loin d'être défini. Leur procès d'apprentissage et d'imitation peut tendre à converger vers le modèle britannique, le modèle suédois, ou n'importe quel type original de .. compromis social. Car, comme BOYER [1990] nous le rappelle, il n'y a pas d'accord à l'intérieur de l'OCDE sur ce que sont aujourd'hui les "formes normales" pour les relations professionnelles capitalistes. De plui, avec l'effondrement de "la voie orientale au socialisme", toutes les "voies nationales au socialisme" dans le tiers monde, de l'Inde à l'Algérie, ont perdu leur attrait. Là, les relations capital/travail se présenteront certainement comme un i ncroyab 1e mélange de formes s'étendant de 1a petite production dégénérée à des modalités quasi japonaises de salariat (voir l'exemple indien dans MOHAN RAO [1990]). Mais est-ce que les évolutions principales conduiront à un "type brésilien" à la AMADEO-CAMARGO [1990] ou à un "type coréen" à la VOU [1990]? Et faut-il s'attendre à une nouvelle hiérarchie mondiale selon les choix des nations vers tel ou tel type de relations professionnelles? 6 Encore une fois l'avenir apparaît très sous-déterminé. Pourtant il existe encore des limites. Les relations professionnelles doivent être cohérentes. D'abord elles doivent être cohérentes en elles-mêmes, c'est-à-dire entre leurs différents aspects: contrat salaria1 , organisation du travail, reproduction sociale d'une force de travail convenablement qualifiée. Ensuite, elles doivent être cohérentes avec le complexe plus large de la vie sociale dans des territoires concrets: avec les buts généraux, les règles de vie acceptées en commun dans la société. Troisième, elles doivent être cohérentes avec la macroéconomie d'un quelconque régime d'accumulation aussi bien au niveau national qu'international. Enfin, et ce n'est pas la moindre des conditions, la situation écologique mondiale impose maintenant des contraintes très fortes sur la généralisation de la plupart des modèles. Cela ne signifie pas qu'à l'aube du XXIè siècle ces contraintes seront prises en compte ! Mais si elles ne le sont pas, le milieu du siècle prochain risque d'être hors de tout contrôle humain. Toutes ces contraintes "socio-logiques" vont limiter la possibilité de stabilisation de nouvelles relations professionnelles. Bien des choses peuvent arriver, mais pas n'importe quoi. Des situations déséquilibrées, entraînant par exemple un endettement cumulatif, pourront se développer quelque temps (telle que la croissance brésilienne des années 70, ou la croissance des Etats-Unis dans les années 80), mais ce ne seront pas des régi mes stabilisés, et la prospective ne peut pas les prendre en compte. Tirons quelques conclusions à ce point de notre réflexion. * La technologie offre des potentialités, elle ne détermine pas l'avenir. * Les agents sociaux essaient de se tirer d'une situation de crise des anciens accords. Ce faisant ils luttent les uns contre les autres à la recherche de nouveaux compromis. La direction de ces recherches est influencée par le défi de la crise des anciens compromis. Les agents sociaux cherchent des réponses encore non existantes à des questions existantes. Les réponses proposées par les 7 forces sociales dans quelque pays que ce soit dépendent des traditions et de 1 'expérience 1o ca 1e s. Il en résulte que ces réponses ont p1 u s de chance d'émerger dans certains pays. Cependant quelques unes de ces réponses peuvent devenir hégémoniques au niveau mondial, par un processus d'imitation des expériences les plus réussies. * Mais des réponses partielles ne peuvent être choisies à la "carte". Il n'y a que quelques "menus" qui soient cohérents. Et tous les menus ne sont pas cohérents entre eux. Ces considérations nous conduisent à adopter la procédure suivante. Dans la section 2 nous commençons par l'analyse des impasses de l'ancien paradigme qui fut hégémonique dans 1e s pays capi ta1 i stes avancés : 1e fordi sme. Les réponses di sponi bl es à ces impasses nous fournirons quelques menus autoconsistants (en fait nous n'en sélectionnerons que deux). Quelques pays nous paraîtrons se diriger typiquement vers l'un de ces menus. Mais ce n'est pas une preuve de leur stabilité future. Dans la section 3 nous étendons l'analyse à l'Est et au Sud. Dans la section 4 nous considérerons les contraintes pesant de l'extérieur sur les "menus" de relations professionnelles. Contraintes écologiques, sociales, et macroéconomiques. Cela ne réduira pas le champ des menus cohérents, mais cela soulignera les difficultés et les chances de leur généralisation. Dans la conclusion on évoquera trois scénarios mondiaux concevables. II - DEUX DIRECTIONS DE SORTIE DU FORDISME. Pendant toute la période après la deuxième guerre mondiale, deux modèles de développement furent proposés aux pays en développement: le modèle occidental et le modèle "socialiste". Ce dernier a aujourd'hui reconnu son échec total, et la "Perestroika" n'est encore rien d'autre qu'un slogan, certainement pas un modèle achevé. Pendant ce temps, le capitalisme dans le Nord Ouest du monde a connu son Age d'Or. Le modè 1e de déve 1o ppement de cet Age d'Or ( que nous 8 appelons ici "fordisme") a connu une crise majeure au long des années 70-80, mais personne ne pense qu'il s'agisse de la "crise finale du capitalisme". Au contraire, plusieurs réformes ont été proposées pour ce modèle, et à la fin des années 80 toutes ces réformes semblent se combiner en donnant des résultats plus ou moins prometteurs. Nous pouvons en déduire que le sort du fordisme et les voies de sorties de sa crise seront encore une fois déterminantes pour l'avenir des rapports capital/travail à travers le monde. D'où notre choix de commencer par le fordisme, sa crise et ses issues, et d'étendre ensuite ces considérations au Sud et à l'Est. 1°) L'essor et la chute de l'Age d'Or 2 • Rappelons d'abord brièvement ce que fut le fordisme. Comme tout modèle de développement, on peut l'analyser sur trois plans. * En tant que principe général d'organisation du travail (ou "paradigme industriel"), le fordisme c'est le taylorisme plus la mécanisation. Taylorisme signifie : une stricte séparation entre la conception du processus de production, qui est la tâche du bureau des méthodes et de l'organisation, et d'autre part l'exécution de tâches standardisées et formellement prescrites au niveau de l'atelier. La mécanisation est la forme de l'incorporation du savoir collectif du bureau des méthodes dans l'appareillage matériel (aussi bien le hardware que le software). Selon ce principe, l'implication des travailleurs est supposée ne pas être requise dans la mise en oeuvre des prescriptions du bureau des méthodes. *Entant que structure macroéconomique (ou régime d'accumulation, ou structure sociale d'accumulation), le fordisme impliquait que les gains de productivité résultant de ses principes d'organisation avaient leur contrepartie d'une part dans la croissance des investissements financés par les profits et d'autre part dans la croissance du pouvoir d'achat des travailleurs salariés. Il en résultait que la part des salaires dans la valeur ajoutée et le coefficient de capital en valeur restaient en gros constants, que donc le taux de profit était à·peu 9 près stable et que les débouchés pour la production de biens de consommation et de production croissaient parallèlement à la productivité. *Entant que système de règles du jeu (ou en tant que mode de régulation), le fordisme impliquait une contractualisation à long terme du rapport salarial, avec des limites rigides aux licenciements, et une programmation de la croissance du salaire indexé sur les prix et sur la productivité générale. De plus, une vaste socialisation des revenus à travers l'Etat-providence assurait un revenu permanent aux travailleurs salariés. La contrepartie en était l'acceptation par les syndicats des prérogatives de la direction. De la sorte, aussi bien les principes d'organisation du travail que la structure macroéconomique étaient respectés 3 • Ce modèle de développement fut le résultat de trouvailles et d'un processus d'apprentissage par imitation. Les principes tayloriens conquirent l'hégémonie tout au long de la première moitié du siècle. Henry Ford et J.M. Keynes popularisèrent l'idée que la demande compte, et que la demande de la part des salariés est la base la plus stable pour la demande agrégée. Les luttes des travailleurs et les changements politiques des années 30, sous la présidence de Roosevelt ou dans les social es démocraties européennes, imposèrent les nouvelles règles du jeu. Les compromis sociaux de la période rooseveltienne furent généralisés dans l'Europe libérée et le Japon vaincu après la deuxième guerre mondiale, aussi bien par l'administration du plan Marshall que par le soutien des syndicats américains aux syndicats européens réformistes 4 Cette • croisade pour l "'American Way of Life" fut confortée par les poussées nationales du mouvement ouvrier européen qui apportèrent des améliorations importantes au modèle (par exemple, l'élaboration européenne de l'Etat-providence suivant les lignes du rapport Beveridge). Le succès du modèle d'Age d'Or était donc tiré par les salaires sur le marché intérieur de chaque pays capitaliste avancé pris séparément. La contrainte extérieure était limitée par la coïncidence de la croissance dans ces 10 pays, par l'importance limitée de la croissance du commerce international re 1a t i vement à 1a croissance des marchés intérieurs, et par 1 'hégémonie de l'économie des Etats-Unis. Pourtant, à la fin des années 60, la stabilité du sentier de croissance de 1 'Age d'Or fut mi se en question. La première et 1a p1 u s évidente rai son apparut du "côté de la demande". La compétitivité s'égal-isa entre les Etats Unis, l'Europe et le Japon. La recherche d'économies d'échelle induisait une internationalisation des processus productifs et des marchés. La croissance du prix des matières premières importées du Sud (en particulier le pétrole) attisa la concurrence pour les exportations au début des années 70. La régulation de la croissance des marchés intérieurs à travers la politique salariale était maintenant compromise par la nécessité d'équilibrer le commerce extérieur. Face à cette crise du "côté de la demande", la réaction des élites internationales fut clairement kénésienne. La grande idée était de coordonner (via l'OCDE, le Fonds Monétaire International, la Commission Trilatérale, les Sommets des Sept, etc ... ) 1e mai nt i en de 1a demande mond i a1 e . Ce fut très clairement la ligne du premier sommet économique de Rambouillet en 1975. On a par la suite remarqué que les politiques réellement mises en oeuvre étaient sous-optimales du point de vue de la demande 5• Mais au moins, il était entendu par tout le monde qu'il fallait se préoccuper de la demande effective. En fait, la croissance du salaire réel ralentit spectaculairement, de plus en plus d'entreprises dél oca 1i sèrent 1e urs étab 1i ssements vers des zones non syndicalisées, ou sous-traitèrent dans des pays du tiers monde, mais les structures de base de mode de régulation précédent furent maintenues dans les pays capitalistes avancés. Pourtant, à la fin des années 70, l'état d'esprit changea dans les élites internationales du monde capitaliste. La gestion de la crise par le côté de la demande avait certainement évité une grande dépression. Mais une limite majeure

Description:
travailleurs et les changements politiques des années 30, sous la clairement la ligne du premier sommet économique de Rambouillet en 1975. On a .. il plus sage de commencer notre analyse par l'Europe de l'Est. jusqu'à une dévotion envers le libéralisme individualiste et, en ce qui concerne.
See more

The list of books you might like

Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.