REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE UNIVERSITE MOHAMED KHIDER-BISKRA FACULTE DES LETTRES ET DES LANGUES DEPARTEMENT DES LETTRES ET DES LANGUES ETRANGERES FILIERE DE FRANÇAIS MEMOIRE ELABORE EN VUE DE L'OBTENTION DU DIPLOME DE MASTER OPTION : LANGUES, LITTERATURES ET CULTURES D’EXPRESSIONS FRANÇAISES L’EMIGRATION ET L’AVENTURE IDENTITAIRE DANS LA TERRE ET LE SANG DE MOULOUD FERAOUN Dirigé par : Présenté et soutenu par: M. GUERROUF Ghazali M. MEZGHICHE Khaled ANNEE UNIVERSITAIRE 2014 /2015 DEDICACES Je dédié ce travail d’abord à la mémoire de mon père A ma très chère mère qui m’a toujours conseillée et Encouragée A mes frères et mes sœurs . A mes camarades et collègues REMERCIEMENTS Je tiens tout d’abord à adresser mes sincères remerciements à mon encadreur : M.GUERROUF Ghazali pour son soutien, ses encouragements et surtout son savoir qu’il m’a accordé le long du travail, ainsi pour sa disponibilité. Mes remerciements sont aussi adressés à M. Saci Farid, mon ami et mon camarade ainsi à tous mes enseignants qui nous n’ont jamais épargné de leurs savoir et leurs bonté surtout : M. HAMOUDA Mounir, Mme GUETTAFI Sihem, Mme DJEROU Dounia et à tous mes collègues au travail et à mes camarades de la promotion. MERCI. TABLE DES MATIERES INTRODUCTION .......................................................................................................................... 05 CHAPITRE I: IMMIGRATION, IDENTITE, ET NOTIONS DE BASES. QUEL CHOIX METHODOLOGIQUE ? ............................................................................................................. 09 I.1. Présentation de l’auteur et du corpus ................................................................... 10 I.1.1. Présentation de l’auteur ............................................................................................ 10 I.1.2. Présentation du corpus ............................................................................................... 11 I.2. L’immigration algérienne en France et l’identité. Origines et concepts ... 13 I.3. L’altérité et le passage miraculeux entre l’identité individuelle et identité sociale ................................................................................................................18 I.4. Le rapport entre identité et altérité ........................................................................ 22 I.5. La sociocritique ............................................................................................................. 23 CHAPITRE II : LA SOCIETE DU TEXTE, ENTRE ETUDE SOCIOCRITIQUE ET PSYCHANALYTIQUE ................................................................................................................... 30 II.1. L’organisation sociale ................................................................................................. 32 II.2. L’organisation politique .............................................................................................. 47 II.2.1. L’administration coloniale ........................................................................................ 47 II.2.2. L’organisation politique et administrative du village...................................... 49 II.3 Les discours sociaux .................................................................................................... 51 II.3.1 Le discours sur l’émigration ..................................................................................... 52 II.3.2. Le discours sur la religion ......................................................................................... 55 II.4. Les sociogrammes ......................................................................................................... 58 II.4.1. Le sociogramme de la pauvreté ............................................................................... 58 II.4.2. Le sociogramme de l’émigré ............................................................................. 60 II.5. L’aventure identitaire ou la grande désillusion ................................................. 63 CONCLUSION .............................................................................................................................. 67 Références bibliographiques .................................................................................................... 70 Depuis sa naissance, la littérature maghrébine d’expression française n’a cessé d’être la plateforme de divers débats littéraires, culturels voire même politiques ; ni sa naissance prématurée dans des conditions conflictuelles, ni son public minime l’ont épargné d’être la cible préférée de maintes critiques, que celles-ci soient internes (critique de la part des lecteurs autochtones) ou externes (critiquée par le système colonial). D’une part, elle est accusée de représenter la culture et l’idéologie de l’empire colonial à l’image de sa langue d’écriture, et d’autre part, elle n’aura jamais eu le privilège d’être nommée littérature du fait qu’elle est le produit de ceux appelés indigènes. De telles circonstances ont donné naissance à une génération d’écrivains assimilés et fascinés par la culture et la langue française à cause d’une mise à l’écart de leur langue maternelle (arabe ou amazighe) dans une société occidentalisée. Ils ont été ainsi entre le marteau de leurs origines musulmanes, et l’enclume de leur culture acquise dans une société quasi européenne, ce qui a rendu la dite littérature un véritable 1 « champ de dialogisme culturel » . Tout cela n’a, en effet, que donné davantage de matière ç cette littérature autochtone pour décrire la société et ses problèmes qui, dans leur la majorité, sont liés au système colonial. A l’image de Mouloud Maamri, Mohamed Dib, Kateb Yacine, Malek Haddad, Mouloud Feraoun et d’autres, une pluralité d’auteurs qui n’a malheureusement, pas donnéaccès dans leurs écrits à une pluralité de thème, ces derniers ont été presque similaires entre la majorité des écrivains qui décrivaient la vie sociale et les coutumes des autochtones, leurs rites, les paysages… Toutefois, quelques auteurs ont eu le courage d’aborder d’autres thèmes à l’image de celui de l’immigration, qui a connu ses premiers essais à travers les romans de Mouloud Feraoun en l’occurrence « les chemins qui montent » et « la terre et le sang » ce dernier constituera le corpus de notre travail de recherche. 1BOUDERBALA, Djamel cité par : GUERROUF, Ghazali, L’interculturalité dans La terre et le sang et Les chemins qui montent de Mouloud Feraoun hégémonie ou assimilation, mémoire de Magistère, université Mohamed Khider, Biskra, 2010, p. 05. 6 Peu abordé en littérature jusqu’à nos jours, le thème de l’immigration est un thème majeur du fait qu’il touche toute une population qui a choisi, pour une raison ou pour une autre, de s’exiler loin de son pays natal. Ceci étant, nous avons basé notre étude sur un thème que nous estimons significatif pour notre objectif qui n’est que celui de tenter d’étudier les avantages et les inconvénients du processus migratoire sur l’individu « émigré » ainsi que sur sa société. Le corpus sur lequel nous baserons notre recherche est « la terre et le sang »(1953), le deuxième roman de Mouloud Feraoun. Nous orienterons notre travail vers l’étude du corpus où se manifeste le phénomène de l’immigration ainsi que la notion d’identité pour plusieurs raisons : D’abord ce roman semble répondre parfaitement à nos besoins de recherche portant sur le thème de l’immigration et le problème identitaire lié à ce thème, ensuite, une étude d’un thème récent comme celui de l’immigration nous permet de dévoiler les principales caractéristiques d’une littérature abordant ce thème, enfin, une étude pareille contribuera aussi à décrypter une pratique sociale jugée comme péché, surtout durant l’époque coloniale et à aborder un grand problème vécu par la société algérienne , celui de la perte d’identité à travers l’aventure migratoire Confrontés à ces idées, notre problématique sera la suivante : Une longue période d’immigration serait-elle un facteur de perte identitaire ou un long chemin vers sa construction ? Pour répondre à cette problématique, les hypothèses suivantes nous semblent les mieux convenables à notre étude : Le processus d’immigration permettrait de transmettre un nouveau savoir de civisme aux sociétés des pays colonisés et contribuerait à la conservation de leur identité. 7 L’enfermement sur soi serait un champ fertile pour la naissance de mœurs et de coutumes favorisant son autodestruction. Dans notre étude, nous nous opterons pour la méthode analytique dans le but d’examiner la structure de la thématique de l’immigration comme un phénomène complexe qui se concrétise dans le contenu de notre corpus, et nous ferons appel à l’approche psychanalytique de Freud pour essayer de comprendre les attitudes flous du protagoniste à partir de sa psychologie, ainsi la psychocritique de Claude Duchet pour mieux connaître la composition de la société citée dans le corpus, en décortiquant les liens existant entre ses membres. Pour tenter de trouver réponse à nos questions et à notre problématique, notre travail sera structuré en deux chapitres : Le premier chapitre sera consacré à la présentation de l’auteur et du corpus sur lequel nous allons travailler ainsi qu’à quelques notions historiques et théoriques telle l’histoire de l’immigration algérienne en France, l’identité, l’altérité et la relation entre ces deux concepts et enfin les approches adoptées durant l’analyse des données de notre étude. Dans le deuxième chapitre, et après avoir fait un passage descriptif sur la société citée dans le texte à travers une analyse psychocritique, nous parlerons de l’influence de l’immigration sur les notions identitaires dans cette société à travers les comportements du protagoniste Amer, nous essaierons ainsi de faire recours aux principes de la psychanalyse de Freud, afin de justifier quelques troubles identitaires et comportements ambigües de sa part. A la lumière de la forte présence du système coloniale dans la société algérienne et ses efforts fournis pour ruiner tout indice d’une identité algérienne ou musulmane, il est difficile de préserver son identité sans être sous les effets de plusieurs processus visant cette identité à l’image de l’acculturation/ déculturation et l’assimilation. 8 Le présent chapitre va être une prise de vue générale sur le phénomène de l’immigration algérienne en France et ses différents concepts dont celui de l’identité, leurs définitions et leurs entremêlements en littérature. Ainsi un aperçut sur l’approche sociocritique de Claude Duchet, mais avant d’aborder toutes ces notions, on va commencer notre chapitre par une présentation du corpus ainsi de l’auteur. I.1. PRESENTATION DE L’AUTEUR ET DU CORPUS I.1.1. PRESENTATION DE L’AUTEUR L’un des plus connus parmi les écrivains maghrébins de langue française, Mouloud Feraoun est né le 08 mars 1913 à Tizi Hibel, dans les régions des Ath Douala, sur les auteurs de la Kabylie. Le vrai nom de sa famille était Aït Chabane. Issu d’une famille paysanne très pauvre. Son père, qui mourut en 1958, avait dû émigrer en France pour assurer de quoi nourrir des siens « il avait travaillé à Gafsa, Bône, Constantine et était 1 parti en France en 1910 » . Mouloud, comme tous les jeunes de son époque était berger pendant son enfance. A sept ans, il entre à l’école de Touarirt-Moussa où il passe toute la période primaire. Il rejoint par la suite le collège de Tizi-Ouzou grâce à une bourse, pour s’inscrire en 1932 à l’École Normale de Bouzeréah à Alger. C’est là où il fera la connaissance d’Emmanuel Roblès, son principal initiateur à l’écriture. Il devient instituteur dans son village natal en 1935. Il occupera quelques années plus tard le poste de directeur de l’école du Clo Salembier et finira par être nommé Inspecteur des centres sociaux à Alger. Il fut sauvagement assassiné par un d’un commando de l’Organisation de l’Armée Secrète (OAS) en compagnie de cinq de ses collègues le 15 mars 1962, quelques jours juste avant la signature des Accords de cesser le feu. Une mort tragique, mais qui n’a pu empêcher Feraoun de laissé une impressionnante production romanesque qui est aujourd’hui une référence dans le genre et l’objet d’études multiples. Il décrit l’homme en tant que soubassement de la constitution sociale de toute civilisation. C’est pourquoi, Feraoun aujourd’hui est un repère romanesque, non seulement en littérature maghrébine de langue française, mais dans toute la littérature mondiale dans le monde. Il publia en 1950 son premier roman Le Fils du pauvre qui a obtenu le Prix de la ville d’Alger, attribué pour la première fois à un musulman. En 1953, il publia son second intitulé La Terre et le sang. Une année plus 1 DEJEUX, Jean, littérature maghrébine de langue française, Naaman, Québec, p.115. 10 tard, vit le jour Jours de Kabylie : un ensemble de tableaux présentant des scènes de la vie des villages kabyles. En 1957, il fit paraître Les Chemins qui montent, son troisième roman qui constitue en quelque sorte une suite à La terre et le sang. Sa production en poésie n’était pas assez remarquable car il n’a qu’un seul recueil de poème publié sous le nom de Les Poèmes de Si Mohand fut publié en 1960, pour rendre hommage et mettre le point sur la vie de ce grand poète kabyle. Feraoun a aussi écrit des chroniques et des notes pendant la Guerre de Libération qu’il avait intitulées Journal et qui furent éditées en 1962 après son décès tragique. Trois autres de ses ouvrages ont paru à titre posthume. D’abord, les lettres qu’il avait écrites à ses amis entre 1949 et 1962 furent publiées en 1969 sous le titre : Lettres à ses amis. Ensuite un roman inachevé sous le nom de L’anniversaire parut en 1972. Enfin son dernier roman La Cité des roses fut publié à titre posthume en 2006. I.1.2. REPRESENTATION DU CORPUS Suite à quelques essais jugés ethnographiques et parut juste après Le Fils du pauvre, parut La terre et le sang qui a obtenu le Prix Populiste en 1953 et qui a été traduit en plusieurs langues. Il connut surtout du fait qu’il est le plus dense de la trilogie Feraounienne. Cette œuvre romanesque englobe des thèmes majeurs tels que l’organisation socio-économique de la société kabyle d’entre-deux-guerres, l’émigration, le mariage mixte et la persistance d’une culture locale face au processus d’assimilation et d’acculturation auxquels la région a été soumise. La Terre et le sang est autant romanesque qu’ethnographique, sa trame narrative dépeint dans le flux et dans les moindres détails les structures parentales, l’organisation foncière, le mode de production agricole, les traditions, les mœurs, les coutumes, les croyances et les superstitions de la société kabyle. Une tache parfaitement accomplie par un écrivain comme Mouloud Feraoun car, avant d’être l’auteur kabyle, il était ce villageois connaissant autant que les siens son mode de vie, il était aussi l’instituteur normalien qui ne perçoit évidemment pas le monde comme les villageois illettrés, mais comme un intellectuel. Un privilège qui lui a permis de produire de tels chefs-d’œuvre. Aussi déclare-t-il dans une interview accordée à Maurice Monnoyer en 1953 « l’idée m’est venue que je pourrais essayer de traduire l’âme kabyle, d’être un témoin.[…]Je suis de souche authentiquement kabyle. […] Il est 11 bon que l’on sache que les kabyles sont des hommes comme les autres. Et je crois […] que 2 je suis bien placé pour le dire » . L’histoire relate la vie du jeune Amer-ou- Kaci qui s’est émigré en France comme la plupart des jeunes kabyles de sa génération, il s’est embauché comme travailleur dans une mine du nord où il tue accidentellement son oncle Rabah, l’amant présumé d’Yvonne, la patronne d’hôtel et la femme d’André, le polonais, ce dernier est soupçonné d’avoir dressé le piège de la drame de Rabah où Amer était involontairement impliqué, André doute d’une relation entre Rabah et sa femme Yvonne. Amer, en pleins tempête psychique décida ainsi de quitter les siens pour vagabonder partout en France où il s’est fut capturé par les forces nazis allemande, il passa ainsi cinq ans en prison. Par la suite, il retourna à Paris où il tomba amoureux à Marie la fille illégitime de son oncle défunt. Après quinze années en France, le couple décida, soudainement, de rentré au pays natal. Là aussi où Amer, sous déséquilibre morale et psychique, était l’auteur d’une nouvelle tragédie nommée Chabha, la femme de Slimane, le frère de Rabah, Amer mène une relation adultère avec elle qu’elle lui coute sa vie ainsi la vie de son tueur Slimane. Ce roman porte magnifiquement son titre: La terre et le sang sont deux éléments primordiaux pour la vie de chaque paysan kabyle. Ils constituent le ciment foncier fort pour une parfaite cohésion sociale. Les Kabyles sacralisent la terre qui est, à leurs yeux, un bien que l’on transmet de génération en génération: les couples doivent être fertiles pour assurer la relève et conserver cet héritage de valeur inestimable. La terre connote, par conséquent, la mère, la nourricière, les racines, la mémoire, la carte d’identité de chacun de ses enfants. Le sang représente, quant à lui, les origines, les racines, les ancêtres, les aïeux, l’appartenance à un groupe. Il est aussi symbole d’honneur et par là de vengeance. La terre et le sang met également en scène l’honneur tribal de différentes familles et kharoubas: chacune défend son nom, ses ancêtres, son histoire. Feraoun nous fait découvrir avec chaleur les coutumes de sa Kabylie natale. Il met aussi en relief les difficultés que rencontrent les migrants nord- africains dans les mines françaises lorsqu’ils retournent chez eux. En somme la thématique principale de ce chef d’œuvre 2Interview cité par : DEJEUX, Jean, littérature maghrébine de langue française, Naaman, Québec, p.119. 12
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