enssib Øcole nationale supØrieure des sciences de l(cid:146)information et des bibliothŁques Dipl(cid:244)me de conservateur de bibliothŁque MØmoire d(cid:146)Øtude L’offre documentaire en livres en anglais dans les bibliothèques de la Ville de Paris. Gaëlle Bidard Sous la direction de Madame Odile Grandet Conservateur en chef, SCD de l’Université Paris IV 2002 Remerciements Je remercie Mme Odile Grandet, directrice de ce mØmoire, pour ses conseils et ses remarques prØcieuses, ainsi que toute l(cid:146)Øquipe de la bibliothŁque Buffon qui m(cid:146)a intØgrØe dŁs mon arrivØe et m(cid:146)a aidØe quotidiennement dans mon travail. Qu(cid:146)il me soit aussi permis de remercier toutes les personnes qui ont pris le temps de me recevoir ou de correspondre avec moi, d(cid:146)effectuer des recherches sur leur fonds et de me faire parvenir de la documentation. 2 Titre : L’offre documentaire en livres de langue anglaise dans les bibliothèques de la Ville de Paris. RØsumØ : les bibliothŁques de la Ville de Paris offrent depuis plus de cinquante ans des livres en langues ØtrangŁres et principalement en anglais. Toutefois, l(cid:146)usage et l(cid:146)intØrŒt de ces collections fait maintenant l(cid:146)objet de questions dans la perspective d(cid:146)une mise en forme de la politique documentaire. Dans quelle carte documentaire l(cid:146)offre des BVP s(cid:146)inscrit-elle et quelles complØmentaritØs rechercher ? On peut formuler un certain nombre de propositions pour enrichir les collections et leur donner une orientation en harmonie avec les objectifs gØnØraux de chaque Øtablissement. Toutefois, pour les bibliothØcaires, il s(cid:146)agit d(cid:146)un travail de longue haleine qui nØcessite la recherche de collaborations et de partenariats adaptØs. Descripteurs : Bibliothèques municipales** France Bibliothèques** Fonds spéciaux**Langues vivantes Multiculturalisme Title : The offer of books in English in Parisian public libraries. Abstract : for the past 50 years public libraries in Paris have been offering books in foreign languages and more particularly in English. However the use made of these books and the interest in these collections are now being reviewed as general collection development policies are decided on. Which area of book acquisition does this offer belong to? What kind of complementarity is to be achieved? A number of proposals can be made in order to increase collections and make them consistent with the general objectives of each library. For librarians the task is nevertheless a long- term one and requires to look for cooperation and suitable partnerships. Key-words : Public libraries**France Libraries**Special collections**Foreign languages Multiculturalism 3 Sommaire INTRODUCTION........................................................................6 PREMIÈRE PARTIE : ÉTAT DES LIEUX....................................... 10 1. Carte documentaire 10 1.1. Le rØseau municipal ............................................................... 10 1.1.1. Oø lire en anglais ?..................................................... 10 1.1.2. RepØrer les documents................................................ 12 1.1.3. Quelques chiffres ....................................................... 13 1.2. Les instituts culturels anglophones............................................ 15 1.2.1. L(cid:146)American Library in Paris........................................... 15 1.2.2. La bibliothŁque du British Council.................................. 18 1.3. La BnF et la Bpi..................................................................... 20 1.3.1. La BnF ..................................................................... 21 1.3.2. La Bpi...................................................................... 24 2. Les collections en anglais des BVP 27 2.1. La crØation des p(cid:244)les linguistiques............................................ 27 2.2. Panorama de l(cid:146)offre des sections adultes.................................... 29 2.3. L(cid:146)offre documentaire des sections jeunesse................................. 30 DEUXIÈME PARTIE.................................................................. 34 LES PÔLES LINGUISTIQUES : CONSTRUIRE UNE IDENTITÉ........ 34 1. Choisir 34 1.1. Quelle place pour les collections en langues ØtrangŁres et en anglais ? 34 1.2. Qui achŁte ? suivant quelles prioritØs ?...................................... 35 1.3. Comment s(cid:146)opŁrent les choix ?................................................. 38 1.4. La vie des collections : renouvellement, inventaire, dØsherbage ..... 42 1.4.1. Renouvellement : un rythme (cid:224) trouver........................... 42 1.4.2. Inventaire et dØsherbage............................................. 43 2. (cid:133)et offrir 50 2.1. L(cid:146)image des collections : Øtat des documents, signalØtique............ 50 2.1.1. Etat des documents.................................................... 50 2.1.2. Espace et signalØtique................................................. 51 2.1.3. Relations de contigu(cid:239)tØ entre collections......................... 52 TROISIÈME PARTIE : VERS UNE FORMALISATION DE LA POLITIQUE DOCUMENTAIRE.................................................... 55 1. AcquØrir en langue anglaise : quels objectifs pour quel public ? 56 1.1. Essai de typologie des publics et des besoins.............................. 56 1.2. Publics absents ..................................................................... 59 1.3. Une expØrience personnelle : les collections en anglais de la bibliothŁque Buffon................................................................ 60 4 2. Collections et objectifs bibliothØconomiques 64 3. Moyens humains et financiers 67 3.1. Moyens humains.................................................................... 67 3.2. Moyens financiers.................................................................. 71 CONCLUSION.......................................................................... 73 5 Introduction Les bibliothèques sont des lieux de rencontre et de partage des cultures ; à Paris, nombreux sont les établissements municipaux qui ont possédé dès leur création des livres en langue originale, anglaise le plus souvent. Toutefois, ce n’est que depuis une dizaine d’années que les documents étrangers font l’objet d’une réflexion au sein du réseau des BVP1, au même titre que d’autres fonds spécialisés. On s’interroge sur l’usage qui en est fait, et même, au-delà du consensus sur l’utilité des langues et de leur apprentissage précoce, sur leurs raisons d’être, et d’être dans les bibliothèques de lecture publique. S’intéresser à la lecture en langue étrangère, c’est travailler à la croisée de différentes questions qui se posent de façon récurrente quand on aborde la politique documentaire : la première question est « pourquoi et pour qui acquérir ». Dans le cas des documents en anglais (ou dans toute autre langue d’étude), cela permet d’aborder l’étude des publics sous un angle original, suivant un éventail - lecteur francophone, lecteur anglophone, lecteur pour lequel l’anglais est une langue intermédiaire de communication - qui décale les habitudes supposées de lecture. La deuxième question est celle de la construction de l’offre. Ici, il y va de la manière dont on façonne l’image d’un pays en sélectionnant les documents jugés représentatifs de telle culture, anglophone en l’occurrence, et des rapports entretenus avec la traduction2. Car il existe bien des filtres entre l’oeuvre originale et sa réception : filtre du tri constitué par les choix de traduction des éditeurs français, qui influent en retour sur l’offre des textes 1 Bibliothèques de la Ville de Paris. Nous employons cette abréviation dans l’ensemble de ce mémoire. 2 Comme le note Helen T. Frank : « Les livres à traduire sont généralement… sélectionnés (aussi) à partir de l’importance de l’image d’un pays et de son renforcement à travers un choix d’ouvrages étrangers. (…) C’est le sort du traducteur de perpétuer ou d’approprier (sic) cette image ». Les actes de lecture n°76, déc. 2001. « L’Australie dans les livres de jeunesse : titres, traductions et tendances », p.18-22. 6 originaux dans les bibliothèques ; filtre aussi des lacunes linguistiques du lecteur, qui, comme le remarquait Simone de Beauvoir, donnent lieu à une expérience de lecture différente et exigeante, dans laquelle le texte retient toujours un peu de son mystère et de son opacité3. Enfin, le troisième point intéressant de ce sujet est que l’étude de l’offre documentaire en anglais permet de retrouver, à petite échelle et sur un segment bien défini, les questions de la gestion et de la mise en valeur des collections, accentuées par le caractère étranger des documents : comment éviter l’isolement de la collection, et lui donner, surtout si elle est de taille modeste, un sens en harmonie avec les objectifs documentaires de l’établissement ? Nous essayerons donc de répondre à ces trois exigences imposées par le sujet : réflexion sur le public et ses pratiques de lecture, étude des a priori et des contraintes qui influent sur la constitution de l’offre, et propositions concrètes pour la construction d’une politique documentaire. Pour ce faire, nous suivons un plan qui a été adapté à la méthodologie que nous avons suivie, et sur laquelle il convient maintenant d’apporter des précisions. Tout d’abord, il n’a pas été possible d’obtenir du Service Informatique des données détaillées sur les collections en anglais, que ce soit en matière de volume, de date d’acquisition, de taux de rotation… tout a été fait à partir d’informations prises et au fur et à mesure, chaque fois « à la source », c’est à dire dans les établissements visités. Il n’y a donc pas, à quelques exceptions près, de grandes vues d’ensemble statistiques ; par contre, nous nous sommes efforcés fournir à une analyse de synthèse sur l’offre de la capitale, utile tant donnée la relative méconnaissance de la richesse documentaire en langue anglaise. Voilà donc pour la première partie. 3 de BEAUVOIR Simone. Mémoires d’une jeune fille rangée. Paris : Gallimard, 1986. p.201. L’auteur évoque ses lectures en anglais : les mots étrangers lui laissent une impression de richesse contenue, impression qu’elle compare au plaisir de lire de la poésie, où le signifiant ne se dissout pas dans l’immédiate compréhension. 7 Ensuite, la réflexion se constitue autour des BVP et plus particulièrement des pôles linguistiques. Les BU sont prises en compte dans la perspective d’une complémentarité de l’offre, sans entrer dans les détails même si les publics (à 30% étudiants dans les BVP) se croisent : le problème est posé en fonction de ce qu’offrent ou pourraient offrir les BVP et qu’on ne trouve pas ailleurs. De même, nous avons borné notre travail aux livres et aux cassettes de textes enregistrés, excluant donc les périodiques ou les méthodes de langue, afin de nous situer dans une perspective littéraire. Ces derniers documents ont été pris en compte pour réfléchir à la cohérence de l’offre et aux lignes transversales que l’on peut créer, mais l’offre n’est pas systématiquement détaillée. Il est vrai que nous avons été influencés par la situation actuelle où prédomine l’offre de fiction, encore assez loin de « l’anglais outil », langue pratique de communication. Il est possible, nous le verrons, de remettre en cause cette prédominance, en élargissant vers les arts ou la vie pratique, mais nous avons surtout essayé de faire et de proposer à partir de l’existant. Pour la même raison, nous nous sommes limités à l’anglais, langue étrangère la mieux partagée et la mieux représentée, mais ce qui est dit ici peut s’appliquer aussi aux collections en d’autres langues européennes. Nous avons donc composé ce mémoire de la façon suivante : il a fallu repérer et identifier l’offre documentaire en anglais dans la capitale, ce qui a permis de dessiner des possibilités de complémentarité et coopération, y compris au sein du réseau des BVP. A partir de là, il était possible d’étudier les pratiques des pôles linguistiques, créés en 1997, afin de voir dans quelle mesure ils ont réussi à se créer une identité notamment à l’égard du public. La troisième partie est plus prospective : il ressort du bilan des pôles linguistiques que les efforts des bibliothécaires ont été réels mais que les moyens financiers trop restreints freinent le développement de ces fonds, pour lesquels il convient de mettre en place une politique de soutien et de restructuration. Laquelle ? nous avons recueilli des suggestions, inventé des 8 possibilités de mise en valeur, tout en sachant que cela demande à être complété par une collaboration qui dépasse le cadre des BVP. 9 Première partie : état des lieux 1. Carte documentaire 1.1. Le réseau municipal Paris fait partie des trois grandes villes de France où le prêt est gratuit, y compris pour les cassettes de textes et les méthodes de langues4. La même carte permet d’emprunter dans toutes les bibliothèques du réseau, dont la liste se trouve en annexe. 1.1.1. Oø lire en anglais ? A cette question, on est tenté de répondre « un peu partout » puisque chacune des 63 bibliothèques municipales possède des documents en anglais, même si cela ne représente parfois qu’une infime partie de ses collections. On trouve dans le réseau municipal un peu plus de 60.000 livres en langue originale (y compris en langues régionales françaises), dont 22.144 livres en anglais. Ils sont concentrés dans une douzaine d’établissements, dont les pôles linguistiques qui forment le cœur de notre étude, et sont situés majoritairement dans les quartiers ouest ou centre, à l’exception de la bibliothèque St-Eloi. En 1997 a eu lieu en leur faveur une redistribution générale des documents en langues étrangères. L’anglais, cependant, est apparu comme la seule langue qu’il pouvait être légitime de conserver puisqu’elle est la première et souvent la seule langue étrangère que les lecteurs maîtrisent, et celle qu’ils désirent en priorité apprendre ou entretenir par des lectures. 4 Depuis janvier 2001 10
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