COLLECTION ICONOCLASTES dirigée par Alain Laurent L'INDIVIDUALISME ARISTOCRATIQUE GEORGES PALANTE L'INDIVIDUALISME ARISTOCRATIQUE Textes choisis et présentés par Michel Onfray PARIS LES BELLES LETTRES 1995 Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous les pays. © 1995, Société d'édition Les Belles Lettres 95 bd Raspail, 75006 Paris. ISBN : 2-251-39026-X Qui était Georges Palante avant que Louis Guilloux n'en fasse le héros malgré lui de son ouvrage Le sang noir ? Était-il, comme le per sonnage du roman, cet homme acromégale, souf frant de cette horrible et ridicule maladie qui fait s'allonger démesurément les extrémités au point qu'il faut régulièrement lui amputer une partie du pied ? A-t-il vraiment vécu avec cette ancienne fille à matelots illettrée qui, à la foire Saint-Michel de Saint-Brieuc, vendra au plus offrant les papiers, correspondance et manuscrits de son mari qui vient de mourir? Préférait-il la compagnie de ses chiens, de la lande bretonne, des voisins rencontrés au café plutôt que des importants qui font les vies locales, institution nelles et officielles ? Corrigeait-il, comme on 1' a écrit, les copies du bac philo dans des hôtels borgnes où il rencontrait des femmes de petite IX vertu ? Fut-il l'auteur d'une Chrestomathie du désespoir mangée par les chiens ? Éclusait-il autant de vin qu'on l'a dit ? De l'anjou blanc, en l'occurrence. S'est-il suicidé d'une balle de revolver un jour d'août 1925 parce que la vie lui était devenue impossible, parce qu'un fonction naire des finances, qui se piquait d'écrire des livres de philosophie, l'avait provoqué en duel après une querelle théorique qui paraît bien dérisoire aujourd'hui ? Fut-il véritablement cet homme qui fustigea Durkheim et les durkhei miens dans une thèse qu'il voulut soutenir en Sorbonne après avoir choisi deux directeurs de thèse ... durkheimiens ? Thèse refusée, bien sûr. Sauf la Chrestomathie, parce que le titre n'est pas des siens, il fut vraiment cet homme-là : malheureux et malade, célibataire puis mal marié, solitaire et sensible à l'excès, lecteur de Scho penhauer, pour le pessimisme, de Stirner, pour célébrer la puissance de l'individu contre toute société, de Nietzsche, pour l'aspiration à trans figurer des impuissances en forces, de Freud, pour ce qu'il enseigne des parts mau di tes et de leurs relations avec la conscience. Et ce à l'heure où l'on fait des gorges chaudes de Beuglé, Séailles, Ollé-Laprune et autres célébrités philosophiques du même calibre. Professeur de philosophie au Lycée de Saint-Brieuc-et de morale à la volaille, comme il disait des collégiens -, Palante est x
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