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L’histoire des Actes apocryphes des apôtres du IIIe au IXe siècle: le cas des Actes de Jean PDF

150 Pages·1982·9.342 MB·French
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AVANT-PROPOS Depuis plusieurs années, une équipe de chercheurs français et suisses étudie des textes appartenant à la littérature apocryphe chrétienne. Le but de ce travail est d'offrir une édition critique de ces textes, accompagnée d'une traduction et d'études. La collection Corpus Christianorum accueillera ces travaux dans le cadre d'une Series Apocryphorum qu'elle a bien voulu créer à cette intention. Les Actes apocryphes des apôtres figurent évidemment parmi les textes qui seront édités dans cette série. Ces Actes soulèvent toutes sortes de pro blèmes touchant à leur transmission aussi bien qu'à leur interprétation; ces problèmes ne peuvent être commodément abordés qu'en relation directe avec l'édition et la traduction des textes. En revanche, l'histoire des Actes apocryphes à l'époque patristique constitue à bien des égards une sorte de chapitre indépendant C'est pourquoi nous le livrons séparément, avant que ne paraisse dans la Series Apocryphorum notre ouvrage sur les Actes de Jean où seront traités les autres problèmes relatifs à ce texte. Nous remercions vivement le Comité de rédaction de la Revue de Théo logie et de Philosophie et le Fonds national suisse de la recherche scienti fique qui nous ont offert un lieu et une subvention pour la publication de cette étude. François Bovon, professeur à l'Université de Genève, a pris une part prépondérante dans la genèse et l'aboutissement de notre travail; nous lui exprimons notre amicale gratitude. L'histoire des Actes apocryphes des apôtres du /Ile au lXe siècle: le cas des Actes de Jean INTRODUCTION Objet de cette étude Quels furent, à l'époque patristique, les lecteurs des Actes de lean (= AJ)? Quelles appréciations ont-ils portées sur ce texte et quels usages en ont-ils faits? L'histoire de la lecture ancienne des Al explique-t-elle de quelque façon pourquoi ce texte a été mal et incomplètement transmis? C'est principalement à ces questions que cette étude tente de répondre en rassemblant et commentant les indications fournies par la littérature chré tienne de l'époque patristique (entendue au sens large). L'histoire de la lecture des Al à cette époque ne se confond pas avec celle des autres Actes apocryphes. Toutefois nombre de témoignages relatifs aux Al concernent aussi tel ou tel, tel et tel des autres Actes apocryphes, particulièrement les Actes d'André, les Actes de Pierre, les Actes de Pau~ les Actes de Thomas 1. Apparemment les lecteurs des Al ont souvent aussi été lecteurs d'autres Actes apocryphes et ils ont pratiqué une même lecture de ces différents textes. Ainsi, puisque l'histoire des Al se recoupe çà et là avec celle d'autres Actes apocryphes, elle représente à la fois un cas particulier et un exemple représentatif de l'utilisation et de la destinée de ces textes tout au long de l'époque envisagée2• 1 Sur ces différents Actes apocryphes (description du contenu, datation, éditions, indications bibliographiques, etc.), voir les « fiches signalétiques» dans F. BoVON et alH, Les Actes apocryphes des apôtres, p. 289-305. 2 Le livre constamment cité sur l'histoire des Actes apocryphes (Jean, André, Thomas, Pierre) à l'époque patristique est celui de F. PlONTEK (1908); s'il a le mérite de réunir un vaste dossier de témoignages patristiques, l'interprétation qu'il en donne est cependant insatisfaisante: elle est davantage dictée par des présupposés tradition nels que par des principes de critique historique. En fait, c'est dans la remarquable étude de J. FuMION, « Les Actes apocryphes de Pierre», RHE 9-12 (1908-1911) qu'on trouvera l'enquête historique la mieux conduite; celle-ci, malgré son titre, prend largement en compte les autres Actes apocryphes. Toujours sur l'histoire des Actes apocryphes, on signalera le paragraphe de K. ScHAFERDIEK (H-S Il, p. 117-125) consacré au corpus manichéen des Actes et à Leucius. Les dossiers patris tiques propres à chacun des différents Actes apocryphes sont évidemment évoqués dans les introduction du HENNECKE-ScHNEEMELCHER Il aux Actes de Jean, Pierre, Paul, André, Thomas. Sur l'histoire particulière des Actes d'André et des textes qui en sont dérivés, voir encore J. Fl.AMION, Les Actes d'André et les textes apparentés ainsi que F. DVORNlK, The ldea of Apostolicity in Byzantium and the Legend of the Apostle Andrew (Dumbarton Oaks Studies, 4), Cambridge (Mass.) 1958; en revanche, l'étude récente de P. M. PtrrERSON (Andrew, Brother of Simon Peter, His History and His Legends (Supplementum to Novum Testamentum, 1), Leiden 1958) est de moindre qualité. 4 ERIC JUNOD ET JEAN-DANIEL KAESTLI Parcours suivi et limites chronologiques Notre enquête ne porte pas sur le milieu d'origine des Actes de Jean. La détermination de ce milieu passe surtout par l'examen du texte lui-même, puisqu'aucun élément externe ne fournit d'indication précise; elle trouve donc sa place appropriée au terme d'un commentaire des Al. Dans notre ouvrage (à paraître) sur Les Actes de Jeanl (édition, traduction, commen taire), nous traitons longuement ce problème. Voici, brièvement résumée, les hypothèses que nous retenons: les AJ(sans les ch. 94-102 et 109) ont été composés en Egypte (Alexandrie?) entre 150 et 200 par un auteur chrétien issu d'un milieu cultivé et fortement marqué par une religion païenne spiri tualisée. Quant aux textes des ch. 94-102 et 109, ils sont contemporains des Al, mais auraient une autre origine; ils proviendraient d'un cercle valenti nien établi en Syrie. L'intégration de ces deux textes à l'intérieur des AJ a pu se produire dès la fin du Ile siècle et elle est sans doute imputable à un cercle gnostique, à moins qu'elle n'ait été faite au Ille siècle par les Mani chéens. Les responsables de cette intégration, qui ne peuvent donc être identifiés avec certitude, comptent en tout cas parmi les lecteurs les plus anciens des Al. Il est normal que cette étude s'ouvre par un chapitre consacré à Eusèbe de Césarée. D'une part, cet historien est le premier auteur à signaler explici tement l'existence des Al. D'autre part, sa notice sur les apocryphes apparaît comme le prototype du discours que tiendront ultérieurement les écrivains catholiques; elle postule l'existence d'un lien entre l'hérésie et la littérature dite apocryphe. Après un retour en arrière où nous nous interrogerons sur les raisons du silence qui entoure les AJ dans la littérature chrétienne grecque et latine de la fin du Ile et de tout le Ille siècle, nous suivrons les traces laissées par notre texte dans certains milieux et courants qui l'ont assurément lu et uti lisé: communautés encratites d'Asie Mineure au IV· siècle, communautés syriaques, Bardesanites, Manichéens, Priscillianistes, Iconoclastes. Dans le monde byzantin, nous pousserons l'enquête jusqu'à l'époque de la translittération des textes et plus précisément jusqu'à Photius (IX· siècle). Cet érudit est le dernier auteur connu à avoir pu lire le texte intégral des AJ; et surtout il a laissé des notes de lecture qui sont comme la synthèse du juge ment que les théologiens ecclésiastiques avaient précédemment porté sur les Actes apocryphes. Dans le monde occidental, nous nous arrêterons plus tôt La collection des V/nutes apostolorum, vraisemblablement composée dans l'entourage de Grégoire de Tours (VIe siècle) et rattachée à tort au nom du Ps-Abdias, marque en effet un accomplissement dans le travail de remaniement et de compilation des textes sur les apôtres. Ces limites, si elles ne coincident pas exactement avec celles de l'époque patristique, s'imposent pour des raisons inhérentes à l'objet de notre étude. 3 Cet ouvrage paraîtra dans le Corpus Christianorum, Series apocryphorum. Nous y renverrons désormais par la simple mention Les Actes de Jean. L'HISTOIRE DES ACTES APOCRYPHES DES APÔTRES 5 Si l'on voulait prolonger l'histoire de la lecture des AJ au-delà de ces bornes, il faudrait alors entreprendre l'histoire de la tradition manuscrite, l'histoire des éditions et l'histoire de la recherche jusqu'à notre époque4; en outre, il faudrait prendre en compte tous les textes hagiographiques (homé lies, légendes, poèmes, etc.) qui, en grec, en latin ou en d'autres langues, ont entrepris de célébrer la figure de l'apôtre Jean en recourant indirectement à des éléments empruntés aux Al. Certitudes et vraisemblances à propos de la lecture des Actes apocryphes à l'époque patristique Il Y a quelque témérité à écrire une histoire de la lecture des AJ dans les neuf premiers siècles, vu la rareté des informations livrées par la littérature patristique. Ces informations permettent de fixer quelques repères sûrs, mais ces repères restent isolés dans le temps et l'espace. L'historien, qui entend faire davantage que présenter un dossier de témoignages ponctuels, sera amené à combler les vastes trous en traçant d'hypothétiques lignes entre ces repères. Il associera ainsi dans son travail certitudes et vraisem blances en indiquant aussi clairement que possible la solidité ou la fragilité des fondations de son édifice! On considérera comme une certitude que les Actes apocryphes ont été accueillis à plusieurs reprises par des cercles hétérodoxes; des témoignages issus de ces cercles confirment sur ce point les accusations d'écrivains ecclé siastiques. Cette utilisation, davantage que le contenu même des textes, por tera aux Actes apocryphes un coup meurtrier. En Occident comme en Orient, l'Eglise s'efforcera d'en interdire la lecture et la copie. Ce but sera atteint dans une large mesure comme l'atteste malheureusement la transmis sion généralement incomplète et défectueuse des Actes apocryphes. Mais cette certitude a parfois ébloui le regard des historiens au point de leur faire négliger ou sous-estimer des informations établissant que les Actes apocryphes ont eu, dans la pratique, droit de cité à l'intérieur de commu nautés chrétiennes et qu'ils ont été lus par des théologiens estimés. Didyme, Augustin ou les Pères du concile de Hiéra (754) s'appuient par exemple sur le témoignage des Al. Philastre de Brescia et d'autres après lui reconnais sent que la lecture des Actes apocryphes est profitable à qui est devenu suf fisamment avisé pour les utiliser avec discernement 4 Dans F. BoVON et alü, Les Actes apocryphes des apôtres, on trouvera deux arti cles qui prolongent la présente étude. Le premier (O. PoUPON, « Les Actes apo cryphes des apôtres de Lefèvre à Fabricius», p. 25-47) envisage l'histoire des Actes apocryphes de la Renaissance au XVIIIe siècle en soulignant notamment la place qu'ils ont occupée dans les controverses entre catholiques et protestants. Le second (J.-D. KAEsTU, (( Les principales orientations de la recherche sur les Actes apocryphes des apôtres», p. 49-67) dégage les grandes étapes de l'histoire de la recherche depuis Upsius (fin du XIxe siècle) jusqu'aux travaux les plus récents. 6 ERIC JUNOD ET JEAN-DANIEL KAESTLI Le combat autour des Actes apocryphes Les Actes apocryphes ont été lus dans des communautés catholiques aussi bien que dans des cercles marginaux ou nettement hérétiques. C'est du reste pourquoi ils ont été en même temps transmis et mal transmis. L'état de conservation des textes, les pertes et les remaniements sont des traces maté rielles, des cicatrices du long combat dont ils furent l'enjeu. La défiance de l'orthodoxie pour une littérature qui n'a jamais reçu offi ciellement le label ecclésiastique et qui s'est souvent retrouvée dans des mains suspectes s'est heurtée au goût des chrétiens pour des écrits romanes ques exaltant un héros apostolique et offrant une vision idéalisée de l'exis tence chrétienne. L'histoire de la lecture des Actes apocryphes, et notam ment des Al, se présente d'une certaine manière comme l'histoire d'une laborieuse et fragile autocensure à l'intérieur de l'Eglise. Pour des raisons qui ont varié selon les époques et les milieux, avec une vigilance plus ou moins étroite, l'Eglise s'est efforcée de ne plus autoriser la lecture de textes qu'on ne pouvait s'empêcher cependant de lire. Il est tentant de voir dans cette mise en garde souvent peu efficace la marque d'une opposition entre les clercs (hostiles aux Actes apocryphes) et le peuple chrétien (friand de cette littérature). Mais les sources patristiques montrent que cette opposition revêt aussi d'autres visages; les lecteurs d'Actes apocryphes sont fréquem ment des chrétiens épris d'une pureté morale pour laquelle l'Eglise mani feste un zèle plus timide. Il y eut assurément plusieurs lectures des Actes apocryphes et aussi plusieurs types de lecteurs. De fait, ces textes se trou vent au cœur de plusieurs combats: l'orthodoxie contre l'hérésie, la théo logie savante contre la foi populaire, une morale sécularisée contre l'idéal de perfection, la vérité historique contre la fiction mensongère. Les avatars des Actes apocryphes Dans ces combats autour des Actes apocryphes à l'époque patristique, l'alternative ne s'est pas réduite à l'acceptation ou au rejet des textes. Cer tains Pères, doués d'un sens pragmatique ou théologique, ont défendu la possibilité d'une lecture sélective, distinguant le bon grain de l'ivraie. Mais une autre voie s'est offerte à ceux qui désiraient sauvegarder ces textes à cause de leur caractère romanesque, édifiant et divertissant, tout en supprimant les traits suspects qu'ils pouvaient contenir. Cette voie, c'est la réécriture des Actes apocryphes. Elle peut consister à remanier le texte ori ginal, à l'amputer de certaines parties, à réduire la part des discours pour ne plus conserver que des « faits» 5 ou encore à forger un autre texte. 5 Sur le discours hagiographique qui prétend s'en tenir aux « faits» et éliminer les «m0t~». voir les observations de M. de CERTEAU, L'écriture de l'histoire, Paris 1975, p.274ss. L'HISTOIRE DES ACTES APOCRYPHES DES APÔTRES 7 Les Actes de Jean ont ainsi connu des avatars de différentes natures à l'époque patristique, avatars qui entretiennent des rapports plus ou moins étroits avec leur modèle. Nous les mentionnerons dans cette étude, mais sans pouvoir les examiner en détail car ils soulèvent en eux-mêmes des pro blèmes de sources, de datation et d'origine qui dépassent le cadre de cette étude; nous renverrons alors à notre ouvrage sur les Actes de Jean. Chapitre 1 EUSÈBE DE CÉSARÉE OU LA CONDAMNATION ECCLÉSIASTIQUE DES ACTES APOCRYPHES 1. La notice de l'Histoire ecclésiastique Eusèbe est le premier écrivain chrétien à mentionner l'existence des Actes de Jean. Son témoignage figure dans la célèbre notice de l' Histoire ecclésiastique (composée entre 300 et 312) 1 sur les homologoumènes et les antilégomènes (III, 25, 1-7). A côté des livres reçus par tous, l'historien relève l'existence d'ouvrages contestés (antilégomènes). Il répartit ceux-ci en deux groupes. Le premier, qui comprend les Epitres de Jacques, Jude, Il Pierre, Il et III Jean, est lu par la grande majorité des chrétiens. Le second contient des textes qualifiés de v6lkn2 (inauthentiques) que certains acceptent, que d'autres rejettent; Eusèbe mentionne les Actes de Pau~ le Pasteur, l'Apocalypse de Pierre, l'Epitre de Barnabé, la Didachè, l'Apocalypse de Jean et aussi, selon certains, l'Evangile selon les Hébreux. Eusèbe précise que, s'il cite ce second groupe d'antilégomènes, c'est afin qu'on puisse reconnaître et démasquer d'autres livres qui circulent sous le nom d'apôtres, mais qui, eux, ne méritent même pas le qualificatif de vOSoL « ••• Ainsi nous serons en mesure de distinguer ces livres (- le second groupe d'antiJégomènes) de ceux qui sont présentés sous le nom d'apôtres chez les héréti ques, que ce soient des livres contenant des Evangiles de Pierre, de Thomas, de Matthias ou d'autres encore, ou des Actes d'André, de Jean et des autres apôtres. Personne parmi les écrivains qui se sont succédé dans l'Eglise n'a jugé bon de rappeler dans l'un de ses ouvrages le moindre souvenir de ces livres. Du reste, le caractère du discours s'écarte de la manière apostolique; et la pensée comme la doctrine qu'ils renferment sont en désaccord complet avec la véritable ortho doxie; ce qui prouve clairement que ces livres sont des fabrications d'hérétiques. Par conséquent, il ne faut même pas les placer parmi les v68<)I" mais il faut les rejeter comme tout à fait absurdes et impies» (III, 25, 6-7). 1 Sur les problèmes relatifs à la datation de l' Histoire ecclésiastique, voir J. MOREAU, art. « Eusèbe de Césarée», DHGE 15 (1963), col. 1455 s. 2 Ce terme de v6Soç est utilisé par Eusèbe pour désigner les apocryphes (cf. 111,31,6; VI,3I,I; II,23,25 voSroollm). Voir déjà ORIGèNE dans Com. in Joli. XlII,17,104 à propos d'une citation du Kerygma Petrou. 10 ERIC JUNOD ET JEAN-DANIEL KAESTLI Eusèbe adresse donc à ces livres quatre reproches: - ils circulent chez les hérétiques; - ils ne sont pas cités chez les écrivains ecclésiastiques; - leur style s'écarte de celui des écrits apostoliques; - leur doctrine est en total désaccord avec l'orthodoxie. Il en tire trois conclusions: - ils sont fabriqués par les hérétiques; - ils ne peuvent être assimilés aux v69OL; - ils doivent être rejetés comme absurdes et impies. Ces considérations restent bien générales. Elles ne permettent pas, par exemple, de mettre le moindre nom sur ces hérétiques parmi lesquels circu leraient ces livres proscrits. On ignore aussi sur quelle base Eusèbe a dressé sa liste noire. A-t-il lui-même vu et peut-être lu les ouvrages qu'il exclut? Ne connaît-il leur existence que par ouï-dire? Recopie-t-i1 tout bonnement une liste déjà constituée? Pour notre part, nous doutons qu'Eusèbe ait lu les Actes d'André et les Actes de Jean; s'il avait connu les circonstances et le lieu de la mort des deux apôtres dans ces Actes, il y aurait sans doute fait allusion dans son Histoire ecclésiastique qui accorde la plus grande importance au cadre des missions apostoliques et aux circonstances de la mort des apôtres. En tout cas, rien ne permet de dire qu'il a eu ces deux textes sous les yeux. Par ailleurs, on notera l'imprécision de la formule relative aux Actes apocryphes: « Actes d'André, de Jean et des autres apôtres» (Kat 'téi>v {J).J..rov à1tomoÂ.cJ)v 1tp(iÇEtÇ). Le fait qu'il écrive 'téi>v iJJ.J..rov et non 'tlvroV iJJ.J..rov paraît indiquer que tous les apôtres ont reçu ou pu recevoir leurs Actes, et que tous ces textes sont à exclure pareillement. Or ce n'est pas le cas des Actes de Paul qu'Eusèbe lui-même range parmi les v690L Et pourquoi ne mentionne-t-i1 pas les (( autres apôtres» à propos desquels des Actes furent composés? Pourquoi omet-il ici les Actes de Pie"e qu'il rejette ailleurs comme étrangers à la tradition (III, 3, 2)? Connaîtrait-il l'existence d'autres Actes (on songera surtout aux Actes de Thomas) sans juger utile de la nommer3? En définitive, la formule d'Eusèbe n'est guère éclairante. Ou bien l'histo rien choisit de rester flou, sans doute par manque d'information, ou bien il recopie une expression qu'il trouve ailleurs. Dans un cas comme dans l'autre, on hésitera à lui accorder une solide connaissance des textes qu'il met au ban de l'Eglise. 3 Selon ScHMIDT, p. 29 et n. l, Eusèbe ne citerait ni les Actes de Pierre, ni les Actes de Thomas, parce qu'il viendrait de signaler leurs Evangiles. Mais où trouver la preuve qu'il connaît les Actes de Thomas?

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