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Les quatre branches du « Mabinogi » et autres contes gallois du Moyen Âge PDF

419 Pages·1993·36.22 MB·French
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Les Quatre Branches du .Mabinogi et autres contes gallois du Moyen Age TRADUIT DU MOYEN GALLOIS, PR!SENT:t ET ANNOT:é PAR PIERRE-YVES LAMBERT ) GALLIMARD © &iitiom Gallimard, 1993, pour la prlstnle ldition. AVANT-PROPOS Cette nouvelle publication des contes gallois du Moyen Âge, quatre-vingts ans après la traduction de Joseph Loth, se justifie moins par le besoin de corriger/ou d'améliorer sa traduction que par la nécessité de mettre à jour ses notes et commentaires. Joseph Loth était trop dépendant de la tradition philologique du xix• siècle gallois; son commentaire, qui se voulait à la fois histo­ rique et linguistique, a en particulier l'inconvénient d'utiliser trop largement les documents inventés par lolo Morganwg 1 au début du XIXe siècle. S'il a su faire jouer la méthode critique par rapport à la traduction qui l'avait précédé (celle de Lady Guest, d'ailleurs trop édulcorée), il n'a pas pu exercer la même critique sur les docu­ ments pseudo-historiques du génial faussaire de Glamorgan. Mais c'est surtout sur le plan de l'interprétation mytholo­ gique que la méthode hypercritique de Joseph Loth se révèle assez décevante. Il se défiait des interprétations mythologiques (celles de John Rhys 2, de Frazer) et il n'en fait pas état dans 1. Edward Williams, dit lolo Morganwg (1747-1826), maçon de son état, mais aussi poète, copiste et collectionneur de manuscrits, et faussaire génial. Il forgea tout un supplé­ ment à l'œuvœ poétique de Dafydd ap Gwilym, inventa des triades, des textes de lois, des généalogies, créa de toutes piêœs l'œuvre de bardes médiévaux (auxquels il donnait des noms), simplement pour illustrer son Glamorgan natal. Il fut l'un des trois éditeurs de la Myfyrian Archeology (1803-1807). Dans ce recueil, une partie des Triades, des poèmes et les Lois dites < de Moelmud > sont falsifiées. Entre autres passions, il s'activa pour démontrer que Madog avait découvert l'Amérique, et il organisa le premier Gorsedd néodruidique (Londres, 1792). Joseph Loth cite fréquemment le recueil des lolo Man111cripts (posthume, 1848), qui mêle traditions authentiques et inventions. 2. Voir John Rhys, Lectures on 1he Origin and Grow1h of Religion as I/1111/rated by Ollit: Heathendo,n (Hibbert lecrure), 1888. John Rhys admet des schémas généraux pour expliquer l'histoire des religions: les figures mythologiques s'inspirent du cycle annuel de la végétation, les héros sont tous solaires, erc. 7 ses commentaires. Plus tard, il n'accepta pas non plus les intuitions extraordinaires - mais parfois aussi, extravagantes - de W. J. Gruffydd dans ce qu'il appelait la < celto­ mythologie 1 >. Il semblait plus disposé à admettre une ana­ lyse historiciste ou folkloriste : les thèmes des contes gallois étaient tirés soit d'influences littéraires extérieures, soit d'un fonds populaire international. En revendiquant ces contes aristocratiques comme l'expression de leur propre culture, les celtisants du xx' siècle ont cherché à retrouver à travers eux des mythes celtiques hérités; leur préoc­ cupation rejoint celle des indo-européanistes comme Georges Dumézil, qui travaillent sur les différents mythes des peuples indo-européens en tant que reflets des structures archaïques de leur société 2• Si donc les innovations apportées dans notre traduction sont très limitées, il nous a paru nécessaire de renouveler le com­ mentaire historique et linguistique dans les notes, et une inter­ prétation des contes, en tant que mythes traditionnels, a été pro­ posée dans l'introduction à chaque texte. Cette introduction est inspirée généralement par une analyse structurale de la signification du conte, dans ses éléments, son organisation et sa finalité. Au-delà de la signification directe, synchronique, nous rappelons les principales hypothèses de reconstitution mythologique, établies par comparaison avec d'autres corpus de mythes. Cette introduction est donc destinée à rappeler au lecteur, d'une part qu'il y a eu, à propos de chaque conte, toutes sortes d'interprétations (interprétation comme mythes celtiques ou indo-européens, comme légendes ayant un fondement historique, comme contes populaires internationaux, et parfois aussi comme contes aristocratiques empruntés à l'Irlande), et d'autre part que ces contes d'origine obscure ou confuse ont encore un sens pour leur auditoire médiéval, sans qu'il soit besoin pour cela de corriger ou de reconstruire un état antérieur. 1. Cf. la critique virulente de Joseph Loth contre le livre de W. J. Gruffydd Math v116 Mathonwy dans < Le Mabinogi de Marh vab Machonwy d"après W.J. Gruffydd et la méthode en celto-mythologie >, Revue C,/1iq11e, XLVI, 1929, 272-300. 2. Cerre direction de recherche a été suivie par plusieurs celtisants, en particulier Proinsias Mac Cana (Br11nwen D1111ghter of Llyr, 1958; The Mabinogi, Cardiff, 1977, rééd. 1992), les frères Rees (Brynley Rees, Alwyn Rees, C,/tic Herit11ge, London, 1961) et, en France, Fran­ çoise Le Roux et Christian Guyonvarc'h. 8 Comme Lady Guest, nous avons joint à cette édition la tra­ duction du conte de Taliesin, un texte beaucoup plus court, que Joseph Loth n'avait pas inclus à cause de la date tardive des manuscrits. INTRODUCTION I. LES CONTES GALLOIS DU MOYEN ÂGE 1. Les manuscrits La collection de ce que Joseph Loth (à la suite de Lady Guest) appelait les Mabinogion est contenue dans deux manuscrits prin­ cipaux, le Livre Blanc de Rhydderch et le Livre Rouge de Her­ gest. Quelques mots sont nécessaires ici à propos de ces deux documents. Le Livre Rouge, copié par plusieurs scribes entre 1380 et 1410, paraît être postérieur d'une génération au Livre Blanc, qui daterait d'environ 1350. Leurs textes sont très proches, et l'on est sûr que l'un des scribes du Livre Rouge a utilisé le Livre Blanc, au moins pour des révisions. La relation exacte entre les deux manuscrits est encore l'objet de discussions. Certains croyaient le Livre Rouge complètement copié sur le Livre Blanc, avec ici et là des modernisations de langue, des omissions ou au contraire des additions faisant appel à une autre version traditionnelle. D'autres pensent que le Livre Rouge présente simplement une transcription indépendante des mêmes traditions orales, mais avec une révision sur le modèle du Livre Blanc. La relation des deux manuscrits peut avoir été dif­ férente pour chaque conte ou ensemble de contes. Quoi qu'il en soit, les deux manuscrits présentent la somme des contes et romans traduits sous le titre de Mabinogion par Lady Guest et Joseph Loth (à l'exception de < L'histoire de Taliesin>). 11 Les deux manuscrits ne se présentent pas sous le même aspect. Le Livre Rouge est un volume très important qui contient beaucoup d'autres textes en plus des Mabinogion, notamment un corpus exceptionnel de poésie. Le Livre Blanc, quant à lui, comporte aussi quelques autres histoires en prose; son texte des Mabinogion est incomplet, à cause de nombreuses lacunes, et on n'y trouve pas, par exemple, < Le songe de Rhonab >. Certains textes ont été conservés en wy plus dans d'autres manuscrits comme Peniarth 6, un manus­ crit assez ancien (1225 environ), qui contient deux fragments des Quatre Branches (un morceau de <B ranwen> et un de < Mana dan> ). wy 2. Le terme de < Mabinogi > Le pluriel Mabinogion pour désigner cet ensemble de contes, écrits en moyen-gallois, est certainement un faux-sens des inter­ prètes modernes. Sans doute trouve-t-on le pluriel Mabynnogyon à la fin du conte de<P wyll> , mais c'est dans la phrase: <C 'est ainsi que se termine cette branche des Mabinogi-on 1 > -une ter­ minaison de pluriel peut-être inspirée par un mot en -ion dans la phrase précédente. Les autres contes du même cycle ont régu­ lièrement la formule initiale ou finale : <V oici la Deuxième (Troisième, Quatrième) Branche du Mabinogi. > Depuis l'édition des Quatre Branches du Mabinogi par !for Williams, on admet que le terme de <M abinogi> désignait exactement le cycle des quatre contes intitulés < Pwyll >, <B ranwen> , <M ana dan> wy et <Math>. Un essai d'interprétation préscientifique du mot mabinogi a consisté à imaginer qu'il désignait précisément la tradition orale des bardes : on a supposé que mabinog (mebinog) signi­ fiait <a pprenti barde>. Cette hypothèse ne repose sur aucun texte. Pour l'appuyer, lolo Morganwg a même inventé dif­ férents degrés de formation : Mebinog Y1byddaid, Mebinog 2 Gorddyfnaid, Mebinog Braint • Cette théorie n'a aucune base l. < A,-yutlly y teruyna y geing hon yma o', Mabynnogyon >. PKM 27.27-8. Il est clair que ce pluriel signifie < l'ensemble des Quarre Branches>. 2. lolo Manus,ripts, 211-213. Ce sont des grades différents qui sont attestés dans les< sta­ tuts > attribués à Gruffudd ap Cynan. Cf. The Bulletin of the Board of Celtfr Sl11di1s, V, 25-33, et G.J. Williams, G,amadegau 'r Pençeirddiaid, Caerdydd, 1934, ci. 12 solide. Elle était néanmoins adoptée jusqu'au début du xx• siècle par des savants comme Alfred Nutt et Joseph Loth. Mais il est vrai que, dès le Moyen Age, le mot a reçu un emploi de nom commun, avec le sens d' < exploits d'enfance>, les < enfances> d'un héro�, par exemple dans le titre de la tra­ duaion d'un apocryphe, Uyma Vabinogi Iesu Grist (< Voici les enfances de Jésus-Christ>). Comme la connexion s'imposait entre mabinogi et le gallois mab (< jeune garçon>), on pensait, au xrx• siècle, que mabinogi signifiait < contes pour la jeunesse> (cf. le dicitonnaire d'Owen Pughe). C'est sans doute la même étymo­ logie populaire qui justifie le sens d' < exploits d'enfance> au cours du Moyen Age. Ifor Williams y voyait l'interprétation la plus probable de Mabinogi: le terme se serait d'abord appliqué aux trois premières Branches, où l'on peut suivre effectivement les < exploits d'enfance> de Pryderi (sa naissance et sa petite enfance dans < Pwyll >, l'expédition militaire en Irlande dans < Branwen> , les difficultés de gouvernement dans < Manawydan >). La Qua­ trième Branche, provenant d'un autre cycle royal, comme on le verra, aurait été rattachée à celui-ci postérieurement, par l'inser­ tion de l'épisode de la mort de Pryderi. Le problème posé par cette interprétation, c'est que les Quatre Branches ne sont pas désignées comme le < Mabinogi Pryderi> (les< enfances de Pryderi> ), comme on s'y attendrait, mais seu­ lement par le terme de< Mabinogi> . Si bien que l'on est en droit de penser que c'est le titre d'une légende particulière, dérivé du nom du héros principal, tout comme l'Odyssée (gr. Odus­ seus = Ulysse), l'É néide (Énée), etc. A la suite de divers essais étymologiques (par J. Lloyd-Jones et T.F. O'Rahilly), et en s'appuyant sur l'analyse mythologique de W.J. Gruffydd, le professeur Eric Hamp a supposé que Mabinogi était le nom de la légende de Mahon - en restituant Mabyniogi, de "'maponiilka. Mabon est un héros mythologique absent des Quatre Branches, mais qui apparaît dans < Kulhwch> comme une sorte de demi­ dieu, intermédiaire entre les hommes et es puissances surna­ turelles. Son destin aurait été comparable à celui de Pryderi, ou à celui de Lieu, deux héros des Quatre Branches qui connaissent des aventures comparables (ainsi, l'exercice du métier de cordon­ nier sur cuir doré). Nous le retrouvons en Irlande, dans le< cycle mythologique> , sous le nom de Mac ind Ôc, fils de la Boand et 13 du dieu suprême, le Dagda 1 on a trouvé quelques documents ; attestant sa présence en Gaule sous le nom de Maponos 2 • Les contes gallois ici présentés sont donc de nature et d'origine diverses: on trouvera d'abord les Quatre Branches du Mabinogi, puis quelques contes reliés de près ou de loin à la légende d'Arthur ou à d'autres légendes royales(< Maxen >, < Lludd> ), les crois romans archuriens, et enfin le conte populaire attaché au nom du poète Taliesin. 3. Les contes et les conteurs dans la socitté médiévale galloise Les contes traduits ici sont désignés de différents noms : cyfranc (<rencontre> ou <combat>), chwedl (<conte>, <die>), hystoria (<histoire>). Les différentes Branches du Mabinogi sont aussi qualifiées de chwedl( <conte>). Le conte se dit encore cyfarwyddyd, de cyfarwydd( le nom du <c onteur>): ce mot signifie <i nformation, connaissance > ec qualifie bien le conteur comme un guide, un instructeur. Comme en Irlande, c'é taie la classe des poètes gallois qui était chargée de garder en mémoire les contes traditionnels ; ce fait doit être expliqué, car il permet de comprendre la valeur sociale du conte, et son style plus aristocratique que populaire. Pour l'Irlande, on dispose d'un très grand nombre de légendes, et nous avons des textes de lois et des règlements poé­ tiques qui détaillent le déroulement de la formation du poète. D'après certains de ces textes, le poète devait apprendre deux cent cinquante légendes durant sa formation. Certaines listes de légendes one été conservées, où les titres sont classés par genres : les <Conceptions>, les <R echerches en mariage>, les < Morts violentes>, les <Batailles>, les <Sièges>, les <Visions>, les <A ventures dans l'Autre Monde>, etc. Pour le Pays de Galles, il devait en être de même : on verra dans la Quatrième Branche que Gwydyon, en tant que penkerdd (barde en cheû, doit dire un conte le premier soir qu'il passe en l. Mac ind Oc serait une réinterprécation de Maccan Oc, < Maccan le Jeune>, où Maccan est le correspondant irlandais de Maponos (T.F. O'Rahilly, &rly Irish History and Mythology, 517). 2. Ce nom de dieu a été retrouvé r�cemment sur une rablerrc magique gauloise, dans une fontaine sacrée, à Chamalières (Puy-de-Dôme). Voir entre aurres t.l11dt1 Celtiq11t1, XV, 2, 1978, 173 s., et XVI, 1979, 14 ls. 14

Description:
Les contes médiévaux gallois (parfois appelés Mabinogion) sont pour l'essentiel conservés dans deux manuscrits du XIVe siècle. Les Quatre Branches du Mabinogi sont des récits associés à la fondation de deux dynasties royales (provinces de Dyfed et de Gwynedd). Ces quatre histoires expriment
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