Les Apôtres Thaddée et Barthélemy Aux origines du christianisme arménien APOCRYPHES collection de poche de l’aelac Direction Alain Desreumaux Zbigniew Izydorczyk Enrico Norelli Jean-Michel Roessli Volume 13 Maquette de couverture: Vincent Gouraud Composition et montage: Alain Hurtig Les Apôtres Thaddée et Barthélemy Aux origines du christianisme arménien Martyre et Découverte des reliques de Thaddée Martyre et Découverte des reliques de Barthélemy par Maroutha Introduction, traduction et notes par Valentina Calzolari BREPOLS APOCRYPHES collection de poche de l’aelac Volumes parus 1. L’Évangile de Barthélemy, par Jean-Daniel Kaestli, avec la collaboration de Pierre Cherix, 1993, 281p. 2. Ascension d’Isaïe, par Enrico Norelli, 1993, 186p. 3. Histoire du roi Abgar et de Jésus, par Alain Desreumaux, 1993, 184p. 4. Les Odes de Salomon, par Marie-Joseph Pierre, avec la collaboration de Jean-Marie Martin, 1994, 225p. 5. L’Épître des Apôtres et le Testament de notre Seigneur, par Jacques-Noël Pérès, 1994, 152p. 6. Salomon et Saturne, par Robert Faerber, 1995, 209p. 7. Actes de l’apôtre André, par Jean-Marc Prieur, 1995, 209p. 8. Les Actes de l’apôtre Philippe, par François Bovon, Bertrand Bouvier& Frédéric Amsler, 1996, 318p. 9. L’évangile de Nicodème, par Rémi Gounelle & Zbigniew Izydorczyk, 1997, 273p. 10. Les Reconnaissancesdu Pseudo-Clément, par Luigi Cirillo& André Schneider, 1997, 652p. 11. Les Actes de Mar Mari, par Christelle Jullien & Florence Jullien, 2001, 175p. 12. La Gloire des Rois, par Robert Beylot, 2008,490 p. 13. Les Apôtres Thaddée et Barthélemy, par Valentina Calzolari, 2011,260 p. © 2011, Brepols Publishers SA All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise without the prior permission of the publisher. D/2011/0095/60 ISBN 978-2-503-54037-5 Printed in the E.U. LA coLLecTion De poche Apocryphes Un fragment de papyrus trouvé dans la tombe d’un moine copte d’Égypte, un fabliau narrant l’histoire de la crèche, une fresque romane sur un mur poitevin, un roman latin à épisodes détaillant les aventures des apôtres… tous ces documents témoignent à leur manière de l’existence et de la diffusion d’œuvres appelées apocryphes. Tour à tour recherchés et rejetés, exploités et vilipendés, traduits et oubliés, les apocryphes ne gardent-ils pas un mys- térieux pouvoir d’évocation? N’imagine-t-on pas, à entendre leur nom, qu’une révélation insoupçonnée, jadis tenue secrète, est enfin amenée à la lumière? À qui se plonge dans la littérature apocryphe, avec l’ardeur parfois frénétique de savoir désormais ce qu’il cherchait depuis longtemps, ces œuvres pourraient réserver une cruelle décep- tion. Certains apocryphes prétendent bien en effet en appren- dre au lecteur sur Jésus; l’un rapporte un enseignement ésotérique qu’il aurait confié à un disciple particulier, tel Thomas; un autre, les Actes de Pilate, transcrit fidèlement le récit que deux ressuscités auraient fait de sa visite aux enfers. D’autres en revanche ont des prétentions beaucoup moins hautaines: la Lettre tombée du ciel a-t-elle d’autres buts que de 8 Apocryphes justifier que l’on paye la dîme et que l’on observe le dimanche? Quant aux récits qui montrent un apôtre détour- nant la femme d’un haut fonction naire romain de ses devoirs conjugaux, comme par exemple les Actes de Philippe, ne sont- ils pas avant tout le reflet de choix pratiques de morale sexuelle et un appel à faire acte de chasteté dans le mariage? Pour qui est assoiffé d’éternité, voici des documents de piètre importance! Et pourtant, s’il apprend à ne pas attendre des apocryphes qu’ils lui livrent des secrets ou des révélations cachées sur Jésus et ses disciples, il retirera de sa lecture le plus grand profit. L’intérêt de ces textes est en effet ailleurs: ils transmettent les représentations que les chrétiens de divers lieux et de divers temps se sont faites de la figure de Jésus, du rôle des apôtres, de l’origine de leurs Églises locales… Ils témoignent également des questions qui les ont agités, et des réponses qu’ils leur ont données: quelle est la nature du Christ, demande l’Ascension d’Isaïe, tandis que les Actes de Pilate s’in- terrogent sur les liens du christianisme avec le judaïsme et la culture romaine. Certains apocryphes sont très anciens et reflètent des tradi- tions contemporaines d’une partie de ce qui est devenu le Nouveau Testament… Ils constituent pour les historiens comme pour les biblistes une voie d’accès privilégiée, encore peu exploitée, à des traditions chrétiennes des origines. Pas plus que les évangiles canonisés, ils ne nous donnent accès à la vérité historique sur Jésus et sur ses apôtres. Ils nous transmet- tent bien plutôt des éclairages sur la vie et sur les croyances des premières communautés de chrétiens. L’imaginaire est en effet ici véhicule de création et de réflexion. Ainsi lorsque l’Évangile de l’enfance selon Thomasnarre au milieu du deuxième siècle tous les méfaits que Jésus a pu faire étant petit, il ne cherche pas à écrire une biographie Apocryphes 9 de Jésus enfant, encore moins à faire preuve d’imagination débridée — voire sacrilège — mais il s’interroge sur les moda- lités de l’Incarnation et se demande comment se manifestait dans l’enfant Jésus la plénitude de la grâce divine; c’est enfin et surtout qu’il essaye d’expliquer ce que l’Évangile de Luc voulait dire en affirmant que «l’enfant croissait et se fortifiait en esprit». reflets de questions exégétiques, dogmatiques et morales de la plus haute importance, les apocryphes que la présente collection offre au public dévoileront leurs richesses à qui n’y cherche pas ce qu’ils ne peuvent lui offrir, mais à qui a écouté P. Valéry lorsqu’il écrivit que «toutes les histoires s’approfon- dissent en fables…» Loin d’offrir une image unifiée de la religion chrétienne, les apocryphes nous introduisent à sa diversité doctrinale, mais aussi mythologique et linguistique. Le christianisme, dès ses origines, se présente en effet sous la forme d’un ensemble de communautés étonnamment diverses. De nombreux apocryphes en témoignent, qui nous sont parvenus en de multiples versions. Ainsi la Doctrine d’Addaï nous a-t-elle été transmise en grec, en syriaque, en copte, en éthiopien, en arabe, en arménien, en géorgien et en slavon. Chacune de ces versions porte la marque du milieu qui a produit cet apocryphe, qui l’a conservé, ou transmis. Chacune d’elle témoigne à sa manière du foisonnement doctrinal des premiers siècles du christianisme. Voilà pourquoi, à l’heure où, le christianisme devenant reli- gion de l’Empire, les autorités tentaient d’en donner une image unifiée, certains Pères ont vilipendé les apocryphes comme porteurs d’hérésies. En un moment où la recherche redécouvre l’extraordinaire foisonnement des premiers siècles du christianisme, il était urgent de mettre à la portée du public des textes qui en portent si clairement la trace et qui, parfois 10 Apocryphes en quelques lignes, nous éclairent un pan de l’histoire encore méconnu. Au sein de cette diversité, le choix de l’Église ancienne fut difficile. L’Apocalypse dite de Jean a bien failli ne pas être retenue dans le canon. Quant au Pasteur d’Hermas, il a, lui, manqué de peu d’y entrer. Il n’y a aucune différence intrin- sèque entre canoniques et apocryphes. Le Nouveau Testament résulte du choix que les autorités ecclésiastiques ont dû opérer parmi des dizaines de textes pour fixer un corpus de référence de la foi chrétienne. D’autres œuvres, non retenues, conti - nuèrent longtemps à alimenter la piété chrétienne, au point qu’elles sont à la source de nombreuses traditions encore vivaces. Qui donc sait que les lectures monastiques pour les fêtes des apôtres puisent dans le Martyrologedes récits édifiants tirés des Actes apocryphes des apôtres? Qui pense apocryphe lorsqu’on évoque Gaspar, Melchior et Balthasar, ces trois mages que la tradition évangélique se garde de nommer mais dont les noms sont déjà sur les peintures coptes dans l’oasis égyptienne de Bawit? oublier les apocryphes équivaudrait à vouer les vitraux de nos cathédrales et les fresques de nos églises romanes au silence, à rendre à jamais incompréhensible l’Enferde Dante ou certaines pages de Flaubert. En un moment où l’on décou- vre avec inquiétude la méconnaissance que nos contemporains ont de l’histoire religieuse, il devenait urgent de traduire et de diffuser ces textes qui sont partie intégrante de notre mémoire. Les textes originaux sont publiés ou en voie de publication dans la Série des Apocryphes du Corpus Christianorum. on en trouvera ici une traduction fidèle mais agréable. Beaucoup seront aussi rassemblées dans deux volumes de la Pléiadepar les mêmes chercheurs, membres de l’Association pour l’étude de la littérature apocryphe chrétienne. Ceux-ci ont voulu les ren- Apocryphes 11 dre accessibles au plus grand nombre, sous la forme de volumes indépendants, dans la présente collection de poche. Ainsi introduit au texte, aidé par des notes précises mais sim- ples, nul doute que le lecteur de ces œuvres sera amené à en découvrir l’intérêt, au-delà de ses préjugés, et apprendra à goûter le plaisir d’une lecture sereine des apocryphes.
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