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Les Animaux ont une histoire PDF

414 Pages·1984·80.24 MB·French
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LES ANIMAUX ONT UNE HISTOIRE Du même auteur La Moscovie au XVIe siècle Calmann-Uvy, 1965 L'Europe au Moyen Age (documents exp/iquls) en collaboralion al'« Charles de La Roncilre et Philippe Contamine Colin, 1968-1971, 3 vol. Introduction aux sciences auxiliaires de l'histoire Colin, 1969 Histoire des croisades de Jean-François Michaud, prhentl et lditl par Robert Delort Lq/font, 1969 Venise, ponrait historique d'une cité en collaboration av« Philippe Braunstein td. du Seuil, 1971, rNd. 1978 Le Moyen Age, histoire illustrée de la vie quotidienne Lausanne, Edita SA, 1972: Paris, td. du Seuil, 1983 Life in the Middle Ages New York. 1973, et Londres, 1974 Le Commerce des fourrures en Occident à la fin du Moyen Age Rome-Paris, De Bo«ard, 1978-1980, 2 vol. Récits des temps mérovingiens d'Augustin Thierry, prhentl par Robert Delort L'Arbre double, 1981 La Vie au Moyen Age td. du Seuil, coll. ·Points Histoire~ 1982 ROBERT DELORT LES ANIMAUX ONT UNE HISTOIRE ÉDITIONS DU SEUIL n~ 27, rue Jacob, Paris, CE LIVRE EST PUBLl2 DANS LA COLLECTION L'UNIVERS HISTORIQUE DIRIG2E PAR JACQUES JULLIARD ET MICHEL WINOCK ISBN 2-02-00ISl 3 -S. iJ NOVEMBRE19 84.E DITIONSD U SEUIL La loi du 11 man 19S7 intenlil ln capin CNI rq,n,ductiolll desliMCAI uneu lililalioll col Clelcllltie wt eITO.U oillul.t st Cta O~miti .a. .Il..ir o ono ntmllllfl<flllCieolNlnl~ MI dr e rp-ar ln l liolniucl lqdnle a .4l.t2 oSlu) e' Itp DsaIurI liivdCalInrI IllIlàC di, ulnt i c. ... i.l. l qicupielmtlCq aull .at lpllrlolicluârt t Avant-propos Ce livre aurait pu (ou dû) être un ouvrage très sévère, à l'aspect dissua sif, truffé de graphiques, de notes, d'expériences, d'allusions, d'analyses et de références à des sciences exactes, peu accessibles et peu compréhen sibles pour un lecteur même très cultivé. On a plutôt tenté de privilégier une des faces aimables, un des reflets extérieurs et illustrés de ce monstre caché, une façon moins austère et pesante d'attirer l'attention sur ce fait finalement peu connu, sinon ignoré : les animaux aussi ont une histoire. Pas seulement dans leur évo lution paléontologique depuis l'Océan créateur et la naissance de la vie jusqu'à l'apparition des civilisations humaines. Pas seulement dans leurs rapports avec l'homme, en particulier parasitisme ou prédation. L'emprise de l'animal sur l'homme a au moins autant d'importance que la domes tication ou l'exploitation de la bête dans le réel ou l'imaginaire des socié tés humaines. Mais encore en eux-mêmes, tels que leur génétique, les con traintes et les variations du milieu (dont l'homme n'est qu'une partie plus ou moins importante) les ont formés, transformés, adaptés, fait vivre ou disparaître dans le temps de l'histoire ... Nous avons ainsi préféré réduire au minimum les considérations théori ques, systématiques et synthétiques; bien des paragraphes, pourtant néces saires scientifiquement, ont été épargnés au lecteur et ont laissé la place à des illustrations, à quelques grands schémas, à des monographies, jugées à tort ou à raison plus typiques et plus parlantes. L'histoire s'est effacée devant quelques histoires, classées à dessein dans l'ordre voulu par la zoologie'. Quelle que soit l'importance de l'homme dans cet ouvrage écrit par un homme pour d'autres hommes, à partir de témoignages souvent humains ou étudiés suivant des techniques élaborées par l'homme, puisse-t-il rap peler ou montrer que l'histoire, science de l'espace dans le temps, ne con cerne pas les seuls hommes, mais aussi tous les autres phénomènes évo lutifs de la nature et de la vie, et en particulier nos pères, nos frères, nos enfants, nos dieux, nos maîtres, nos esclaves : les animaux. 1. Des extraits ou des mum~ de cinq de ces paragrapheso nt ltf publi~ dans la revue /"Histoire,q ue nous tenons à remercier. Introduction L• histoire des animaux, qui traite à la fois de leur évolution pro pre. de leurs relations avec l'homme et. au sens aristotélicien du terme. des recherches générales en zoologie, est une très vieille discipline. Pour l'Occident, il faut la faire remonter au moins à Aristote mais tout aussi bien à Hérodote ou aux plus anciens Grecs qui savaient qu•en ce domaine l'homme est un observateur, plus ou moins compétent et plus ou moins perspicace, de phénomènes dont il n•est pas - ou que partiellement et pas toujours consciemment - la cause. Que ron relise tous les traités de zoologie descriptive depuis ceux des Chinois. Indiens et Grecs jusqu•à la somme la plus encyclopédique et la plus complète de la fin du x1xr siècle, celle de A. E. Brehm, nous retrouvons sans cesse cette composante et sur tout cette préoccupation historiques. Les animaux sauvages. a fortiori les domestiques, n'ont pas toujours été les mêmes; ils ont présenté tel ou tel aspect. sont apparus dans telle région, à telle époque, et leurs rapports avec les hommes ont fortement changé au fil des millénaires. Pendant longtemps, cette zoologie historique est restée très proche d•une histoire de la zoologie, dont elle ne s•est radicalement séparée que depuis peu, dans le sillage tardif de la paléontologie. s•i1 convient de les bien dis tinguer, encore faut-il comprendre pourquoi la confusion entre les deux fut si totale pendant des siècles. Pline r Ancien, Isidore de Séville, Jahiz. Avicenne, Albert le Grand ou les zoologues des xv1r et xvur siècles ont tous lu leurs devanciers et tous les citent littéralement. En écrivant leur somme, ils font ainsi - même s•ils n'ont pas toujours une idée très pré cise de la chronologie - une histoire des zoologues qui les ont précédés, et donc de la zoologie. Les auteurs, non contents de recenser toutes les connaissances livresques, font scrupuleusement état de ce qu'ils ont pu apprendre de leurs contemporains ou observer eux-mêmes. Cette méthode valut à Aldrovandi les sarcasmes de Buffon : «A l'occasion de l'Histoire naturelle du Coq et du Bœuf, il raconte tout ce qui a été dit des coqs et des bœufs, tout ce que les Anciens en ont pensé, tout ce que ron a ima giné de leurs vertus, de leur caractère, de leur courage, toutes les choses auxquelles on a voulu les employer, tous les contes que les bonnes fem mes en ont faits, tous les miracles qu•on leur a fait faire dans certaines religions ou les sujets de superstition qu'ils ont fournis, toutes les compa raisons que les poètes en ont tirées[ ...] , toutes les représentations qu'on en fait dans les hiéroglyphes, dans les armoiries, en un mot, toutes les histoi res et toutes les fables dont on ne s•est jamais avisé au sujet des coqs et des bœufs. Qu'on juge, après cela, de la portion d'Histoire naturelle qu'on 9 LES ANIMAUX ONT UNE HISTOIRE doit s'attendre à trouver dans ce fatras d'écriture.» La charge est cruelle et injuste, car c'est oublier que les savants comme Thomas de Cantim pré, Vincent de Beauvais, Albert le Grand au xmr siècle, ou Gesner au xv1rs iècle, ont su aussi décrire un animal tel qu'ils le voyaient, ou racon ter des événements précis, contemporains, le concernant. Ainsi Th. Moufet, amplifiant les notes de Gesner écrit, avant 1590, au chapitre des locus tes . « L'an 1553. Quel fut le désastre que les colonnes de sauterelles infli gèrent à la région d'Arles, tout le monde le sait. Et, à l'heure où nous écrivons, nous apprenons que les Espagnols sont sinistrés par un nombre immense de sauterelles, portées depuis l'Afrique. Elles volaient par les nues comme des cohortes et peuplaient densément l'air. Et les gens, quand ils les virent, de sonner les trompettes, faire tonner les bombardes, tinter les vases d'airain, jeter du sable, enfin de tout tenter qui pût les repous ser. Mais l'événement ne répondit pas à leur vœu; et finalement, malgré tous ces efforts inutiles, ils périrent un peu partout de faim et de pour riture, comme nous l'ont dit marins et capitaines qui ont pu échapper à cette catastrophe.» Albert le Grand n'en usait pas autrement, qui faisait d'une part de la zoologie expérimentale et systématique (en mentionnant ses propres observations ou recherches), d'autre part de l'histoire de la zoologie (en citant plusieurs de ses devanciers) et enfin de la zoologie his torique (en signalant les variations dans le temps de la répartition, par exemple, des castors en Occident). Rompant avec ces méthodes, la zoologie récente s'est constituée en science de la nature et de la vie, comme d'ailleurs toutes les autres scien ces symptomatiquement regroupées jadis sous la rubrique « Histoire natu relle». Fondée sur de vastes connaissances en sciences des structures et de la matière (mathématiques, physique, chimie) et sur l'interprétation rigou reuse d'observations et d'expériences provoquées, les zoologues ont ainsi brutalement abandonné, négligé, utilisé à des fins taxinomiques ou géné tiques, ou relégué au niveau des anecdotes, l'histoire ancienne des ani maux. Entre la paléontologie, qui n'en traite que jusqu'à l'apparition des groupes humains, et la zoologie, qui en parle surtout pour les dernières décennies, en la distinguant mal et en ne la dissociant guère de l"histoire de la zoologie, il y a une lacune de plusieurs millénaires, très imparfaite ment couverte par de nombreuses disciplines soit éloignées des textes et des témoignages humains, soit coupées des sciences zoologiques actuelles. L'étude des mentalités, de l'imaginaire, du folklore, de la mythologie à tra vers le bestiaire ou le zoomorphisme des grandes civilisations a accen tué la tendance, déjà évidente pour les historiens de la domestication et de l'élevage, à considérer les seuls rapports de l'homme et de l'animal au grand profit de l'histoire de la zoologie, mais trop souvent au détriment de l'histoire des bêtes en soi. Inversement, l'analyse des seuls vestiges scientifiquement étudiables (os, dents. peaux). révélés par des fouilles archéologiques, s'est concentrée sur les périodes sans textes ou pauvres en documents écrits, si bien que l'hia tus est énorme en Occident, de la fin de !'Antiquité au x1xr siècle; pour les autres civilisations, le gouffre est plus insondable encore. Il s'agit donc IO LES ANIMAUX ONT UNE HISTOIRE de faire ce que certains appellent une ethnozoologie (parallèle à l'ethno botanique) qui essaie de cerner l'ensemble de ces phénomènes en se fon dant sur l'archéozoologie, laquelle, à partir des connaissances actuelles, étudie des animaux anciens grâce à l'archéologie et l'ostéologie. On devrait donc plutôt parler de zoologie historique; à rapprocher de la géologie his torique qui, avec les moyens les plus modernes, analyse l'évolution de la Terre depuis sa naissance jusqu'à nos jours, discipline radicalement dis tincte (faut-il le préciser?) de l'histoire de la géologie, vouée à l'étude des hommes et des conceptions humaines qui ont, dans les civilisations suc cessives. tenté de comprendre la structure de notre planète. Exigeant à la fois le sens du temps, une large connaissance des contextes humains, des univers économiques ou mentaux; tablant sur un système de la nuance et de la pluralité des causes; relevant d'abord de l'histoire, même si elle peut déboucher sur la sociologie, l'ethnologie et la philoso phie; réclamant des connaissances zoologiques de base (celles du zoolo gue actuel, qui est aussi éthologiste ou écologiste). l'examen attentif des ossements, des fragments de peaux ou de phanères, des marqueurs géné tiques, des gisements archéologiques; obligeant à replacer l'animal dans son milieu social et dans son biotope, cette discipline est tout autant zoo logie. Cette double filiation devrait peut-être lui valoir plutôt le nom de «zoohistoire» (comme l'on dit biogéographie ou géohistoire, comme l'on dira bientôt « écohistoire » ). Jusqu'à présent, ce sont surtout des zoologues qui ont tenté l'aventure, en privilégiant la chronologie plus que l'histoire mais en faisant souvent appel aux historiens, en particulier pour I'A ntiquité; et, par le biais de l'archéologie et de l'ostéologie, la réciproque est vraie. C'est principalement pour le Moyen Age et surtout pour l'époque moderne qu'un immense travail reste à faire; or, les animaux n'étaient pas exactement les mêmes qu'à l'heure actuelle, et leur place sur la planète a bien changé. Il faut non seulement essayer de repérer et d'étudier ceux qui ont disparu et vont disparaître (listes noires et rouges des écologistes). mais aussi tous ceux qui ont survécu, sont apparus ou se sont développés en se transformant ou s'adaptant selon les subtiles variations des condi tions écologiques et historiques. Une histoire générale des animaux ne peut donc se concevoir que dans son ensemble, couvrant l'évolution et le devenir de toutes les espèces con naissables, sur toute la Terre ou. à la rigueur, dans un cadre géographique précis. En admettant que soit laissée à la paléontologie l'immense période qui précède l'apparition des hommes, qu'on effleure rapidement les temps de la préhistoire et de la protohistoire humaine, elle devrait s'étaler de la naissance des civilisations du Croissant fertile à nos jours, soit sur 5 000 à 6000 ans. Les cadres de l'histoire humaine continueraient à s'imposer: il faudrait étudier, par exemple, les animaux à Sumer, dans l'ancienne Égypte, à Mohenjo Daro, dans l'Inde d'avant Bouddha, dans l'Antiquité gréco-romaine, dans le Moyen Age occidental, dans le monde préco lombien, etc. Le grand avantage, à la fois zoologique et historique, serait d'étudier 11

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