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L'enfant et son mystère PDF

197 Pages·2011·54.803 MB·French
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Parole et Silence Marie-Dominique Philippe, o.p. L’ENFANT ET SON MYSTÈRE Parole et Silence Nihil obstat Fr. Philippe-Marie Mossu Communauté Saint-Jean © Parole et Silence, 2011 ISBN: 978-2-84573-868-3 Préface Quelle éducation pour les enfants? C’est sans nul doute une des grandes questions auxquelles est confronté notre temps. Le père Marie-Dominique Phi­ lippe dans cet ouvrage1 ne donne pas un programme mais essaie de nous communiquer une lumière pour en concevoir un. Un enfant est avant tout un mystère. Le père Philippe ne va donc pas dévoiler ce mystère mais le préciser afin de le contempler et de nous aider ainsi à accompagner chaque enfant. Dans un regard de sagesse, nous pouvons en effet découvrir l’intervention première de Dieu et son inten­ tion au travers de chaque conception. Notre âme est créée par Dieu et portée par lui dès son origine. Seul Dieu connaît véritablement un enfant, c’est donc auprès de lui que nous l’accueillerons et que nous pourrons le faire grandir 1 1. Ce livre est la transcription de conférences données dans le cadre des AFC (Associations Familiales Catholiques) à Paris en 1982-1983. 8 L’ENFANT ET SON MYSTERE Si Dieu donne la vie, il la donne de manière sura­ bondante dans le Christ. La vie de la grâce est en effet une nouvelle naissance, un enfantement. Il ne s’agit plus d’un enfantement à la vie humaine mais à la vie même de Dieu. D’une certaine manière, dans le don de la grâce, Dieu s’engage encore plus, nous donnant part à son propre mystère. Par le baptême, cette grâce est donnée de manière étonnante aux petits enfants: cela manifeste à quel point Dieu est leur Père. Si Dieu est le premier Père de chaque enfant, la vie qu’il lui donne est des plus fragiles dans ses commen­ cements. Quelle folie et quelle merveille de la part de Dieu! Pour s’épanouir, cette vie nécessite un milieu tant au niveau humain qu’au niveau divin. Ce milieu est avant tout la famille. L’amour des époux en est le socle mais l’édification s’effectue par l’engagement des parents vis-à-vis de leur enfant. Il s’agit alors de mettre en lumière le rôle du père et de la mère. Déjà bien démunis pour l’éducation humaine - par­ ticiper au développement d’une personne est l’œuvre la plus extraordinaire mais aussi la plus difficile -, les parents le sont encore plus devant l’enfant de Dieu que le Père du Ciel leur confie. Des écueils sont à éviter comme la réduction de l’éducation à l’apprentissage. L’éducation chrétienne et humaine est fondamentale­ ment un éveil du cœur, ce qui permet alors à l’intelli­ gence de devenir une intelligence «tout ordonnée à la présence d’une personne2», le grand signe que nous en montre l’enfant étant son sourire! Un autre écueil est de voir dans l’éducation un chemin continu. L’enfant 2. Citation de l’auteur, p. 111. PRÉFACE 9 est touché par le péché originel et ses conséquences, sa croissance se fera donc dans la lutte avec des échecs et des victoires. Enfin nous pouvons être tentés d’asseoir d’abord des bases humaines pour ensuite développer les vertus chrétiennes, mais c’est mal comprendre la vie que Dieu nous donne. Les vertus théologales ne sont pas les échelons supérieurs et les vertus humaines les échelons inférieurs de l’échelle de l’éducation. Il n’y a qu’une vie, la vie divine assumant une vie humaine. «Il faudrait que le premier mot de l’enfant, sans doute après “papa” et “maman” soit “Jésus”, peut-être même avant3!» La découverte de la Parole de Dieu, l’entrée dans la confiance et la vie dans la gratuité, ne sont-ils pas les piliers du mystère de l’enfant? La vie chrétienne assumant une vie humaine, elle ne pourra pas donner toute sa mesure sans l’éducation reli­ gieuse. Le sens de l’adoration est ainsi important et donne une certaine structure de la relation à Dieu, aux autres et à soi-même. Cette structuration de l’enfant ne nie pas son devenir psychologique mais le met à sa juste place, l’édu­ cation étant avant tout un accompagnement de l’enfant dans sa capacité d’aimer et de chercher la vérité. Cet ouvrage se termine par une récollection que le père Marie-Dominique Philippe avait donnée cette année-là sur la petitesse évangélique4. Ces dernières réflexions nous élèvent à un regard ultime sur « l’enfant 3. Citation de l’auteur, p. 86. 4. A la différence des autres conférences relues par le prédi­ cateur en 1982-1983, la transcription de cette récollection ne l’a pas été, ayant été réalisée après le décès du père Marie-Dominique Philippe. 10 L’ENFANT ET SON MYSTÈRE et son mystère». Le seul véritable enfant n’est-il pas l’enfant de Dieu qui est en chacun de nous et n’est-ce pas dans l’abandon à notre Père céleste que nous vivons notre mystère ? frère Norbert-Marie Communauté Saint-Jean I La première naissance : «J’ai acquis un homme de par le Seigneur» (Gn 4, 1) Dans cette série de conférences, nous allons consi­ dérer ensemble le mystère de l’enfant. Je dis bien : le mystère de l’enfant, parce que ce n’est pas d’un point de vue psychologique que je vous parlerai de l’enfant, mais d’un point de vue théologique, et même d’un point de vue de théologie mystique, c’est-à-dire dans le regard de la sagesse de Dieu. Que représente, dans l’économie divine, le mystère de l’enfant? Le sujet est particuliè­ rement important pour nous, puisque Notre Seigneur lui-même - nous aurons l’occasion d’y revenir - nous dit qu’il faut redevenir comme des petits enfants pour entrer dans le Royaume de Dieu1. Et c’est particuliè­ rement difficile dans le monde d’aujourd’hui, dans ce monde où le point de vue psychologique a pris une telle importance, au point d’être souvent exclusif. La psy­ chologie est très importante, certes, mais elle demande à être dépassée dans un regard philosophique et dans un regard théologique, c’est-à-dire dans un regard de foi. 1 1. Mt 18,3. 12 L’ENFANT ET SON MYSTÈRE Il est évident que, quand Jésus nous dit qu’il faut rede­ venir comme des petits enfants, il ne s’agit pas d’une petitesse psychologique; il s’agit de tout autre chose. Nous essaierons donc ici de comprendre le regard du Christ sur l’enfant, de voir ce qu’est l’enfant pour le Christ et pour le Père. Nous allons essayer de compren­ dre comment Dieu a voulu, dans sa Providence, que l’homme que nous sommes passe d’abord par le stade de l’enfance et, dans l’ordre de la grâce, «redevienne comme un petit enfant». Je ne vais pas faire ici un cours pour les tout-petits; ce serait très important d’appren­ dre aux tout-petits qu’il y a un regard particulier de Dieu sur eux, mais je m’adresse ici à des adultes - du moins j’espère que nous le sommes, que nous sommes des êtres conscients de notre vie, de sa complexité, de sa richesse, et de la difficulté que nous avons à mener une vie pleinement humaine, et surtout à mener, dans notre vie humaine, une vie divine. Comprenons donc comment Dieu a voulu que nous ayons ce développement si particulier, que nous ayons commencé notre vie humaine de cette manière souter­ raine : nous avons été portés par notre mère. Puis il y a eu la naissance et ces premières années où notre mère et notre père ont eu beaucoup plus conscience que nous de ce que nous étions. Petit à petit nous avons pris conscience que nous avions une petite originalité, que nous avions une personne à développer, une autonomie, et à ce moment-là, souvent, nous n’avons pas rendu le bien pour le bien, nous avons eu de la peine à avoir de la reconnaissance. Il faut le reconnaître: ordinairement on n’a de la reconnaissance pour ses parents qu’à partir LA PREMIÈRE NAISSANCE 13 d’un certain âge. Et souvent, on ne prend pleinement conscience de ce que l’on doit à ses parents que quand ils nous ont déjà quittés et qu’ils sont partis pour le Ciel. A ce moment-là, on prend conscience, de façon aiguë, de ce qu’ont été pour nous notre père et notre mère. Il est important dans le monde d’aujourd’hui, pas seulement pour le chrétien mais pour l’homme, de comprendre que tous, nous avons été dans cet état de petitesse, portés par notre mère, portés par notre père, portés par des amis; et que quand nous regardons un enfant, nous devons d’abord avoir un très grand respect pour lui et un très grand amour; avoir pour lui l’amour du Père de tous les enfants, le Père céleste. Nous devons essayer d’avoir dans notre monde d’aujourd’hui, en tant que chrétiens, ce regard sur les tout-petits: le regard de Jésus ; les aimer, ne pas les bousculer. Et dès qu’on voit une mère qui porte son enfant, il faut en avoir un grand respect, respect qui n’existe plus aujourd’hui et que nous devons rétablir. Une civilisation qui n’a plus de respect pour une mère qui attend un enfant, ou qui le porte, n’est plus très élevée ; il y a quelque chose dans le cœur de l’homme qui disparaît: ce sentiment de piété à l’égard du tout-petit qui ne peut pas se défendre et qui est une promesse merveilleuse. Nous devrions tou­ jours regarder les enfants comme Dieu veut que nous les regardions, c’est-à-dire comme une jeune maman regarde son premier enfant, et comme une mère regarde les suivants, car le sentiment maternel augmente pro­ gressivement (c’est pour cela qu’à l’égard du benjamin, il y a un amour extraordinaire).

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