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Le Vatican indiscret PDF

188 Pages·2012·2.21 MB·French
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Du même auteur Le Pape en privé, Nil, 2000. Jacques et Bernadette en privé, Robert Laffont, 2002. Jean-Paul II intime : ce Pape que j’ai bien connu, Robert Laffont, 2005. Ambassadeurs de Dieu, DDB, 2007. Les Robes rouges, DDB/Plon, 2009. Caroline Pigozzi Le Vatican indiscret www.plon.fr © Plon, 2012 Editing : Muriel Lanceleur-Simottel EAN : 978-2-259-21967-9 Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo À mes filles tendres Marina et Cosima À ceux que j’aime En mémoire de Marilou, ma mère, et de Henri-Théodore Pigozzi, mon père. « Toute chose appartient à qui la rend meilleure. » Bertolt BRECHT, Le Cercle de craie caucasien. AVANT-PROPOS Pourquoi j’ai écrit ce livre Benoît XVI venait, ce matin-là, en toute solennité, de remettre la barrette rouge à vingt-quatre cardinaux italiens et étrangers. Dans les fastes et les ors du décor grandiose et baroque de Saint-Pierre, la Rome céleste avait, selon la tradition, offert le 21 novembre 2010 une majestueuse cérémonie commentée simultanément par Fabio Zavattaro, pour la chaîne TG Uno, dans la basilique, et par moi-même en studio. Remontant dans ses appartements privés après la grand-messe, le Saint-Père allait donner depuis sa célèbre fenêtre sa bénédiction urbi et orbi. Le chronomètre m’indiquait qu’il ne me restait plus qu’une minute d’antenne. Je suivais le Pape sur mon écran de contrôle, lui, entouré des techniciens de la RAI1, me voyait du sien, quand Zavattaro me demanda de conclure car, à midi, l’évêque de Rome devait parler. Paniquée, sans vraiment réfléchir, je lançai alors à la surprise générale dans le micro : « Très Saint-Père, je vous passe l’antenne ! – Je vous remercie et vous bénis ! », me répondit posément Benoît XVI. Je tremblais d’émotion. L’espace de quelques secondes, devant des millions de téléspectateurs italiens, j’avais dialogué en direct avec le représentant de Dieu sur Terre ! C’est ce jour-là, à cet instant précis, que j’ai décidé d’écrire un nouveau livre sur le Pasteur d’un milliard deux cents millions d’âmes2. Non pas pour courir derrière les brebis du Seigneur ni parler de théologie, j’en serais bien incapable, mais pour tenter de décrypter le Vatican actuel. De toute manière, le catholicisme dans ses œuvres humanitaires et sociales m’attire davantage que le dialogue avec Dieu. La voix si calme de Joseph Ratzinger m’incitait à me relancer dans une enquête approfondie sur lui et ses proches, sur un Saint-Siège qui, défait de sa « polonitude », ne s’est pas pour autant « germanisé ». De plus, je me disais que, le jour lointain et historique où les quelque trois milliards de chrétiens d’Occident et d’Orient, frères séparés depuis mille ans, réussiraient de nouveau à s’unir, la souveraineté du Pape ne serait plus qu’une Primauté d’honneur dont le siège apostolique, la cité du Vatican, n’aurait d’autre raison d’exister que symbolique. Ce au même titre que le Phanar, représentation officielle du Patriarcat œcuménique de Constantinople à Istanbul, ou l’Église des Douze-Apôtres à Moscou, lieu sacré de l’orthodoxie russe. Alors, puisque le temps de Dieu n’est pas celui des hommes, j’avais encore la possibilité de m’absorber dans un minutieux travail. Le Vatican, baigné d’une chaude lumière, et ses monuments patinés par les siècles dégagent d’emblée une atmosphère particulière, où de dignes prélats et des cardinaux parfois sincèrement humbles s’inclinent et s’effacent, quand d’autres, vaniteux, préfèrent porter au quotidien la soutane rouge plutôt que le costume sombre de clergyman à col romain. Une manière de les repérer de loin, eux qui, vus d’hélicoptères place Saint-Pierre, ressemblent à des bêtes à bon Dieu ! Alors, une fois encore, je me suis plongée dans leur univers fascinant. Au cœur de cette capitale de la spiritualité où règnent le savoir-faire, l’intelligence, la sainte prudence… mais également la solitude. Lorsque j’avais recueilli les confidences de vingt cardinaux pour mon précédent ouvrage3, j’avais été impressionnée par leur isolement surprenant. Ayant eu le privilège d’avoir pu découvrir ce qui se trame au fil des jours dans cette enceinte, j’ai tenu à en faire franchir les épaisses murailles à mes lecteurs. Ainsi pourront-ils partager le fruit de mes recherches, de mes interviews, de mes rencontres. Après une nouvelle enquête de deux ans et demi où, presque chaque jour, j’ai pris des notes, sur le dos d’enveloppes, sur des fiches, des bouts de papier, sur mes cahiers, partout, tout le temps, pour enfin terminer ce récit au cap d’Antibes, face au sanctuaire de La Garoupe d’où, régulièrement, le dimanche, j’entendais des cantiques s’élever vers le ciel. Dans cet endroit béni, berceau de ma jeunesse, les odeurs apaisantes des embruns de la Méditerranée, qui me rassurent lorsque je prends la plume, m’ont rappelé que cette insatiable curiosité pour les arcanes du Vatican était sans doute inscrite dans mon ADN. En effet, Henri Théodore Pigozzi, mon père, capitaine d’industrie à la tête des usines Simca, rendait souvent visite dans les années 1950 à Mgr Angelo Giuseppe Roncalli4, nonce à Paris. Tous deux, Italiens du Nord, avaient le même accent, et c’était alors pour mon père, qu’on considérait encore un peu comme un « rital », une grande fierté d’être reçu par le futur Pape Jean XXIII. Il lui arrivait souvent de mettre une Simca à sa disposition – au sortir de la guerre, le garage de la nonciature de l’avenue du Président-Wilson n’était pas riche ! Plus tard, il racontera cela en famille avec bonheur. Et comble de tout, à cause des hautes responsabilités qui avaient été les siennes, à mes débuts de journaliste mes confrères me traitaient de « fille d’archevêque » ! Mon destin était scellé. Enfant, ma gouvernante bolonaise, Mimi, voulant retrouver l’atmosphère de sa paroisse natale, ne résistait pas à m’emmener au cinéma voir et revoir les aventures de Don Camillo. Les intrigues du curé de village et de Peppone, le maire communiste de Brescello, qui n’avaient plus de secret pour moi, contribueront à éveiller ma curiosité sur ce milieu à l’époque lointain. Quelques années plus tard, je reçus la confirmation du cardinal-archevêque de Paris Maurice Feltin. J’étais si troublée par sa solennité lorsqu’il traça sur mon front le signe de croix avec le saint chrême que je bafouillai un Pax tecum – « Que la Paix soit avec toi » – au lieu de répondre « Amen » ! Il me regarda, l’œil en accent circonflexe. Le dialogue avec les hauts prélats venait, ce dimanche, de se nouer à jamais ! Il se renforça à Saint-Dominique de Rome où, pensionnaire, je fis la connaissance du père Poupard, notre aumônier. Celui-ci habitait chez les sœurs. Il travaillait à la section française de la secrétairerie d’État5 et nous répétait : « La culture, c’est comme la confiture, moins on en a, plus on l’étale ! » Notre prêtre angevin aimait aussi émailler sa catéchèse de récits sur le Pape Montini. Grâce à lui, nous avions l’impression de pénétrer dans le Vatican. Ce pensionnat réputé, où étudiaient des Italiennes de la « noblesse noire6 », recevait également des enfants de diplomates, dont Gabrielle de Habicht, qui était dans ma classe. Son père, Mieczyslaw de Habicht, polonais, avait été nommé par Paul VI vice-secrétaire du Conseil des laïques, puissante organisation internationale catholique. Coïncidence inouïe, ses parents étaient de grands amis d’un cardinal au nom alors imprononçable, Wojtyła7, qui s’arrêtait toujours chez eux piazza San Callisto8 lorsqu’il était à Rome. Il y jouait aux cartes, priait dans leur langue maternelle et fêtait surtout chaque année avec eux le 4 novembre, la Saint-Charles, car la vicomtesse de Habicht se prénommait Charlotte. Ils étaient d’ailleurs si proches que le soir même de son élection, Jean- Paul II leur téléphona et leur dit : « Désormais, vous viendrez chez moi pour la Saint-Charles ! » Cette parenthèse pour expliquer pourquoi Gabrielle nous parlait souvent de ce personnage polonais, dont j’avais retenu le prénom, parce que jusque-là, pour moi, Caroline, Karol était uniquement féminin, et, de surcroît, s’écrivait avec un « C » ! Mais comment aurais-je pu imaginer à l’époque, dans ce pensionnat pour jeunes filles bien nées, où, bercées de cantiques, on nous apprenait à parler au clergé et à un confesseur, que quelque trente années plus tard, je me trouverais face à Karol Wojtyła dans son palais pontifical ! En fait, ma providentielle camaraderie avec Gabrielle me sauva. Elle me propulsa même, car, sur la fiche de renseignements qui avait été donnée au Pape, était mentionné que j’avais étudié à Saint-Dominique. Il avait souvent entendu les Habicht parler de ce collège, qui, de plus, se trouve via Cassia, presque en

Description:
Caroline Pigozzi raconte ici un autre Vatican. Elle nous fait découvrir de l'intérieur le fonctionnement de cet État souverain de quarante-quatre hectares et de huit cents habitants, haut lieu de la spiritualité et du recueillement, où règnent l'intelligence, la culture, la sainte prudence et
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