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Le Temps des Apocalypses PDF

21 Pages·2017·1.24 MB·French
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1 UNIVERSITE POPULAIRE DE LAUSANNE Le Temps des Apocalypses 2 UNIVERSITE POPULAIRE DE LAUSANNE Le Temps des Apocalypses 1- MÉTHODE 2- INTRODUCTION 3- CADRE DE VIE, PARADIGMES, VALEURS, IDENTITÉ, ÉTHIQUE DIGNITÉ 3.1- Mieux-vivre, bien-être 3.2- Foi, croyance, rapport éthique, alliance, Dieu ou non 3.3- Stabilité, économie du mieux-vivre et du bien-être, évolution générale 4- ÉVOLUTION, CRISE, DISRUPTION 4.1- En général 4.2- Crise 4.3- Disruption4.4- Le facteur temps, différentiel crise - disruption 4.4- Résumé 5- LE PROBLÈME DE LA CONFIANCE 5.1- La confiance, un enjeu culturel en même temps qu'un enjeu spirituel 5.2- Le devenir de la confiance depuis l'ouverture de la crise de 2007 - 2008 6- DE LA PERSONNE AU GOLEM 7- A TITRE D'EXEMPLE, LE PASSAGE DE LA COOPÉRATION A LA CONFRONTATION 7.1- Coopération. Définitions 7.2- Confrontation. Définition 7.3- Coopération et confrontation 7.4- Conclusion. 8- Religion et culture 8.1- Généralités. Principe de corrélation 8.2- Corrélation religion et culture 8.3- Corrélation économie-culture 8.4- Corrélation finance et culture ANNEXES : LISTE DES ARTICLES PROPOSÉS 3 UNIVERSITE POPULAIRE DE LAUSANNE Le Temps des Apocalypses 1- MÉTHODE Nous partons de l'idée que les informations contenues dans la presse quotidienne, complétées selon les besoins par la littérature spécialisée devraient susciter dans le public les questionnements et les débats nécessaires au suivi des changements de société en cours et contribuer ainsi à son inévitable adaptation. Devraient, parce que ces informations, s'agissant de la presse quotidienne, nécessitent de prendre le temps du discernement et de se forger une opinion personnelle, et que s'agissant de la presse spécialisée, ils impliquent d'accomplir un travail de vulgarisation rigoureux. L'exercice consiste à faire usage de son libre-arbitre de manière critique dans le but de faciliter un engagement individuel responsable. S'il l'a été, il ne l'est plus en raison de deux phénomènes inédits qui fracturent notre société : le conditionnement financier et technologique de l'information et la tendance générale au conformisme. Nous analyserons ces phénomènes en lien avec le cadre de notre mieux-vivre et de notre bien-être et de ses paradigmes de définition, soit nos valeurs dont nous tenterons d'analyser l'état et le devenir. Actu-Café propose un débat d'actualité en lien avec nos traditions culturelles sur la base d'articles choisis de la presse quotidienne et d'extraits d'ouvrages spécialisés. C'est l'ici et le maintenant de notre vécu au quotidien qui est au cœur de nos débats. 2- INTRODUCTION 2.1- La disruption : une fracture lente de nos valeurs Le phénomène de disruption s'annonce en filigrane de la crise dite des subprime de 2007 - 2008. Dans sa durée exceptionnelle, puisqu'à ce jour elle n'est pas terminée, cette crise se révèle être le symptôme d'une mise en question structurelle et systémique. Elle n'est en effet pas terminée si l'on se réfère à trois paradigmes essentiels parce que directement liés à la dignité humaine et au Bien commun (notions que nous définirons et dont nous chercherons à évaluer l'évolution) : le chômage de longue durée (des jeunes et des seniors), la dégradation de la qualité de l'emploi la substitution de l'obligation de réciprocité dans le cadre de la coopération institutionnelle par la confrontation et le multilatéralisme. Nous observerons que notre cadre de vie et les paradigmes qui le définissent, en un mot nos valeurs sont mises en question par cette crise. Une crise par définition présente un caractère temporaire déterminé par l'irruption d'événements brusques et violents. Or la crise actuelle, nous l'avons évoqué, n'en finit pas de durer. Après son éclatement en 2007 aux USA, ses répliques déferlent sur l'Occident jusqu'en 2012, ouvrant une allée royale à des puissances émergentes telles la Chine et donc à des valeurs exogènes à notre cadre de vie. Depuis 2007 les structures et le système ébranlés par la crise sont maintenus artificiellement par intubation financière (doctrine Quantitative Easing) dans un état économique et politique comateux. Depuis 2015 les USA semblent émerger de la crise. La réalité du chômage, la dégradation de l'emploi et le suivi médiocre des mesures prises à ce jour démontrent le contraire. L'impact de la Silicone Valley enregistre un succès sans précédent, qui se nourrit de l'état du malade et l'épuise en s'essayant à des cadres de vie et à des paradigmes qui se veulent novateurs et qui mettent en question nos valeurs, jusqu'à l'espèce humaine. Dans l'UE les signes qualifiés de timide reprise depuis juin 2017 de même ne sauraient être qualifiés de guérison. 4 UNIVERSITE POPULAIRE DE LAUSANNE Le Temps des Apocalypses Une telle durée pour un état comateux politique et économique entraîne l'explosion lente du cadre temporel de la crise qui jusqu'à ce jour a été englobé et géré dans notre cadre de notre vie. C'est pourquoi nous parlons de disruption. Nous vivons donc, comme le font remarquer de plus en plus de philosophes et d'économistes, le paradoxe d'une explosion lente, d'une fracture lente de nos valeurs, soit du cadre de vie, de notre mieux-vivre et de notre bien-être et, avec les paradigmes qui le définissent, les fondements du Bien commun et de notre dignité. Nous devons en outre placer ces observations dans la perspective de confrontation que les USA, la Russie, l'Iran, Israël, la Chine et l'Islam développent depuis 2001 en Asie et au Moyen-Orient. La perspective de confrontation s'est en effet substituée la perspective de coopération fondée dans l'obligation de de réciprocité selon laquelle le monde a orienté son mieux-vivre et son bien-être depuis la Seconde guerre mondiale. Cette substitution contribue évidemment à la fracture lente de la disruption. Notre intérêt est évidemment de rapporter mutatis mutandis ces phénomènes à la Suisse et d'examiner le point où elle se situe dans la perspective de confrontation et la mise en question de nos valeurs. 2.2. Le Temps des Apocalypses L'histoire a connu de manière répétée des périodes de crise ou de disruption et notre culture propose à ce sujet un enseignement unique dont il ne faut pas oublier qu'il fonde notre identité. Ces périodes ont donné lieu à des excès millénaristes dont l'histoire décrit l'instrumentalisation religieuse et politique. La Bible relate par ailleurs (la Bible n'est pas un livre d'histoire comme certains le croient encore) de sa manière unique avec l'ensemble des interprétations qui lui ont permis au fil des siècles d'assurer sa pertinence dans l'actualité, ces périodes sous forme de témoignages, soit d'expériences sapientielles. L'idée de la Bible, de ses rédacteurs et de ses commentateurs est de donner une ou des réponses au questionnement ultime (celui que se pose l'homme par définition une fois que tous ses questionnements ont trouvé réponse) et de chercher à donner du sens à l'inacceptable, la mort, la souffrance, la corruption. Grâce à cet effort pédagogique incessant, qui a souvent donné lieu à de cruels conflits, l'enseignement biblique présente pour nous aujourd'hui la pertinence objective de l'actualité dans un monde en crise et en disruption. C'est cette qualité que nous entendons mettre en avant. C'est dans ce sens que, comme nous le verrons, Bible écrite et Bible orale peuvent être qualifiées au sens propre de révélation. D'où le lien avec la notion d'apocalypses. En effet l'étymologie et le sens de ce mot, contrairement à ce que l'on pense généralement sont : révélation, dévoilement. Au sens objectif la Bible est révélation du besoin ultime (celui qui demeure alors que tous les besoins sont satisfaits) et du questionnement ultime, tels que l'homme les ont expérimentés et en rendent témoignage dans notre cadre culturel, la culture judéo-chrétienne. La Bible nous livre, ou nous révèle, ou nous dévoile l'expérience vécue de notre cadre de vie avec les paradigmes de sa définition, qui sont ceux de notre mieux-vivre et de notre bien-être, du Bien commun et de notre dignité, soit des valeurs qui fondent notre identité. Elle nous livre ainsi la pédagogie d'une sagesse, d'une éthique et d'une spiritualité qui nous aident à nous repérer, faire le point, à nous orienter dans les perspectives de crises et de disruptions. La révélation biblique avec ses commentaires est la somme des témoignages de gestion de crises et de disruptions qui auront été historiquement décisifs quant à l'édification et la gestion de nos valeurs et de notre identité. Rapporter la pédagogie et la sagesse de ces témoignages à notre actualité faite de crise et de disruption, tel est le sens objectif que nous donnons au Temps des Apocalypses. 5 UNIVERSITE POPULAIRE DE LAUSANNE Le Temps des Apocalypses Quant au sens subjectif de la Bible, il tient du caractère divin du dévoilement, de la révélation, en un mot de l'apocalyptique, de la Foi, soit de la croyance dans cette vérité du divin. Nous analyserons également les incidences de la crise et de la disruption sur le concept de la Foi biblique. Nous observerons que ce sens subjectif est essentiellement constitutif de notre identité jusqu'à ses prolongements dans le monde moderne, notamment dans la dimension de l'économie, et ce nonobstant la laïcisation qu'il connaît. C'est ainsi que nous aborderons le problème de la confiance, de l'alliance, du contrat, de la coopération, de l'obligation de réciprocité, en l'élargissant à celui de la Foi, notamment dans une approche comparative avec le monde musulman. Cette problématique est en effet incontournable, en dépit des apparences que prennent les excès actuels d'égalitarisme, de communautarisme et de fausse mauvaise ou bonne conscience. Précisons que nous éviterons tout a priori religieux, pastoral ou cultuel, et que nous évoluerons sur un terrain de nature culturelle. 3- CADRE DE VIE, PARADIGMES, VALEURS, IDENTITÉ, ÉTHIQUE DIGNITÉ 3.1- Mieux-vivre, bien-être L'appétence au mieux-vivre et au bien-être est une tendance qui s'inscrit dans la croissance naturelle des êtres et des choses. Le bien-vivre est la gestion de ses besoins de manière à les satisfaire. A commencer par la faim, la sécurité, la reproduction, le confort, et pour l'humanité le bonheur, la joie, le sens de la vie, jusqu'au questionnement ultime, celui du mystère de la corruption des êtres et des choses, de la souffrance et de la mort. Le bien-être est d'abord la sensation de plaisir à l'état brut, c'est le plaisir physique, physiologique. C'est ensuite la sensation de satisfaction dans la projection subjective qu'on se fait de soi-même et de sa relation avec les êtres et les choses pris dans l'instant et dans la durée. C'est enfin le sentiment de la capacité de dépasser le mystère de la finitude, soit de la corruption, de la souffrance, de la mort. Le sentiment de gérer l'ensemble des besoins est par définition le sentiment que leur dynamique peut donner lieu à une forme de maîtrise, jusqu'au besoin ultime. Cette forme de maîtrise s'organise dans un cadre de vie avec pour références les paradigmes qui le définissent. Chez l'homme ce cadre de vie et ses paradigmes fondent, avec son référentiel de valeurs, son identité et le tout lui confère sa dignité. 3.2- Foi, croyance, rapport éthique, alliance, Dieu ou non Nous approfondirons plus loin les concepts de valeurs, d'identité et de dignité. Pour l'instant nous observons que la gestion de ce cadre de vie nécessite in fine la gestion du besoin ultime, celui qui intervient par définition une fois tous les besoins satisfaits. C'est qu'il reste que l'homme en fin de compte est capable de se projeter dans la finitude, et qu'il est incapable de répondre au questionnement ultime que par définition ce besoin laisse béant. C'est à ce niveau qu'interviennent la Foi ou la croyance, la Foi étant dirigée par un dieu et vers un dieu, la croyance vers une chose ou un être, la croyance pouvant porter sur un déterminisme absolu. Ces notions de Foi et de croyance déterminent ce cadre de mieux-vivre et de bien-être que nous appelons le principe éthique. Le principe éthique est pour nous d'une part le fait qu'il existe une limite au rapport à soi-même et aux autres, qui est définie par le rapport à la dignité. Il est ensuite le fait que ce rapport de crainte et de respect conditionne le vivre-ensemble humain, jusqu'à libérer son potentiel de bonheur et d'amour. Il est enfin, pour le croyant la projection du rapport à l'autre sur cet Autre qui se situe au-delà de la finitude : Dieu. C'est dire pour commencer que la gestion du 6 UNIVERSITE POPULAIRE DE LAUSANNE Le Temps des Apocalypses cadre éthique fonde un rapport contractuel au sens large de la confiance. C'est dire ensuite que ce rapport de confiance ou de vivre-ensemble ouvre le rapport d'une alliance entre personnes libres et responsables. C'est dire enfin que ce rapport d'alliance débouche sur la possibilité d'un rapport d'Alliance avec un dieu, qui cette fois surplombe ses partenaires de manière définitive ou absolue, un dieu qui dans ces conditions ne peut qu'être Dieu (unique et donc universel et donc transcendant), soit Dieu de la révélation biblique. La construction de ce cadre du mieux-vivre et du bien-être, ou de ces valeurs, fonde avec notre identité, notre dignité. Si l'on n'est pas croyant, ce fondement n'en existe pas moins : il est alors de nature culturelle. Nous développerons plus loin l'ensemble de ces notions. 3.3- Stabilité, économie du mieux-vivre et du bien-être, évolution générale Ce cadre de vie, les paradigmes qui le définissent, nos valeurs, nous appellent à définir cet ensemble, à le structurer, l'articuler, en bref à le gérer. La stabilité est la forme achevée du processus. C'est la stabilité qui donne la plus grande ouverture à la capacité de gestion des besoins, jusqu'au besoin ultime et au questionnement ultime qu'il soulève. Cette gestion est ce que nous appelons l'économie du mieux-vivre et du bien-être. Nous verrons plus loin les liens qui, pour nous occidentaux, existent entre cette économie et l'économie de marché. Tandis que nous tendons à la stabilité dans l'économie de nos valeurs, les êtres et les choses, l'univers évoluent dans des cadres, selon des paradigmes qui nous sont étrangers. Or nous sommes liés à cette évolution générale dans le sens que nous en sommes le produit et un chaînon tout à la fois. Les rythmes de ces différents cadres de vie n'étant pas les mêmes, le nôtre subit périodiquement des ruptures sous la pression de l'évolution. Précisons que ces ruptures peuvent tout aussi bien provenir de notre fait. C'est, nous ne le savons que trop bien aujourd'hui, le cas notamment de l'influence létale de l'homme sur la biodiversité. Or il se trouve que l'évolution repose entre autres sur la loi de l'élimination du plus faible, le caractère de la faiblesse pouvant varier à l'infini selon les cadres de vie et les circonstances. Il faut à ce stade relever que le cadre de vie éthique inventé par l'homme tend à contredire et contrecarrer cette loi. La question sera de savoir jusqu'où il peut aller dans cette dynamique contradictoire. Les phénomènes de crise et de disruption que nous abordons au chapitre suivant, sont à la fois des facteurs qui tendent à briser le cadre de vie, à mettre en question ses paradigmes de définition et ce jusqu'à nos valeurs, notre identité, notre dignité. Or ces facteurs conditionnent notre adaptation à l'évolution générale des êtres et des choses et donc participent de notre survie et de notre responsabilité éthique. 4- ÉVOLUTION, CRISE, DISRUPTION 4.1- En général On peut parler d'une tendance naturelle de l'univers qui, par sa croissance, dessine une évolution, par exemple selon Darwin au plan scientifique ou encore Teilhard-de-Chardin au plan spirituel. Par évolution en entend que le plus sort du moins depuis le Big-bang initial, ce qui nous inscrit donc en faux par rapport à la prétention stoïcienne des Anciens, ou déterministe des Modernes. Cette vision évolutionniste de la Création donne une forme de réponse, disons un sens au questionnement ultime, ce questionnement qui caractérise l'homme par rapport à l'ensemble de l'univers connu. Le questionnement ultime porte sur le sens de la Création, la vie, de la mort, du mal, de la souffrance, en bref le besoin ultime de gérer la finitude ou le caractère intrinsèquement 7 UNIVERSITE POPULAIRE DE LAUSANNE Le Temps des Apocalypses corruptible des êtres et des choses. Ce sens, ou cette manière de réponse constitue le matériau alternatif sur lequel l'homme construit sa dignité. Sa dignité est ce qui fait de lui un être unique, soit un être qui a le droit absolu au respect de ce qu'il en tant qu'individu muni de discernement et qui est libre et responsable de ses actes dans son cadre de vie avec ses paradigmes de définition, ses vertus, son identité. Les pressions endo et exogènes au cadre de vie qu'imprime la nécessité évolutive de la croissance se traduisent selon les cas par des remises en question soit des paradigmes du mieux-vivre et du bien-être dans un cadre de vie donné, soit de ce cadre de vie lui-même. Dans le premier cas on parlera de crise et dans le second de disruption. Il s'agit dans tous les cas d'un phénomène caractérisé par la tension de rupture des lignes d'architecture de l'identité et de la dignité humaines. La disruption partage avec la crise le fait que toutes deux sont des phénomènes qui conditionnent les facteurs de l'évolution humaine. Ces facteurs se définissent à partir d'un cadre de vie donné et ce cadre n'est pas stable, bien au contraire : il évolue sous la double pression de facteurs endo et exogènes. 4.2- Crise La crise est une tension qui met en question des habitudes devenues obsolètes, requière un pointage courageux de la situation et ouvre sur l'opportunité de possibilités nouvelles. L'entrée en crise est brutale. La nécessité de diagnostics immédiats et de décisions chirurgicales entraînent dégâts et souffrances. Les maillons malades ou faibles sont éliminés. Il s'en suit une rupture entre ancien et nouveau et une nouvelle adaptation à l'évolution. Une fois les nouvelles orientations dégagées et partagées, le nouveau sort renforcé et bien adapté à la situation. C'est un plus en termes d'évolution. Traverser une crise, si on en a les moyens, la volonté et la chance, rend plus fort et permet d'affronter la situation inédite qui pointait avant la crise et qui l'a provoquée. L'adaptation du cadre de vie à l'évolution s'est accomplie dans l'à-coup de la crise. Avec l'élimination des plus faibles la souffrance 'est le prix de l'évolution et de la croissance qu'elle sous-tend et qui la porte tout à la fois. L'événement de crise est salutaire. Il s'avère nécessaire en termes généraux d'évolution et de croissance et donc de cadre de vie, de vertus, de Bien commun et de dignité. La question à laquelle il nous faudra réfléchir et répondre dans la mesure du possible, est double : que deviennent le Bien commun et le principe de dignité qui lui est lié dans le changement de cadre et de paradigmes en suite de crise ? De même dans le fait de la remise en question des acquis et de l'élimination des plus faibles. La crise est donc évolution, ou mise en question, puis adaptation du cadre de vie, de ses paradigmes de définition, des vertus qui fondent avec notre identité, notre dignité. Ce cadre ne vole pas en éclats, il évolue avec ses paradigmes de définition. Il n'en est pas de même s'agissant des vertus, de l'identité, du Bien commun, de la dignité. Notre cadre de vie, une fois la crise traversée, a contribué à notre orientation en pleine phase de remise en question et permis, avec notre discernement une prise de responsabilité et un engagement de sortie de crise et d'adaptation à l'évolution. La crise n'est donc pas nécessairement négative en soi, au contraire. Comme l'étymologie grecque le montre (la crise est un phénomène en effet vieux comme le monde), crise est à la fois séparation, jugement et opportunité. La crise entre dans le processus de sélection darwinien dont l'homme n'a pas la capacité de s'échapper, si ce n'est de repousser les échéances qui lui sont inéluctables et sans doute d'aggraver par là le problème de finitude. C'est que l'homme vit de 8 UNIVERSITE POPULAIRE DE LAUSANNE Le Temps des Apocalypses finitude, qu'il est par essence en sursis de corruption ou de néant, qu'il le sait, et qu'il s'efforce de le gérer ou qu'il tend à l'oublier et qu'il fait comme si cette destinée n'avait pas cours. La crise de 2007 - 2008, qui a fait passer notre monde de l'état de crise à celui de disruption, s'offre aujourd'hui à notre conscience comme une révélation de ce type de problématique. 4.3- Disruption Si le cadre de vie et les paradigmes qui définissent le mieux-vivre et le bien-être sont remis en question dans la crise, ceux-ci éclatent et se dispersent dans la disruption. La crise, aussi profonde et douloureuse soit-elle, puisqu'elle va jusqu'à transformer ces éléments, en maintient la substance de telle sorte que s'ouvrent les opportunités de réorientation et de sortie de crise, et que l'adaptation à l'évolution demeure possible. Encore faut-il que, comme dans la crise, les personnes concernées fassent usage du discernement nécessaire, et s'engagent en êtres responsables afin de revenir au mieux-vivre et au bien-être. C'est à ces conditions que seront préservés et probablement raffermis Bien commun et dignité. Discernement et jugement responsables ne peuvent intervenir dans la disruption que sur la base de références inédites : au point d'explosion, avec le cadre de vie et les paradigmes de repérage toute opportunité de sortie ou d'adaptation disparaît du champ de perception. Cela ne signifie pas nécessairement que les ingrédients d'évolution aient été anéantis, mais qu'ils sont pour le moins compromis au point d'être hors d'usage. Il est alors indispensable de lâcher prise, de sortir de son cadre de vie et des paradigmes qui le définissent, pour faire appel à des critères entièrement inédits. Son identité sera touchée. Au mieux elle aura évolué. Au pire elle aura disparu. La dignité risque d'être bafouée, mise en cause, redéfinie. Prenons à titre d'exemple la Cop 21. L'accord est intervenu sur la base de paradigmes reconnus par tous dans le but de préserver un cadre de vie défini. La sortie des USA de l'accord constitue une crise pour cette nation et une disruption pour les autres signataires. Pour les USA en effet, il s'agit d'une remise en question qui nécessite qu'ils reprennent le processus de discernement, de jugement et d'engagement responsable dans le cadre des éléments qui pour eux définissent le mieux-vivre et le bien-être. Ainsi auront-ils une chance de préserver, avec le Bien commun, leur acception de la dignité. Pour les signataires restants de l'accord il s'agit d'une disruption. En effet la sortie des USA fait voler en éclats le cadre qui jusqu'ici définissait le mieux-vivre et le bien-être, à commencer par le respect des traités et de l'esprit de coopération qui les préside, jusqu'aux valeurs qui orientent la démarche. Par exemple la démocratie et les droits humains qu'elle garantit. Le nouveau cadre de vie et les nouveaux paradigmes qui orientent la Cop 21 sont désormais dictés par la Chine, qui est un empire mondial ploutocrate en devenir qui n'a pas la même pratique de la démocratie, de même pour la dignité et les droits humains qu'elle garantit. A long terme cette disruption peut aller jusqu'au basculement des cultures occidentales vers les cultures chinoises avec les conséquences que le phénomène comporte pour l'identité des êtres et des collectifs, du Bien commun et de la dignité des personnes. On peut aussi se demander si l'évolution nécessaire à la survie de l'Occident, de son cadre de vie et des paradigmes qui le définissent ne sont pas à ce prix. En d'autres termes, on peut se demander, et par ailleurs aussi espérer, que cette disruption qui, avec la préservation de la biosphère met en jeu Bien commun et dignité humaine, n'est pas l'opportunité d'une évolution tellement en profondeur, et tellement universelle, que c'est au prix d'un changement de cadre et de paradigmes que le mieux-vivre et le bien-être de tous s'adapteront et seront préservés. 9 UNIVERSITE POPULAIRE DE LAUSANNE Le Temps des Apocalypses Un autre exemple est celui de la disruption que nous vivons depuis la sortie de la crise de 2007 - 2008. Elle se caractérise en effet par le fait que notre cadre de vie et les paradigmes qui le définissent, en particulier la structuration du chômage et la précarisation de l'emploi, ont explosé. On voit bien qu'après dix années de survie artificielle assurée par l'intubation de liquidités massives, leur recomposition nécessite un apport absolument exogène, inconnu. D'où un sentiment de désarroi généralisé face à la politique des banques centrales, et une absence symptomatique de discernement et d'engagement responsable. Une crise est momentanée par définition. Une période de dix années expulse toute possibilité de provisoire ou de crise et laisse la place à la disruption. 4.4- Le facteur temps, différentiel crise - disruption Le facteur temps intervient de manière décisive dans la distinction entre crise et disruption. Dans la crise le temps est provisoire, les repères sont rattrapables : ils contiennent et ouvrent de nouvelles opportunités. La crise par définition ne dure pas, elle procure les ingrédients et ouvre le temps de l'adaptation nécessaire à l'évolution quelles que soient les souffrances engendrées. Dans la disruption le temps est durable, les repères sont obsolètes, ils ne contiennent ni ne fournissent les ingrédients de l'adaptation. La disruption par définition ne procure pas le temps de l'adaptation sauf intervention exogène. La disruption se caractérise par le fait que le temps chronologique accélère au point de dépasser les facultés de discernement humaines. La disruption est ce qui va plus vite que toute volonté individuelle aussi bien que collective, des consommateurs aux dirigeants, politiques aussi bien qu'économiques, [et qui] provoque des réactions en chaîne, et les nouveaux dirigeants des entreprises disruptives sont ceux qui savent susciter et accompagner ces réactions en chaîne au bénéfice d leurs actionnaires - mais aussi e nécessairement au détriment des sociétés où elles se produisent.1 Le terme de disruption, nous l'avons mentionné, est familier en anglais. Selon Wikipédia il se déroule sur les trois axes suivants : 1- To throw into confusion or disorder: Protesters disrupted the candidate's speech. 2- To interrupt or impede the progress of: Our efforts in the garden were disrupted by an early frost. The noise disrupted my nap. 3- To break apart or alter so as to prevent normal or expected functioning: radiation that disrupts DNA and kills bacteria. Le troisième de ces axes est, à nos yeux, significatif pour notre devenir sociétal, soit notre mieux- vivre et notre bien-être dans le cadre et selon les paradigmes qui définissent le bien commun et la dignité humaine. Le DNA ou ADN (acide désoxyribonucléique) est la molécule qui contient toutes les informations génétiques. Ces informations sont à la fois le résultat de l'évolution darwinienne et le gage de l'adaptation future possible à l'environnement et aux conditions durables qui définissent bien-vivre et bien-être. La rupture de la molécule d'ADN n'est pas une crise, ou l'opportunité de «faire du neuf avec du vieux», mais une disruption, une explosion qui nécessite de «faire du neuf avec du neuf». Le processus évolutionniste darwinien fonctionne habituellement par crise et non pas par disruption, bien que les deux soient possibles. Les espèces qui ne s'adaptent pas peuvent disparaître comme un métier, un art de vivre, un empire, une 1 STIEGLER Bernard, Dans la disruption, comment ne pas devenir fou ? p. 24 10 UNIVERSITE POPULAIRE DE LAUSANNE Le Temps des Apocalypses religion, une culture. Une crise est, par la mise en question du statu quo, l'opportunité d'une adaptation, douloureuse certes, mais de l'adaptation d'une culture, d'une espèce qui survivront dans son identité et avec sa dignité. La disruption a dépassé le stade de toute opportunité intra- culturelle. L'espèce en l'état ne survivra pas sauf intervention exogène, ou extra-culturelle. 4.5- Résumé Selon l'étymologie latine disruption signifie éclater, faire voler en éclats. La disruption nécessite de trouver en-dehors du cadre culturel traditionnel les repères inédits qui permettront de recomposer une identité, avec elle un nouveau bien-vivre, un nouveau bien-être. Le tracé de la ligne de crête à suivre en cas de disruption est aléatoire : les repères sont à recomposer. En cas de crise le tracé de ligne de crête dépend essentiellement de repères traditionnels qu'il s'agit d'adapter. J.M. Brandt, 3 octobre 2017

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The noise disrupted my nap. 3- To break apart or alter so as to prevent normal la respiration d'une dimension sapientiale. La sagesse donne à la loi la souplesse .. Le message chrétien s'incarne toujours dans une culture donnée et il n'existe pas à l'état d'abstraction. Réciproquement la rel
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