Le patrimoine religieux du Québec Mémoire du Conseil du patrimoine de Montréal devant la Commission de la culture de l’Assemblée nationale du Québec M05-SC-02 2 Septembre 2005 Table des matières INTRODUCTION.....................................................................................................................................................................3 1 LES ENSEMBLES RELIGIEUX DANS L’ESPACE URBAIN..................................................................................4 1.1 LES CARACTÉRISTIQUES PHYSIQUES..........................................................................................................................5 2 LE CADRE LÉGISLATIF..............................................................................................................................................6 2.1 LOI SUR LES BIENS CULTURELS (LBC) (1972)...........................................................................................................7 2.2 LA RÉFORME MUNICIPALE.........................................................................................................................................8 2.3 LES SPÉCIFICITÉS DU CIMETIÈRE DANS LA VILLE.......................................................................................................9 3 LE PARTAGE DES RESPONSABILITÉS.................................................................................................................10 3.1 LES PROPRIÉTÉS DE L’ÉGLISE ET DES COMMUNAUTÉS RELIGIEUSES.........................................................................10 CONCLUSION........................................................................................................................................................................12 BIBLIOGRAPHIE...................................................................................................................................................................13 ANNEXE I................................................................................................................................................................................14 ANNEXE II..............................................................................................................................................................................24 ii Introduction Le Conseil du patrimoine de Montréal (CPM) se réjouit de l’initiative de la Commission de la culture d’examiner la situation du patrimoine religieux du Québec. Comme il est mentionné en avant-propos, les élus comme les professionnels des différents paliers de gouvernement, les groupes associatifs voués à la protection du patrimoine et les citoyens, tous sont interpellés par le sort d’une église, d’un ensemble conventuel, d’un objet de culte menacé. Ce constat nous rappelle, aussi, le rôle des traditions religieuses dans la constitution de la fibre culturelle du Québec et leur présence structurante dans la composition du paysage villageois et urbain du Québec. À différents titres, nous sommes tous concernés par ce qu’il est convenu d’appeler le patrimoine religieux du Québec. Nous apprécions l’approche de la Commission qui est celle d’aborder les différentes catégories du patrimoine tant mobilier qu’immobilier, matériel qu’immatériel, ce qui montre un cheminement de la pensée collective dans la reconnaissance des multiples dimensions patrimoniales. Nous partageons, aussi, avec la Commission la préoccupation de sensibilisation qu’entraîne une telle réflexion menée dans une perspective collective. L’optique du Conseil du patrimoine de Montréal, dans ce contexte, est de faire porter l’attention de la Commission sur le phénomène urbain de la problématique du patrimoine « dit religieux », dans le cadre de responsabilités municipales et, de faire état du cadre législatif lacunaire qui ne permet pas de faire face aux différents régimes de propriété dans la diversité des lieux de culte du territoire montréalais et des ensembles conventuels. Pour la planification urbaine actuelle, les lieux de culte et leur environnement, les ensembles conventuels et les cimetières représentent en terme de superficie d’implantation au sol, de surfaces occupées, une portion importante du territoire montréalais et un défi à la planification urbaine. En regard de ces problématiques, nous souhaitons proposer quelques pistes de réflexion sur ces sujets, de même que répondre aux questions posées par la Commission, entre autres, sur le cadre législatif et le rôle respectif des différents acteurs impliqués dans la sauvegarde du patrimoine religieux. Page 3 de 44 1 Les ensembles religieux dans l’espace urbain Dans ce début du XXIe siècle, les mouvances que nous observons dans nos sociétés, que ce soient les changements de valeurs, la révision des frontières politiques, les phénomènes démographiques et économiques et la médiatisation, nous obligent à une revue de nos perceptions portées sur notre propre environnement. La question dite du « patrimoine religieux » n’y est pas étrangère dans le contexte d’une mutation des valeurs. Nous assistons, en effet, à des mouvements concurrents sur un plan social alors que notre société s’est fortement laïcisée, depuis 25 ans; elle a intensifié, par ailleurs, un côtoiement avec d’autres confessions religieuses au cours de la dernière décennie. Les manifestations de ces réalités sont plus perceptibles dans le cadre d’une ville comme Montréal. Ville cosmopolite, depuis le XIXe siècle, Montréal présente, donc, un environnement urbain qui diffère des autres municipalités du Québec et des villes au Canada de taille comparable. Cette réalité socioculturelle s’est traduite dans la forme urbaine et dans sa configuration qui s’est précisée depuis la deuxième moitié du XIXe siècle, de même qu’au cours du XXe siècle. Le patrimoine religieux englobe l’église, l’ensemble conventuel, institutionnel et les cimetières représentent pour Montréal une occupation au sol d’une dimension assez impressionnante du territoire et dont le calcul de ces superficies n’est pas encore compilé. L’Inventaire des lieux de culte du Québec décompte pour Montréal près de 600 lieux de culte, 105 ensembles conventuels, les cimetières — des espaces plus considérables en superficie — sont du nombre de 12 environ sur le territoire de Montréal. Le cimetière Notre-Dame-des-Neiges à lui seul couvre 138,7 hectares, ce qui donne une représentation d’une échelle avec laquelle nous pouvons envisager l’espace occupé sur le territoire de Montréal par ces différentes propriétés. « Par sa richesse, sa diversité et sa quantité, le patrimoine religieux contribue à structurer et à forger l’identité des quartiers montréalais. Actuellement, en l’absence d’une vue d’ensemble de la problématique la conservation, la transformation ou la démolition de ces principaux témoins font l’objet de décisions ponctuelles, ce qui pourrait conduire à la perte d’éléments essentiels de ce patrimoine. 1» Dans la mesure où la constitution du paysage urbain est une construction sédimentaire autant sur un plan physique, dans la progression et l’évolution de la ville sur un territoire, que sur un plan culturel dans 1 Ville de Montréal. Politique du patrimoine. Montréal, 2005, p. 61. Page 4 de 44 notre appréhension du paysage urbain, nous ne saurions ignorer l’ampleur de l’espace occupé par les ensembles religieux et institutionnels dans la planification urbaine. Le plan d’urbanisme adopté par la Ville de Montréal, au mois de décembre 2004, fait état par arrondissement d’une liste de bâtiments de qualité exceptionnelle parmi lesquels prédominent les lieux de culte et les ensembles conventuels et institutionnels (annexe 1). Cette inscription dans le plan d’urbanisme révèle la préoccupation de la Ville de Montréal tant sur le plan de la planification urbanistique, que sur le plan de la gestion environnementale municipale. Malgré une lecture qui peut- être faite du rôle des autorités municipales en matière de préservation du patrimoine religieux, il faut reconnaître une volonté explicite de la Ville de Montréal de « soutenir le patrimoine religieux et de développer des programmes de protection ajustés à la réalité montréalaise2 ». En favorisant, « […] l’émergence de projets d’occupation des lieux de culte désaffectés ou en voie de désaffectation, en étudiant la mise en place d’incitatifs fiscaux et en prévoyant des moyens visant à mettre en relation l’offre en bâtiments disponibles et les besoins immobiliers du marché. Pour favoriser le maintien des usages collectifs ou institutionnels dans ces bâtiments, des mesures seront également prévues pour en faciliter la restauration, la rénovation et l’adaptation.3 » Cette préoccupation se retrouve également dans la Politique du patrimoine de la Ville de Montréal (p. 60). En conséquence, des critères d’analyse spécifiques devraient être élaborés pour inclure les dimensions particulières du patrimoine religieux. 1.1 Les caractéristiques physiques Dans la ville, sur un plan physique, le lieu de culte, l’ensemble conventuel ou institutionnel sont implantés, en général, avec un dégagement par rapport à la limite du lot ou sont entourés d’un environnement paysagé. Dans le cas de plusieurs traditions religieuses, ils font partie d’un complexe institutionnel comprenant le lieu de culte, le presbytère et l’école. Cette organisation spatiale offre une interruption dans la ligne continue des édifices avoisinants, un repos dans la trame de rues qui participe à un esprit du lieu pour le citoyen, ce qui amène ce dernier à réagir lorsqu’on cherche à modifier cet environnement même s’il n’a pas de lien cultuel avec les biens. À la fois espace vert, jardin et architecture, cette structure de l’environnement suscite un rapport mnésique et physique au lieu dont on 2 Lucie K. Morisset et Luc Noppen. Les églises du Québec. Québec, Presses de l’Université du Québec, 2005, p. 206. 3 Ville de Montréal. Plan d’urbanisme de Montréal. 2004, objectif 15, action 15.2, p. 158. Page 5 de 44 ne tient pas assez compte lorsque nous assistons à la subdivision de lots, au morcellement de l’espace ou à un changement de propriétaire du lieu de culte, de l’ensemble conventuel ou institutionnel. Comme l’appréciation du lieu repose plus sur la valeur symbolique du bâti qu’elle soit de nature historique ou commémorative, la relation du citoyen au lieu est négligée dans le processus de reconnaissance patrimoniale. L’ensemble religieux compose avec un milieu de vie que la dimension monumentale tend à extraire dans l’effort édificateur d’une reconnaissance patrimoniale. 2 Le cadre législatif Dans le contexte des chartes internationales, des lois nationales, de chartes ou de politiques municipales, nous sommes tributaires d’un concept de monument qui étaye et structure (édifie) encore notre pensée et notre vision de la préservation et de la conservation du patrimoine culturel. Nous n’insisterons pas sur les fondements théoriques qui ont servi d’assises à l’articulation du concept de « monument historique » que ce soit l’idée d’unicité, de révélation ou de commémoration qui est comprise dans le terme et qui influe sur notre manière de saisir l’objet patrimonial. À titre d’exemple, dans l’article I de la Charte de Venise (1964), on fait référence à la notion de monument historique mais, en élargissant la compréhension au site urbain et rural jusqu’à l’événement qui aurait une signification : « la notion de monument historique comprend la création architecturale isolée aussi bien que le site urbain ou rural ». Les articles 6 et 7 qui suivent renvoient à un « cadre » et à une historicité qui environnent le monument. L’introduction à cette notion permet de montrer que, dans le cadre législatif, la notion du monument architectural est toujours présente et qu’elle tend à diriger notre appréciation et notre interprétation de l’objet culturel. L’objet culturel n’est digne de considération que si nous pouvons en dégager une « monumentalité » au sens commémoratif et historique. Il faut attendre la Charte de Burra, en 1979, pour que soient introduites d’autres composantes d’un lieu, « les installations et autres objets qui contribuent à la valeur culturelle d’un lieu4 ». En effet, c’est à la fin du XXe siècle et au tournant du XXIe siècle que nous révisons les fondements conceptuels qui ont habité nos schèmes interprétatifs. En 2000, les travaux de E. Avrani, R. Mason et M. de la Torre sur les valeurs patrimoniales, étude réalisée pour la Ghetty Fondation, démontrent un courant de pensée qui cherche à introduire des dimensions immatérielles par la mention d’une proximité sociale à l’objet culturel. Dans la proposition de définition du patrimoine que nous avons faite dans le cadre de l’élaboration du projet de Politique du patrimoine de la Ville de 4 Charte de Burra sur le Site Internet : www.icomos.org/australia/burra.html Page 6 de 44 Montréal maintenant adoptée, nous avons cherché à inclure la dimension sociale de la collectivité dans le geste de la reconnaissance des valeurs patrimoniales (annexe II). 2.1 Loi sur les biens culturels (LBC) (1972) Au Québec, après des modifications en 1952 et 1963, la Loi relative à la conservation des monuments et des objets d’art ayant un intérêt historique et artistique (1922) trouve une nouvelle appellation, en 1972, et délaisse dans son titre la référence explicite au monument. Ainsi, dans les définitions du chapitre I, y retrouvons-nous le bien culturel, l’œuvre d’art, le monument historique, l’aire de protection etc. « a) « bien culturel » : une œuvre d’art, un bien historique, un monument ou un site historique, un bien ou un site archéologique, une œuvre cinématographique, audio- visuelle, photographique, radiophonique ou télévisuelle; […] d) « monument historique » : immeuble qui présente un intérêt historique par son utilisation ou son architecture; […]5 » Les différents objets du patrimoine étant désignés et qualifiés dans l’application de la loi, il est désormais possible de s’écarter du concept de « monument » et de faire porter sur d’autres types d’objets les prédispositions de protection de la loi et, surtout, faire intervenir d’autres dimensions dans la reconnaissance patrimoniale. Ainsi, la question soulevée par la Commission du fondement des critères et des dimensions patrimoniales à privilégier dans le processus de reconnaissance, nous apparaît fondamentale. Un document de la Commission des biens culturels a résumé l’état des réflexions sur ce sujet6 . Pour le CPM, la poursuite de cette réflexion devrait permettre d’ajuster des énoncés de la LBC, aussi bien dans les définitions du chapitre I que dans le chapitre IV destiné aux municipalités, afin d’inclure une compréhension actualisée du phénomène patrimonial. Entre autres, et en raison de la préséance du concept de monument architectural sur les autres objets patrimoniaux tout ce qui a trait aux intérieurs, notamment, devient secondaire ou exclus des dispositions de la LBC. Comme si l’architecture n’était que volumétrie et implantation spatiale. Ni le passage de l’extérieur à l’intérieur, cette zone transitoire entre le dehors et le dedans, ni l’idée d’une architecture protectrice de ses modes constructifs, ses matériaux ne sont portés à une attention quelconque dans les textes législatifs. 5 Gouvernement du Québec. Loi sur les biens culturels. p. 1. 6 Commission des biens culturels. La gestion par les valeurs : exploration d’un modèle. Québec. Juin 2004, 48 p. Page 7 de 44 Aussi, et c’est peut-être un aspect des plus importants, il faudrait réviser la LBC dans le but d’assurer une concordance des définitions (ex : arrondissement naturel) avec la Loi sur la protection du patrimoine naturel (2002) et la Loi sur le développement durable (2005). Bien sûr, la LBC interpelle un cadre législatif plus large dans son application, à titre d’exemples la Loi sur le bâtiment (L.R.Q., c. B-1.1), la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme (LAU) (L.R.Q., c.-19) et la délégation des pouvoirs aux municipalités depuis 1986, ce qui a pour effet de relier la LBC, dans son application, soit au code du bâtiment, soit à des règlementations urbanistiques du ressort, maintenant, de l’arrondissement. 2.2 La réforme municipale Depuis 2001, la réforme municipale du Québec a départagé entre la municipalité et l’arrondissement la planification urbaine de la réglementation. L’arrondissement a des pouvoirs, en vertu de LAU, de la loi 170 et de la Charte de la Ville de Montréal (art. 89) d’émettre des permis de construction et de démolition. La réglementation relève de l’arrondissement et l’établissement du plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) sont autant d’interventions reléguées à ce niveau décisionnel. Il nous semble qu’une vision urbanistique par rapport aux édifices religieux à l’échelle de l’arrondissement permettrait une meilleure lecture de la problématique de la réaffectation du bâtiment religieux. En 2000, un groupe de réflexion constitué par la Commission des biens culturels concluait (p. 12) « que le patrimoine est absent des textes règlementaires7 ». Si bien que nous devons admettre que nous ne disposons pas de moyens statutaires pour protéger l’intérieur d’un bâtiment. Nous pouvons toujours arguer qu’en vertu de l’article 1b de la LBC, le décor ou la sculpture ornementale d’un intérieur possède la qualité esthétique nécessaire à sa reconnaissance mais rien dans le réseau réglementaire municipal ne nous permet une réaction conséquente. À l’échelle municipale, le PIIA traite du bâti et de son implantation, les projets particuliers urbains (PPU), concernent des projets d’envergure à une échelle autre que celle d’une trame urbaine existante déjà régie (encadrée) par le zonage. Il faut en conclure que notre instrumentation législative en matière de patrimoine ne nous offre pas les moyens d’intervenir si ce n’est en défendant la valeur d’art (esthétique) exceptionnelle qui permettrait une recommandation de classement par le gouvernement provincial mais non la citation municipale. 7 Commission des biens culturels. Réflexion, Patrimoine et réglementation du bâtiment. Québec, 2000, p. 12. Page 8 de 44 Or, nous savons que les bâtiments cultuels, conventuels ou institutionnels sont parmi les plus ornés de notre environnement bâti et, lors d’une cession de ces bâtiments, l’ornementation ou le patrimoine mobilier ne jouissent d’aucune protection. Nous devons reconnaître que le niveau décisionnel municipal intervient, directement, en regard de décisions relevant du champ du patrimoine culturel par la planification urbaine (LAU), par la délégation de pouvoirs aux arrondissements (charte de la Ville de Montréal, art. 89) et leur réglementation. Le chapitre IV de la LBC ne tient pas compte de cette réforme. En particulier l’article 59 de la LBC sur la création de comités consultatifs (article référant à la LAU) ne correspond plus à la structure organisationnelle et au mode de fonctionnement des différents comités de l’arrondissement. C’est pourquoi parmi les biens classés par la LBC, nous retrouvons soit des collections d’objets, soit des œuvres appartenant au décor architectural d’un bâtiment. 2.3 Les spécificités du cimetière dans la Ville Le cimetière est une entité composite qui comprend un aménagement paysager, des architectures, des ouvrages sculpturaux. Il est parfois comparé au jardin dans sa composition végétale et architecturale. Nous avons nous-mêmes référé à la charte de Florence (UNESCO, 1982) lorsque nous cherchions à décrire les particularités du cimetière Notre-Dame-des-Neiges, nous pouvons, toutefois, admettre que depuis la fin du XIXe siècle, le cimetière est en général un ensemble qui relève d’un aménagement paysager et d’une implantation architecturale parfois très modeste et d’une distribution ordonnée des ouvrages sculpturaux funéraires ou commémoratifs dont la valeur esthétique peut être diversifiée et inégale. Lors de l’élaboration de notre mémoire8 sur le Plan directeur du cimetière Notre-Dame-des-Neiges (2004) nous avons accordé autant d’espace dans le texte à la topographie du lieu, aux espèces arboricoles et florales qu’à l’architecture et aux ouvrages sculpturaux et funéraires, ce qui explique bien la nature composite et complexe que représente le cimetière dans la ville. Cette entité particulière du cimetière rend difficile son appréhension, compte tenu de la symbolique qui lui est rattachée et l’émotivité qu’il peut faire surgir lorsque nous fréquentons ce lieu. Le débat qui a été tenu autour de la typologie du cimetière, amorcé par Pierre-Richard Bisson, en 1999, dans le tome I du plan directeur du 8 Tous les avis et mémoires du CPM sont disponibles sur le site Internet : www.ville.montreal.qc.ca/cpm Page 9 de 44 cimetière Notre-Dame-des-Neiges, le cimetière dans la ville est un ensemble paysager dont l’ordonnance relève, à la fois, d’un agencement paysager, structuré par une disposition de stèles et d’édicules de formes et de tailles variées. Toutefois, la perception d’ensemble fait prédominer la nature paysagée sur l’édification architecturale. Cette ambivalence du lieu fut, d’ailleurs, confirmée à la fois par la reconnaissance fédérale et provinciale. Il a fallu user de deux définitions d’arrondissement dans le cadre de la LBC pour parvenir à cerner le caractère de l’entité du cimetière. Le caractère duel influe sur la façon de le traiter d’un point de vue urbanistique. Il a fallu attendre 1987, et la constitution du site du patrimoine du mont Royal, pour que l’on considère les deux cimetières Mont Royal et Notre-Dame-des- Neiges dans la continuité du parc du mont Royal, valorisant par ce geste l’espace vert et paysagé. Par contre, certains s’objectent à l’idée d’associer le cimetière à un parc voyant dans cette attitude une profanation du lieu déjà sacralisé par la confession religieuse et une atteinte à la fonction du cimetière urbain. Nous constatons alors que les cimetières demeurent des zones protégées pour leur usage religieux, que ce soit en quelque sorte des enclaves qui pourtant contribuent à une écologie de l’environnement de Montréal sans être reconnus pour cet apport. Ils sont aussi des lieux de recueillement pour le citoyen qui peut échapper à la turbulence et au brouhaha de la ville. Certains offrent un aspect plus pittoresque, d’autres moins incitatifs à la méditation sont plus monotones. Au confluent des idées sur la ville et son urbanité, le cimetière ressort comme un havre oublié et dont on redécouvre les caractéristiques. Nul doute que le cimetière occupe des parcelles imposantes dans le territoire de la ville et que nous aurons à réfléchir sur l’approche à développer en regard de sa singularité. La reconnaissance écologique ne devrait pas s’accompagner d’une négation de son usage cultuel et oblige une réflexion qui porte à la fois sur une concordance entre la Loi sur les biens culturels, la Loi sur la protection du patrimoine naturel et la Loi sur le développement durable pour comprendre des entités composites comme le cimetière. 3 Le partage des responsabilités 3.1 Les propriétés de l’église et des communautés religieuses La gestion municipale s’exerce par le biais de ses services corporatifs et par celui de l’arrondissement. La plupart des activités reliées à la construction ou à la démolition de bâtiments sont de la responsabilité de l’arrondissement. C’est pourquoi nous encourageons la concertation entre l’arrondissement, les Page 10 de 44
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