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Le Nouveau Testament PDF

127 Pages·2014·5.707 MB·French
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QUE SAIS-JE? Le Nouveau Testament RÉGIS BURNET Ancien élève de !'École normale supérieure Professeur à ! 'université catholique de Louvain Deuxième édition mise à jour 8' mille Mes remerciements vont à ceux qui ont accepté l'ingrate charge de me faire part de leurs suggestions : Mmes C. Bizot, C. Lehideux, MM. J.-R. Armogathe, A. Desreumaux, J.-D. Dubois, A. Le Boulluec, S. Mimouni, C. Perrot (t), G. Van Oyen, 0.-T. Vénard. ISBN 978-2-13-063146-0 JSSN 0768-0066 Dépôt légal - 1" édition : 2004, juillet 2' édition mise à jour: 2014, août © Presses Universitaires de France, 2004 6, avenue Reille, 75014 Paris INTRODUCTION On lit parfois que le Nouveau Testament serait le« livre fondateur» du christianisme. L'expression n'est pas exacte. Pour décrire le rôle prééminent de ces 27 livres, qui les distingue de toute la littérature chrétienne écrite à leur époque, il faut trouver une autre formule. En effet, le Nouveau Testament n'a pas« fondé» le christianisme au sens où il l'aurait précédé et l'aurait modelé : la reli gion et son livre sacré se sont développés au même pas, au point que l'on ne saurait décrire l'un sans parler des tensions et des rivalités qui ont présidé à la naissance de l'autre. Nouveau Testament et histoire du christianisme primitif sont indissociables l'un de l'autre: la perception et la transmission des événements vécus par les premiers disciples constituent des enjeux pour la communauté et la façonnent, car c'est la volonté de transmettre qui fédère cet ensemble de personnes en communauté. Mais en retour, l'évolution des communautés primitives condi tionne les moyens et les manières de cette transmission. 1. - De Jésus au Nouveau Testament Le Nouveau Testament, donc, ne se comprend pas si on le dissocie de ce qui préside à la naissance du chris tianisme : le témoignage d'un groupe de Juifs de Galilée, selon lequel Jésus, qui prêcha parmi eux la venue du Royaume de Dieu, était le Messie promis par Dieu, était ressuscité et vainqueur de la mort, et annonçait la conclu sion d'une nouvelle alliance entre les hommes et Dieu. 1 . Le milieu des Juifs de Judée. - Cette croyance naissait chez les Juifs de Judée, à un stade particulier 3 de l'histoire d'un judaïsme marqué par !'Exil (587-538 av. J.-C.), dans un milieu dont on évalue de mieux en mieux depuis une quarantaine d'années la complexité. De la période concomitante à !'Exil (587-538 av. J.-C.), ce milieu avait retenu les croyances messia niques : dans la lignée des prophètes de Juda, et en parti culier d'Isaïe, certains milieux attendaient la venue d'un descendant du roi David, un Messie, qui restaurerait l'indépendance politique et religieuse perdue du pays. De la période postexilique provenaient ! 'institution de la synagogue et son instauration progressive à par tir du II° siècle. sans abandonner le culte sacrificiel du temple, la synagogue privilégiait une façon nouvelle de pratiquer la religion : la lecture, la méditation sur les textes, la prière, voire le sacrifice. Héritier de la période postexilique, ce judaïsme pré sentait une multiplicité de visages. On dit souvent, en suivant l'historien Flavius Josèphe (38-100), que trois tendances le dominaient autour du Ier siècle : les saddu céens, proches du Temple et d'un respect formel de la Loi, les pharisiens qui voulaient substituer un respect moral de la Loi à ce respect social, et les esséniens qui se coupaient du reste du peuple pour vivre en suivant les règles d'une pureté très stricte. Cette caractérisa tion paraît aujourd'hui très réductrice tant les groupes paraissent plus diversifiés et les frontières plus per méables. Il convient enfin de ne pas oublier qu'au tableau pré cédent s'ajoute une diaspora hellénistique, une « dis persion » des Juifs au sein des terres parlant grec, dont ils avaient adopté la langue : Égypte ( en particulier Alexandrie), Syrie et Babylonie, Achaïe et Italie. En Galilée, on parlait aussi bien le grec que l'araméen, la langue qui avait remplacé ! 'hébreu et à bien des endroits les Juifs n'étaient pas en majorité: ceux qui suivaient Jésus connaissaient donc la culture hellénistique (non juive) et les innovations intellectuelles de la diaspora, 4 dont on garde la trace dans certains livres de la Bible (le Livre de la Sagesse, par exemple), dans certains livres apocryphes juifs (les livres d'Hénoch, le Testament de Moïse, etc.) et dans les écrits de Philon d'Alexandrie (16 av. J.-C. -50) : la compréhension nouvelle des hau tes figures bibliques (Élie, Moïse ... ) ; la méditation sur des motifs hérités du prophétisme (la vigne d'Israël, le bon pasteur, l'agneau de Dieu); l'exploration de nou velles formes littéraires comme l'apocalyptique, en remplacement du genre prophétique. Le seul énoncé de ces innovations que l'on retrouve partout dans le Nouveau Testament prouve l'influence de cette diaspora hellénistique. 2. Jésus de Nazareth. - Il n'entre pas dans les li mites de cet ouvrage de traiter de la figure de Jésus. On rappellera simplement qu'il apparut en Galilée au cours du règne de Tibère sous le mandat de Ponce Pilate (vers les années 27-30), qu'il se présenta sous la triple figure du prophète, du guérisseur et du maître de sagesse, qu'il conduisit une prédication qui lui valut la bienveillance des foules, qu'il fut arrêté sous des motifs politiques et religieux obscurs et qu'il fut crucifié. Immédiatement après sa mort, intervenue probablement en l'an 30 (ou sinon en 31 ou en 33), ses disciples proclamèrent que son corps avait disparu de son tombeau, qu'il était res suscité et qu'il leur était apparu. Ils mirent alors en avant les paroles qu'il avait prononcées, et particuliè rement celles du dernier repas qu'il avait pris avec eux (la « Cène ») et proclamèrent la Bonne nouvelle - c'est le sens du mot « évangile », en grec euangelion - de ce qu'ils avaient vécu et de la Nouvelle Alliance que Dieu avait passée en Jésus avec les hommes. 3. Le témoignage. - L'histoire de la première commu nauté chrétienne - et au-delà celle de tout le mouvement chrétien - s'articule autour du concept de témoignage. 5 Le mouvement chrétien naît en effet de la nécessité de témoigner de la vie et du message de Jésus et se déve loppe en approfondissant ce témoignage. L'écriture, et en particulier l'écriture des livres qui entreront dans le Nouveau Testament, ne se comprend pas dans cette société essentiellement orale sans cette notion clef. 4. « Nouveau Testament ». -Avant que le terme tes tamentum (en latin) ou diathékè (en grec) ne fût appli qué à des livres, il désignait l'alliance que Dieu avait passée avec Noé, Abraham, Isaac, Jacob et leurs des cendants, pour leur accorder soutien et bénédiction. Or, juste avant l'Exil (v. 587 av. J.-C.), Jérémie annonçait déjà que Dieu allait conclure une « nouvelle alliancè » (Jérémie 31, 31-33) avec son peuple. Paul, quant à lui, appelait l'alliance passée avec Abraham « ancienne alliance» (II Corinthiens 3, 14) et théorise dans !'Épître aux Galat es l'existence de deux alliances : une alliance ancienne et une alliance nouvelle (Galates 4, 21-31). L'auteur de l 'Épître aux Hébreux évoquait une « alliance nouvelle» (Hébreux 8, 6; 9, 15; 12, 24). À partir du milieu du II° siècle seulement et par glissement de sens, les chrétiens commencèrent à désigner par « Nouveau Testament» le corpus de ceux de leurs écrits qu'ils jugeaient « canoniques » (voir infra, 4• partie, chap. I), ce qui conduisit à nommer « Ancien Testament » les écrits d'Israël qu'ils retinrent. 11. - Composition et étapes de rédaction du Nouveau Testament Suivant cette dernière habitude, on désigne par « Nouveau Testament » un assortiment de livres mis ensemble de manière relativement tardive et reconnus comme canoniques par les communautés chrétiennes. Cette collection connut des rivaux. Des livres non canoniques ou apocryphes, ainsi que des recensions 6 concurrentes ont été conservées que l'historien doit éga lement prendre en compte afin de connaître l'ensemble des traditions des communautés primitives - comme les paroles attribuées à Jésus - et éclairer en retour sa lec ture du Nouveau Testament. 1. Composition du Nouveau Testament. -En suivant l'ordre fixé des livres, on distingue traditionnellement cinq grands ensembles dans le Nouveau Testament. - Les Quatre évangiles, qui font le récit de la nais sance, de la vie, de la mort et de la résurrection de Jésus ; ils sont dé~ig11é~ par le nom de leur auteur pré sumé Matthieu, Marc, Luc et Jean. On appelle les trois prèiriiers « évangiles synoptiques », car ils suivent la même trame et peuvent donc se mettre en synopse, en tableau comparatif. - Les Actes des Apôtres, du même auteur que l'évan gile de Luc, font le récit de la première prédication apostolique et des débuts des premières communautés chrétiennes en le centrant sur Pierre et Paul. - Les épîtres ( ou lettres) de Paul, écrites par l'apôtre ou par ses successeurs sous son nom. On distingue traditionnellement les premières épîtres (I Thessaloni ciens, II Thessaloniciens), les grandes épîtres (Galates, I Corinthiens, II Corinthiens, Romains), les épîtres « de la captivité» dont l'auteur se déclare détenu en prison (Philippiens, Colossiens, Éphésiens et Philémon), les épîtres « pastorales » dont l'auteur adresse des recom mandations à des chefs de communauté (1 Timothée, II Timothée, Tite). Il faut mettre à part l 'Épître aux Hébreux qui recueille en réalité une homélie qui n'est certainement pas de Paul. - Les épîtres catholiques, ainsi nommées parce qu'elles s'adressent non pas, comme les lettres de Paul, à des communautés ou à des individus, mais à l'Église « universelle» (qui est le sens grec de katholikos), ont 7 des apôtres comme auteurs déclarés : une épître de Jacques, deux épîtres de Pierre, trois épîtres de Jean et une épître de Jude. - L' Apocalypse, seul livre de style apocalyptique dans le Nouveau Testament. 2. Noms des livres, chapitres, versets. - Il faut noter que les noms que l'on vient de donner sont tou jours postérieurs à la rédaction des livres. Les noms des évangiles proviennent de la tradition d'Irénée de Lyon ; les épîtres de Paul sont désignées par leurs destina taires ; les épîtres catholiques sont nommées à partir de leurs auteurs - même si I Jean n'a pas d'adresse et si II Jean et III Jean s'annoncent comme des lettres de l'« Ancien». Seule !'Apocalypse porte le nom que lui a donné son auteur dans son premier verset. Il faut également noter que la division en chapitres et en versets date d'une époque tardive. L'idée de divi ser la Bible chrétienne en chapitres vient sans doute de Lanfranc, conseiller de Guillaume le Conquérant (vers 1066) : elle imite la pratique des rabbins qui divi sèrent la Bible hébraïque en sedarim, portions de textes destinées à être lues à la synagogue. La division actuelle procède d'Étienne Langton, professeur à la Sorbonne au XIII° siècle, qui l'introduisit vers 1225 dans la Bible latine. Le verset est une unité de rythme, de syntaxe et de sens, héritée des Latins qui avaient coutume de faci liter la lecture par des marques indiquant les pauses res piratoires. La division en versets fut effectuée en 1509 par l'imprimeur parisien Henri Estienne pour une édi tion des psaumes ; son fils Robert Estienne l'étendit à tout le texte dans son édition complète de la Bible latine de 1555. La légende raconte qu'Henri Estienne a éla boré cette partition en versets au cours d'une chevau chée entre Lyon et Paris. Vraie ou fausse, cette histoire exprime la manière « cavalière » dont les bibles mo dernes sont divisées. 8 3. Étapes de rédaction du Nouveau Testament. Plutôt que de suivre l'ordre traditionnel des livres, on privilégiera, comme on l'a dit, le développement hisfô rique. On distinguera donc plusieurs étapes de rédaction en adoptant l'opinion de la majorité des chercheurs: - l'âge «apostolique» (vers 30-70): les premiers disciples de Jésus procèdent à la première prédication, s'organisent en communautés, ou, comme Paul, écrivent les plus anciens écrits du Nouveau Testament; - l'âge subapostolique (70-90): la deuxième géné ration de chrétiens fait face non seulement à la mort des apôtres, mais aussi aux conséquences de la catas trophique révolte juive ; ils écrivent pour conserver l'enseignement apostolique, installer les communautés dans la durée et définir leurs rapports avec les Juifs non chrétiens; - la troisième génération des disciples de Jésus (90-120) : après presque un siècle d'existence, les pro blématiques des communautés changent ; elle produit de nouveaux écrits pour affronter l'hostilité des non chrétiens et définir sa théologie ; - après la rédaction finale du Nouveau Testament (au tournant du If' siècle) : au temps des rédacteurs se superpose celui des éditeurs qui décident quels livres entreront dans le Nouveau Testament et sous quelles versions ; et celui des traducteurs, qui le transmettent dans de multiples langues. Au cours de la décennie passée, les études néotesta mentaires ont connu un fort changement de perspective, grâce aux travaux d'universitaires venus du judaïsme comme Daniel Boyarin. Alors qu'on considérait que la séparation entre christianisme et judaïsme était inter venue à une période très précoce - les années 70 et la chute du Temple de Jérusalem formaient souvent un point de départ-, leurs études (relayées et approfondies dans le domaine francophone entre autres par Simon 9

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