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Le mystère du Père PDF

9 Pages·1999·0.331 MB·French
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Le mystère du Père Fr. M.-D. Philippe, o.p. e MYSTERE DU Pere est le mystère par excellence de Dieu pour L nous, car il nous montre de la manière la plus parfaite la transcendance absolue de Dieu à notre égard. Il est le Premier, tout vient de lui et tout doit retourner vers lui. Il n’y a rien au-dessus de lui, il est Premier. Cela se réalise à des niveaux différents : celui de notre être, celui de la vie, celui de l’esprit, intelligence et amour. Et en même temps, comme Père, il est source immédiate de tout ce qui est nôtre, du point de vue de notre être et du point de vue de notre vie humaine et divine, de notre esprit. 11 y a entre Dieu-Père et nous-mêmes une parenté, une similitude, nous sommes ses fils, ses enfants. Précisons maintenant chacun de ces aspects du regard philosophique sur le Père. Dieu-Créateur est Père de toutes ses créatures spirituelles. Cela, le philosophe peut le découvrir. Les néoplatoniciens l’ont affirmé avec force. Plotin contemple Dieu comme Père de son esprit. Il affirme qu’il y a dans l’homme une « étincelle du divin » - l’esprit - et considère que ce qu’il y a de plus grand chez l’homme, c’est de prendre conscience de cette parenté et d’en vivre le plus possible. Sénèque a également affirmé cette parenté et il considère, lui aussi, que nous devons tout faire pour en vivre. Aristote, lui, considère que si Dieu est « la Pensée de la pensée », notre bonheur est de contempler cette Pensée autant que le philosophe le peut ; même si elle est très faible et passagère, cette contemplation n’en demeure pas moins le grand privilège des sages. S. Thomas, lorsqu’il parle du «désir naturel » de Dieu, reconnaît que notre unique bonheur est de vivre autant que nous le pouvons de cette présence aimante et lumineuse, bien que cela aussi demeure très passager et très faible. Si Dieu est le Créateur de tout ce qui est, si tout ce qui existe existe par lui et en lui, il faut préciser que lorsqu’il s’agit d’êtres spirituels comme l’âme humaine (notre âme) il n’est pas seulement Créateur : il est Père, car il est bien source de notre vie spirituelle et il nous appelle à vivre son bonheur, sa propre vie contemplative. N’est-ce pas cela qui caractérise le père ? n’est-il pas celui qui communique à son enfant son héritage, son bonheur personnel ? Non seulement Dieu est source d’être et source de vie, mais encore il veut partager avec son enfant son bonheur, la plénitude de sa Al.ETHEIA — ECOLE SAINT JEAN — 1999-N° 15 propre vie. Certes cette participation, au niveau de la création, demeure très imparfaite, mais malgré sa faiblesse elle est d’une valeur incomparable. Dans la perspective de la foi chrétienne, les conséquences du péché originel, si elles n’altèrent pas la nature de l’intelligence de l’homme, rendent son exercice plus laborieux, surtout lorsqu’il s’agit de la recherche de la vérité ultime et de la contemplation de Dieu. Celle-ci peut se réaliser au niveau naturel, sans la grâce, mais cette contemplation (philosophique) demeure très rare pour nous. Aussi Dieu, « dans sa grande miséricorde 1 * », est-il venu à notre secours en se révélant comme Père, en nous donnant sa grâce et les vertus théologales et en nous donnant, à la fin des temps ', son Fils bien-aimé qui s’est incarné pour nous. C’est vraiment par Jésus, le Verbe incarné, que le Père se révèle pleinement à nous ; car seul le Fils bien-aimé peut nous révéler le Père. Le Père, nul ne le connaît si ce n’est son Fils, et ceux qui le reçoivent par son Fils 3. Il ne s’agit plus alors seulement d’un enseignement, mais d’un don personnel de lumière et d’amour. Lorsque Jésus annonce à ses Apôtres qu’il va bientôt les quitter pour aller vers le Père, et que Philippe réclame à Jésus de leur faire connaître le Père, en ajoutant que cela leur suffit, Jésus répond avec douleur : « Philippe, qui me voit, voit le Père 4 5. » Tous les gestes, toutes les paroles de Jésus, nous révèlent donc le mystère du Père. Les gestes de Jésus dans sa vie apostolique Nous ne pouvons pas relever ici tous ces gestes et paroles de Jésus, mais nous pouvons au moins regarder le premier geste de Jésus dans sa mission d’envoyé du Père, et le terme de cette mission : la Croix. Le premier geste de Jésus est de répondre à une invitation à un repas de noces, à Cana. Marie, elle aussi, avait répondu à l’invitation - « La Mère de Jésus y était \ » Après la séparation du désert (où il est « emmené par l’Esprit 6 »), Jésus, ayant commencé sa mission apostolique en choisissant ses premiers disciples 7, retrouve sa Mère. Et voilà que Marie, dans la joie de son cœur, est la première à constater l’embarras des serviteurs de vin : « le vin des noces vint à manquer ». La misère de ces amis servant le vin, 1 Cf. 1 Pe 1, 3. ~ Cf. He 1, 1-2 : « Après avoir, à bien des reprises et de bien des manières, parlé jadis à nos pères par les Prophètes, Dieu, en cette fin des jours, nous a parlé par le Fils. » ’ Cf. Le 10, 22 ; Mt 11,27 ; Jn 1, 18. 4 Jn 14, 9. 5 Jn 2, 1. 6 Mt 4, 1 ; cf. Mc 1, 12 ; Le 4, 1. 7 Voir Jn 1, 35 sq. 10 LE PERE Marie la prend dans son cœur et la confie à Jésus, et Jésus reçoit sa demande. Ce dialogue si simple entre Marie et Jésus, pris en lui-même, demeure énigmatique. Comme dans tout dialogue bref entre des personnes très unies, l’intonation seule peut nous dévoiler la vraie signification de ce qui est dit. Apparemment, Jésus semble refuser la demande de Marie. Celle-ci se serait donc trompée, et aurait agi trop vite ? Mais est-ce possible ? car Marie, qui reçoit la réponse de Jésus et la comprend, n’hésite pas à s’adresser directement aux servants: «Faites tout ce qu’il vous dira.» Marie communique donc aux servants une réponse positive de Jésus - autrement elle lui aurait forcé la main, elle l’aurait obligé à agir au-delà de son bon plaisir. Marie ne comprend-elle pas toujours beaucoup mieux que nous le sens des paroles de Jésus ? C’est par elle que nous pouvons, nous aussi, comprendre le sens de ces paroles : « Femme, qu’y a-t-il donc entre nous ? Mon heure n’est pas encore venue. Mais puisque tu me le demandes, très bien ». Elle peut alors alerter les servants de vin, et Jésus leur donne un ordre peu banal... Pour ces hommes qui ne le connaissent pas, l’accomplissement de cet ordre est héroïque : il ne peut se réaliser que grâce à leur confiance en Marie. En regardant Marie et en l’appelant « Femme » pour la première fois, Jésus nous montre qu’il devance sa mission apostolique grâce à l’intervention de Marie, grâce à son initiative. C’est elle qui le prie d’agir plus vite, avant son heure. Cela nous aide à comprendre le rôle de Marie auprès de Jésus et du Père, sa place dans l’économie divine. Cana, qui est un geste de miséricorde (geste fait pour que ce repas de noces soit vécu dans la joie parfaite), est le premier « signe 1 » de la vie apostolique de Jésus. Le Père veille à l’accomplissement parfait de ce repas de noces parce que Jésus, le véritable Epoux, est là ; et c’est l’épouse, la Femme, qui réclame son action miséricordieuse : changer l’amour humain en un amour divin, le vin de la nouvelle Alliance. Et le vin miraculeux est donné en surabondance, du point de vue qualitatif et du point de vue quantitatif ; c’est une surabondance divine. La seconde activité apostolique de Jésus, selon l’Evangile de Jean, se passe à Jérusalem: c’est son geste de colère chassant les vendeurs du Temple. La maison du Père n’est pas une maison de trafic, c’est un lieu d’adoration et de prière. 1 Jn 2, 11. 11 Le troisième geste de Jésus, c’est sa rencontre à Jérusalem avec Nicodème, rencontre au cours de laquelle Jésus, qui vient pour témoigner de la vérité ', donne à Nicodème une éminente leçon de théologie. Voilà les trois premiers gestes de miséricorde de Jésus nous manifestant les trois grandes misères de son peuple. Cela nous aide à découvrir l’amour du Père pour les hommes, les exigences de sa lumière, de sa vérité, et celles de sa miséricorde. Il y aura aussi, dans la vie apostolique de Jésus, la parabole de l’enfant prodigue 1 2, où le si grand désir du cœur du père, de retrouver son fils prodigue, nous révèle la tendresse de la miséricorde du Père. La Croix nous révèle le Père Mais c’est surtout à la Croix que Jésus nous révèle le vrai visage du Père. Le Christ crucifié, rejeté, bafoué, est pour nous la révélation et le don de la bonté miséricordieuse du Père, de sa tendresse. Par la Croix de Jésus nous découvrons combien le Père est bon, combien il nous attire par sa bonté infinie. « Il n’y a pas d’amour plus grand que de donner sa vie pour ceux qu’on aime 3. » « Et moi, une fois élevé de terre, je [les] attirerai tous vers moi 4. » Jésus donne sa vie pour nous sauver ; il prend la place du plus pauvre, du plus délaissé, pour nous prendre tout à lui. Il se fait notre Pain, notre nourriture. C’est encore le Père qui, par son Fils bien-aimé, se donne à nous comme pain et comme vin pour nous sauver. Le Père n’est pas seulement celui qui nous donne la vie, l’esprit ; il est celui qui se donne lui- même pour nous sauver : faire de nous des fils bien-aimés, ayant la promesse de vivre éternellement comme des fils bien-aimés. C’est le bonheur du Père qui nous est promis, par et dans le Fils bien-aimé. Le Père est « infiniment bon 5 », d’une bonté telle qu’il se sert même de nos fautes pour nous attirer à lui, dans un amour unique. Le père de l’enfant prodigue exerce une miséricorde merveilleuse à l’égard de son benjamin, mais il ne prend pas sa place, il ne prend pas sur lui son déshonneur. Jésus, lui, le fait ; il prend la place du fils condamné, de l’enfant brisé et rejeté de tous. Tout ce que Jésus a fait pour nous sauver nous révèle ce que le Père fait pour nous, mais le mystère de la Croix a une profondeur unique. Jésus nous le montre lorsque, dans la dernière semaine qu’il a vécue sur la terre au milieu des siens, il déclare : « Il est bon pour vous que je m’en aille, autrement je ne pourrai pas vous envoyer le Paraclet6. » 1 Cf. Jn 18, 37. 2 Le 15, 11 sq. 3 Jn 15, 13. 4 Jn 12, 32. 5 Cf. Première prière eucharistique. 6 Cf. Jn 16,7. 12 LE PERE L’envoi du Paraclet Essayons de saisir la signification propre de cet avertissement qui a dû être, pour Marie, si lourd à porter. A celle qui avait vécu avec lui une telle intimité, une telle présence, Jésus dit, comme une ultime nécessité : « il est bon pour toi que je te quitte»... et nous savons de quelle façon il la quittera : à travers le mystère de la Croix qu’elle vivra avec lui. Jésus lui annonce prophétiquement qu’il ne pourra pas lui envoyer le Paraclet s’il ne la quitte pas, s’il n’achève pas sa mission de Sauveur à travers l’offrande de toute sa vie sur la Croix. Pour le don du Paraclet qui achève sa mission terrestre, il faut ce mystère de séparation violente : être rejeté des hommes qu’il vient sauver, être traité par eux comme un criminel de droit commun, être détruit aux yeux de tous en tout ce qu’il est. Par ces paroles prophétiques Jésus révèle à Marie, et à tous les hommes qui croient en lui, l’importance unique de l’holocauste de la Croix - condition sine qua non de l’envoi du Paraclet. Jésus lui-même, dans sa grande prière de Fils bien-aimé s’adressant à son Père, nous révèle les désirs les plus personnels de son cœur : « Père, l’heure est venue, glorifie ton Fils pour qu’il puisse te glorifier. » Le mystère de la Croix est à la fois la glorification du Fils et celle du Père. Le Père, dans son attraction d’amour à l’égard de son Fils, le glorifie ; et le Fils ne peut pas être plus glorifié, comme Fils bien-aimé, qu’en accomplissant pleinement la volonté du Père. C’est bien la première prière du Verbe venant en ce monde : « Père, je viens accomplir ta volonté 1 2 » ; et c’est l’acte ultime de sa mission de Fils et de Sauveur : accomplir pleinement le bon plaisir du Père dans un acte de pur amour où tout lui-même est offert en holocauste d’amour, comme le véritable Agneau pascal. Dans son ultime prière au Père, Jésus précise la signification profonde de sa demande : « Glorifie-moi de la gloire que j’avais auprès de toi avant la création du monde '. » Quelle est cette gloire ? Cela ne peut être que d’être un avec son Père dans la spiration de F Esprit Saint. En effet, la plus grande gloire d’un fils bien-aimé n’est-elle pas d’être un avec son père dans son œuvre propre d’amour ? Rien n’est plus glorieux pour un fils bien-aimé que d’être un avec son père dans ce qui lui est le plus personnel. Or n’est- ce pas précisément ce qui nous est révélé à propos du mystère même de la Très Sainte Trinité ? Le Père et le Fils « spirent » l’Esprit Saint, ils sont un comme source propre du Saint-Esprit3. En demandant au Père : « Glorifie- 1 Voir He 10, 5-10 (Ps 40, 7-9). 2 Jn 17,5. 3 Voir Somme théologique, I, q. 36, a. 4. 13 moi de la gloire que j’avais auprès de toi avant la création du monde », Jésus demande que son âme humaine (qui subsiste dans le Verbe et qui est sanctifiée par une plénitude de grâce), son âme qui à la Croix s’offre en victime d’amour pour glorifier son Père et nous sauver, puisse être assumée par le Père d’une manière nouvelle, et coopérer instrumentalement à la spiration éternelle de l’Esprit Saint. Cette demande ne peut être faite que par le Verbe, le Fils bien-aimé qui s’est incarné pour glorifier le Père en accomplissant pleinement sa volonté, son bon plaisir. Jésus demande au Père d’accepter pleinement son holocauste de pur amour en le faisant participer, dans son cœur sacerdotal, à travers son offrande, à ce mystère propre au Père : spirer l’amour 1 - et cela dans une pure surabondance d’amour. L’âme de Jésus n’a en effet aucun droit à cela, car cette spiration d’amour relève du mystère même de la Très Sainte Trinité, elle est propre au Père et au Fils, et l’âme sacerdotale du Verbe incarné, si sainte, si infiniment aimante soit-elle dans son holocauste à la Croix, ne peut pas mériter d’être associée instrumentalement à cette éternelle spiration. Nous touchons là au secret du Fils bien-aimé qui seul peut demander à son Père une telle grâce, et cela nous révèle ce qu’il y a de plus grand dans la paternité du Père à l’égard de son Fils : à l’heure où Jésus, sur la Croix, accomplit jusqu’au bout le bon plaisir de son Père, il est glorifié et il glorifie le Père d’une manière toute nouvelle, car il peut alors envoyer le Paraclet à tous ceux qu’il sauve. Seul celui qui est à l’origine d’une procession trinitaire (celle du Fils ou celle de l’Esprit) peut nous envoyer cette même personne '. Car chaque personne divine est Dieu : le Fils est Dieu, l’Esprit Saint l’est également, et par le fait même aucune de ces deux personnes ne peut connaître une autorité, autrement elle serait relative à cette autorité et donc elle ne serait plus Dieu. Cet envoi de l’Esprit Saint par Jésus est vraiment la grâce ultime de son sacerdoce, de sa mission de Sauveur, et elle nous révèle d’une manière ultime le mystère du Père en son infinie bonté. Aussi n’est-il pas étonnant que l’Esprit Saint lui-même se serve d’une expression nouvelle - TrapdKÀriTos' - pour nous éveiller à cette ultime révélation de la paternité du Père - son secret. Le contemplatif, l’ami de Jésus, ne doit-il pas s’étonner et chercher pourquoi l’Esprit Saint se sert d’une nouvelle expression pour ce don de l’Esprit du Christ et du Père ? Le choix de cette expression nouvelle pour l’envoi de l’Esprit Saint nous est révélé dans l’Evangile de Jean, dans la dernière semaine de la vie apostolique de Jésus. Jésus lui-même est le Voir Somme théol., I, q. 36, a. 3. Voir Somme théol., I, q. 43, a. 1. et 8. 14 LE PERE premier Paraclet 1 lorsqu’il nous révèle les secrets du Père ; mais le deuxième Paraclet n’est « que » Paraclet, si l’on ose dire, et il n’est révélé que par le disciple bien-aimé, au terme de la révélation officielle de l’Esprit Saint. L’ultime fécondité du Père L’Esprit Saint ne veut-il pas, par là, nous révéler un ultime secret sur la paternité du Père ? car il ne fait rien en vain et n’aime pas l’originalité pour elle-même. S’il se sert de cette expression nouvelle, il y a une raison, et il ne veut sûrement pas que nous l’oubliions ! Saint Jean, dans son Evangile, nous révèle le rôle du Paraclet dans notre vie chrétienne - et c’est très important, car nous devons être très dociles à son action. Mais il y a quelque chose de plus important à découvrir pour notre vie contemplative. Comme le Fils en effet nous est donné et envoyé par son mystère d’incarnation et de Rédemption pour nous révéler le mystère du Père, le Paraclet nous est envoyé par le Père et le Fils, il est l’Esprit d’Amour du Père et du Fils, et il nous est donné, envoyé, grâce au mystère de l’holocauste du Fils à la Croix. Il nous révèle donc d’une manière toute spéciale ce qu’il y a d’unique dans le mystère de la Croix, dans la Révélation du Père par le mystère de la Croix. Sans l’obéissance de Jésus à la Croix, le Paraclet ne nous serait pas envoyé. Jésus nous le dit clairement : « Si je ne m’en vais pas, le Paraclet ne viendra pas vers vous 2. » Et dans sa prière de Fils bien-aimé il demande : « Père, glorifie-moi de la gloire que j’avais auprès de toi avant la création du monde. » Cette gloire, nous l’avons précisé, c’est l’unité du Fils avec le Père dans la spiration de l’Esprit Saint. Voilà bien ce que le Paraclet nous révèle. Le Père et le Fils sont un dans la spiration de l’Esprit Saint. Il y a ainsi comme deux moments dans le mystère du Père. Sa paternité éternelle à l’égard du Verbe, son Fils bien-aimé, et sa fécondité étemelle, avec le Fils, à l’égard de l’Esprit Saint. Le Verbe (le Fils) nous révèle que le Père est la Lumière, et lui est la Lumière de la Lumière. Seul le Fils connaît le Père et peut nous le révéler. Et le Père est aussi source de la spiration éternelle de l’Esprit Saint, il l’est dans son unité avec le Fils bien-aimé. Le Père a donc une double fécondité : l’une comme Père du Verbe, l’autre comme source, un avec le Fils, de la spiration éternelle de l’Esprit Saint. Et c’est à la Croix que nous est révélée Cf. Jn 14, 16 : « Moi je prierai le Père, et il vous donnera un autre Paraclet » ; 1 Jn 2, 1 : « Nous avons auprès du Père un Paraclet, Jésus Christ, le Juste. » 2 Jn 16,7. ------------------------------------------------------------------------------------------------------- 15 et donnée cette spiration d’amour et le fruit propre de cette spiration : le Paraclet. La paternité du Père concerne donc en premier lieu le Verbe, le Fils bien-aimé, mais elle concerne aussi, dans l’unité avec le Fils, la spiration de l’Esprit Saint. Le Père est tellement Père qu’il est non seulement Père de son Fils mais aussi Père de la fécondité de son Fils dans la spiration de l’Esprit Saint. Il est (si l’on ose dire !) super-Père, car le Fils, tout en étant distinct du Père, est pourtant un avec lui dans cette « super-fécondité » de l’Esprit Saint. La paternité, prise de façon tout à fait précise (ce par quoi le père est père), ne regarde que la fin ; le père et le fils sont, comme personnes distinctes, relatifs l’un à l’autre. Mais la paternité, en Dieu, c’est le Père qui, comme Dieu, est un avec son Fils et est, dans cette unité même, source de la spiration d’amour. Dieu-Père, un avec le Fils (le Fils est tout relatif au Père et un avec lui), spire l’Esprit Saint. Cette paternité est unique ; elle est celle d’un Esprit subsistant, d’une Intelligence subsistante et d’un Amour subsistant. Elle a une double fécondité dans l’unité parfaite, sans séparation, sans division. Elle est source du Fils et de l’Esprit Saint dans une unique paternité. Cependant il y a un ordre que nous devons contempler. Le Fils est tout entier relatif au Père, et un avec lui à l’égard de l’Esprit Saint, qui est à la fois relatif au Père comme source première de tout et relatif au Fils comme celui qui est un avec le Père dans cette spiration d’amour. On est vraiment là en présence du secret le plus grand de la paternité du Père unique. Comme Créateur il est Principe, Premier à l’égard de tout être créé ; et il est Principe à l’égard de tout le mystère trinitaire, Premier dans la Lumière, et Premier dans l’ordre de F Amour avec le fruit propre de la Lumière. (Pour être premier dans l’amour, ne faut-il pas être deux dans l’unité ?) On comprend alors qu’il y ait aujourd’hui une rage très spéciale du démon à l’égard de toute paternité. Dans une certaine anthropologie on met la paternité en échec, en la considérant pour le fils comme l’obstacle majeur, ce qui l’empêche d’être vraiment une personne parfaite ; il ne peut pas être parfaitement autonome tant que son père existe : il faut donc tuer le père. Ce meurtre du père est nécessaire pour libérer le fils et lui permettre d’être ce qu’il doit être. Au plan de l’éducation, on ne peut plus supporter l’autorité du père, elle est trop impérative et trop immanente ; source du sur-moi, elle est l’obstacle majeur à l’épanouissement de l’enfant et supprime toute spontanéité. C’est un mythe qu’il faut abolir. Il est vrai que la paternité est quelque chose de si grand qu’il est difficile, pour des personnes humaines limitées, de ne pas en faire des 16 LE PERE caricatures qui défigurent complètement sa grandeur - car il sera toujours vrai que la corruption de ce qu’il y a de meilleur, de plus grand, est ce qu’il y a de plus insupportable. On comprend la parole de Jésus : « Vous n’avez qu’un seul Père, celui du Ciel » Mt 23, 9. Cet ultime regard sur le Père, grâce au retour du Fils vers le Père dans l’unité, nous manifeste d’une manière plus éclatante la transcendance du Père, transcendant parce que Premier, transcendant parce qu’ultime, dans son unité avec le Fils : la double transcendance du Père, a et œ. La transcendance ultime du Fils est dans le Père. 17

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