Le martyrion Saint-Jean dans la moyenne-vallée de l’Euphrate Françoise Briquel Chatonnet, Alain Desreumaux, Faez Ayash, Rana Sabbagh, Janine Balty To cite this version: Françoise Briquel Chatonnet, Alain Desreumaux, Faez Ayash, Rana Sabbagh, Janine Balty. Le mar- tyrionSaint-Jeandanslamoyenne-valléedel’Euphrate: Fouillesdeladirectiongénéraledesantiquités à Nabgha au NE de Jerablous. Direction Générale des Antiquités de Syrie, pp.83, 2009, Documents d’archéologie syrienne XIII. halshs-00397646 HAL Id: halshs-00397646 https://shs.hal.science/halshs-00397646 Submitted on 23 Jun 2009 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. 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Documents d’archéologie syrienne XIII Le martyrion Saint-Jean 0 dans la moyenne vallée de l’Euphrate Fouilles de la Direction Générale des Antiquités 1 à Nabgha au nord-est de Jarablus Rana SABBAGH, Fayez AYASH, Janine BALTY, Françoise BRIQUEL CHATONNET & Alain DESREUMAUX Ministère de la Culture 2 Direction Générale des Antiquités et des Musées 3 Damas 2008 Responsables de publication : Dr. Bassam Jamous Dr. Michel Al-Maqdissi Moussa Dib el-Khoury Couverture : Le pavement de mosaïque à Nabgha Table des matières Avant-propos : Sur les pas de Michel le syrien ……………...…………... 5 Situation et contexte archéologique…..…………………….……………. 7 Le matériel ………………………………………………………………. 9 Le pavement de mosaïque ………………………………….……………. 11 L’inscription ……………………………………………………….…….. 23 Bibliographie …………………………………………….………………. 29 Table des figures ………………………………………………………… 31 LE MARTYRION SAINT-JEAN AVANT PROPOS Sur les pas de Michel le syrien Michel AL-MAQDISSI (Direction Générale des Antiquités et des Musées) Avec la publication du pavement de mosaïque trouvé fortuitement dans la région de Jerablus, l’archéologie byzantine de la Syrie du Nord fait un pas en avant. Après les ensembles monumentaux trouvés à Tell Bia’a, Dibsi Faraj et Tell Amarneh, nous pouvons commencer à entrevoir plusieurs agglomérations chrétiennes fouillées citées auparavant par Michel le Syrien dans son ouvrage monumental. Mais le travail est loin d’être accompli car nos informations demeurent très maigres. Dans cette partie de la moyenne vallée de l’Euphrate, l’état de la documentation des sites excavés est nettement déséquilibré. En effet, nous possédons plus d’informations sur les sites préclassiques et spécialement ceux de l’âge du Bronze. La découverte de ce pavement et surtout de ses deux inscriptions syriaques monumentales va témoigner de la richesse de cette région à cette période. Nous espérons que dans les prochaines années la fouille du site de Al-Nabgh al-Kebir se poursuive et permette d’étudier l’architecture du monument religieux, et que les sites mentionnés par Michel le Syrien soient identifiés afin de dévoiler une des pages les plus brillantes de la région et de la Syrie du Nord. 5 DOCUMENTS D'ARCHEOLOGIE SYRIENNE XIII 6 LE MARTYRION SAINT-JEAN Situation et contexte archéologique Le monument étudié ici présente un caractère exceptionnel, tant par l’intérêt et la qualité de son décor et par la date de l’inscription que par ce qu’il fait connaître de l’histoire culturelle et religieuse de la Syrie au début de l’époque byzantine. La mission syrienne d’Alep dirigée par le Dr Yusef Kanjo a effectué une campagne de fouille d’urgence dans le village d’al-Nabgha al-Kebira dans le canton de Ghendura (région de Jarablus), au nord-est d’Alep. La fouille a eu lieu à la suite d’une découverte fortuite. Le site fouillé se trouve sur une sorte de plateau dans la plaine au nord-ouest de Jarablus, à deux kilomètres au sud du petit village d’al-Nabgha qu’il domine : c’est là que fut découvert, en février 2007, un important pavement de mosaïque, comportant notamment une inscription syriaque. Les conditions de la fouille n’ont malheureusement pas permis de l’étendre au-delà du pavement lui-même. Aucun bloc taillé n’apparaissait en surface qui aurait pu laisser deviner l’existence d’un bâtiment antique. Au nord, des lignes de pierres non appareillées peuvent éventuellement être interprétées maintenant comme provenant de la ruine des bâtiments à l’intérieur desquels se trouvait le pavement dégagé en urgence. En outre, à l’ouest du pavement, un immense bloc monolithe d’une taille exceptionnelle, avec un arrondi en forme de stèle à une de ses extrémités, a été dégagé. On n’en connaît pas la destination. Il est maintenant évident qu’une fouille programmée devrait être entreprise afin de comprendre l’ensemble des vestiges. En attendant, la Direction générale des antiquités et des musées a souhaité faire connaître au plus vite ce pavement dont l’étude préliminaire est indispensable à la fouille de l’ensemble auquel il appartient. La découverte d’un tel pavement de mosaïque mérite d’être soulignée, dans une région où le développement du christianisme syriaque, entre Jarablus et Mabbug, fut déterminant pour toute l’histoire de la Syrie du Nord, cœur de ce qui est devenu l’Église syriaque orthodoxe. Or les témoignages archéologiques et épigraphiques syriaques n’y sont pas si nombreux. C’est aussi ce qui fait l’intérêt de ce monument particulièrement ancien. En effet, l’inscription est probablement la plus ancienne datée attestée à ce jour dans le corpus syriaque. Rana Sabbagh et Fayez Ayash ont procédé au relevé de l’ensemble de la mosaïque et à l’analyse du matériel. Janine Balty s’est chargée de l’analyse technique et iconographique. Françoise Briquel Chatonnet et Alain Desreumaux ont étudié l’inscription. 7 DOCUMENTS D'ARCHEOLOGIE SYRIENNE XIII 8 LE MARTYRION SAINT-JEAN Le matériel archéologique Rana SABBAGH et Fayez AYASH (Direction Générale des Antiquités et des Musées) Dans les déblais recouvrant la mosaïque, ont été trouvés des tessons de céramique dont vingt-deux formes. L’existence de déblais nous a empêchés de distinguer les différentes strates archéologiques ; c’est pourquoi nous n’avons pas pu identifier clairement les périodes d’occupation. Grâce à l’étude céramologique, nous avons pu déterminer ces périodes qui s’échelonnent de l’époque hellénistique à l’époque romaine, puis de l’époque byzantine à l’époque islamique. L’époque hellénistique La figure 1/1 est une base épaisse d’aguantharia. Cette forme est très répandue à cette période. La pâte gris clair est constituée de matériaux fins. Nous avons également recensé des tessons de céramique sigillée orientale. L’époque romaine La figure 2/1 représente une lèvre en argile brun rouge. La pâte possède des inclusions de quartz et est recouverte d’un engobe. La figure 2/2 figure une base de couleur beige clair. La pâte présente des inclusions de minéraux rouges ainsi que des bulles d’air. La figure 2/3 est une lèvre noire avec de petits morceaux de quartz dans la pâte. La figure 2/4 est une lèvre beige clair. La pâte a été mélangée avec des tessons minuscules de céramiques rouges. Le matériel des périodes byzantine et islamique se caractérise, d’une part, par deux lampes et des tessons à décor incisé et à roulette, datés du Ve siècle et, d’autre part, par une lampe de l’époque abbasside. La figure 3/1 représente une lampe de pâte brune. La figure 3/2 est la seconde lampe dont la pâte brun rouge présente des inclusions de quartz. La figure 3/3 figure la lampe islamique. La pâte gris-beige, à inclusions de quartz, conserve des traces de cuisson. Nous avons retrouvé des tessons de céramique Foscigny importés d’Anatolie. La figure 4/1 est une lèvre Foscigny faite d’une pâte rouge clair sans inclusions de minéraux. 9 DOCUMENTS D'ARCHEOLOGIE SYRIENNE XIII Les jarres domestiques de l’époque byzantine La figure 5/1 figure une lèvre de pâte brun rouge à engobe noir sur la face externe. La figure 5/2 est également une lèvre, mais de pâte brune. La figure 5/3 est une lèvre de pâte brun rouge à inclusions de quartz et à engobe noir sur la face externe. La figure 5/4 représente une lèvre brun clair dont la pâte présente de petits morceaux de quartz et de minéraux noirs. Sur la face extérieure de la pâte, nous relevons des traces de cuisson noires issues des activités domestiques (cuisine) La figure 5/5 représente une base de couleur variant du beige au brun. La pâte, aux inclusions de quartz, conserve des traces de cuisson sur les deux faces. La céramique byzantine La figure 6/1 est une lèvre brun clair avec de petits morceaux de quartz et de minéraux noirs dans la pâte. Nous relevons des traces de peinture rouge et beige sur la face externe. La figure 6/2 figure une lèvre de couleur brun clair, à inclusions de quartz et avec des restes de peinture rouge. La figure 6/3 est une lèvre de pâte brun rouge à inclusions de quartz. La figure 6/4 figure une base de couleur beige foncé à inclusions de quartz. La céramique islamique (omeyyade, abbasside, ayyoubide et mamlouk) Les figures 7/1 et 7/2 représentent deux lèvres de couleur brun foncé à inclusions de quartz. La pâte de la seconde est également composée de petits minéraux noirs. Les figures 7/3, 7/4 et 7/5 sont des bases. La première présente une pâte beige à inclusions de minéraux noirs et à glaçure bleu argentée. La seconde est beige à l’extérieur et beige rose à l’intérieur. Cette base provient probablement d’une cruche à eau. La troisième, beige foncé, est constituée d’une pâte fine, brunie sur la face interne. Un des tessons à décor incisé provient d’une jarre domestique de l’époque abbasside (fig. 8). Tous les tessons ont malheureusement été retrouvés dans les déblais et aucun sur la mosaïque. nous n’avons pas de forme complète. Ces types de céramique existent dans les sites près du Moyen-Euphrate et au Nord de la Syrie. Nous aimerions poursuivre les fouilles de ce bâtiment religieux afin de trouver des niveaux non perturbés et de déterminer la stratigraphie archéologique. Cela nous permettrait de mettre en relation les couches contemporaines de celle de la mosaïque. Nous avons également découvert un morceau de colonne, d’un diamètre de 27 cm et d’une longueur de 159 cm, et un chapiteau (fig.) au sud du pavement. Une monnaie en laiton (fig. 9) a été trouvée au nord (diamètre : 1,78 cm ; épaisseur : 0,2 cm). L’avers figure un buste d’éphèbe vêtu d’une toge romaine et portant une couronne tressée. Il s’agit de Théodore, fils d’Arcadius (378-395) : une inscription latine longe le bord de la monnaie : DN. ARCAD....DOMINUS NOSTER. Le revers représente également un jeune homme, mais celui-ci est armé. Il tient une lance dans la main droite et un glaive dans la main gauche. Il porte une armure de guerrier, un plastron et une cape recouvrant ses deux épaules et tombant sur sa main gauche. Le mot latin VIRUS est également inscrit sur le bord droit de la monnaie. Une Victoire ailée, vêtue d’une longue robe, se tient devant lui et le couronne de la main droite. 10
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