Bulletin de la Société entomologique de France, 117 (1), 2012 : 111-113. Le genre Perisama Doubleday, 1849, présent à Auyan-Tepui (Venezuela) avec une nouvelle espèce (Lepidoptera, Nymphalidae) par Stéphane ATTAL* & Jürg DE MARMELS** *5-15 rue Olivier-Noyer, F – 75014 Paris <[email protected]> **Museo del Instituto de Zoología Agrícola (MIZA), Facultad de Agronomía, Universidad Central de Venezuela, Aptado 4579, Maracay 2101-A <[email protected]> Résumé. – Cet article a pour but de nommer une espèce du genre Perisama récoltée à Auyan-Tepui (Venezuela) en 1956, et décrite par Jürg De Marmels en 1999 : Perisama tepuiensis n. sp. Cette découverte apporte un élément nouveau et important dans la connaissance de la répartition géographique du genre. Abstract. – The genus Perisama Doubleday, 1849, present at Auyan-Tepui (Venezuela) with a new species (Lepidoptera, Nymphalidae). The aim of this article is to name a species of Perisama collected at Auyan-Tepui (Venezuela) in 1956, and described by Jürg De Marmels in 1999: Perisama tepuiensis n. sp. This discovery provides a new and important element in the knowledge of the geographical distribution of the genus. Resumen. – El genero Perisama Doubleday, 1849, presente en Auyan-Tepui (Venezuela) con una nueva especies (Lepidoptera, Nymphalidae). Este artículo tiene el propósito de denominar una especie del género Perisama recolectada en el Auyan-Tepui, Venezuela, en 1956 y descrita por Jürg De Marmels en 1999 : Perisama tepuiensis n. sp. Este descubrimiento aporta un elemento nuevo e importante para el conocimiento de la distribución geográfica del género. Keywords. – Perisama, taxonomy, new species, Auyan-Tepui, Venezuela. _________________ La présence inattendue du genre Perisama dans la Gran Sabana, la région vénézuélienne des Tepuis, a été révélée par la capture en avril 1956 d'un unique spécimen femelle au sommet d'un relief appelé El Zanjón, à environ 2000 m d'altitude. Il s'agit du seul Perisama connu à ce jour provenant de reliefs autres que ceux dépendant de la Cordillère des Andes. En 1999, Jürg DE MARMELS en a fait une description bien détaillée, soulignant avec justesse sa position phylétique au sein du genre. Le prêt de ce spécimen à Stéphane Attal à des fins de comparaison permet aujourd'hui d'affirmer les éléments suivants : – il s'agit d'une espèce inédite du genre Perisama à laquelle il est indiqué d’attribuer un nom ; – son appartenance au groupe de Perisama alicia (Hewitson, 1868) est confirmée. Une analyse des différents types de caractères observables dans le genre Perisama est détaillée dans sa révision (ATTAL & CROSSON DU CORMIER, p. 9-13), et évoque certaines interdépendances. Sur la face ventrale des Perisama andins, la présence d'une tache rouge aux ailes antérieures associée à l'absence de liséré rouge costal est une disposition observable exclusivement chez les espèces teintées de jaune ou d'orangé, et non chez celles au verso blanc. P. yeba (Hewitson, 1857), le seul Perisama blanc dépourvu de liséré rouge costal est également dépourvu de rouge aux ailes antérieures. Or, chez le nouveau Perisama des Tepuis, la face ventrale présente une combinaison nouvelle dans le genre: la couleur de fond est blanche, les ailes postérieures sont dépourvues de liséré rouge costal, et les ailes antérieures portent une tache rouge à la base dépassant les limites de la cellule. Cette configuration pourrait découler d'un phénomène d'isolement suffisamment ancien pour avoir généré une spéciation. Nous proposons le nom de Perisama tepuiensis n. sp. pour désigner cette espèce, encore représentée seulement par la femelle holotype, unique spécimen connu. 112 ATTAL & DE MARMELS. – Une nouvelle Nymphale Perisama des Tepuis venezueliens Perisama tepuiensis n. sp. HOLOTYPE : ♀ "El Zanjón, cima, Auyantepuy, BOLIVAR, VENEZUELA, ± 2000 m, 22.IV.56", "Propiedad del MIZA, Fac. Agronomía UCV Maracay, Venezuela", "F. Fernandez. Y C. J. Rosales" (Museo del Instituto de Zoología Agrícola, Maracay, Venezuela). Description. – Ce spécimen a été soigneusement décrit par DE MARMELS (1999). L'état dégradé du spécimen nous conduit à en présenter une illustration à l'aquarelle. Nous tenons à remercier chaleureusement notre ami et collègue Roger Hiltbrand pour avoir aimable- ment réalisé cet excellent travail. Il permet d'apprécier plus clairement les caractères de l’espèce. La description d'un nouveau Perisama à partir de la femelle seule est un fait exceptionnel qui aurait pu inciter à la prudence en attendant des récoltes complémentaires avant de le nommer, notamment la découverte du mâle. [Il existe un précédent avec Perisama xenoclea Felder & Felder, 1861, qui s'est avéré être la femelle de P. euriclea (Doubleday, 1849) (cf. ATTAL & CROSSON DU CORMIER, 1996 : 75). Toutefois, l'aspect du spécimen et son examen comparatif direct avec les Perisama de la collection Attal ne laisse plus de doutes sur son identité propre en tant qu'espèce distincte. Son origine géographique remet en cause les questions posées sur l'extension du genre sur le continent ; elle apporte un élément nouveau et capital dans la connaissance de la répartition globale des Perisama. Fig. 1-5. – Perisama tepuiensis n. sp. (× 1). – 1, 2, ♀, holotype, faces dorsale et ventrale. – 3, 4, Aquarelles réalisée par Roger Hiltbrand, faces dorsale et ventrale. – 5, Etiquettes de ce spécimen. Bulletin de la Société entomologique de France, 117 (1), 2012 : 111-113 113 La partie de la Cordillère des Andes qui s'étend depuis l'Equateur jusqu'au nord du Venezuela s'est formée postérieurement à sa partie méridionale, il y a plus de cinq millions d'années. Les espèces du genre Perisama ont dû suivre progressivement cette nouvelle chaîne, jusqu'à atteindre la Cordillera de la Costa au nord du Venezuela. La spécificité de ce nouveau Perisama et sa provenance posent une interrogation sur son émigration vers les tepuis. Il a certainement eu lieu à une époque bien postérieure à la formation des Andes du nord. Des recherches dans la Cordillera de Turimiquire pourraient apporter des éléments de réponse dans le cas où la présence du genre Perisama serait constatée dans ces reliefs. HYPOTHÈSES SUR L'ASPECT DU MÂLE Lorsqu'il existe un dimorphisme sexuel chez un Perisama, celui-ci n'affecte pas les caractères évoqués plus haut, on peut donc supposer une même combinaison sur la face ventrale du mâle et de la femelle de P. tepuiensis. Par contre, la face dorsale présente une divergence chez certaines espèces sous la forme d'un dessin en forme de pipe renversée aux ailes antérieures au lieu et place de la bande transversale de la femelle. Chez les Perisama du groupe alicia à face ventrale blanche, le cas existe avec P. cabirnia (Hewitson, 1874) de Bolivie, mais cette singularité associée à sa situation géographique opposée rend peu crédible l'hypothèse d'une telle configuration chez P. tepuiensis. On ne peut envisager davantage l'idée d'une exceptionnelle instabilité comme celle qui caractérise P. emma Oberthür, 1916, chez lequel la face dorsale des ailes antérieures varie de la bande transversale homogène à un dessin approchant le schéma en forme de pipe renversée, en passant par des assemblages de dessins déstructurés déclinables à tous degrés. Seule la découverte future du mâle de Perisama tepuiensis permettra de vérifier si son aspect est comparable à celui de la femelle, comme il est supposé ici. REMERCIEMENTS. – En plus de Roger Hiltbrand, nous souhaitons remercier notre ami Tiéri Lander, ainsi que Madame Krista Vaucher, pour leur aide dans la communication de documents. AUTEURS CITÉS ATTAL S. & CROSSON DU CORMIER A., 1996. – The genus Perisama. Sciences Nat : 149 p., 12 pl., 308 fig., 20 cartes, 64 text fig. DE MARMELS J., 1999. – First record of the genus Perisama, Doubleday, 1849 from Pantepui, Venezuela (Lepidoptera, Nymphalidae). Atalanta, 30 (1/4) : 155-158; 3 fig. _________________