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le dossier Abou Dhabi par Viviane Gautier-Jacquet Département d'histoire de l PDF

135 Pages·2010·0.51 MB·French
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Université de Montréal Le Louvre des Sables : le dossier Abou Dhabi par Viviane Gautier-Jacquet Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques Faculté des arts et des sciences Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures en vue de l’obtention du grade Maître ès arts (M.A.) en histoire de l’art Août 2010 © Viviane Gautier-Jacquet Université de Montréal Faculté des études supérieures Ce mémoire intitulé : Le Louvre des sables : le dossier Abou Dhabi présenté par : Viviane Gautier-Jacquet a été évalué par un jury composé des personnes suivantes : Todd Porterfield Président-rapporteur Christine Bernier Directrice de recherche Élise Dubuc Membre du jury iii RÉSUMÉ L’Accord intergouvernemental du 6 mars 2007, prévoyant l’aide de la France à la création du premier musée universel hors occident, à Abou Dhabi, aux Émirats Arabes Unis, soulève une vive polémique qui dénonce, entre autres, l’ingérence du politique dans les affaires du musée, la commercialisation du nom « Louvre » et des œuvres du patrimoine national. Par le biais des points essentiels soulevés par les polémistes, le mémoire propose une analyse du rôle historique du musée de l’État dans la société, de l’édification du concept de patrimoine national, de sa pertinence aujourd’hui face au cosmopolitisme des sociétés contemporaines, au pluralisme, et à la mondialisation. Il étudie les ressources économiques du Louvre, ses approches pour générer les fonds nécessaires à son équilibre budgétaire, ainsi que la volonté française d’affirmer sa présence, voire sa prépondérance, au sein d’une culture qui s’universalise, avec pour but d’arriver à la rentabilité financière des grands musées publics. La notion d’intégrité physique et de transmission morale du patrimoine est également abordée alors que le principe d’inaliénabilité des collections publiques est, quelque peu, remis en question par l’actualité. L’Accord signé illustre une adaptation des activités du musée national confronté à des besoins de financement grandissants face aux pressions du marché de l’art international et aux réalités du commerce global. Il illustre la dichotomie entre les exigences pragmatiques de la nature politico- économique du musée, et la fonction de conservation et de recherche qui est d’ordre théorique et moral. Il montre que le capital symbolique du musé devient, aussi, un capital financier. Mots-clés Louvre Abou Dhabi – patrimoine national – mondialisation – museum branding – inaliénabilité iv ABSTRACT An intergovernmental agreement signed on March 6, 2007 provided for France’s support for the establishment of the first universal survey museum outside the Western world, in Abu Dhabi. It sparked a fierce debate over such issues as political interference in the museum’s affairs and the commercialization of the “Louvre” brand and of the works that are part of France’s national heritage. By examining the main points raised by critics, this thesis analyzes the social role historically played by the Louvre, the concept of national heritage and its current relevance, given the cosmopolitan nature of contemporary society and the phenomena of pluralism and globalization. It studies the museum’s financial resources, its methods of generating the funds to balance its budget and France’s desire to assert its presence, its dominance even, in an increasingly universal world culture, in order to make its national museums profitable. The notion of physical integrity versus the intangible transmission of the collective heritage is also addressed, while the principle of the inalienability of public collections is questioned somewhat in view of recent political developments. The agreement demonstrates an adaptation of the activities of a national museum faced with growing financial needs due to the pressures of the international art market and the realities of global business. It illustrates the dichotomy between the practical demands of the museum’s political and economic situation, and its more theoretical and intangible mission of preservation and research. It shows that the museum’s symbolic capital is also becoming a form of financial capital. Keywords Louvre Abu Dhabi – national heritage – globalization – museum branding – inalienability v TABLE DES MATIÈRES RÉSUMÉ………………………………………………………………………………..…….. iii ABSTRACT……………………………………………………………………………..……. iv TABLE DES MATIÈRES…………………………………………………………….…...….. v REMERCIEMENTS………………………………………………………………….……… vii INTRODUCTION La gouvernance du Musée national du Louvre….....………………………………………. 1 Problématique …...……………………………………………………………………………. 3 État de la question et présentation des chapitres………………………….…………………… 3 Méthodologie et cadre théorique…………………………………………………….....…….. 10 CHAPITRE I Mandat historique du Louvre et situation géopolitique ….……………………………… 13 I.1 : Histoire ….……………………………………………………………………………… 13 I.2 : Actualité…………………………………………………………………………….…… 16 I.2.a. : Les points principaux de l’Accord du 6 mars 2007…...……………………… 18 I.2.b. : La polémique….……………………………………………………………… 21 I.3 : Géopolitique et culture…………………………………………………………….…….. 22 I.3.a : Les Émirats Arabes Unis………………………………………………….…… 23 I.3.b : Société et culture…………………………………………………….……........ 24 I.3.c : L’île de Saadiyat : île du Bonheur………………………………………........... 26 I.3.d : Les Émirats Arabes Unis et la France………………………..…………........... 27 I.3.e : Abou Dhabi sur la scène internationale de l’art…………..…………………… 28 CHAPITRE II Le musée du Louvre, gardien du patrimoine national ?...................................................... 32 II.1 : Le concept historique de patrimoine national, et sa remise en cause aujourd’hui : patrimoine national, patrimoine mondial, ou patrimoine identitaire ?.......................... 32 II.1.a : La notion historique de patrimoine…………………………………………… 33 II.1.b : Ambigüité du concept de patrimoine national …...…………………………... 36 II.1.c : Patrimoine national ou patrimoine mondial……………………………...…… 37 vi II.1.d : Patrimoine identitaire………………………………………………………..... 41 II.2 : L’instrumentalisation politique et la commercialisation du patrimoine……………...… 43 II.2.a : Le gouvernement français impose Abou Dhabi au musée du Louvre…….….. 44 II.2.b : L’autonomie du Louvre...…………………………………………………..… 44 II.2.c : L’éthique professionnelle et le prêt d’œuvres …...…………………………… 48 II.2.d : Le conflit d’intérêt des conservateurs …...…………………………………… 57 II.2.e : Les risques de pression sur les musées préteurs……………………………... 60 CHAPITRE III Le Louvre, marque de commerce ? ……………………………………………………….. 62 III.1 : Le museum branding…………………………………………………………………... 65 III.1.a : Les antécédents relatifs………………………………………………………. 66 III.1.b : Le Musée et le Marché………………………………………………………. 69 III 1.c : Le Musée et le Politique……………………………………………………... 74 III.1.d : Le Louvre à Lens….………………………………………………………… 76 III.1.e : Le branding tous azimuts…………………………………………………….. 78 III.1.f : Museum branding et l’économie de la culture……………………………….. 80 III.2 : Impérialisme culturel ou diversité culturelle…………………………………….…….. 82 III.3 : Le Louvre du XXIe siècle, une coquille vide ? .............................................................. 88 CHAPITRE IV Intégrité et inaliénabilité du patrimoine…………………………………………………… 92 IV.1 : Intégrité…...…………………………………………………………………………… 93 IV.1.a : Intégrité physique – Intégrité artistique………..…………………………….. 94 IV.1.b : Intemporalité et immortalité de l’art ?............................................................. 96 IV.2 : Inaliénabilité………………………………………………………………………… 100 IV.2.a : La brèche : la procédure de déclassement…………………………….……. 103 IV.2.b : La brèche : la mise en dépôt …………………………………………....….. 105 IV.2.c : Les modèles internationaux …...…………………………………………… 107 IV.2.d : Les risques et les bénéfices de l’inaliénabilité……………………………... 110 CONCLUSION Figures prospectives ………………………………………………………………………. 113 BIBLIOGRAPHIE………………………………………………………………………….. 121 vii REMERCIEMENTS Pour son aide discrète mais efficace, pour sa grande disponibilité, je voudrais exprimer toute ma gratitude à ma Directrice de recherche, Christine Bernier, qui, en me laissant toute liberté intellectuelle, m’a permis d’éviter d’emprunter les trop nombreux méandres offerts au chercheur débutant. Grâce à ses compétences, à sa confiance, et à son support cordial, je suis prête à poursuivre plus avant notre travail d’équipe. Les rapports toujours positifs, féconds et amicaux avec tous les enseignants du Département, et notamment avec Suzanne Paquet qui m’a généreusement offert temps et savoir, m’ont toujours permis de croire que j’avais ma place à l’Université. Je suis reconnaissante à Louise Vigneault pour son soutien, à Élise Dubuc et à Todd Porterfield d’avoir accepté de lire et de critiquer mon mémoire ; leurs commentaires seront essentiels à l’orientation de mes futures recherches. Bien sûr, l’amitié développée avec les étudiants du Département, en l’occurrence avec Gino Bellanger, Francine Couillard, Nathalie Houle, Ginette Jubinville, Marie-Ève Marchand, Joaquim Videira Eusebio, m’est non seulement chère, mais me permet, grâce aux conversations « professionnelles » que nous entretenons, de progresser dans mes études et dans mes connaissances du champ de l’histoire de l’art. Ce travail qui me passionne ne pourrait être accompli sans l’affection, le soutien, et l’indulgence de mes proches ; merci Dominique, Camille, Julie. INTRODUCTION La gouvernance du Musée national du Louvre Le 6 mars 2007, Renaud Donnedieu de Vabres, Ministre de la culture du Président français Jacques Chirac, prononce un discours devant les autorités émiriennes réunies au Palais des Émirats d’Abou Dhabi : « Nous signons aujourd’hui un accord historique de coopération culturelle entre les Émirats Arabes Unis et la France, en vue de la création par l’Émirat d’Abou Dabi d’un musée à vocation universelle, qui portera le nom de Louvre Abou Dabi1. » Jacques Chirac, quant à lui, envoie un message personnel au Sheikh Khalifa bin Zayed al Nahyan, Président de la fédération des Émirats Arabes Unis, qu’il amorce ainsi : « Nous célébrons aujourd’hui un événement qui fera date ; pas seulement pour nos deux pays, dont les relations sont si amicales et si confiantes, mais pour une certaine idée du monde, que les Émirats arabes unis et la France veulent porter ensemble2. » L’Accord est en effet historique ; il prévoit l’aide de la France à la conception et à l’élaboration du premier musée universel hors Occident. Pour ce faire, les autorités tutélaires du 1 Voir dossier de presse, discours et communiqués sur le site Internet du Ministère de la culture : http://culture.gouv.fr/culture/actualités/conferen/donnedieu/abudhabi.html. Page consultée en avril 2010. 2 Message accessible sur le site Internet du palais de l’Élysée : http://elysee.fr/elysee/root/bank/print/73691.html. Page consultée en avril 2010. 2 Musée national du Grand Louvre, avec l’accord d’Henri Loyrette, Président directeur général de l’institution, octroient au musée d’Abou Dhabi l’usage du nom Louvre pour une durée de trente ans et six mois ; elles prévoient l’envoi périodique, pendant dix ans et à titre onéreux, d’œuvres faisant partie des collections du musée parisien et des musées français publics volontaires. Sont également prévues, sur quinze ans, l’organisation de quatre expositions temporaires annuelles qui seront assemblées à partir des collections françaises, ainsi que l’aide des conservateurs français, notamment en tant que conseillers à l’acquisition des œuvres de la future collection permanente du musée d’Abou Dhabi. La location du nom « Louvre », la location des œuvres, et l’ensemble des prestations à fournir à la Partie émirienne rapportera à la France, plus précisément au Louvre et dans une moindre mesure aux musées préteurs, la somme de neuf cent soixante quinze millions d’euros. L’entente intergouvernementale est décriée par un grand nombre d’observateurs et de spécialistes, tant en France qu’à l’étranger. Les détracteurs considèrent que le projet est motivé par des raisons diplomatiques et économiques, plutôt que par un projet scientifique, et qu’il porte alors préjudice à l’intégrité de la profession. Les polémistes dénoncent non seulement l’intrusion du politique dans les affaires du musée, mais aussi la commercialisation du label historique « Louvre » et des œuvres du patrimoine national. Ils dénoncent, en outre, l’atteinte au sens des collections et à la sécurité des œuvres, le conflit d’intérêt des conservateurs, agents de l’État, qui agiront pour le compte d’un musée étranger, ainsi que les risques de pression encourus par les musées publics préteurs ; ils craignent la censure des émiriens quant aux choix des œuvres en partance, et la remise en question du principe de l’inaliénabilité des collections publiques françaises. 3 Problématique Quelle est la signification idéologique de l’Accord intergouvernemental du 6 mars 2007 ? Est-ce à dire que de nouveaux paradigmes se mettent en place, dans l’histoire des musées d’art, avec l’implantation, temporaire, de ce « Louvre » à Abou Dhabi ? C’est ce que ce mémoire souhaite examiner, en regard des différents points de la polémique qui s’est ensuivie. Ainsi, l’intrusion, voire l’ingérence, du domaine politique dans les affaires du musée national d’état, telle qu’elle est dénoncée par les polémistes, est-elle une dérive inédite qui met en question la pertinence de la création du Louvre Abou Dhabi ? Plus précisément, la nature politique de la transaction, les différents termes de l’Accord, leurs conséquences sur les activités muséales, en particulier celles des musées nationaux, posent-ils des problèmes d’ordre déontologique qui compromettent le mandat du Louvre et l’autonomie professionnelle de ses agents ? S’agit-il de « vendre » le nom du Louvre à des fins lucratives, de commercialiser le patrimoine national, d’exporter des œuvres d’art pour répondre à des intérêts diplomatiques et commerciaux ? S’agit- il de faire rayonner la culture française, de mettre en valeur le musée, son art, au nom de la promotion de l’universalité de la culture et du dialogue entre les civilisations, ou s’agit-il plutôt d’implanter le Louvre au centre de l’univers culturel, et la France au centre de la civilisation ? S’agit-il encore d’adapter les activités du musée à la mondialisation de l’économie, à laquelle celui-ci ne semble pouvoir échapper, en impliquant davantage de qualités gestionnaires dans sa gouvernance, au détriment des qualités scientifiques traditionnelles ? État de la question et présentation des chapitres Ce mémoire propose une analyse du rôle historique du musée de l’État dans la société, de l’édification du concept de patrimoine national et de sa pertinence aujourd’hui, de l’évolution du

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premier musée universel hors occident, à Abou Dhabi, aux Émirats Arabes Unis, soulève une l'aide des conservateurs français à l'acquisition d'une collection .. http://www.ambafrance-eau.org/france_eau/IMG/19750097.pdf.
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