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Le discours politique dans Kalila et Dimna d'Ibn al-Muqaffa' PDF

339 Pages·2011·2.79 MB·French
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1 THÈSE en vue de l'obtention du grade de Docteur de l'Université de Lyon délivré par l'École Normale Supérieure de Lyon Spécialité : Littérature arabe Laboratoire Interaction Corpus Apprentissage Représentation (ICAR) École Doctorale 3LA présentée et soutenue publiquement le 09/12/2011 par M Lahcen BOUKHALI _____________________________________________ Le Discours politique dans Kalila et Dimna D’Ibn al-Muqaffa ______________________________________________ Directeur de thèse : M. Georges BOHAS Après l'avis de : M. Edgard WEBER M. Jean-Patrick GUILLAUME Devant la commission d'examen formée de : M. Abdallah CHEIKH-MOUSSA (Membre) M. Edgard WEBER (Rapporteur) M. Floréal SANAGUSTIN (Membre) M. Georges BOHAS (Directeur) M. Makram ABBES (Membre) M. Said YAKTINE (Membre) 2 Remerciements Après avoir effectué cette étude, je tiens à la dédier à mes parents et à tous les membres de ma famille ; frères et sœurs. Malgré la distance qui nous sépare, ils étaient toujours présents par leurs encouragements et leur soutien inconditionnel dans les moments les plus difficiles. Ils ont beaucoup sacrifié pour moi tout au long de mes études. La fin de ce travail sera aussi une occasion pour présenter toute ma gratitude à mes deux professeurs : M. Georges BOHAS et M. Makram ABBES qui ont accepté d’encadrer cette thèse et de m’accompagner dans ce voyage merveilleux au cœur de l’imaginaire oriental. Leurs remarques m’ont été très utiles. Mes reconnaissances vont également à toutes les personnes qui m’ont aidé et soutenu, de près ou de loin, pour surmonter les difficultés que j’ai pu rencontrer. 3 INTRODUCTION Amad lib al-Ibrhm, qui a préfacé l’édition de Abd al-Wahhb Azzm, a écrit que Kalla wa Dimna1 est, de par son aspect multidisciplinaire, parmi les livres qui représentent le mieux le legs arabo-islamique. C’est à la fois un livre littéraire et politique, c’est aussi un livre d’éthique, de sagesse et d’éducation2. Cette description met l’accent sur la richesse de ce livre dans tous les domaines, ce qui justifie l’intérêt qui lui est accordé depuis sa transmission dans la culture arabe. L’aspect littéraire du livre ne fait aucun doute parce qu’il fait partie de la prose, le style qui n’a pas encore trouvé toutes ses marques à l’époque. Mais cette forme à travers laquelle l’auteur des fables s’exprime, véhicule des idées et des principes issus d’autres domaines comme la politique et l’éthique. C’est également un moyen par lequel il s’adresse aux principaux intéressés par sagesse tout en tenant compte de la dimension éducative des histoires animalières qui peuplent le livre. Tous ces éléments ont donné à ce livre cette valeur et cet aura dont il bénéficie depuis son adaptation en langue arabe voire avant. Sans omettre totalement la période qui précède celle de l’insertion de ce livre dans le milieu arabe, notre premier devoir dans cette introduction est de nous consacrer à la place de ce livre dans cet environnement et surtout au contexte de son adaptation et l’intérêt qu’il a suscité pendant les premiers siècles de l’Islam. Les traductions Le Kalla a fait l’objet de maintes traductions ou adaptations et de versifications en langue arabe. Même si celles-ci sont nombreuses, le nom d’Ibn al- Muqaffa, considéré comme le père de la fable arabe à travers l’insertion de ce livre écrit en prose dans un milieu où la poésie occupait un espace très large, occupe le premier rang. Du fait, les autres ont suivi ses traces en traduisant ce livre comme l’a fait Abdallh Ibn Hill al-Ahwz3 qui a mené cette mission pour Yay Ibn lid 1. Désormais Kalla. 2. Kalla wa Dimna, éd. Abd al-Wahhb Azzm, Beyrouth, Dr al-urq, 1 éd., 1957 reprise en 1981, p. 05. Désormais, nous renvoyons à cet ouvrage par Azzm. 3. Voir  alfa, Kaf al-nn, T. II, p. 658 version numérique. Voir ce lien : http://www.almeshkat.net/books/open.php?book=1129&cat=18. 4 Ibn Barmak en 165h/782. Puis, Sahl Ibn Nbat l’a mis en vers pour le même vizir. Mais, dans Kaf al-nn (la dissipation des doutes)  alfa n’a pas parlé de la démarche d’Abn al-Liq ( m. 200h/815) cité dans le Fihrist par Ibn al-Nadm4. Vers la fin du cinquième siècle, Ab Abdallh Moammad al-Yaman (m. 400h/1010), dans son livre intitulé Muht aml kalla wa dimna bim abahah min ari al-arab (La ressemblance des proverbes de Kalla et Dimna avec ceux qui leur correspondent dans la poésie arabe) vient pour concurrencer le Kalla en faisant le parallèle entre les proverbes cités dans ce livre et ce qui a été dit par les poètes arabes. Un siècle plus tard ou presque, Ibn al-Habbriya (m. 504h/1126), dans un livre intitulé Nati al-fina f nam Kalla wa Dimna (Les conséquences de l’intelligence en matière de la versification de Kalla et Dimna), va entreprendre un travail identique tout en essayant d’être fidèle au texte. Abd al-Mumin al- n, un autre poète qui a vécu probablement pendant la moitié du VIIe/ XIIIe, s’est intéressé à son tour au Kalla et l’a mis en vers dans un livre intitulé Durr al- ikam (Le Joyau des sagesses)5. Tous les noms et les essais6 que nous avons cité ne sont que des exemples parmi d’autres car la richesse de ce livre a attiré les attentions dans tous les coins du monde arabe voire au-delà. Adaptation ou traduction Cependant, l’immigration de ce livre d’un monde à un autre et d’une culture à une autre, pose la problématique du traitement qui lui a été réservé par les uns et par les autres. Le débat qui a été soulevé à propos de la démarche d’Ibn al-Muqaffa mérite d’être signalé car jusqu’à présent il y a une divergence entre les avis sur ce point. Certains parlent de traduction (tarama)7et d’autres d’adaptation (tadl)8. L’argument principal des premiers réside dans le fait qu’une partie des chapitres 4. Ibn al-Nadm, al-Fihrist, éd. II, Beyrouth, Dr al-kutub al-ilmiyya, 2002, p. 190. 5. Fawzia El-Rab, Durr al-ikam : adaptation poétique de Kalla wa-Dimna, Lovanii, Aedibus Peeters, 1994, p. 8*. 6. Pour une vision complète sur le Kalla à Victor Chauvin, Bibliographie des ouvrages arabes, ch. II, Liège, imprimerie H. Vaillant-Carmanne, 1892, pp. 1-129. 7. Nous citons à titre d’exemple Azzm dans son introduction au Kalla et  alfa. Ibn al-Nadm dans le Fihrist cite le terme « naqala », op. cit., p. 190. 8. C’est aussi l’avis de R. Khawam dans Le Pouvoir et les intellectuels, Paris, Maisonneuve&Larose, 1985, p. 12 et de Moamad Raab al-Nar dans son livre intitulé Kalila wa Dimna : Talfan l taramatan (Kalla et Dimna : composition et non traduction) 2008. Voir l’article intitulé Kalla wa Dimna ina arabiya l hidiya (Kalla et Dimna invention arabe et non indienne) le lien : http://www.alfaseeh.com/vb/showthread.php?t=4434&pagenumber= pour ne pas citer que ces trois. 5 contenus dans le livre se trouvent dans d’autres livres indiens et s’inscrivent dans le même esprit d’écriture. C'est-à-dire que le travail ne dépasse pas le fait de transférer ces histoires en langue arabe. Mais les défenseurs de la deuxième thèse, sans nier l’existence de certains chapitres identiques dans les deux versions arabe et indienne, se basent sur d’autres éléments tant au niveau de la forme qu’au niveau du fond. Pour analyser et donner quelques éléments de réponse concernant les deux points de vue nous nous appuierons sur l’introduction de Azzm. Ce dernier prend comme point de départ le fait que le Kalla est un livre d’origine indienne vu l’existence d’une partie de ses histoires dans d’autres livres de la même culture, le Pañcatantra et le Mahbahrat d’après ce qu’il a pu lire dans un commentaire d’Ab al-Rayn al-Bayrn (m. 326h/973)9. Cet élément donné par Ab al-Rayn al-Bayrn signifie que les chapitres du livre ne sont pas tirés d’une seule source. Cette remarque se confirme lorsqu’on regarde comment Azzm les a présenté car dans sa version, il a réparti les chapitres du livre en quatre catégories : la première concerne les introductions (celle de Al Ibn al-h al-Fris, L’Avant propos d’Ibn al-Muqaffa, La mission de Burzwayh dans le pays de l’Inde et le chapitre concernant Burzwayh le médecin). La seconde renvoie aux cinq premiers chapitres, sans compter celui intitulé le Procès de Dimna, tirés du Pañcatantra, il s’agit des chapitres suivants : Le Lion et le Bœuf, La Colombe au collier, Les Hiboux et les Corbeaux, Le Singe et la Tortue et L’Ascète et la Mangouste. La troisième catégorie, quant à elle, contient trois chapitres dont le Mahbahrat est la source et intéresse les chapitres suivants : Le Chat et le Rat, Le Roi et l’Oiseau Qubbira et Le Lion et le Chacal. Si les sources des chapitres précédents sont connues, les chapitres appartenant à la quatrième catégorie ne bénéficient pas du même crédit. Quatre d’entre eux sont cités dans toutes les versions : Ibld, Irt et adram, le roi de l’Inde, La Lionne et le Chacal, L’ascète et l’Hôte et Le Fils du roi et ses compagnons. Mais il existe encore trois chapitres qui ne font pas l’unanimité dans les différentes versions : Le Roi des rats, Le Héron et le renard et La Colombe et en fin le Renard et le Héron. Ce classement proposé par Azzm sera récupéré par les défenseurs de la deuxième thèse et sera mobilisé comme argument pour revendiquer l’aspect créatif d’Ibn al-Muqaffa et refusent de lui attribuer le rôle de traducteur. Moamad Raab 9. Voir Azzm, op. cit., p. 22. 6 al-Nar parmi les contemporains et Umar al-Yaman parmi les anciens ne voient aucune raison pour réduire le travail d’Ibn al-Muqaffa à une simple traduction car le Kalla dans le milieu arabe a acquiert une autre allure que ce soit en ce qui concerne la vision qui a conditionnée les sujets traités ou la manière et le style adoptés dans la reprise des histoires dans le livre10. Ceux qui ont adopté cette deuxième thèse posent en premier lieu le problème de la multitude des introductions où le médiéviste a donné l’impression qu’il est juste un simple traducteur pour fausser les pistes en raison du contexte difficile où il travaillait. A cela s’ajoute la reprise des cinq chapitres issus du Pañcatantra, même s’ils ont été traités d’un point de vue différent, selon eux. Ils pensent aussi que le dispositif du récit mis en place par le fabuliste arabe est tout à fait différent de celui connu dans les livres indiens. Cette position radicale s’est basée sur des études comparatistes entre les textes indiens, syriaques et arabes. Cependant, chaque culture doit les conditionner à son contexte et à son environnement. De là, la dimension historico-géographique aura un rôle capital à jouer, ce qui veut dire que le Kalla va nécessairement subir quelques transformations selon la vision de chacun des auteurs qui l’ont repris. Cet acte de réécriture est considéré comme l’élément qui conditionne les autres car il se base sur la créativité et le génie de la personne qui entreprend le travail et de ce point de vue, Ibn al-Muqaffa ne peut plus être considéré comme un simple traducteur du Kalla mais nous devons lui accorder le statut d’auteur. Bien qu’une question de cette importance ne puisse être résolue en quelques lignes, la position que nous adoptons dans l’état actuel des choses, postule que le travail d’Ibn al-Muqaffa ne peut pas être considéré ni comme une invention, ni comme une fidèle reprise du travail des autres. Son intervention, de peu ou de prou, dans la réécriture du livre est un travail d’adaptation qui ne se limite pas à un niveau prédéfini. En effet, l’espace de temps qui sépare notre époque de celle d’Ibn al- Muqaffa est aussi un élément à ne pas négliger quant au travail des copieurs qui amène aux divergences existant entre les différentes copies. 10. Voir : http://www.alfaseeh.com/vb/showthread.php?t=4434&pagenumber= 7 La différence entre les versions et le choix de celle de Azzm De ce point de vue, Azzm, dans son introduction11, a évoqué six éditions : la première de Sylvestre de Sacy (1838), la seconde de Blq en Egypte, la troisième et la quatrième ont été éditionnées respectivement par all al-Yzi (1889) et Amad assan abbra (1916) en Syrie, la cinquième de Louis Cheikho12 qui s’est basé sur un manuscrit daté de 739h/1338 et en dernier lieu, son édition qui s’est appuyée sur un manuscrit daté de 618h/1221. Il n’y a que la version de Cheikho qui bénéficie, aux yeux de Azzm, d’un grand crédit en raison de son intégralité malgré les fautes, les oublis et les falsifications qui y apparaissent dans plusieurs endroits. En revanche, la version de Azzm, au-delà de son ancienneté, semble être plus crédible que les autres pour des raisons que l’auteur lui-même a évoqué dans son analyse13 et que nous résumons ainsi : - La longueur des phrases qui rappelle le style d’Ibn al-Muqaffa dans le reste de son œuvre. - Cette version laisse la place à des phrases marquées par les tournures qu’on reconnait dans la langue persane. - Elle se distingue également par l’usage des termes peu connus mais qui font partie du langage soutenu dont l’usage fut fréquent à l’époque classique. - Elle a sauvegardé les noms des lieux et des personnes malgré leur aspect étrange, la raison pour laquelle les autres versions les ont supprimés. - Azzm met en avant un autre aspect qui marque la spécificité de sa version, il s’agit de la ressemblance entre certaines histoires du Kalla et quelques passages rapportés par certains ouvrages de l’époque comme Uyn al- Abr (Les sources des chroniques) d’Ibn Qutayba (m. 276h/889). Au vu de ce qui précède, nous estimons que le choix de cette version, comme support principal pour notre étude, est justifié même si parfois nous sommes contraints à consulter les autres versions. Cependant, au-delà des questions que le 11. Azzm, op. cit., pp. 10-14. 12. Dans le présent travail, nous renvoyons au Kalla wa Dimna, éd. L. Cheikho, édition scolaire, Beyrouth, 1965. 13. Ibid., p. 16-18. 8 texte, en tant que tel, peut soulever, c’est aussi le contexte extérieur qui fait objet de polémique. Circonstances de traduction En fait, le travail entrepris par Ibn al-Muqaffa soulève des questions par rapport aux motivations qui l’ont dicté ainsi que par rapport à la date à laquelle il a été effectué. Il y a une contradiction entre les versions qui rapportent qu’Ibn al- Muqaffa a adapté ce livre en langue arabe en réponse à la demande d’al-Manr, le second calife abbaside, qui a gouverné entre 136h/754 et 158h/775, et les faits historiques qui rapportent qu’il s’est allié aux oncles de ce dernier.  alfa évoque dans son livre cité plus haut qu’Ibn al-Muqaffa a traduit le Kalla suite à la demande d’al-Manr14. Dimitri Gutas, quant à lui, cite dans Pensée grecque, culture arabe un témoignage rapporté par al-Masd (m. 346h/956) dans Mur al- ahab (Prairies d’or). En parlant des mérites d’al-Manr, un Chroniqueur nommé Moammad Ibn Al al-urasn dit : « Il fut le premier calife à se faire traduire des ouvrages de langues étrangères en arabe, dont Kalla wa-Dimna et Sindhind.»15 En revanche, les éléments qui viennent pour contredire cette thèse mettent en avant le contexte historico-politique et la carrière d’Ibn al-Muqaffa qui, semble t-il, ne s’est jamais allié au pouvoir abbaside. Said Amir Arjomand évoque la possibilité que le travail d’Ibn al-Muqaffa dans sa majeure partie ait été effectué pendant les derniers instants des Umayyades. C’est à Farz et au Kerman qu’Ibn al-Muqaffa a exercé son métier en tant que secrétaire auprès de Dwd b. Yazd b. Umar b. Hubayra (m. 131h/748-4916. Ce qui signifie qu’il est fort possible que l’auteur ait adapté ce livre à cette période. Nous ajoutons à cela la concordance des récits à propos de l’amn rédigé par Ibn al-Muqaffa pour garantir la vie sauve à Abdallah Ibn Al, le frère de son maître. Cette affaire a mis l’auteur dans une situation délicate car il s’est retrouvé à l’opposé du pouvoir central17. A notre avis, il serait 14. op. cit., p. 658. 15. Dimitri Gutas, Pensée grecque, culture arabe, trad. Par Abdesselam Cheddadi, Paris, Aubier, 2005, p. 64. 16. Voir Dominique Sourdel, « La Biographie d’Ibn al-Muqaffa d’après les sources anciennes », Arabica, T. I, 1954, (pp. 307-323), p. 309. Et aussi Said Amir Arjomand, Abd Allah Ibn al-Muqaffa and the Abbasid Revolution, Iranian Studies, Vol. 27, 1994, (pp. 9-36), p. 17. 17. Voir J. D. Latham, « Ibn al-Muqaffa and early abbasid prose », Abbasid Belles- Lettres, éd. J. Ashtiany, (the Cambridge history of Arabic literature), Cambridge, Cambridge university press, 1990, (pp. 48-77), p. 50. 9 difficile de renouer avec le détenteur du pouvoir dans de telles conditions, ce qui veut dire que l’hypothèse indiquant le travail d’Ibn al-Muqaffa pour al-Manr perd de son poids. Un autre argument vient soutenir l’hypothèse qui stipule l’antériorité du travail fait par l’auteur à l’époque des Abbasides, il s’agit de la date 130h/74818 citée par Azzm. Si on sait que les Abbasides ont pris le pouvoir en 132h/750 et qu’al-Manr s’est succédé à al-Saff en 136h/754, nous verrons la différence existant entre les deux dates. Pour résumer, nous pouvons dire que le travail d’Ibn al-Muqaffa a été fait dans les dernières années des Umayyades parce que le contexte général au début du règne des Abbasides ne semblait pas favorable à de telle entreprise, surtout que l’auteur s’est allié aux oncles du détenteur du pouvoir. Cependant, comme nous l’avons noté tout au début de cette introduction, le Kalla n’est pas simplement un ouvrage littéraire, mais c’est aussi un livre politique. Pourquoi ce sujet ? Une lecture rapide des histoires citées dans le livre nous donne une idée sur l’omniprésence des thèmes qui abordent des principes servant à faciliter l’action politique aux gouvernants. Si cela était l’objectif principal du livre, nous pensons que cet ouvrage mérite d’être analysé du point de vue politique et éthique au même niveau que les lectures littéraires et linguistiques qui se contentent de l’étude de la forme ou du côté apparent des histoires qui le peuplent. Notre démarche permettra de réduire les frontières entre deux lectures différentes en apparence mais qui se rejoignent sur le fond, surtout dans le cas des histoires animalières. Celles-ci donnent l’impression qu’elles échappent à toute vérité de par leur caractères imaginaire, mais la réalité est autre, elles sont en lien très étroit avec ce qui se passe au sein des instances politiques et dans la vie humaine en général. Nous voulons faire le lien entre des mondes différents ; entre le monde des animaux et celui des humains, entre le monde imaginaire et le monde réel, entre le monde des lettrés et celui des politiques. La mise en avant des animaux vise à impressionner par la forme, mais dans le fond, elle veut aussi instruire l’être humain et lui apprendre des principes du gouvernement qui n’auraient peut être pas le même effet s’ils lui sont présentés autrement. Le recours aux animaux et la mise de la parole dans leurs bouches 18. Azzm, op. cit., p. 25. 10

Description:
Voir J. D. Latham, « Ibn al-Muqaffa and early abbasid prose », Abbasid Belles-. Lettres, éd. J. Ashtiany, (the et d'intolérance. Dans la Lettre sur les compagnons, l'auteur nous fait part d'un événement qui s'est produit à l'époque d'al-Saff , le premier calife abbaside. Il nous rappo
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