L’AFRIQUE CONTEMPORAINE ET LE PROBLÈME D’IDENTITÉ By Daniel Mário Matsinhe A Thesis submitted to the faculty of Graduate Studies of The University of Manitoba In partial fulfilment of the requirement of the degree of MASTER OF ARTS Department of French, Spanish & Italian University of Manitoba Winnipeg Copyright © 2014 by Daniel Mário Matsinhe THE UNIVERSITY OF MANITOBA FACULTY OF GRADUATE STUDIES COPYRIGHT PERMISSION L’AFRIQUE SUBSAHARIENNE CONTEMPORAINE ET LE PROBLÈME D’IDENTITÉ By Daniel Mário Matsinhe A Thesis submitted to the Faculty of Graduate Studies of The University of Manitoba In partial fulfilment of the requirement of the degree of Master of Arts Copyright © 2014 by Daniel Mário Matsinhe Permission has been granted to the University of Manitoba Libraries to lend a copy of this thesis, to Library and Archives Canada (LAC) to lend a copy of this thesis, and to Lac’s agent (UMI/ProQuest) to microfilm, sell copies and to publish an abstract of this thesis. This reproduction or copy of this thesis has been made available by authority of the copyright owner solely for the purpose of private study and research, and may only be reproduced and copied as permitted by copyright laws or with express written authorization from the copyright owner. Sommaire Remerciements ……………………………………………………………………………….i Résumé…………………………………………………………………………………………ii Introduction……………………………………………………………………………………1 Chapitre 1 – L’effet du christianisme sur l’identité culturelle ……………………8 Chapitre 2 – L’immigration et ses effets sur la localité ancestrale…………….31 Chapitre 3 – La rupture des rapports entre les sujets locaux et la localité….53 Conclusion générale ………………………………………………………………………74 Bibliographie…………………………………………………………………………………84 Remerciements Tout d’abord, j’aimerais remercier chaleureusement mon directeur de thèse, le professeur Etienne-Marie Lassi, du soutien, de l’aide et de l’encouragement qu’il m’a donnés au cours de l’écriture de ce mémoire. Je le remercie surtout d’avoir été patient avec moi alors que je rédigeais ce mémoire. Je remercie aussi le Département de Français, d’Espagnol, & d’Italien pour m’avoir donné l’occasion d’y poursuivre mes études. Un merci spécial à tous les professeurs de ce magnifique Département de leur contribution, depuis 2008, dans mon apprentissage de la langue française. C’est grâce à eux qu’aujourd’hui je me considère locuteur de la langue française. Du fond du cœur, je leur en suis grandement reconnaissant Je suis aussi reconnaissant pour les bourses qui m’ont été octroyées durant mes études, à savoir : Les fonds de bourse du CUSB, Marcel Richard Graduate Award, International Graduate Student Entrance Scholarship et Dr. Anita K. Ross Fellowship. En tant qu’étudiant international, ces bourses ont beaucoup allégé mes soucis financiers et grâce à cette aide, j’ai eu le temps nécessaire pour me dédier aux études plutôt qu’au travail. Enfin, Je souhaite remercier mon frère David M Matsinhe de son soutien psychologique et financier depuis mon arrivée au Canada. Sans lui, je n’y serais pas venu et surtout, je n’aurais pas eu l’occasion de faire mes études dans un pays où la qualité de l’éducation donnée est hautement enviée. i Résumé L’un de thèmes abordés dans la littérature africaine postcoloniale est celui de la rencontre conflictuelle entre les cultures locales et les cultures étrangères. Le monde s’effondre (1958), roman de Chinua Achebe, montre le commencement de ce bras de fer, tandis que les romans Le ventre de l’Atlantique (2003) et Bruit de l’héritage (2008), romans de Fatou Diome et Jean Divassa Nyama respectivement, montrent le malaise des décolonisés aux prises avec un univers structuré par la double référence culturelle. Au début, les peuples colonisés, particulièrement les intellectuels, croyaient que le coupable de ce malaise était le colonisateur qui occupait leurs territoires et qui détenait le pouvoir politique. On a alors entamé les luttes de libération nationales dont le but principal était de renvoyer le colonisateur. Enfin, le colonisateur a été chassé, toutefois, l’état des événements n’a pas changé comme le colonisé s’y attendait. Cette thèse examine quelques aspects socioculturels du conflit culturel en société postcoloniale. Elle s’appesantit sur les conséquences de ce conflit sur l’identité individuelle et collective dans la littérature postcoloniale. ii INTRODUCTION Depuis que le continent africain a connu le phénomène de la colonisation, les cultures africaines ont évolué rapidement. La tendance majeure de cette évolution a toujours été de s’occidentaliser. L’occidentalisation des cultures africaines, qui a commencé au cours de la colonisation, a souvent inquiété les Africains subsahariens qui croient perdre, en même temps que certaines valeurs culturelles, des symboles de leur identité individuelle et collective. Ces inquiétudes ont servi de ferments aux mouvements de libérations nationales car les Africains espéraient qu’après les indépendances nationales, ils pourraient retrouver la situation d’avant la colonisation ou, au moins, minimiser le processus de l’occidentalisation de leur identité culturelle. Les indépendances nationales ont été conquises et le colonisateur a été chassé, laissant aux Africains le pouvoir et le contrôle politiques, afin qu’ils puissent déconstruire la structure montée par le discours colonial et établir une nouvelle politique qui pourrait, entre autres, préserver et revaloriser l’identité culturelle africaine. Une fois que le pouvoir et le contrôle politique ont été conquis, la plupart des élites colonisées ont jugé que la fondation d’un système de pouvoir centralisé pourrait mettre fin à la compartimentation1 du monde dans les postcolonies. Autrement dit, la condition jugée essentielle, pour que la préservation et revalorisation de l’identité culturelle africaine soient possibles, était la formation d’un parti unique qui allait assurer l’unification des colonisés dans la postcolonie. Cependant, même étant devenues indépendantes et le parti unique sur place, les postcolonies n’ont pas pu freiner l’occidentalisation de leurs 1 Dans Les Damnés de la terre (1961) p.27, Frantz Fanon affirme que « le monde colonial est un monde compartimenté » pour dire que dans le monde en train de vivre la colonisation il y a, au moins, deux groupes qui s’opposent, indiquant la présence d’un conflit ou absence d’entendement. - 1 - sujets et, jusqu’aujourd’hui, l’identité culturelle africaine continue de se métamorphoser. La présente étude, intitulée : « L’Afrique contemporaine et le problème d’identité » s’intéresse à cette instabilité de l’identité en contexte postcolonial et tente d’élucider les raisons pour lesquelles les Africains ne parviennent pas à freiner l’occidentalisation de leur identité culturelle. En ce cas, lorsqu’on parle de l’identité culturelle, on fait référence à l’ensemble de données qui déterminent chaque individu/peuple et qui permettent de le différencier des autres. Il s’agira, entre autres, de montrer que le métissage culturel est impossible dans un environnement où une culture est plus puissante que l’autre, et que le départ du colonisateur a plutôt donné lieu à un changement du modèle de la colonisation identitaire, en établissant une nouvelle structure de colonisation à distance, à savoir la globalisation. Pourtant, avant d’entamer le développement de ces concepts, il est important de se référer aux études antérieures sur les identités africaines, étant donné que cette problématique est récurrente dans le contexte postcolonial. Le contexte postcolonial, marqué par la présence simultanée de plusieurs cultures différentes sur le même espace géographique et social, influence profondément l’identité individuelle et collective des populations. Par conséquent, la problématique de l’identité est au cœur des recherches, toutes disciplines confondues, de nombreux universitaires qui s’intéressent aux régions anciennement colonisées comme l’Afrique. En Littérature, on peut citer, entre autres chercheurs qui ont consacré des études au dilemme identitaire de l’Afrique contemporaine : Aliou Sow, Matthijs J.C. Block, Ametepe Yawovi Ahadji et Esse Amouzou. Dans leurs études, ces universitaires essaient - 2 - d’illustrer les techniques par lesquelles la colonisation a réussi à remettre en question les cultures africaines précoloniales, déstabilisant de ce fait l’identité culturelle africaine. Aliou Sow, comme on peut le voir dans son ouvrage L’avenir des langues africaines (2008), s’intéresse beaucoup au déséquilibre linguistique qui se constate dans les postcolonies lors du choix de la langue de communication. Autrement dit, son analyse nous révèle le problème du privilège donné aux langues importées par le colonialisme au détriment des langues africaines. C’est à cause de ce privilège que les langues africaines sont aujourd’hui en péril, étant donné que leur utilisation, particulièrement dans les milieux urbains, est en train de diminuer. Bref, le déracinement linguistique ou la crise de l’identité linguistique en Afrique est en train de croître. Aliou Sow souligne encore que le déséquilibre linguistique, qui met en danger la survivance des langues africaines dans les postcolonies, est le résultat de l’internationalisation des langues puissantes et de l’influence du complexe d’infériorité implanté au sein des sociétés africaines par le discours colonial qui visait à tout modifier, y compris la langue. Pareillement, Essé Amouzou, dans L’impact de la culture occidentale sur les cultures africaines (2009), se dévoue à l’analyse de tous les domaines de la culture qui ont été grandement affectés par la colonisation. Cependant, il met l’accent sur les domaines de la langue, de la religion et du système de gouvernance. En ce qui concerne le domaine de la langue, la recherche d’Essé Amouzou arrive aux mêmes conclusions que celles d’Aliou sow. Amouzou soutient que les langues africaines sont en danger parce que celles-ci sont moins favorisées par rapport aux langues importées par - 3 - le colonialisme. Ce problème est le résultat du processus d’assimilation qui interdisait l’usage des langues indigènes dans le système d’éducation de l’époque coloniale. Le pire c’est que, même après les indépendances nationales, l’interdiction de l’usage des langues locales dans l’éducation des jeunes n’a pas été abolie; on a plutôt maintenu que l’éducation des enfants doit être faite dans la langue de l’ancienne puissance colonisatrice. La décision d’encourager l’éducation faite dans la langue du colonisateur a engendré la dévalorisation des langues africaines et, simultanément, elle a augmenté l’importance des langues importées. Dans la même publication, Amouzou fait une analyse détaillée pour illustrer comment et pourquoi les Africains ont tendance à s’occidentaliser. Parmi les raisons qui mènent les Africains à nier leur propre identité, Amouzou fait allusion au pouvoir des medias de communication qui donnent aux Africains une belle image de l’Occident. Il est rare ou presque impossible que les Africains aient accès aux nouvelles sur la souffrance et sur les problèmes qui ébranlent l’Occident. Voilà pourquoi les Africains sont enfiévrés du désir de changer leur identité et d’adopter la culture occidentale. Par ailleurs, dans deux articles intitulés « Christianisme et quête d’identité en Afrique » (La revue reformée : articles 228 et 242), Matthijs J.C. Block reconnait que le christianisme, au cours de la propagation de l’évangile, n’a pas sérieusement pris en considération que les indigènes avaient déjà une culture religieuse ontologique. En d’autres termes, les missions chrétiennes sont entrées dans le milieu africain avec le complexe de supériorité, en soutenant que le message divin qu’elles apportaient était plus important que les traditions religieuses locales. Ce manque de considération et de - 4 - respect envers les traditions religieuses locales a réussi à égarer les indigènes dans le domaine de la foi. Pour Matthijs J.C. Block le fait d’abandonner ou de renoncer à une foi pour aller embrasser une nouvelle, provoque la crise d’identité religieuse. Les missions chrétiennes se sont servies de discours qui étaient nouveaux et inédits parmi les indigènes. Pour en donner un exemple, les missions chrétiennes disséminaient des messages bibliques prétendant qu’il y a de la vie après la mort. Donc tous les pécheurs et pécheresses qui trouveraient la mort avant leur conversion à la nouvelle foi connaitraient le courroux du Dieu universel. Ce genre de messages a semé la peur et la panique au sein des indigènes. Ceux-ci ont cru qu’ils étaient dans une voie où la seule issue serait d’adhérer à la nouvelle religion tout en rejetant la leur. De même, Amétépé Yawovi Ahadji s’est consacré à l’analyse du rôle des missions évangélisatrices occidentales dans les communautés Ewe au Togo. Dans son essai intitulé Identité Culturelle et Environnement Colonial (2000), il arrive à la conclusion que les missions évangélisatrices, dès leur pénétration dans les territoires Ewe, avaient l’objectif de cimenter la foi occidentale chez les indigènes. Cependant, pour concrétiser leur objectif, les missions évangélisatrices ont déterminé qu’il fallait convaincre les Africains d’abandonner les croyances qu’ils professaient depuis des générations. En dehors de vouloir déraciner l’Africain de la religion animiste, les missions chrétiennes travaillaient de connivence avec les autorités coloniales qui dévoyaient les Africains dans d’autres secteurs de la culture. Cela veut dire que les Occidentaux, pendant leur dessein d’occupation de l’Afrique, soupçonnaient une possible résistance des Africains à l’invasion. Alors, pour que le dessein d’occupation puisse s’accomplir sans de grands - 5 -
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