ebook img

La résurrection de Jésus d’après le “Perì Archôn” d’Origène. - 1978 - Augustinianum 18 (2):279-309, Origen of Alexandria PDF

31 Pages·01.311 MB·French
Save to my drive
Quick download
Download
Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.

Preview La résurrection de Jésus d’après le “Perì Archôn” d’Origène. - 1978 - Augustinianum 18 (2):279-309, Origen of Alexandria

La resurreetion de Jesus * d'apres le Peri Archon" d'Origene U Introduction La preface du « Peri Archon» (PA) presente, on Je sait, une de claration de foi1. Parmi les verites qui doivent etre re~ues comme affirmations de la tradition apostolique et eccJesiastique2, figure Ja resurrection de Jesus: «Et ce Jesus-Christ», dit Je texte, «est ne et a souffert reellement, non pas en apparence, et il est reellement mort, de notre mort commune; car il est aussi reellement ressuscite des morts; puis, ayant vecu avec ses disciples apres sa resurrection, il fut enleve»3. On peut se demander, quelle est la portee de cette verite fon damentale, soit pour l'ensemble du PA, soit pour la pensee poste rieure d'Origene. Cette question n'a cependant pas ete posee jusqu' ici4. On s'est beaucoup occupe de la resurrection des morts en * Cette etude a ete proposee en forme abregee au «Congresso Inter nazionale di Studi Origeniani», tenu aBari, du 20 au 23 septembre 1977. 1 Le Peri Archon sera eite d'apres la nouvelle edition de H. Görge manns et H. Karpp, Origenes. Vier Bücher von den Prinzipien [Texte zur Forschung 24], Darmstadt 1976 [= Görgemanns], respectivement d'apres la traduction fran~aise, publiee par M. Harl, G. Dorival et A. Le Boul luec, Origene. Traite des Principes, Paris 1976 [= HarlJ. Quant aux autres eerits d'Origene, on se referera soit aux editions reprises par les SCh, soit aux GCS respectivement a la PG. 2 Pour ce qui regarde la portee de la regula fidei dans la theologie origenienne, voir PA I, praef. 2 (Görgemanns, 84 avec la note 854, qui eite entre autres R. C. Baud, Les «regles» de la theologie d'Origene, RSR 55 [1967] 161-208). Voir en outre, M. Simonetti, I Principi di Origene, Torino 1968, pp. 119s, et J.N.D.Kelly, Altchristliche Glaubensbekenntnisse, Göttin gen 1972, pp. 96s. Mais voir egalement les reserves au sujet des expressions regula pietatis et regula scripturarum, a attribuer a la version de Rufin, ehez A. Le Boulluec, La place de la polemique antignostique dans le Peri Archon, dans Origeniana, Bari 1975, pp. 54s. 3 PA I, praef. 4 (Rarl, 25; Görgemanns, 90): « Et quoniam hic Iesus Christus natus et passus est in veritate et non per phantasiam, eommunem hanc nlortem vere mortuus; vere enim et a mortuis resurrexit et post resurreetionem eonversatus eum discipulis suis assumtus est». 4 Voir, A. Hamman, La resurrection du Christ dans l'antiquite chretien ne, RevSR 49(1975) 292-318; 50(1976)1-24, qui, eependant, n'entre pas dans ~'1tl 280 B. STUDER general5; on a etudie la mort de Jeslls en particulier6, mais, ama connaissance, excepte peut-etre une etude sur Ja Transfiguration du Christ c:hez Origene7, on n'est pas specialement entre dans sa pro blematique de la resurrection du Christ lui-meme8. Ce fait n'a rien de surprenant. Dans Je PA, l'ouvrage sans doute le plus t~tudie d'Origene, celui-ci, tout en considerant Ja resurrection du Christ comme une question transmise de fa~on claire par la pre dication apostolique9, ne Ja traite guere par elle-meme. Soit parce qu'B est interesse plutöt par Je mystere du Logos divin10, soit parce qu'il est presse de passer du fait historique de Ja resurrection de Jesus a son sens ecclesialll Oll moraJ12, il ne se preoccupe pas du fait m;elne que le Christ soit ressuscite des morts13. les details de la theologie origenienne et qui, avant tout, ne consi dere pas l'aspect crucial de l'etat celeste du Christ ressuscite. 5. Voir les commentaires sur PA 11,1-3 et IV,4, et cn particulier, H. Chadwick, Origen, Celsus and the Resurreetioll of the Body, RThR 41 (1948)83-102; H. Cornelis, -Les fondel'nents cosrnologiques de l'esehatologie d'Origene, RSPhTh 43 (1959) 32-80; 201-247; J. Rius-Camps, La stierte final de la naturaleza eorp6rea segun el Peri Archon de Origenes, VetChr 10 (1973)291·-304; M. Alexandre, Le statut des questions eOlleernant la rnatiere dans le Peri Archon, dans Origeniana, Bari 1975, pp. 63-81. 6 Voir, M. Simonetti, La nlorte di Gesü in Origene, RSLT 8(1972)3-41: J. A. Alciiin, Cautiverio y redenei61'l deI l1ol'nbre en Origenes, Bilbao 1974. 7 M. Eichinger, D'ie Verklärung Christi bei Origenes. Die Bedeutung des AJlensehen lesus in seiner Christologie, Wien 1969. 8 Divers auteurs ont toutefois tauche la question, comme p.e. E. Mersch, Le corps Inystique du Christ I, Paris 21936, pp. 349-373; H. Crouzel, Theologie de ['image de Dieu chez Origene, Paris 1956, pp. 247-255: « Trans formes eu l'image glorieuse du Christ»; R. Gögler, Die christologische und heilstheologische Grundlage der Bibelexegese des Origenes, TThQ 136 (1956)1-13. G. Gruber, ZOHe Wesen, Stufen und Mitteilung des 'wahren Le bens, München 1962, et G. Beck, Das Werk Christi bei Origenes. Zur Deu tung pauliniseher Theologie im Turapapyrlls des Rönlerbrief-Kommentars, .Diss. Bonn 1966, n'apportent presque rien a la question. 9 Voir PA I, praef. 4 (Görgemanns, 86): «Species vero eorum, quae per praedicatlonem apostolicam manifeste traduntur», et Jes formuIes sem blables du contexte Oll il est question de Ja resurrection du Christ., 10 Ce fait est souligne par Ia plupart des auteurs origeniens. Voir en particulier, H. U. von Balthasar, Le Mysterion d'Origene, RSR 26 (1936) 513-562; 27(1937) 38-64, et A. Lieske, Die Theologie der Logos-Mystik bei Origenes, Münster 1938. 11 Voir, PA 11, 8,5 (Görgemanns, 398); Corno In. X,35,225-43,298 (SCh 157, 518-570): le Temple detruit et rebati en trois jours; SeI. Ps. 18 (frg. con serve par l'Apologie de Pamphile, PG 12,1241ss). Ace sujet, voir, H.J"Vogt, Das Kirchenverständnis des Origenes, Köln 1974, speciaJement pp. 239-243. 12 Voir p.e., De orat. XXV, 1-3 (GCS 11,356-359): la venue du regne de Dieu; Horn. Ide. 11,2 (GCS VIII,473s): sens moral de Ja resurrection de Jesus; Hom. Lev. IX,11 (GCS VI,439s): Ja double resurrection. a 13 L'orientation double, morale et ecclesiaIe, remonte en substance l'ap6tre Paul, comme prouve le plus nettement Ie theme de Ia double re surrection. Voir a ce propos, CornoRom. V,10 (PG 14,1048A-1056A), ainsi que E. Mersch, op.cit., pp. 36Oss, avec la note 3601. LA RESTJRRECTION DE JESUS 281 Pourtant, la question de savoir en quel sens Origene a parle de la resurreetion de Jesus dans le PA est de premiere importanee. De a fait, la reponse qu'on doit donner eette question est deeisive pour une autre question, eelle de savoir en quelle mesure le PA est eon a forme l'Evangile dans lequel la resurreetion de Jesus eonstitue le point foeal de toutes les verites qui y sont annoncees14. Cela vaut egalement pour la question de savoir eomment Origene s'in sere dans la tradition patristique qui eon~oit la resurreetion de Jesus avant tout eomme intronisation eeleste de Jesus-Christ, t'ete de l'Eglise et Sauveur de tous les hommes15. En outre, il n'est pas d'un moindre intevet de eonnaitre, si le PA a empeehe ou non le developpement de la theologie de la resurreetion du Christ qui sera importante jusqu'a nos jours dans la spiritualite des Eglises orien tales16. Enfin, il est bien eonnu qu'aujourd'hui la resurrection de Jesus est eonsideree eomme base Oll meme eomme point de depart des ehristologies neotestamentaires17. Origene, le premier des grands exegetes, n'aurait-il done vraiment rien a eontribuer a l'ap profondissement de eette decouverte moderne? Voila, l'aetualite de notre question! Pour y repondre, il faut naturellement interroger en premier Heu les textes du PA lui-meme, soit qu'ils parlent ou semblent parler explieitement de la resurreetion de Jesus, soit qu'ils supposent etablie eette verite evangelique. Cela ne suffit toutefois pas. 11 faut egalement prendre en eonsideration les autres oeuvres d'Origene. 11 est bien possible, en effet, que d'autres textes soient indispen sables a la eomprehension de eeux du PA lui-meme. D'autre part, si Origene, comme il para!t apremiere vue, neglige la resurreetion de Jesus dans le PA, on doit en chereher les raisons. 11 se peut qu'il n'en parle pas paree que e'est une verite qui n'a pas besoin d'etre davantage expliquee. Peut-etre eependant n'en dit-il rien paree que ce fait evangelique n'a pas d'interet theologique (relevanee) pour lui, ou bien qu'il n'entre pas dans les perspeetives envisagees par le PA, tandis que eette resurreetion l'interesse tres fortement, pour d'autres motifs, dans d'autres ouvrages, peut-etre tardifs et plus murs18. En d'autres termes, qu'il s'agisse d'expliquer ce qu'Origene 14 Voir avant tout le theme neotestamentaire de la confession du Kyrios. 15 Voir mon etude, Zur Soteriologie der Kirchenväter, qui va paraitre comme fase. III/2a dans Handbucll der Doglnengeschichte, en partieulier la conelusion. 16 Voir, J. l\1eyendorff, Le Christ dans la theologie byzantine, Paris 1969. 17 Voir les discussions reeentes sur le Christ historique et le Christ de la predication primitive. 18 11 fant compter avec un approfondissement considerable de la theo logie de la resurrection, du aux travaux exegetiques d'Origene, notamment 282 B. STUDER dit expressement dans le PA, ou de chercher les raisons de ses si lences c~ventuels, il convient de prendre en consideration tous les textes origeniens en dehors du PA19. En disant cela, j'ai indique la division de mon expose. Je par lerai done dans la premiere partie de la resurrection de Jesus teIle qu'elle se presente dans le PA ainsi que dans des textes strietement a paralleles ce traite. La seconde partie traitera des aspects qu'on ne rencontre que dans les autres ouvrages. Evidemment, l'examen de eette seeonde serie de textes ne pourra etre eomplet20. On ta chera toutefois de considerer au moins tous les themes en question. a Dans la eonclusion, on cherchera preciser la portee de la resur reetion de Jesus soit pour le PA, soit pour l'ensemble de l'oeuvre theologique d'Origene. A. LA RESURRECTION DE J:fisus DANS LE PA. 1. La loi dans la resurrection du Christ (PA, praef. 4). Se sentantoblige parla regula fidei, Origene, cevir ecclesiasticus, enumere. done parmi les verites fondamentales de la foi la resur rection de Jesus21. Comme Ia naissanee, la souffrance et la mort, celle-ci est pour lui un fait vraiment ree!. D'apres la traduction de Rufin, elle est meme un fait qui possede une certitude plus grande, puisqu'eHe est le fait qui exige la realite des autres faits22. Cette donnee historique comprend d'ailleurs deux aspects COffi plementaires: la presence du ressuseite parmi les disciples (;~t san ascensioll. Bien que ces deux aspects ne soient pas developpes ulte rieurement, ils meritent certainement d'etre bien re~enus. Au reste, il faut egalement noter que Ia preface range parrni les questions ou- a l'etude de l'epitre aux Romains. Le commentaire sur cette lettre qui meriterait un plus grand interet de la part de la recherche actuellie est considere lui-meme de date plutöt tardive. Voir, R. Girod, SCh 162,8. 19 Dans cette etude on donnera naturellement plus de poids aux text~s origeniens conserves en grec. Mais on ne negligera pas les versions latines qui, bien qu'elles ne soient souvent que des adaptations, rendent nean moins la substance de la pensee d'Origene. Voir a ce sujet, G. Lorrliento, Nole sulla lraduzione geronimiana delle or1'zelie su Geremia di Origene, VetChr 10(1973)242-262, Oll on trouve indiquees les etudes anterieures en question. 20 L'etude complete de ces textes devrait examiner soit la coherencesoit l'evolution de la pensee origenienne. A ce propos, il faudrait en particulicr faire attention aux textes bibliques qui reviennent le plus souvent ainsi que contröler exactement la fidelite des versions latines en question. 21 VoiJr, outre les etudes citees dans la note 2, J. Danielou, Origene, Paris 1948, pp. 41-63: « Origene et le milieu chretien». 22 Voir le eni'm dans le texte latin, cite dans la note 3. L.\ RESl'RRECTION DE lEses 283 vertes celle de l'incorporeite, question qui regarde naturellement aussi la verite de la resurrection du Christ23. Oue la resurrection de Jesus fasse partie de la regula fidei d'Ori gene, ne resulte pas de cette preface seule. Elle est aussi mention nee ailleurs, avec les autres verites du symbole de la foL Un des meilleurs exemples se trouve dans un texte du Contre Celse Oll il s'agit de demontrer qu'elle ne constitue pas du tout une verite secrete des chretiens, mais fait partie de leur predication publique24. Elle manque en revanche dans un texte du Commentaire sur Jean qui explique la signification de la regula fidei et qui ne parle expli citement que de la naissance virginale de Jesus, souvent opposee par les Peres a sa resurrection25. D'autre part, il est interessant de voir, comment Origene, d'apres la version latine de son Commen a taire sur Matthieu, ajoute la resurrection de Jesus Ie fait de la deification de la nature assumee26, et comment, dans un fragment a sur l'epitre Tite, il rappelle contre les gnostiques la connexion pau linienne entre notre resurrection et celle du Christ27. 2. Le Clzrist-Resurreclioll (11'2 11,25) (PA T, 2,4; 2,7). Dans le second chapitre du premier livre qui traite du Christ, Origene, en expliquant les titres christologiques, reprend entre autres le texte johannique (11,25) d'apres lequel le Christ est appele verite, vie et resurrection28. 11 est cependant clair que cXvcXO'1'<xor.c;, dans ce 23 PA T, praef. 8s (Görgemanns, 94ss). 24 C. Cels. 1,7 (SCh 132,92ss). 25 Cotn.Jn. XXXII,16(9) (GCS IV,451s). Voir aussi, Corno111.XX,30(24) (GCS IV,367). Pour ce qui regarde l'opposition entre la naissance virgi nale de Jesus et sa resurrection en Origene lui-meme, voir, Horn. Lc. (SCh 87,254ss). L'Alexandrin ne semble toutefois pas avoir connu le theme de la porta clausa. Voir, C. Vagaggini, Alaria nelle opere di Orige11e [O'ChA 131], Ron1a 1942. 26 Com.Mt. sero 33 (GCS XI,61). TI Fragm. Tit. (transmis par Parnphile, PG 14,130SB). Voir en outre, HOln.Jer. V,13 (GCS 111, 42); Fragm.1Cor. 4 {JThS 9[1908]234). 28 PA 1,2,4 (Görgemanns, 128): « Verum quoniam futurum erat ut etiam deciderent aliqui a vita et mortem sibi ipsi consciscerent..., et utique non esset consequens ut ea, quae semel ad vivendum fuerant procreata a deo, penitus deperirent, oportuit ante mortem esse talern virtutem, quae futuram dissolveret mortem et esset resurrectio', quae I in domino ct salvatore nostro formata est, quae resurrectio in ipsa dei sapientia et verbo ac vita consisteret». PA 1,2,7 (Görgemanns, 136ss): «Secundum haec narnque, quae superius exposuimus, quomodo 'via' sit ct ducat ad patrem, et quomodo 'verbum' sit arcana sapientiae ac scientiac nlysteria interpretans ac proferens rationabili creaturae, quo modo etiam 'veritas' vel vita' vel 'resurrectio', consequenter intelle 4 gere debemus etiam splendoris OPUs». Voir egalement, PA I,2,13 et I,8,4 (Görgemanns, 156 et 260), Oll il est question d'autres titres du Christ, respcctivement de filii reSlirrectionis. 28t B. STUOER contexte manifestement anti-gnostique, ne signifie pas, au moins pas en premier Heu, 1e fait historique de 1a resurrection29. C'est plutöt une des e1t'(vOf.lX~ du Verbe qui, autrenlent que les expressions absolues, lui conviennent en tant qu'expressions de sa force, de son action revelatrice et salutaire dans le monde. Comme d'autres titres semblables, &vcXO'~~(jf.C; exprinle ce que le Logos produit en nous30. Elle est la puissance etemelle qui devrait detruire la mort et qui s'est revelee dans le Seigneur et Sauveur. ·Conlme l'indique la version latine: virtus... quae esset resur rectio quae in domino et salvatore nostro formata est31, ()rigene n'exclut pas pourtant le fait lui-meme de la resurrection de Jesus. C'est en celle-ci que la puissance du Verbe s'est manifestee et qu'eHe a constitue UD exemple de resurrection. Mais ce n'est pas la re surrection elle-menle qui interesse Origene: ni la transformation du corps de Jesus, ni la presence du ressuscite parmi les discip1es, ni le passa.ge du glorifie au pere. 11 regarde plutöt le Logos qui s'est revele comme puissance victorieuse et vivificatrice, et cela, meme avant la mort. Pour lui, cette resurrection consiste donc dans 1a sa gesse, dans 1e verbe et dans la vie. a D'apresle Commentaire sur Jean, &vcX0'7oceH<;est egalement comp ter parn~i les titres que le Fils de Dieu, selon l'Evangile, se donne a soi-meme32. 11 s'appelle resurrection, «parce qu'i1 fait rejeter tout ce qui est nlort et qu'il suscite la vie»33. En effet, il donne la veri table vi(~, non seulement au moment du bapteme, mais aussi lors de la resurrection des morts34. 11 est resurrection aussi bien. dans cette vie que lors de 1a consommation des siecles35. En conclusion, dans ces textes christologiques, &vcX.O'~cxO'f.C; appa rait avant tout entre les noms qui decrivent les dons (&yocScX) du Christ36, ou qui presentent le «Logos pour DOUS »37. 29 Quant au caractere anti-gnostique de ce contexte, voir, A. Le Bou]· Iuec, La place de Ia poIemique antignostique dans Ie Peri Archon,. dans Origeniana, Bari 1975, p. 54. 30 Voir, M. Harl, Origene et Ia fonctiol1 re-velalrice du Verbe incanu?, Paris 1958, pp. 121ss. 31 PA 1,2,4 (Görgemanns, 128). 32 Corno In. 1,21,126 (SCh 120,126). 33 CornoIn. 1,27,181 (SCh 120,148ss). Voir, Com.In. 1,37,267 (SCh 120,192). 34 Con1.In. 1,27,182 (SCh 120,150). 35 Apropos de la double resurrection, voir C. Blanc, SCh 157,90s, et H. Crouzel, Theologie de I'image de Dieu, pp. 226s. 36 Voir, Com. In. 1,8,47; 1,9.54 (SCh 120,84 et 88). 37 Voir « la distinction entre ce qui est I pour nous' ('t"OU «~{J.i·IJ») et ce qui est d'une maniere absolue ('t"ou« &1t'AW~ », dans Corno In.!,34,251 (SCh 120,184s). Pareillement, Corno In. 1,34,248 (SCh 120,182).AVcXC1"t'lXO'f.C; a d'ailleurs d'autres significations. Tl signifie «generation»: CornoIn. VI,11-70 (SCh 157,180), ou se reH~re au fait de la resurrection de Jesus, opposee 2l sa mort: Horn.Ier. X,3 (GCS 111,73), ou est dit de la resur.. rection des morts: Hon1.Ier. V,13 (GCS 111,42). LA RESURRECTION DE JESUS 285 3. Deux themes SUppll?1nentaires: la soumission du Fils et le sacrifice celeste. Pour comprendre la portee que le PA donne a la resurrection de Jesus il faut aussi considerer les textes qui supposent la continua 1 tion de l'action salutaire du Christ apres sa resurrection. Ceux qui exposent le theme de la subiectio Filii de lCor 15,25ss sont sans doute les plus fameux38. En se referant a ce texte paulinien, Origene explique!'incarnation du Verbe dans son ensemble comme une action de sournission39: Afin de retablir les regles ruinees et profanees, pour les uns, de l'obeissance, pour les autres, du gouvernement, le Fils unique de Dieu s'est fait obeissant pour enseigner l'obeissance a ceux qui ne pouvaient obtenir le salut autrement que par l'obeissance, et il est venu pour se soumettre tous ses ennemis. C'est-a-dire, il s'est in carne pour achever d'abord dans sa propre personne ce qu'il vou lait accompli par les autres, et il sera, avec tous et en tous, soumis au Pcre, pour rassembIer en lui-meme a la consommation de ce a sieeIe tous ceux qu'il soumet au Pere et qui gräce lui parviennent au salut. La soumission, dont parle l'Apötre, n'est donc pas pro prement celle du Fils qui, au fond, etait toujours obeissant. e'est, comme il est suggere ailleurs, la subiectio ex persona nostra40 DU, en termes ecclesiaux, ce n'est rien d'autre que la formation de l'E glise, corps du Christ41. Dans la suite du texte principal du PA.u, comme d'ailleurs dans le premier livre43, Origene precise encore en quoi consiste cette soumission du Fils, c'est-a-dire le fait que Dieu sera tout en tous, en la presentant comme une liberation de le creation corporelle. Toutefois, i1 laisse ouverte la question de savoir s'il s'agit d'un pas sage a un etat totalement incorporel, a l'unite absolue, ou d'une spiritualisation des corps terrestres, d'une transformation de la substance corporelle-l4. Les interpretations elles-memes de ces textes 38 PA 1,6,1; 11,3,3; 111,5,6-7 (Görgemanns, 214ss, 306-310, 634-638). Voir les notes respectives de M. SilTIOnetti, I Principi di Origene, pp. 201 et 459s, et M. Eckart, Das Verstiindnis von 1Kor 15.23-28 bei Origenes, Diss. Roma 1962. Pour le theme en general, voir, E. Sehendel, Herrschaft li1ld Unter~verftlllg Christi. 1. Korinther 15,24-28 in Exegese lind Theo logie der Väter bis zum Ausgallg des 4. Jahrhunderts, Tübingen 1971. 39 PA 111,5,6-7 (Harl, 201s. 40 De oral. XXV, 1-3 (GCS 11,356-369): le regne de Dieu en nous; SeI. Ps. 36,11,1 (PG 12,1329C-1331A): le Christ, toujours soumis au Pere, se soumet a lui en nous. 41 HOln. Lv. VII,2 (GCS VI,374-380, speeialement 376,16-19); Horn. Ier. XVII,3 (en latin; GCS 111,145s). 42 PA 111,6,1-9 (Görgemanns, 642-666). 43 PA I.6,1-4 (Görgemanns, 214-230). 44 Voir surtout, PA 11,3,7 (Görgemanns, 3245S, avec la note 32531); 1,6-4 286 B. STUDER tres diflieiles sont loin d'etre uniformes45. 11 faut exelure eependant la dis+inction peu utile de deux etapes de divinisation, hypothese qui s'appuie sur la version de Jerome46. 11 est sans doute vrai qu' Origene distingue nettement entre le regne du Christ et le regne de Dieu47. Mais, en toute hypothese, dans ses perspectives, 1e «Dieu tout en tous» reste toujours a expliquer. D'autre part, et eela est eneore plus important, il convient aussi de preferer l'opinion d'apres a laquelle Origene lui-meme aurait donne la preference la spiritua lisation transformante, et eela du moins d'apres la teneur des textes bibliques invoques par lui48. Outre le poids non negligeable de ces textes scripturaires, les arguments de type philosophique, la theorie de la m'.atiere et des qualites, ainsi que l'opinion sur l'ineorporeite exclusive de Dieu, orientent dans la meme direction. Quoi qu'il en soit, ni dans l'un, ni dans l'autre texte sur la li beration du corps, Origene ne considere l'etat glorieux du Christ lui-mem,e. 11 est vrai qu'en parlant des progres dans le monde spi rituel, il presente le seeond degre eomme regne du Christ. Toutefois il con~oit cette etape de la spiritualisation comme la comprehen sion de la sagesse eternelle. 11 oe prend done en eonsideration au eune influenee du Christ glorieux sur les etres spirituels49. EIl d'au tres tennes, Origene, en diseutant la consumnlatio ou restitutio re rum, n'entre pas dans 1a question de savoir eomment le tChrist, Fils incarne de Dieu, aetualise la soumission de toutes les choses. Mais on ne Ie voit non plus affirmer que l'inearnation elle-meme finisse a la fin des temps. Comme on verra, il est moins retieent cn d'autres contextes. Dn autre theme projette une nouvelle lumiere sur l'action salu taire du Christ eeleste: le therne du sacrifice offert au cie!. A ce a propos, eependant, il vaut mieux ne pas se referer un texte qui, dans la ligne de la soumission de toutes choses, parle d'un sacri- (ibid., 228ss, avee la note 23119); 111,6,3-9 (ibid., 648-666, avee la note 66724). 45 VOllr outre les indieations, faites par Görgemanns dans les notes qu'on vit~nt de eiter, J. Rius-Camps, La suerte final, pp. 291-304, et M. Alexandre, Le statut des questions, pp. 63-81. 4{) Voir, PA 11,3,3 (Görgmanns, 306-310, avec les notes 307ss7.,8). 47 PA 1,7,5 (Görgemanns, 244ss). 48 Voi.r, PA 1,6,4 (Görgemanns, 228ss). 49 Voir, PA 111,6,9 (Görgemanns, 664ss; Harl, 210) Oll il est toutefois question du «Christ, qui est le roi de tous les etres (et qui) assumera lui-meme le regne, c'est-a-dire qu'apres l'instruetion donnee par les puis.. sances saintes, il eduquera lui-meme eeux qui peuvent le reeevoir en tant qu'il est Sagesse, regnant sur eux jusqu~a ee qu'il les sournette au Pere...» A noter qu'i! s'agit ici d'une explieation de Gal 4,2ss, Oll l'A pötre oppose le regne des « tuteurs » et des « eurateurs» a la liberte des enfants de Dieu, apportee par le Christ. Mais ici eneore, Origene s'inte resse plutöt a la Sagesse eternelle qu'au Christ glorieux. LA RESCRRECTION DE J~SCS 287 fice par leque1 le Verbe reconcilierait, dans les eons futurs, toutes les puissances, puisque ce texte est trop discute pour qu'il soit ici examineso. Par contre, il faut eiter un autre passage dans lequel Origene, pour prouver qu'il y a plusieurs eons, s'appuie entre autres sur Hebr 9,2651• A cette oecasion, il souligne que le Verbe n'a pas souffert dans les sieeies anterieurs, tandis que dans ce sieeie il a souffert une fois pour toutes. 11 n'ajoute pas pourtant que le Christ puisse souffrir dans 1es sieeies a venir. D'apres la traduction par Ru fin du Commentaire sur l'epitre aux Romains, Origene aurait meme expressernent exclu cette possibilite52. Jeröme, au eontraire, est d'un autre avis53. En tous cas, Origene, dans ses Hornelies sur Ie Levitique, parle d'un double sacrifice: run offert pour les etres terrestres, l'autre offert pour les etres celestes54. Tandis que, dans le premier, Jesus averse son sang pour les homrnes, au eiel, il a sacrifie de quelque maniere la force vitale de san corps. Le texte n'entre toutefois pas dans une discussion approfondie de ce sacrifice tout spirituel. En eonclusion, les textes qui presentent l'aetion continue du Verbe incarne eomrne soumission de toutes les choses ou comme sacrifice celeste pour les anges ne permettent guere d'etre invoques eomme preuve d'une incarnation perpetuelle. Le premier theme ce pendant suppose une aetivite du Verbe incarne qui dure au moins jusqu'a la fin de ee monde. 4. L'offznipresel1ce du Verbe eternel. Origene ne se contente pas d'envisager la permanence de rin carnation sous rangle de l'action continue du Christ ressuscite. Pour comprendre taute sa pensee sur cette permanence, il faut egalement regarder comrnent iI definit l'inearnation avee des categories de l'etre ou mieux de la presence. Dans la reprise des sujets, au qua trieme livre, il souligne en effet que le Fils de Dieu n'est pas con- 9J PA IV,3,13(25) (Görgemanns, 770-nS; voir, p. 825, avec la tra duction du canon 7 de lustinien de l'annee 543). Voir en outre les re marques respeetives de M. Simonetti, I Principi di Origene, pp. 254s et 536, ainsi que A. Orbe, Cristologia gnostica 11, Madrid 1976, pp. 381ss: Le Christ, pretre des anges. 51 PA 11,3,5 (Görgemanns, 312ss, avec la note 31312). 52 Conl.Rom. V,10 (PG 14,l052A-I054B): texte explieitement polemi que qui fait iInpression d'une defense d'Origene. Mais voir le contexte (PG 14,1049B): « Idcireo igitur absoluta sententia definit Apostolus quod Christus iam non moritur, ut et hi qui convivent ei, de aeternitate vitae seeuri sint». Le texte de Paul lui-meme, en effet, n'admettait guere d'autres interpretations. 53 Hieron.Apol.1,20 (PL 23,432). eite par Görgemanns, 312. 54 Hom. Lev. I,3 (GCS VI,284s). 288 B. STUDER tenu dans un Heu55. II en donne comme preuve le fait que le Verbe est diveJrsement present dans les saints56. II ne manque menle pas d'ajouter que, dans l'incamation elle-meme, le Fils de Dieu etait present dans son corps sans etre aucunement separe de Dieu57, et a cela en etant present la fois et dans son corps et partout, sans etre divise58. Toutefois, d'apres un autre texte du second livre, il semble que la presence du Verbe dans le corps ait pris fin apres Ja resur rection59. En parlant, en effet, des demeures aupres du Pere (ln 14,2), Origene affirme: «Cependant il est lui-meme partout et :il par court l'univers et nous ne devons pas du tout le comprendre dans I'exiguit~~ en laquelle il s'est manifeste a nous pour notre profit, c'est-a-dire, dans la lin1ite qu'i! a eue, lorsqu'il a vecu sur terre par mi les hommes, dans un corps comme le nötre, corps qui nous le fait concevoir comme enclos en quelque Heu»60. Mais tout en se a referant un moment passe, Origene ne dit pas que le Verbe ne soit plus en aucune maniere dans un corps, meme pas dans un corps spirituel, puisque ses reserves contre une comprehension locale de la presence du Verbe valent meme pour le temps de l'incamation61. CeJa est confirme par le theme frequent chez lui de la pre~sence du Seigneur jusqu'a la consommation des siecles (Mt 28,19s)62. Com me il etait present avant sa venue corporelle, il reste, en effet, pre sent pour nous meme apres sa venue visible. Car c'est toujours Je m,eme Christ, alors, maintenant et dans tous les siecles63. Certes, on pourrait etre tente de comprendre la presence apres la venue vi sible, aussi bien que celle d'auparavant, comme une presence du Verbe st~ul, sans le corps64. Mais, dans une explication du mot '1ta;pcXxA'Y)'t"O~,Origene rappelle que le Seigneur lui-meme est 7ta;p&x,A'YJ't"O~, dans le sens qu'i! intercede aupres du Pere pour nos peches65. 11 affirme dl'autre part que le Seigneur, apres son ascension, envoya 55 PA IV,4,1 (Görgemanns, 788). 56 PA IV,4,2 (Görgemanns, 788ss). 57 PA IV,4,3 (Görgemanns, 790ss). 58 PA IV,4,4 (Görgemanns, 792). 59 PA 11,11,6 (Görgemanns, 454; Rar!, 147). 60 Voir aussi, Horn. Lev. 1,4 (GCS VI,286): «Ubi autem suspensus in ligno est, dispensationis carnis finita est; resurgens enim a mortu.is ad scendit ad coelum, quo iter eins natura ignis ostendit». 61 Voir, PA IV,4,3s (Görgemanns, 790ss). 62 Voir, M. Rarl, Origene et La fOllction niveLatrice du Verbe incarrze, p. 210. 63 Hon1..Jer. IX, 1 (GCS 111"64). Voir C. Cels. III,14 (SCh 136,38ss). 64 Voir, PA 11,11,6; 11,1,3 (Görgemanns, 454 et 288ss). A ce sujet voir, M. Simonetti, I Principi di Origene, p. 23619. 65 PA 11,7,4 (Görgemanns, 387ss). Voir, M. Simonetti, op. eil., p. I[30228, avec d'autres textes. A. noter en particulier, De oral. XV,4 (GCS \11,335s): sur la regle de priel' Dieu par le Christ.

See more

The list of books you might like

Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.