LA RENAISSANCE CULTURELLE AFRO-ARABE : ROLE DES PARLEMENTS Exposé par Dr Aloys Misago Professeur Université du Burundi Tél: 79 488 254; 78 388 234 E-mail : [email protected] 1 Sommaire INTRODUCTION : HISTORIQUE DES RELATIONS CULTURELLES AFRO-ARABES ...............4 Historique .......................................................................................................................................4 Relations afro-arabes.......................................................................................................................4 La présence africaine dans le monde arabe ......................................................................................5 La période d’avant l’Islam et de l’Islam primitif ..........................................................................5 L’époque de l’Islam ....................................................................................................................6 Les Banu Najah du Yemen ..........................................................................................................7 Les palestiniens africains .............................................................................................................7 La présence arabe en Afrique ..........................................................................................................7 Les relations afro-arabes face à la colonisation ................................................................................9 Les raisons de la pénétration arabe en Afrique ............................................................................... 10 Résultats des contacts afro-arabes ................................................................................................. 11 Des affinités religieuses et culturelles ........................................................................................ 11 Une solidarité accrue ................................................................................................................. 11 Une communauté du savoir ....................................................................................................... 12 Les défis ....................................................................................................................................... 13 Les conséquences de l’esclavage ............................................................................................... 13 Une solidarité motivée par les conflits ....................................................................................... 13 Un partenariat plus équilibré ..................................................................................................... 13 ROLE DES PARLEMENTS DANS LA RENAISSANCE CULTURELLE AFRO-ARABE ............. 14 L’identité culturelle ....................................................................................................................... 14 Promotion de la religion et des lieux sacrés ............................................................................... 14 Promotion du dialogue intercommunautaire............................................................................... 14 Promouvoir la communication interculturelle ............................................................................ 16 2 Promotion de la compétence d’action interculturelle .................................................................. 16 Promotion de la communauté du savoir .................................................................................... 17 Création d’un cadre de coopération interculturelle ................................................................... 17 CONCLUSION ................................................................................................................................ 17 LITTERATURE ............................................................................................................................... 19 ANNEXE : LE CONFÉRENCIER ............................................................................................................. 22 3 INTRODUCTION : HISTORIQUE DES RELATIONS CULTURELLES AFRO-ARABES Historique Les contacts entre l’Afrique noire et le monde arabe datent d’au moins 2 000 ans de notre ère. Le monde arabe dont il est question se compose de vingt et un pays. Sa population est estimée à 337 millions de personnes. Le monde arabe est défini par une unité de langue, la langue arabe qui est aussi la langue officielle de 24 pays. L'arabe peut être soit littéraire soit dialectal, dans ses multiples variantes. C'est la langue employée au quotidien par la majorité des habitants de ces pays. Géographiquement le monde arabe s'étend sur des milliers de kilomètres. Il est bordé par la Méditerranée, le Sahara et les chaînes montagneuses du Taurus, du Kurdistan et de l'ouest de l'Iran. Une partie du monde arabe est donc africain et il est composé de sept pays du Nil et du Maghreb, formant ainsi un lien et une base de coopération entre ce continent et le monde arabe. Relations afro-arabes Les recherches linguistiques ont révélé qu'il a toujours existé, en Afrique, des langues considérées comme appartenant au groupe des langues afroasiatiques, qui se rattachent génétiquement aux langues sémitiques du Proche-Orient, dont l'arabe est l'une des principales. Greenberg (1966) mentionne cinq branches d'importance égale de la famille afro-asiatique, à savoir : a) sémitique; b) berbère; c) égyptien ancien; d) couchitique; é) tchado-sémitique. Le groupe couchitique comprend les langues telles que le somali et le galla, qui sont parlés au nord du Kenya. Parmi le groupe des langues tchado-sémitiques, la langue hawsa est la plus 4 connue. Les résultats des recherches portent à croire qu'il y a eu, selon toute vraisemblance, des affinités linguistiques remontant de la préhistoire, entre la plus grande partie de l'Afrique du Nord et les régions de la Corne de l'Afrique, d'une part, et les régions de l'Asie occidentale de langue sémitique, y compris la péninsule Arabique, d'autre part. Selon les historiens modernes, les relations entre l'Afrique orientale et la péninsule Arabique remontent à deux mille ans au moins. D'après les historiens grecs du deuxième siècle avant notre ère, l'Ethiopie et le sud de l'Arabie relevaient des mêmes souverains himyarites. Le Periplus of the Erythrean Sea*grec mentionne aussi les liens culturels et commerciaux étroits qui existaient entre l'Afrique orientale et le sud de l'Arabie. Ces contacts ont été à l'origine de la présence de colons arabes dans les régions du Nord-Est et de l'Est africains dès avant la naissance du Christ. De même, la littérature arabe mentionne, à propos de la période préislamique, des personnalités militaires et littéraires éminentes d'origine africaine ayant vécu dans la péninsule Arabique. Parmi les grands poètes d'origine africaine figure Antarah Ibn Chaddad (525-615), dont la grande ode est l'une des sept odes célèbres gravées en lettres d'or sur la Kâaba, le grand sanctuaire musulman de La Mecque. Une autre figure marquante de la littérature arabe d'origine africaine est Al-Shanfara, qui était considéré comme un poète arabe accompli. Il faut mentionner aussi Bilal, le compagnon et confident du prophète et premier muezzin de l'islam, connu pour son éloquence remarquable en arabe. Al-Mutanabi (né en 915), l'une des plus grandes figures littéraires arabes de tous les temps, avait pour protecteur Kafour, qui gouverna l'Egypte au milieu du X e siècle. Kafour était un Africain de race noire, esclave nubien de naissance. De la même façon, certaines des plus grandes figures littéraires qui s'exprimaient dans des langues africaines comme le swahili étaient de descendance arabe directe. Ainsi, Sayyid Abdullah bin Ali bin Nassir (1720-1820), auteur des célèbres poèmes classiques Al-Inkîshaf Mashairi ya Liyongo (les chants du « prince swahili » Liyongo), était de descendance hadhrami (le sud de l'Arabie), tout comme Aidarus (vers 1749), auteur de la Hamziyya, célèbre traduction interlinéaire en swahili de la Qasida Umm-al-Qura d'Al-Busiry. La présence africaine dans le monde arabe Il n’est pas facile de présenter une histoire complète de la présence africaine dans l’Asie Antique. Plusieurs sources médiévales parlent d’africains dans l’Asie occidentale, mais une grande partie de cette littérature est en arabe. Les détails concernant le nombre d’africains du sud du Sahara qui vivaient en Asie, de quels pays ils venaient, quand la migration a commence ou a pris fin, leur distribution dans diffèrent occupations et le pourcentage de mariages mixtes n’ont pas été analysées avec rigueur par les écrivains du Moyen-age. La période d’avant l’Islam et de l’Islam primitif Les noirs africains se rendaient déjà en Asie bien avant l’époque de l’Islam comme esclaves. Les esclaves servaient comme eunuques, comme soldats et comme concubines. Trois fameux poètes d’avant l’Islam - Antar, Khufaf, and Sulayk- sont nés de pères arabes et de mères africaines. 5 Les africains noirs ne sont pas arrivés en Asie uniquement comme esclaves, mais aussi comme conquérants. Au deuxième siècle, et encore une fois au 4ème siècle les armées éthiopiennes envahirent le sud de l’Arabie. L’occupation du 4ème siècle dura de 335 à 370. En 524 l’Ethiopie envahit le Yémen encore une fois. En 532, Abraha, l’un des généraux éthiopiens qui avait mené l’invasion s’empara du trône sud-arabien avec l’appui de soldats éthiopiens qui voulaient s’installer au Yémen. A l’époque du Prophète Mahomet la Mecque comptait sur une armée mercenaire d’éthiopiens, d’autres africains du Sud du Sahara et d’arabes nomades pour protéger ses routes de caravanes et assurer l’escorte des familles importante de la ville1. Parmi les compagnons de Mahomet se trouvaient des noirs africains. Umm (mère) Ayman Baraka, une femme ancienne esclave noire libérée, a élevé le Prophète pendant son enfance. Plus tard il était accompagné par Bilal b. Rabah –évoqué plus haut-, un éthiopien qui était devenu premier musulman mu'adhdhin (celui qui appelle à la prière). Un autre musulman converti, 'Ammar ibn Yassir, fils d’une esclave noirs Sumayya, accompagnait le Prophète dans toutes ses campagnes militaires. Le titre de Faris-al-Islam (nuit de l’Islam) a été donné à un noir converti du nom de al- Mikdad b Amr al-Aswad, l’unique Musulman à combattre à cheval pendant la bataille de Badr. Plusieurs autres hommes et africains noirs qui ont accompagné le la famille du Prophète ont appuyé l’œuvre du Prophète et transmis ses enseignements2. L’époque de l’Islam Les africains continuèrent à arriver comme esclaves dans l’Asie Musulmane du Moyen-âge. Depuis l’abolition de l’esclavage de musulmans par la loi Islamique, comme les enfants nés d’un ancien couple d’esclaves musulmans étaient considérés comme libres, les musulmans arabes cherchèrent des esclaves dans des régions non musulmanes d’Europe, d’Asie et d’Afrique. Les esclaves travaillaient comme musiciens, personnel de maison, gardiens du palais, ouvriers et soldats. Quelques gardiens de palais et soldats africains ont pu acquérir une influence considérable dans le monde arabe. Plusieurs descendants d’immigrants africains ont acquis une grande influence dans la société arabe. Les Princes Ibrahim ibn al-Mahdi et Caliph Al-Muktafi des Abbassides étaient des fils de dignitaires arabes et de femmes noires. D’autres africains et descendants africains devinrent de prominents littéraires, artistes et autorités religieuses. 'Amr Bahd al-Jahiz of Basra (Iraq) fut l’un des plus grands poètes en arabe. Le petit fils d’un conducteur de chameau devint un écrivain prolifique de livres sur les animaux, la religion et plusieurs autres sujets. Irar b. Amr, fils d’une esclave noire, a écrit l’anthologie des poèmes et a servi sous le gouverneur d’une province iraquienne. Un fameux 1. Talib Y and F. Samir, "The African Diaspora in Asia", UNESCO General History of Africa Vol 3, ed. M. El Fasi, p.708 2. 2Talib Y and F. Samir, pp. 709-710 6 musicien de la Mecque, Abu Abbad Mabad ibn Wahb descendait d’un arabe et d’ancêtres africains3. Entre le 8ème et le 9ème siècle plusieurs africains de langues bantoues que les arabes appelaient Zanj, furent vendus vers l’Iraq où ils travaillaient dans des mines de sel. L’Iraq avait la concentration la plus importante d’esclaves à cette époque et les conditions de travail étaient misérables en comparaison avec les autres esclaves du reste du monde arabe. Cela mena à une révolte sérieuse, la plus longue qui dura de 867 à 883. C’est la fameuse rébellion Zanj dans laquelle les bantu, les soudanais, les nubiens et les esclaves locaux se sont organisés en une grande armée et ont occupé des villes iraquiennes4. La rébellion Zanj a eu des effets multiples sur la perception des noirs dans le monde arabe. C’est pendant et après cette période que les stéréotypes négatifs des noirs ont proliféré dans le monde musulman. Les aptitudes militaires des africains pendant la rébellion Zanj a éveillé également un intérêt accru parmi les dirigeants arabes pour le recrutement de soldats noirs. Abbassid Caliph al-Amin (813) forma les "the Crows" – une unité spéciale de gardes du corps éthiopiens. Caliph al-Muktadir (932) utilisa aussi 7000 soldats noirs dans la bataille. Au début du 10ème siècle Ali ibn Muhammad, le fondateur de la dynastie Sulayhi, a utilisé 5 000 soldats éthiopiens. Les Banu Najah du Yemen Les Banu Najah étaient une famille royale de Zubayd, une principauté au Yemen. Descendant d’anciens escalves éthiopiens, les Banu Najah étaient des contemorains des Sulayhis. Zubayd, guardé par 20 000 soldats éthiopiens, était la seule principauté à resister à la dynastie Sulayhi. En 1066, le prince Zubayd Sa'id ibn Najah assassina Ali, le fondateur de la dynastie Sulayhi dynasty pour venger l’assassinat politique de son père par les Sulayhis. Les palestiniens africains La présence du people africain descendant de la Palestine a été documentée par Dr Susan Beckerleg dans son article HIDDEN HISTORY, SECRET PRESENT: THE ORIGINS AND STATUS OF AFRICAN PALESTINIANS. Certains étaient des descendants d’africains qui sont arrivés dans l’Asie Occidentale avant l’ère de l’Islam, pendant que d’autres sont des immigrants relativement récents. La présence arabe en Afrique Comme on l’a vu plus haut, dès les Vème et VIème siècles, l'Arabie et l'Ethiopie entretenaient des relations très étroites. Le prophète Mahomet lui-même conseillait souvent à ceux de ses 3. Talib Y and F. Samir, pp. 729-731 4. Talib Y and F. Samir, pp. 726-728 5. Al-Sabi', 1958, p.16 6. Fatima Mernissi, The Forgotten Queens of Islam, p.137 7 plus fidèles disciples qu'il voulait protéger de trouver refuge en Ethiopie pour échapper à la persécution des païens de La Mecque. La pénétration des Arabes en Afrique dut toutefois attendre la mort du prophète Mahomet en 632. Dix ans plus tard, les Arabes étaient présents dans les plus importantes villes de l'Orient. Damas fut conquise en 636, Jérusalem en 638 et Alexandrie en 642. Dès 679, les Arabes étaient arrivés en Libye et en Tunisie, et, au Xème siècle, l'arabisation du Maghreb avait considérablement progressé. Puis une poussée générale s'amorça en direction du sud, à partir de l'Egypte, de la Libye et du Maghreb. C'est au XIIème siècle que fut fondé le royaume musulman de Kanem. S'alliant aux populations locales converties à l'islam, les colonies laissées par les Berbères le long des fleuves Sénégal et Niger, et sur les rives du lac Tchad, jouèrent un rôle important dans la formation des empires du Ghana, du Mali et de Gao, du XIIème au XVIème siècle, et du royaume de Kanem-Bornou, du XXIIème au XIXème siècle. Toutefois, la progression de l'islam et donc de l'influence arabe dans les régions de savane de l'Afrique fut relativement lente. Elle se heurta à la résistance des Mosi et des Bambara, et, pendant longtemps aussi, à celle des Fulbe et des Hawsa. Ce n'est qu'à partir du XIXème siècle que l'islam gagna rapidement du terrain sous la bannière d'Alhaji Omar dans l'ouest du Soudan, d'Ousmane Dan Fodio dans le nord du Nigeria et du mahdi Mohammed Ahmed au Soudan. Carte : Les religions en Afrique Source : www.wikipédia.fr 8 Les relations afro-arabes face à la colonisation Arrivant au XIXème siècle, les colonialistes trouvèrent donc l'islam installé comme religion dominante dans les régions de savane de l'Afrique de l'Ouest, depuis le Sénégal jusqu'au nord du Cameroun. Dans la moitié est du continent, les premiers contacts entre Africains et Arabes furent un peu différents. Comme on l'a vu plus haut, l'Ethiopie avait noué très tôt des liens avec le monde arabe. On trouvait des communautés musulmanes sur la côte éthiopienne et certains sultanats s'étaient m ê m e créés dans l'intérieur. Les contacts entre l'Afrique orientale et le monde arabe sont également anciens, la ville de Mogadiscio ayant été fondée en 860 par des hommes venus du Yémen. Kilwa et Mombasa furent fondées vers 957 et, au XIème siècle, l'expansion arabe avait atteint Malindi, sur le territoire de l'actuel Kenya. En ce qui concerne Zanzibar, on rapporte que des marchands et des explorateurs arabes y étaient arrivés plusieurs siècles avant l'ère chrétienne. C’est au XVIème siècle que la domination arabe en Afrique orientale stoppée par les Portugais. La pénétration arabe se limitait toutefois aux régions côtières et il fallut attendre les années 1840 pour que les Arabes commencent une poussée vers l'intérieur. Finalement, le colonialisme occidental 'les prit de vitesse et mit un terme à leur tentative de créer de vastes empires semblables à ceux de l'Afrique occidentale. La propagation de l'islam vers le sud de l'Afrique fut également arrêtée. ' Les contacts entre Arabes et Africains ont donc précédé de plusieurs siècles l'instauration du régime colonial occidental. La présence arabe s'étendait sur de grandes distances : depuis le Sénégal jusqu'à la mer Rouge en passant par la savane et, le long de la côte orientale, de l'Ethiopie à la Tanzanie. Il s'agit donc d'une aire allongée et étroite, et de vastes régions de l'intérieur et de la côte, dans l'ouest comme dans le centre du continent ne furent pas touchées par la pénétration arabe. Carte des pays musulmans au début du XXIe siècle. 9 Les raisons de la pénétration arabe en Afrique L'une des raisons fut certainement la volonté de propager la religion musulmane, mais ce ne fut pas la seule. L'explication la plus fondamentale tient à la géographie et aux configurations sociales du monde arabe. Celui-ci est situé entre les civilisations agricoles de l'Europe, de l'Asie des moussons et de l'Afrique noire. Le monde arabe –à l’exception de l’Egypte qui était agricole- se composait en grande partie de groupes nomades organisés pour pratiquer le commerce sur de longues distances et à une vaste échelle. « C'est pourquoi le monde arabe, à l'exception de l'Egypte, a toujours rempli une fonction commerciale, mettant en contact, grâce à son rôle d'intermédiaire exclusif, des communautés agricoles qui n'avaient aucune connaissance directe les unes des autres3. » Ce commerce portait principalement sur l'or, qui provenait en grande partie du Haut-Sénégal et de la région des Achanti, premiers fournisseurs de l'Empire romain, de l'Europe médiévale, de l'Orient ancien et du monde arabe jusqu'à la découverte de l'Amérique. L'ivoire, la gomme et les esclaves figuraient aussi parmi les exportations. En retour, l'Afrique noire importait des médicaments, des parfums, des dattes, du sel, des tissus, des chevaux, du cuivre, du fer en barres et des armes. Remarquons cependant que ce commerce se faisait entre des partenaires à peu près égaux, ayant un niveau de développement technologique comparable et sans qu'une division inégale du travail fût imposée par la force. Ce commerce ne profitait donc pas seulement aux Arabes, mais aussi aux Africains. « Dans la pratique, le commerce transsaharien était un exploit aussi remarquable que la traversée d'un océan. Beaucoup plus que le commerce local, il stimula les villes célèbres de la région, telles que Walata, Tombouctou, Gao et Djenné, et il introduisit la culture lettrée islamique. Le commerce sur de longues distances renforçait le pouvoir de l'État5. » Bien plus, s'il est vrai que la traite des esclaves eut un effet destructeur sur les sociétés d'Afrique noire, elle se pratiquait à une très petite échelle, comparée à celle qui sévissait sur la côte atlantique. D e fait, parmi les empires d'Afrique occidentale, le trafic négrier ne joua un rôle important que dans le royaume de Kanem-Bornou, car celui-ci n'avait pas d'or sur son sol. Cette question n'en est pas moins restée un sujet douloureux dans les relations afro- arabes, surtout en Afrique orientale. Au XVème siècle, deux facteurs portèrent un coup sévère aux relations afro-arabes. Le premier fut la guerre dans la région, en particulier celle que le sultan de Marrakech mena contre l'empire de G a o et qui conféra une importance accrue à la traite des esclaves dans le commerce transsaharien. L'autre facteur, dont l'importance est plus grande encore, fut le déplacement du capitalisme mercantile européen de la Méditerranée vers l'Atlantique. Ce déplacement n'entraîna pas seulement la ruine des villes italiennes, mais aussi celle du monde arabe et des États africains de la savane. 5 Walter Rodney, How Europe underdeveloped Africa, Dar es-Salaam, Tanzania Publishing House, 1972, p. 69. 10
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