Description:Etrange et mystérieux, effrayant parfois, l'univers que nous offre ici José Carlos Somoza est frappant par sa noirceur et son surréalisme. La poésie, les muses, les morts et les rêves ont un pouvoir sur notre vie et notre réalité. Ce roman noir se lit avec avidité, presque d'un trait s'il est possible d'avaler 420 pages sans sourciller. Le suspense est réel, la peur, la stupéfaction même se ressentent avec la découverte de ce monde parallèle (intérieur ?) que l'on préférerait ignorer. Mais avec Somoza, impossible de se voiler la face, impossible de ne pas lire (dire) tout. Ce que l'auteur, psychiatre de formation, illustre ici c'est la trace laissée par les mots. Si une strophe dans un poème quelconque peut tuer ou envoûter, que dire de ces phrases anodines entendues dans l'enfance ou dans une conversation quinze ans plus tôt et qui nous poursuivent aujourd'hui encore tel un chien affamé réclamant sa pitance. Quand les mots ont été dits, il faut les entendre, les assumer, les apprivoiser, les digérer, les comprendre et les accepter pour ce qu'ils sont et ce qu'ils ne sont pas : des vérités absolues.
Même si le roman s'essouffle légèrement dans la seconde partie, il nous en reste un soulagement évident, une libération heureuse de savoir que les choses peuvent s'apaiser et s'effacer... avec le temps, avec le courage. Le héros ici n'est autre que nous et ses démons sont les nôtres, peut-être pas les mêmes mais suffisamment semblables pour qu'on les reconnaisse.
Christelle Heurtault (évenement)