Comité scientifique international pour la rédaction d’une Histoire générale de l’Afrique (UNESCO) UNESCO Longtemps, mythes et préjugés de toutes sortes ont caché au monde l’histoire réelle de Couverture : HISTOIRE HISTOIRE Le révérend Ellis, secrétaire pour l’étranger l’Afrique. Les sociétés africaines passaient pour des sociétés qui ne pouvaient avoir de la London missionary School, d’histoire. Malgré d’importants travaux effectués dès les premières décennies de ce siècle, GÉNÉRALE reçu au palais par la reine Ranavalona Ire, par des pionniers comme Léo Frobenius, Maurice Delafosse, Arturo Labriola, bon nombre 1856. de spécialistes non africains, attachés à certains postulats, soutenaient que ces sociétés DE L’AFRIQUE [Source : W. Ellis, Three visits to Madagascar, ne pouvaient faire l’objet d’une étude scientifique, faute notamment de sources et de GENERALE Londres, J. murray, 1858.] documents écrits. En fait, on refusait de voir en l’Africain le créateur de cultures originales, Volume I HISTOIRE qui se sont épanouies et perpétuées, à travers les siècles, dans des voies qui leur sont Méthodologie propres et que l’historien ne peut donc saisir sans renoncer à certains préjugés et sans GÉNÉRALE DE et préhistoire africaine renouveler sa méthode. DE Directeur : J. Ki-Zerbo La situation a beaucoup évolué depuis la fin de la deuxième guerre mondiale et en L’AFRIQUE particulier depuis que les pays d’Afrique, ayant accédé à l’indépendance, participent Volume II activement à la vie de la communauté internationale et aux échanges mutuels qui sont Afrique ancienne sa raison d’être. De plus en plus d’historiens se sont efforcés d’aborder l’étude de l’Afrique VI avec plus de rigueur, d’objectivité et d’ouverture d’esprit, en utilisant – certes avec les L’AFRIQUE Directeur : G. Mokhtar précautions d’usage – les sources africaines elles-mêmes. C’est dire l’importance de l’Histoire générale de l’Afrique, en huit volumes, dont L’Afrique Volume III l’UNESCO a entrepris la publication. e L’Afrique du viie au xie siècle Les spécialistes de nombreux pays qui ont travaillé à cette œuvre se sont d’abord au xix siècle Directeur : M. El Fasi attachés à en jeter les fondements théoriques et méthodologiques. Ils ont eu le souci de e jusque vers VI. L’Afrique au xix siècle jusque vers les années 1880 Codirecteur : I. Hrbek remettre en question les simplifications abusives auxquelles avait donné lieu une conception linéaire et limitative de l’histoire universelle, et de rétablir la vérité des faits les années 1880 DIRECTEUR DE VOLUmE : J. F. ADE. AJAYI chaque fois que cela était nécessaire et possible. Ils se sont efforcés de dégager les Volume IV données historiques qui permettent de mieux suivre l’évolution des différents peuples L’Afrique africains dans leur spécificité socioculturelle. Cette histoire met en lumière à la fois l’unité du xiie au xvie siècle historique de l’Afrique et les relations de celle-ci avec les autres continents, notamment DIRECTEUR DE VOLUmE Directeur : D. T. Niane avec les Amériques et les Caraïbes. Pendant longtemps, les expressions de la créativité J. F. ADE. AJAYI des descendants d’Africains aux Amériques avaient été isolées par certains historiens en Volume V un agrégat hétéroclite d’africanismes ; cette vision, il va sans dire, n’est pas celle des L’Afrique auteurs du présent ouvrage. Ici, la résistance des esclaves déportés en Amérique, le fait du « marronnage » politique et culturel, la participation constante et massive des du xvie au xviiie siècle descendants d’Africains aux luttes de la première indépéndance américaine, de même Directeur : B. A. Ogot qu’aux mouvements nationaux de libération sont justement perçus pour ce qu’ils furent : de vigoureuses affirmations d’identité qui ont contribué à forger le concept universel Volume VI d’Humanité... L’Afrique au xixe siècle jusque De même, cet ouvrage fait clairement apparaître les relations de l’Afrique avec l’Asie vers les années 1880 du Sud à travers l’océan Indien, ainsi que les apports africains aux autres civilisations, Directeur : J. F. Ade Ajayi dans le jeu des échanges mutuels. Cet ouvrage offre aussi le grand avantage, en faisant le point de nos connaissances sur l’Afrique et en proposant divers regards sur les cultures africaines, ainsi qu’une Volume VII nouvelle vision de l’histoire, de souligner les ombres et les lumières, sans dissimuler les L’Afrique sous domination divergences d’opinion entre savants. coloniale, 1880-1935 Directeur : A. Adu Boahen ISBN 978-92-3-201712-3 Volume VIII L’Afrique depuis 1935 Directeur : A. A. Mazrui 9 789232 017123 Codirecteur : C. Wondji Éditions UNESCO HISTOIRE GÉNÉRALE DE L’AFRIQUE Publié en 1996 par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture 7, place de Fontenoy, 75732 Paris 07 SP, France Composition : Traitext-Darantiere (France) Impression : Imprimerie des Presses Universitaires de France, Vendôme ISBN 92-3-201712-1 © UNESCO 1996 Table des matières Préface ................................................................................................................................................. 9 Présentation du projet .............................................................................................................. 17 Chapitre premier L’Afrique au début du XIXe siècle : problèmes et perspectives J. F. ADE. AjAyI ............................................................................................................. 23 Chapitre 2 L’Afrique et l’économie-monde ImmANUEL WALLERSTEIN .................................................................................... 47 Chapitre 3 Tendances et processus nouveaux dans l’Afrique du XIXe siècle Albert Adu Boahen ................................................................................................. 65 Chapitre 4 L’abolition de la traite des esclaves Serge Daget ................................................................................................................... 91 Chapitre 5 Le Mfecane et l’émergence de nouveaux États africains Leonard D. Ngcongco ............................................................................................ 117 Chapitre 6 L’impact du Mfecane sur la colonie du Cap Elleck K. Mashingaidze ....................................................................................... 153 5 l’afrique au xixe siècle jusque vers les années 1880 Chapitre 7 Les Britanniques, les Boers et les Africains en Afrique du Sud, 1850 -1880 Ngwabi Bhebe ................................................................................................................. 173 Chapitre 8 Les pays du bassin du Zambèze Allen F. Isaacman ...................................................................................................... 211 Chapitre 9 La côte et l’hinterland de l’Afrique orientale de 1800 à 1845 Ahmed Idha Salim ....................................................................................................... 245 Chapitre 10 La côte et l’hinterland de l’Afrique orientale de 1845 à 1880 Isaria N. Kimambo ....................................................................................................... 269 Chapitre 11 Peuples et États de la région des Grands Lacs David W. Cohen ............................................................................................................ 307 Chapitre 12 Le bassin du Congo et l’Angola Jean-Luc Vellut ........................................................................................................... 331 Chapitre 13 La renaissance de l’Égypte (1805 -1881) Anouar Abdel-Malek .............................................................................................. 363 Chapitre 14 Le Soudan au XIXe siècle Ḥassan Ahmed Ibrahim, avec une contribution de Bethwell A. Ogot ....................................................................................................... 393 Chapitre 15 L’Éthiopie et la Somalie Robert K. P. Pankhurst, avec quelques notes sur la Somalie fournies par L. V. Cassanelli .................................................................................................... 415 Chapitre 16 Madagascar, 1880 -1880 Phares M. Mutibwa, avec une contribution de Faranirina V. Esoavelomandroso ................................................................. 453 Chapitre 17 Nouveaux développements au Maghreb : l’Algérie, la Tunisie et la Libye Mohamed H. Chérif .................................................................................................... 489 Chapitre 18 Le Maroc du début du XIXe siècle à 1880 Abdallah Laroui ......................................................................................................... 517 6 Table des maTières Chapitre 19 Nouvelles formes d’intervention européenne au Maghreb Nicolay A. Ivanov ...................................................................................................... 537 Chapitre 20 Le Sahara au XIXe siècle Stephen Baier ................................................................................................................. 555 Chapitre 21 Les révolutions islamiques du XIXe siècle en Afrique de l’Ouest Aziz Batran ..................................................................................................................... 579 Chapitre 22 Le califat de Sokoto et le Borno Murray Last ................................................................................................................... 599 Chapitre 23 Le Macina et l’Empire torodbe (tukuloor) jusqu’en 1878 Madina Ly-Tall ............................................................................................................ 647 Chapitre 24 États et peuples de Sénégambie et de haute Guinée Yves Person ..................................................................................................................... 683 Chapitre 25 États et peuples de la boucle du Niger et de la Volta Kwame Arhin et Joseph Ki-Zerbo ...................................................................... 709 Chapitre 26 Dahomey, pays yoruba, Borgu (Borgou) et Bénin au XIXe siècle A. I. Asiwaju ..................................................................................................................... 745 Chapitre 27 Le delta du Niger et le Cameroun Ebiegberi J. Alagoa, avec des contributions de Lovett Z. Elango et Nicolas Metegue n’nah ......................................... 771 Chapitre 28 La diaspora africaine Franklin W. Knight, avec des contributions de Yusuf Talib et de Philip D. Curtin .................................................................... 799 Chapitre 29 Conclusion : l’Afrique à la veille de la conquête européenne J. F. ADE. AjAyI ............................................................................................................... 825 Notice biographique des auteurs du volume VI ................................................................. 847 Membres du Comité scientifique international pour la rédaction d’une Histoire générale de l’Afrique ............................................................................................ 853 Abréviations et liste des périodiques ......................................................................................... 855 Bibliographie ....................................................................................................................................... 857 Index ........................................................................................................................................................ 909 7 Préface par M. Amadou -Mahtar M’Bow Directeur général de l’UNESCO (1974 -1987) Longtemps, mythes et préjugés de toutes sortes ont caché au monde l’his- toire réelle de l’Afrique. Les sociétés africaines passaient pour des sociétés qui ne pouvaient avoir d’histoire. Malgré d’importants travaux effectués, dès les premières décennies de ce siècle, par des pionniers comme Leo Frobenius, Maurice Delafosse, Arturo Labriola, bon nombre de spécialistes non africains, attachés à certains postulats soutenaient que ces sociétés ne pouvaient faire l’objet d’une étude scientifique, faute notamment de sources et de documents écrits. Si L’Iliade et L’Odyssée pouvaient être considérées à juste titre comme des sources essentielles de l’histoire de la Grèce ancienne, on déniait, en revanche, toute valeur à la tradition orale africaine, cette mémoire des peu- ples qui fournit la trame de tant d’événements qui ont marqué leur vie. On se limitait en écrivant l’histoire d’une grande partie de l’Afrique à des sources extérieures à l’Afrique, pour donner une vision non de ce que pouvait être le cheminement des peuples africains, mais de ce que l’on pensait qu’il devait être. Le « Moyen Âge » européen étant souvent pris comme point de réfé- rence, les modes de production, les rapports sociaux comme les institutions politiques n’étaient perçus que par référence au passé de l’Europe. En fait, on refusait de voir en l’Africain le créateur de cultures origina- les qui se sont épanouies et perpétuées, à travers les siècles, dans des voies qui leur sont propres et que l’historien ne peut donc saisir sans renoncer à certains préjugés et sans renouveler sa méthode. De même, le continent africain n’était presque jamais considéré comme une entité historique. L’accent était, au contraire, mis sur tout ce qui pouvait 9 l’afrique au xixe siècle jusque vers les années 1880 accréditer l’idée qu’une scission aurait existé, de toute éternité, entre une « Afrique blanche » et une « Afrique noire » ignorantes l’une de l’autre. On présentait souvent le Sahara comme un espace impénétrable qui rendait impossible des brassages d’ethnies et de peuples, des échanges de biens, de croyances, de mœurs et d’idées, entre les sociétés constituées de part et d’autre du désert. On traçait des frontières étanches entre les civilisations de l’Égypte ancienne et de la Nubie, et celles des peuples subsahariens. Certes, l’histoire de l’Afrique nord-saharienne a été davantage liée à celle du bassin méditerranéen que ne l’a été l’histoire de l’Afrique subsa- harienne, mais il est largement reconnu aujourd’hui que les civilisations du continent africain, à travers la variété des langues et des cultures, forment, à des degrés divers, les versants historiques d’un ensemble de peuples et de sociétés qu’unissent des liens séculaires. Un autre phénomène a beaucoup nui à l’étude objective du passé afri- cain : je veux parler de l’apparition, avec la traite négrière et la colonisation, de stéréotypes raciaux générateurs de mépris et d’incompréhension et si pro- fondément ancrés qu’ils faussèrent jusqu’aux concepts mêmes de l’historio- graphie. À partir du moment où on eut recours aux notions de « Blancs » et de « Noirs » pour nommer génériquement les colonisateurs, considérés comme supérieurs, et les colonisés, les Africains eurent à lutter contre un double asservissement économique et psychologique. Repérable à la pigmentation de sa peau, devenu une marchandise parmi d’autres, voué au travail de force, l’Africain vint à symboliser, dans la conscience de ses dominateurs, une essence raciale imaginaire et illusoirement inférieure de nègre. Ce processus de fausse identification ravala l’histoire des peuples africains dans l’esprit de beaucoup au rang d’une ethno-histoire où l’appréciation des réalités histori- ques et culturelles ne pouvait qu’être faussée. La situation a beaucoup évolué depuis la fin de la seconde guerre mondiale, en particulier depuis que les pays d’Afrique, ayant accédé à l’indépendance, participent activement à la vie de la communauté interna- tionale et aux échanges mutuels qui sont sa raison d’être. De plus en plus d’historiens se sont efforcés d’aborder l’étude de l’Afrique avec plus de rigueur, d’objectivité et d’ouverture d’esprit, en utilisant — certes avec les précautions d’usage — les sources africaines elles-mêmes. Dans l’exercice de leur droit à l’initiative historique, les, Africains eux-mêmes ont ressenti profondément le besoin de rétablir sur des bases solides l’historicité de leurs sociétés. C’est dire l’importance de l’Histoire générale de l’Afrique, en huit volumes, dont l’UNESCO commence la publication. Les spécialistes de nombreux pays qui ont travaillé à cette œuvre se sont d’abord attachés à en jeter les fondements théoriques et méthodologiques. Ils ont eu le souci de remettre en question les simplifications abusives aux- quelles avait donné lieu une conception linéaire et limitative de l’histoire universelle, et de rétablir la vérité des faits chaque fois que cela était néces- saire et possible. Ils se sont efforcés de dégager les données historiques qui permettent de mieux suivre l’évolution des différents peuples africains dans leur spécificité socioculturelle. 10 Préface Dans cette tâche immense, complexe et ardue, vu la diversité des sources et l’éparpillement des documents, l’UNESCO a procédé par éta- pes. La première phase (1965 -1969) a été celle des travaux de documen- tation et de planification de l’ouvrage. Des activités opérationnelles ont été conduites sur le terrain : campagnes de collecte de la tradition orale, création de centres régionaux de documentation pour la tradition orale, collecte de manuscrits inédits en arabe et en « ajami » (langues africaines écrites en caractère arabes), inventaire des archives et préparation d’un Guide des sources de l’histoire de l’Afrique, à partir des archives et bibliothè- ques des pays d’Europe, publié depuis en neuf volumes. D’autre part, des rencontres entre les spécialistes ont été organisées où les Africains et des personnes d’autres continents ont discuté des questions de méthodologie, et ont tracé les grandes lignes du projet, après un examen attentif des sources disponibles. Une deuxième étape, consacrée à la mise au point et à l’articulation de l’ensemble de l’ouvrage, a duré de 1969 à 1971. Au cours de cette période, des réunions internationales d’experts tenues à Paris (1969) et à Addis Abeba (1970) eurent à examiner et à préciser les problèmes touchant la rédaction et la publication de l’ouvrage : présentation en huit volumes, édition princi- pale en anglais, en français et en arabe, ainsi que des traductions en langues africaines, telles que le kiswahili, le hawsa, le fulfulde (peul), le yoruba ou le lingala. Sont prévues également des traductions en allemand, russe, portu- gais, espagnol, chinois1, de même que des éditions abrégées accessibles à un plus vaste public africain et international. La troisième phase a été celle de la rédaction et de la publication. Elle a commencé par la nomination d’un Comité scientifique international de trente-neuf membres, comprenant deux tiers d’Africains et un tiers de non- Africains, à qui incombe la responsabilité intellectuelle de l’ouvrage. Interdisciplinaire, la méthode suivie s’est caractérisée par la pluralité des approches théoriques, comme des sources. Parmi celles-ci, il faut citer d’abord l’archéologie, qui détient une grande part des clefs de l’histoire des cultures et des civilisations africaines. Grâce à elle, on s’accorde aujourd’hui à reconnaître que l’Afrique fut selon toute probabilité le berceau de l’hu- manité, qu’on y assista à l’une des premières révolutions technologiques de l’histoire — celle du néolithique — et qu’avec l’Égypte s’y épanouit l’une des civilisations anciennes les plus brillantes du monde. Il faut ensuite citer la tradition orale, qui, naguère méconnue, apparaît aujourd’hui comme une source précieuse de l’histoire de l’Afrique, permettant de suivre le cheminement de ses différents peuples dans l’espace et dans le temps, de comprendre de l’intérieur la vision africaine du monde, de saisir les carac- tères originaux des valeurs qui fondent les cultures et les institutions du continent. 1. Le volume I est paru en arabe, chinois, coréen, espagnol, hausa, italien, peul et portugais ; le volume II en arabe, chinois, coréen, espagnol, hausa, italien, kiswahili, peul et portugais ; le volume III en arabe et espagnol ; les volumes IV et VII en arabe, chinois, espagnol et portugais. 11
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