ebook img

Histoire et esprit : l’Intelligence de l’Écriture d’après Origène PDF

227 Pages·1981·27.005 MB·French
Save to my drive
Quick download
Download
Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.

Preview Histoire et esprit : l’Intelligence de l’Écriture d’après Origène

S DIRE 1 ET ESPRIT L'INTELLIGENCE DE L'ÉCRITURE D'APRÈS ORIGÈNE AUBIER THÉOLOGIE ÉTUDES PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE LA FACULTÉ DE THÉOLOGIE S. J. DE LYON-FOURVIÈRE 16 DU M~ME AUTEUR HENRI DE ~BAC Corpus mysticum, l'Eucharistie el l'Eglise au Moyen-Age, 2° édi- tion augmentée. Collection « Théologie )), Aubier, 19~9. HISTOIRE Surnaturel, études historiques. Collection « Théologie )), Aubier, 1946. Catholicisme, les aspects sociaux du dogme, 4e édition. Collection « Unam Sanctam )), Editions du Cerf, 1947' ET ESPRIT Le drame de l'humanisme athée, 4e édition. Editions Spes, 1950. Proudhon et le christianisme. Editions du Seuil, 1945. Le fondement théologique des Missions. Collection «( La sphère L'intelligence de l'Écriture et la croix )), Editions du Seuil, 1946. Paradoxes, 2e édition. Collection « Le caillou blanc )), Éditions du d'après Origène Temps présent, 1949. De la connaissance de Dieu, 2e édition augmentée. Éditions du Témoignage chrétien, 1948. Affrontements mystiques. Éditions du Témoignage chrétien, 1950. f ~ .. ! 1 MCML AUBIER ÉDITIONS MONTAIGNE, PARIS NOTE Nous citons habituellement Origène d'après l'édition du Corpus anténicéen de l'Académie de Prusse (dite édition de Berlin), et, pour NIHIL OBSTAT. les œuvres qui n'y figurent pas encore, d'après l'édition de la Rue, reproduite dans Migne, Patrologie grecque, t. II à 17. Quelques Lutetiae Parisiorum, autres textes sont disséminés dans des éditions particulières. L'au- die 233. Januarii 1950. thenticité de nombreux passages ou fragments du commentaire des J. CARREYRE. psaumes est mal assurée; nous avons évité de citer ces textes, ou nous avons indiqué nos réserves. IMPRIMATUR. Die Griechischeln Chris"llichen SchriUsteller der ersN~ln drei Jahrun- derte. Origenes. (Leipzig) : Lutetiae Parisiorum, die 243. Januarii 1950. T. 1 (1899) : ExhortaUon au martyre, éd. Kœtschau (Mart.). P. BOISARD, Contra Celsum, ,1. 1-4, éd. Kœtschau (CC.). vic. gén. T. 2 (1899) : Contra Celsum, 1. 5-8, éd. Kœtschau (CC.). De la Prière, éd. Kœtschau (Prière). T. 3 (1901) : Homélies sur Jérémie" éd. Klostermann (Jer.). Homélie sur 1 Sam., 28 (Sam.). T. 4 (1903) : Commentaire de saint Jean, éd. Preuschen (Jo.). T. 5 (1913) : Periarchôn, éd. Kœtschau (PeL). T. 6-7 (1920-19'21) : Homélies sur l'Hexateuque, éd. Baehrens (Gen., Ex., Lev., Num., Jos., Jud.). T. 8 (1925) : Homélie sur 1 Reg., l, éd. Baehrens (1 Reg.). Hom. et comm. du Cantique, éd. Baehrens (Cant. h.; Cant.). Hom. sur Isaïe, Jérémie lat., Ezéchiel, éd. Baehrens (Is., Jer. lat., Ez.). T. 9 (1930) : Homélies sur Luc, éd. Rauer (Luc). T. JO (1935) Tomes sur saint Matthieu, éd. Klostermann (Mat.). T. II (1933) : Série sur saint Matthieu, éd. Klostermann (Mat. ser.). P. G., t. 12 : Selecta in Hept., in 1 Reg., in Job. Comm. in Psalmos (Ps.). Droits de :traduction et de reproducJion réservés pour tous pays. t. I3 Selecta e't Fragm. in Prophetas. Copyright 1950 by Editions Montaigne. t. 14 Comm. de l'Ep. aux Romains (Rom.). Fragments sur l'es Ep. ~e\ S. Paul. 6 NOTE PITRA : Analecta sacra, t. 3 (1883)': Orig0nes in Psalmos, etc. ('Ps. Pitra) . HARNACK-SCHMIDT: Texte und Untersuchungen ... , t. 38, nO 2 (lgII) : Scholies sur l'Apocalypse, éd. Diobouniotis-Harn~ck (Apoc. schol.). INTRODUCTION J. A. F. GREGG : The comnwntary of Origen upon the Epistle to the! Ephesians (The Journal of Theological Studies, vol. 3, Ig01- Ig02, pp. 233-244, 3g8-420, 554-57'6). CL. JENKINS : Origen on l Corinthians (ibid., vol. g, Ig07-1g08, pp. 231- 247, 3153-372, 500-514; vol. JO, Ig08-1g0g, pp. 2g~51). Dom Capelle dut consacrer naguère un savant article à prouver RENÉ CADIOU: Commentaires inédUs des Psaumes (lg36). que saint Ambroise ne prenait pas Melchisédech pour le Père éternell Quel gros ouvrage ne faudrait-il pas, si l'on voulait Il faut ajouter' maintenant le Dialektos ou Entretien d'Origène • avec Héraclide et les évêques ses collègues sur Le Pène\, le Fi'ls et établir avec le même soin, par l'examen minutieux de tant de l'âme, édité par Jean Schérer (publications de la Société Fouad 1 textes allégués à tort et par la production de tant d'autres habi- de papyrologie, textes et documents, IX, Le 'Caire, Ig4g). Nous n'avons tuellement méconnus, qu'OrIgène ne fut pas le fol « aIlégoriste » pu utiliser comme il l'aurait fallu ce texte capital. que si souvent l'on pense! L'erreur est si invétérée, elle a pour elle tant de garants, elle conspire, il faut le dire, avec tant de nos préjugés qu'il arrive aujourd'hui Bncore à de bons historiens A UTRES AUTEURS FRÉQUEMMENT CITÉS de la renouveler, sans y regarder de plus près. Ceux même qui, de loin en loin, se lèvent pour la combattre, malgré qu'ils en PAMPHILE: Apologie pour Ori'gène, P. G., t. 17. aient, lui sacrifient encore. Tel, au siècle dernier, Mgr Freppel, PHILON : Philonis Alexandl'ini opera quae supersunt recognove'runt, qui se croyait généreux pour Origène en disa:nt que « même à Leopoldus Cohn et Paulus Wendland, éd. Minor (Berlin, l'égard des livres de l'Ancien Testament, ses préférences ne vont 18g,6 ss.). pas jusqu'à une exclusion systématique» de toute exégèse litté- ,SAINT IRÉNÉE : Adve1'sus Haereses, P. G., t. 7. raIe Tel, plus près de nous, l'abbé Jules Martin, qui cepen- 2. SAINT IRÉNÉE : Dùnonstration ... , traduction Barthoulot, dans les dant travaillait sur textes a. M. René Cadiou lui-même, au cours Recherches de science religieuse, t. 6 (1916). d'un excellent chapitre sur le symbolisme origénien, écrit: « Les SAINT JUSTIN : Dialoguel avec Tryphon, éd. Archambault, dans la Alexandrins sacrifièrent facilement l'histoire dans l'eur désir coUection Hemmer-Lejay. d'imposer le symbolisme, alors que la révélation chrétienne est CL.ÉMENT D'ALEXANDRIE : édition Staehlin, ,3 vol., dans le Corpus de Berlin. d'abord un fait historique 4. » Cependant, si par,adoxale que la chose puisse paraître à un esprit moderne, l'un des intérêts de EUSÈBE : Histoire ecclésiasUque, éd. Grapin, dans la collection Hem- ce symbolisme, dans la pensée chrétienne des premiers siècles, mer-Lejay. (Les passages relatifs à Origène sont au t. ,2). n'a-t-il pas été précisément d'assurer à l'histoire un 'sens que lui HUET: Origeniana, P. G., t. 17. déniait l'antiquité païenne? Et Origène n'a-t-il pas, mieux peut- Nous citons les Recherches die! science religieuse sous le vocable Recherches. I. Dom B. Capelle, Notes de théologie ambrosienne. l, La personne de Melchisédech, dans Recherches de théol. unc. et méd., Ig31, pp. 183-18g. :J. Cours d'éloquence sacrée, t. X,p. 140. 3. La critique biblique chez Origène, dans Annales de philos. chrét., t. CU, pp. :141 ss. 4. La jeunesse d'Origène (1936)" p. 54. 8 HISTOIRE ET ESPRIT INTRûDUCTION être que tûut autre, cûmmenté ce verset de 1"Épître aux Hébreux Cûmme, l'écrivait tûut récemment E. Kl.ostermann 8, .on ne peut qui met si bien en valeur, dans sûn unicité, le « fait histûrique » dans cette œuvre dissûcier cûmmentaires et h.omélies, SûUS le auquel nûus crûyûns : « Le Christ s'est mûntré une seule fûis prétexte qu'ils cûrrespûndent à deux genres distincts: comme les dans le cûurs des âges, pûur abûlir le péché par sûn sacrifice 5 » ? hûmélies s.ont remplies de détails qui attestent un sûuci d'ûrdre Le mût d'allég.orisme est spûntanément ass.ocié à l'exégèse .ori- scientifique, les c.ommentaires sûnt pleins de pré.occupatiûns spi- génienne. Ce n'est certes p.oint à tûrt, si l'.on n'entend pas l'ex- rituelles. Quant aux autres .ouvrages, tels le Peri Archôn .ou le primer par lui tûut entière, et tûus les griefs qu'.on résume en C.ontra Celsum, leur appûrt est également capital. Mais à mesure lui tie s.ont pas n.on plus sans .objet. Mais enc.ore le faudrait-il que nûus y cherchiûns les infûrmati.ons -nécessaires, le sujet d'a- bien entendre. C'est un m.ot vague, aux significati.ons diverses 6. bûrd entrevu prenait à nos yeux une p.ortée plus vaste. Il ne ' Or, de la ch.ose qu'il désigne, .ou qu'ûn crûit qu'il désigne dans s'agissait plus de mesurer, dans une exé.gèse, dûnnée, la part faite le cas d'Origène, beauc.oup .ont tr.op de dédain p.our s'attarder à à la « lettre» .ou à l'histûire. Il ne s'agissait même plus seule- préciser les traits, si bien que l'idée qu'ils s'en fûrment échappe, ment d'·exégèse. C'était tûute une pensée, tûute une vue du m.onde par s.on incûnsistance même, à une discussi.on en règle. Quand qui surgissait devant nûus. Tûute une interprétatiûn du christia- .on pairle en ·effet d' « excès de symb.olisme », d' « allégûrisme nisme, d.ont Origène, malgré bien des traits pers.onnels et parf.ois .outré», que met-.on au juste s.ous ces expressi.ons? S'agit-il seu- c.ontestables, était d'ailleurs m.oins l'auteur que le tém.oin. Mieux lement, par exemple, d'un « manque de sûbriété », d'une trûp encûre : à travers cette « intelligence spirituelle» de l'Écriture, riche pr.ofusiûn de symb.oles, en s.orte que l'erreur serait « plutôt c'était le christianisme lui-même qui n.ous apparaissait c.omme dans l' applica tiûn que dans la substance des chûses 1 »? S' agit- prenant de s.oi une cûnscience réfléchie. Tel est le phénûmène, il au cûntraire de quelque principe c.orrûsif, qu'unI;) saine exégèse l'un des plus caractéristiques du premier âge chrétien, que, en 'se doit de rep.ousser? N.ous aV.ons v.ouluessayer de tirer au clair fin de cûmpte, nûus avûns cherché à saisir. une questiûn devenue si .obscure, en fûrçant d'abûrd, p.our ainsi Depuis quelques années, les essais analûgues se multiplient, dire, les jugements reçus à se préciser. Nûus n'avûns pas cherché les uns simplement hist.oriques, les autres d'intenti.on d.octri- à « défendre» Origène, mais simplement à sav.oir ce que, en fait, nale. Théûlûgiens et exégètes creusent le sujet, chacun sel.on sa il avait pensé et dit. . discipline. p'artûut, en t.out sens, .on parle du « sens spirituel ». Quelques amis avaient entrepris de traduire, sur la versiûn de Des discussi.ons .ont eu lieu, qui ne furent pas tûutes stériles. Des Rufin, les H.omélies sur l'Hexateuque. Ces traducti.ons figurèrent pûints de vue nûuveaux .ont été dégagés. Des vérités traditi.on- naturellement, quelque temps après, au prûgramme des S.ources nelles .ont été mises en un meilleur jûur. Nûtre tâche s'en trûuve chrétiennes, et l'ûn n.ous demanda d'y faire une intr.oductiûn. facilitée. Le temps n'est pas mûr, cependant, p.our une synthèse Telle fut l'.occasiûn de cette étude. Les H.omélies sur l'Hexateu c.omplète. Plutôt que d'envisager la questi.on dans t.oute s.on que n'étant guère d'un bout à l'autre qu'un vaste répertûire ampleur, ce qui nûus aurait .obligés à pénétrer de manière aven- d'interprétatiûns « allégûriques », le sujet s'imp.osait à nûus. Ce tureuse sur le terrain biblique, nûus en s.ommesdûnc demeurés qu'il cûmpûrtait d'étrange n.ous était un stimulant. Mais il nûus à nûtre prûjet primitif. Origène reste au centre de n.otre perspec- apparut vite que, p.our le traiter avec quelque fruit, il était néces- tive. C'est lui que nûus interrûgeûns, c'est dans sûn axe que n.ous saire de l'envisager à la fûis dans l'œuvre entière d'Origène. nûus plaçûns. Simple chapitre - d'une imp.ortance hûrs de pair, il est vrai - de cette histûire de l'exégèse spirituelle, qui pûurrait être elle-même un chapitre impûrtant de l'hist.oire de la théû- 5. Hebr., IX, 26. Verset cité dans Per., 2, 3, 5 (p. 120). Cf. CC., 4, 12 (p. 282). lûgie. « On remarquera, écrit le R. P. Daniélou, Origène, p. 280, que dans cette lon- gue série de siècles (inaugurée par Origène), celui où le Christ s'est incarné Nûtre dessein est d.onc hist.orique, - et nûtre méth.ode VûU- a une importance unique, qui n'est pas plus évacuée par les immensités sécu- laires .d'Origène que n'est évacuée la place unique de la terre, lieu de l'in- ca6r.n aCtIf.o nT ydpuo loCghirei ste,t paalrlé glao rdisémcoeu, vdearntes dReesc himermcheenss .i..t é, st . stXeXllaXirIVes .( 1)}9 47). ? Formen der exegetischen Arbeiten des Orif/enes, daus Theol. Literatur 7. Bainvel, De Scriptura sacra (1910), p. 199. zeltung, oct. 1947, col. 203-208, 10 HISTOIRE ET ESPRI'I INTRODUCTION II drait l'être aussI. Nous cherchons, répétons-le, ce qu'Origène a riel. Elle doit dégager l'essentiel, qui est presque toujours l'im- pensé en nous informant, sans choix préconçu, de ce qu'il a dit, plicite. Elle doit mettre à nu les catégories cachées, déterminer . par une lecture aussi étendue et par une· exégèse aussi littérale les lignes de force. Sous les particularités de temps et de lieu, que possible. Nous pratiquons de notre mieux à son égard cette elle doit pénétrer jusqu'à l'éternel. Travail toujours incomplet.- « objectivité élémentaire qui consiste à le voir eXJactement dans sans doute; interprétation forcément partielle. Chaque époque, le cadre des problèmes qui lui étaient contemporains et à com- chaque historien, revenant sur les grandes œuvres du passé, en prendre sa doctrine d'après les questions auxquelles elle répon- tire à la lumière un aspect, tandis que d'autres sont laissés dans dait réellement ». C'est là précisément ce qui nous a paru man- l'ombre. En ce sens encore, on n'évite pas la subjectivfté. Néan~ quer dans certains travaux plus ou moins anciens, et c'est à y moins, travail indispensable, d'autant plus indispensable que la pourvoir que nous nous sommes employés avant tout. Mais un pensée qu'on étudie est plus réellement pensée. On ne retrouve tel souci mène loin. Il force à réagir contre cette sorte d' objecti- pas une pensée comme on reconstitue un fait. Qu'elle soit d'au- vité injuste de quiconque ne sait plus voir, d'une œuvre devenue jourd'hui, d'hier ou de jadis, qu'elle offre plus ou moins de dif- lointaine, que les dehors et les terminaisons figées. Il amène ficultés d'approche à vaincre par les ressources de la science aussi bien vite à dépasser une méthode trop extrinsèque, par historique et de ses auxiliaires, elle a un dedans, que l 'histori- laquelle on n'obtiendrait encore, au mieux, qu'une exactitude cisme s'oblige à méconnaître 9. presque insignifiante: trahison pire que bien des contresens. Sur Dans le eas présent, pareil historicisme serait doublement les textes origéniens, bien des contresens ont été commis en trompeur. C'est que nous n'avons point affaire à l'œuvre d'un effet. Mais ce qu'il y a peut-être lieu de regretter davantage, penseur solitaire, ni à un problème qui ne nous concernerait en c'est que cette immense question de l'intelligence.spirituelle de rien. Cette œuvre s'inscrit dans une tradition qui nous porte l'Ecriture, telle que l'envisageait l'ancienne tradition chrétienne, nous-mêmes. Ce problème s'impose - sous des formes assuré- ait été si souvent réduite aux proportions mesquines d'un débat ment bien différentes selon les siècles - à toutes les générations sur le nombre et la valeur de certains « sens spirituels » cachés chrétiennes. Toutes ont à le résoudre, en fin de compte, dans la comme des rébus en certains coins de la Bible; c'est que, de même lumière. Si donc notre effort historique ne doit pas dévier toute la doctrine profonde élaborée par un Origène à ce sujet, ne en historicisme, notre effort parallèle d'objectivité ne doit pas soient si souvent retenus que les « excès» ou les « subtilités» de non plus dévier en objectivisme. Vivant de la même foi qu'Ori- ses « allégorismes » ... A l'histoire d'un rite ou d'une institutio~, gène, membres de la même Église, .roulés, pour ainsi dire, dans voire, moyennant quelques réserves, à celle d'une idée ou d'un le même flot traditionnel, c'est en vain que nous voudrions nous dogme, on peut apporter sans autre préoaution une « contribu- comporter en tout à son égard - comme à l'égard de tout autre tion historique ». Il suffit .d'appliquer les règles d'usage; Mais dans cette longue chaîne de témoins qui remonte jusqu'aux apô- quand il s'agit d'une synthèse spirituelle, vécue et réfléchie dans tres de Jésus ~ en observateurs du dehors. Ce serait nous inter- une grande intelligence, que de reconstitutions, fruits d'une dire une seconde fois de le comprendre. Ce serait nous ôter, pour méthode « objective net « strictement historique », grossière- le juger, tout principe valable de discernement. Le principe de ment ou subtilement déformantes! Ceci 'soit dit non pour excuser méthode invoqué. par Mühler pour l'histoire de 1"Église vaut en rien les défaillances de la méthode, mais pour en constater a fortiori pour l 'histoire de la pensée chrétienne : « Nous devons l'inévitable insuffisance. Pour atteindre ,au cœur d'une pensée vivre le christianisme de l 'histoire à décrire et ce christianisme vigoureuse, rien d'inadéquat comme une certaine prétention de doit vivre en nous, car le christianisme est avant tout une chose pure objectivité. Si l'on veut avoir chance, même en simple his- torien, de comprendre, il faut, bon gré mal gré, s'expliquer à g. Nous ne croyons pas qu'on puisse répondre à moins de frais au reproche soi-même ce qu'on lit, il faut traduire, interpréter. Cela ne va qu'adressait Karl Barth à ceux qui professent le respect de l'histoire : « Ce pas sans risque, mais ce risque doit êtœ couru. L'analyse vr,ai- fameux respect de l'histoire, écrivait-il, qui, malgré la beauté de l'expression, signifie simplement qu'on renonce à toute compréhension, à toute explication ment éclairante n'est pas une photographie ni un résumé maté- sérieuses et respectueuses. Il 12 HISTOIRE ET ESPRIT vivante et l 'histoire de l'Eglise est un développement de vie 10. » Ajoutons enfin qu'en présence de textes qui bien souvent nous déconcertent, un effort de surcroît devient nécessaire pour reproduire en nous le mouvement de l'esprit qui les a jadis ani- més. Sympathie voulue, docilité méthodique, dont il n'y a pas lieu de conclure que nous présentions l'exégèse origénienne CHAPITRE PREMIER comme un modèle à suivre de tout point. Nous en sommes très éloigné. Ce serait prendre notre effort à contresens que de l'ins- crire au compte de « la réaction antiscientifique », même atté-· GRIEFS CONTRE ORIGÈNE nuée, même amendée, qui, nous dit-on, « domine actuellement dans les milieux spiritualistes ». Nous savons, certes, qu'il ya une critique aveugle et une fausse science. La science authenti- que elle-même n'est pas tout, surtout quand elle a pour objet des livres qui contiennent la Parole de Dieu. Elle n'en est pas moins précieuse, et nous considérerions comme néfaste au plus 1. Suite d'anathèmes haut point tout ce qui tendrait le moins du monde à lui disputer son domaine ou à faire fi de ses résultats. Nous sommes d'ail- « Extravagances! », « jeupuériJ2 », « étranges divagations3 », leurs persuadé qu'en ce qui concerne Origène, s'il faut ici noter une insuffisance, elle est bien moins de l'esprit qu_e des techni- « dévergondage de l'imagination 4 » : beaucoup ne découvrent rien d'autre dans les interminables pages des commentaires ou ques. D'autre part, nous mesurons autant que quiconque la dis- des homélies d'Origène. L'allégorisation qu'elles ne cessent de tance qui nous sépare irrémédiablement de cet alexandrin du faire des données bibliques n'est à leurs yeux qu'un immense - Ille siècle et de son univers intellectuel. Le fleuve ne remonte pas et fastidieux contresens. Elle procède tout entière, pensent-ils, vers sa source. Pas plus que la vie elle-même, la pensée ne re-' brousse chemin. Aucun miracle" quan5i elle le voudrait, ne lui d'une « méthode chimérique », elle est le fruit d'une « hermé- permettrait de ré,aliser un tel rêve. Peut-être néanmoins qu'a- neutique décevante 5 ». Leur auteur ne s'y serait livré, par une près la longue course qu'elle vient de fournir à travers les terres « audacieuse originalité » qui constituait alors « dans toute la desséchées du rationalisme et du positivisme, elle se trouve force du terme une rupture avec la tradition 6 », que pour déve- aujourd'hui mieux disposée - bien des signes semblent l'attes- lopper « ses vues personnelles » sous le couvert d'une explica- tion des Livres saints. C'était pour lui, nous assure-t-on, une ter - à comprendre et même à recueillir, pour lui rendre la vie en nous, ce qui s'est exprimé d'éternel en ces formes désormais manière d' « infuser largement l'hellénisme dans la tradition mortes. Les puits qu'Origène a creusés jadis sont depuis long- biblique 7 » et de substituer à ({ l'absurdité du texte pris dans temps ensablés. Mais la même nappe. profonde est toujours là, qu'il peut nous aider encore à retrouver, pour étancher la même I. Cf. Yves Courtonne, Saint Basile et l'hellénisme (1934), p. 67· soif 2. J. Denis, De la philosophie d'Origène (1884), p. 33 : « L'exégèse allégo- 11. rique, voilà l'unique procédé de découverte, réel ou apparent, qui constitue la méthode d'Origène, si l'on peut donner le nom de méthode à ce jeu d'ima- gination. » P. de Labriolle, Saint Ambroise et l'exégèse allégorique, dans 10. J.-A. Moehler, Première préface à L'Unité dans l'Eglise, Cf. le commen- Annales de philos. chrét., t. CLV, p. 603 : « Des érudits tels que saint Jérôme taire que le P. de Grandmaison donne de ce passage, Recherches ... , t. IX ne purent s'empêcher de remarquer ce qu'il y avait d'un peu puéril dans ce (1919), p. 314. jeu. » II. Nous remercions le R. P. Chiffiot, directeur des Editions du Cerf de 3; F. Cumont, Recherches sur le symbolisme funéraire des Romains (1942), nous avoir permis d'utiliser pour cet ouvrage nos introductions aux Homélies p. 10, note. d'Origène parues dans la cQllection des Sources chrétiennes. 4. E. Amann, Revue des sciences relÎlJ.., t. XVI (1936), p. 403, note. 5. F. Gumont, op. cit., p. 10. 6. L. Gry, Le Millénarisme (1904), p. 96, note 3. 7. A. etM. Croiset, Hist. de la litt, grecque, t. V (1931), p. 851. 14 HISTOIRE ET ESPRIT GRIEFS CONTRE ORIGÈNE 15 son sens littéral» une « vérité métaphysique» reçue d'ailleurs 8. L'allégorie était le « moyen réputé savant, scientifique, philoso- chrétiens, s'occupaient des besoins du peuple, s'attachant à la phique. de discerner dans les écrits antiques et vénérés à titre lettre des Livres saints selon la croyance commune de l'Église, d'oracles une philosophie et une théologie » : Origène s'en serait notre grand alexandrin, délaissant les préoccupations pastorales emparé parce qu'il en avait besoin, et il en aurait employé les immédiatement pratiques, n'aurait guère songé qu'aux intellec- procédés 'subtils avec une virtuosité sans pareille 9. Abusant du tuels à convertir 18. Pour les attirer ,il aurait appliqué à la Bible symbolisme légué aux chrétiens par l'antiquité païenne et par la méthode qui était la leur à l'égard de leurs anciens poètes et le judaïsme 10 et participant à « l'aberration d€ son siècle 11 », il de leurs mystères. Il aurait ainsi « transformé des légendes anti- aurait cherché de la sorte à surmonter le conflit qu'il sentait en ques en des mythes philosophiques 19 ») et son exégèse aurait lui-même entre l'hellénisme et la nouvelle foi : en effet, gr,âce à pris, « en face de l'Ancien Testament, l'attitude de la philoso- un tel traitement de l'Écriture, celle-ci trouvait enfin en celui- phie stoïcienne vis-à-vis d'Homère et de la mythologie popu- là sa signification spirituelle, et la lettre de Moïse ou même du laire 20 ». « Sauf les intentions », elle équivaudrait à « la critique Christ conduisait à l'esprit de Platon 12. Rien n'illustrerait mieux d'un Celse et d'un Porphyre 21 ». Son résultat serait de « déna- « l'incroyable puissance d'illusion dont est capable l'esprit turer le sens de l'Écriture » et de « faire dévier le christianisme ». humain 13 positif dans l'idéalisme platonicien 22 ». Renchérissant sur l'exé- La pensée du commentateur, en ré,alité, ne devrait donc rien gèse d'un Philon, elle volatiliserait le sens littéral, le sens réel à l'Evangile 14. Chez lui, les mots seraient chrétiens, mais les des textes, en le déclarant partout « absurde 23 ». Elle ne voudrait pensées seraient grecques 15. Fortement affectée d'une « tendance voir « daRs le texte sacré qu'une perpétuelle allégorie 24 » et, pour rationaliste 16 », sa méthode ne serait qu'une tentative « pour le profit d'une apologétique douteuse et d'une théologie sus- sauver l'idée du naufrage des faits », pour retrouver l'essence pecte, elle ir,ait jusqu'à nier l'historicité des récits révélésll5• de la religion « après avoir ruiné l 'historicité des textes sacrés », et l'on devrait le considérer comme l'ancêtre des grands idéa- fond est le seul vraiment dangereux pour la croyance en Allemagne, remonte listes modernes, l'auteur du dangereux principe, rongeur de principalement à Origène ... Un danger imminent couvait dans cette doctrine, puisque, après avoir spéculé sur des événements comme sur des figures, il n'y toute « foi positive », qui devait aboutir un jour à la Vie de Jésus avait qu'un pas à faire pour s'attacher exclusivement au sens idéal, et que d'un Strauss 17. Tandis que d'autres exégètes, plus simplement l'allégorie était toujours près d'absorber l'histoire. La lettre tue, mais l'esprit vivifie. Mais qui ne voit qu'à son tour l'esprit en grandissant peut tuer et remplacer la lettre? Ceci est l'histoire de toute la pbilosophie idéaliste dans 8. E. Vacherot, Hist. critique de l'Ecole d'Alexandrie, t. 1 (1846), pp. 282-283. ses1 8r.a pPp. odrets L aavberci ollale f,o ilo cp.o sciitti.v, ep. . >16 00. Cf. Hist. générale de l'Eglise, par Fliche- g. Eugène de Faye, Esquisse de la pensée d'Origène (lg25), p. 40. Martin, t. IV (lg37), p. 32. Déjà Richard Simon, H. critique du Vieux Testa la. Cf. Albert Rivaud, Hist. de la philosophie, t. 1 (lg48), p. 4g3,-sur le sym- ment, 1. 3, c. 9 (n. éd., 1685, p. 3g1). bolisme des Pères en général; la notice sur Origène, p. 118, est d'une infor- Ig. E. de Faye, Origène, t. 1 (lg23), p. :10. Telle était aussi, est-il besoin de mation peu sûre. le dire, l'interprétation de Louis Ménard, dans son Banquet d'Alexandrie 1 I. Denis, op. cit., p. 33. (Rêveries d'un païen mystique, éd. définitive, IgII, pp. 64-83). 12. Anders Nygren, Agape and Eros,trad. Watson, P. 2, vol. l, pp. 136~137 20. A. Baumstarck, Liturgie comparée, dans Irenikon, Ig34, p. 17. Rendant et 153-154 : « Origen, in fact, lives his religions life in both of the two rival compte de l'ouvrage de R. Cadiou, La jeunesse d'Origène, le R. P. de Ghel- svpinircietdu aPl lawtoornlidsst.. ..H Te hies pboys sfiublilleistyt coof nav icreticoonn cai liCathiroins tioafn ,t hbeu tc oannf liecqtiunagl lym oCtOilf1s- bliinecnk éotrbosietrev ea uqxu rea tisoonna leixsapnlitcsa ptiaoïne ndse» l':a Nlloéguvoerillsem ere vourieg éthnéieonlo g«i qfuaeit, lta. LpXlaIcIeI he finds in the allegorical method of interpretation. By its aid he could rein- (lg36), p. g38. tmeroprere ti mthpeo rPtalantto, nitch aanrkgsu mtoe ntths e anadll emgoyrtihcsa l inin ate rbpirbelitcaatilo nd iroecf tiSocnr. ipBtuurte, , sthilel 2:.1 :.I1.. VF.a cBhoeruolet,n gloecr., cGitr. égoire de Nazianze, Discours funèbres (lg06)., pp. ex- co1u3l.d Ealusgoè rneeg adred FPalyateo, nOisrmig èasn et,h et. h1i d(d1(el:nl3, ),s ppi.r it9u5a. l meaning of Christianity. » CXI. Origène aurait eu « pour but constant d'accorder les saints Livres avec la 14. Eugène de Faye, Origène, t. III (lg28), pp. 15g-160. science et la raison ». 23. E. de Faye, Oriffène, t. l, pp. 1 la et II5. Da.ns les homé.lies sur la 15. Reinhold Seeberg, Lehrbuch der Dogmengeschichte, t. 1 (lg:2O), p. 506. 16. Luecke, Hermeneutik, cité par Hagenbach, History of christian Doctri Genèse et sur l'Exode, « partout l'histoire est sacrifiée à l'allégorie. A plu- sieurs reprises, Origène écarte le sens littéral parce qu'il le considère comme nne'asv, ati.t lp, aps. c1o2n6s. cLieüncœke »a. joutait d'ailleurs: « tendance dont Origène lui-même ina2d4.m iPssaiubll eM ... oLncee apuluxs, sHouisvte. ntl.i, ttiélr alei rde écdlea rel 'Aabfrsiuqrudee ..c. h»r.é tienne, t. 1 (lg01), I? Albert Lévy, David-Frédéric ,Strauss (lglO), p. 56. Edgar Quinet, De la p. 346. Vacherot, op. cit., p. 286. Vie de Jésus par le Docteur Strauss, dans Revue des Deux Mondes, 1er décem- 25. R.-H. Malden, The Journal of theol. Studies, t. XVI, pp. 5II et 512 : bre 1838, p. 5g:.l : C( Ce système (de l'interprétation allégorique}, qui dans le « It is doubtful whether the Bible should be considered to have any literaI meaning at aIl ... He reads the Bible without any hist.()rical perspective whate- HISTOIRE, ET ESPRIT GRIEFS CONTRE ORIGÈNE Une pareille méthode « risquait de laisser s'évanouir en spécu- cette abolition du sens littéral, de « réduire en fumée les princi- lations vaporeuses les solides réalités de la foi 26 ». C'était « la paux articles du Symbole ». -« Maladie spirituelle », « phrénésie porte ouverte au sens privé, aux hardiesses de la pensée, aux spirituelle », « impies spiritualités », prononce le cardinal 30. spéculations de la philosophie ambiante ». Ainsi Origène, trou- Son souci de lutte antlprotestante renforce son préjugé;, mais ses vant « n'importe quelle doctrine en n'importe quel texte », en lecteurs ne devaient point s'étonner d'un tel verdict, depuis ser,ait « arrivé à construire un système où le christianisme pou- longtemps en cours. A la fin du XIIIe sièc;le, un Ulrich de Stras- vait difficilement se reconnaître, une sorte de compromis entre bourg ne caractérisait-il pas « l'erreur d'Origène» en ces ter- l'Evangile et la Gnose 27 ». .. mes: « Tout doit êtr'e si bien entendu spirituellement qu'il n'y Tel est, avec ses principales variantes, le jugement qui préva- a rien de vrai dans la lettre de l'Ancien Testament 31 »? lait hier et qui, malgré 9-e bons travaux trop peu connus, se A ce verdict, n'opposons pour l'instant qu'un double témoi- répète encore aujourd'hui. Croyants et incroyants s'y rencon- gnage. Celui de Dom Ceillier d'abord, déclarant qu' « on ne trent, rivalisant d'anathèmes. Une tr,adition invétérée semble les peut douter qu'il (Origène) n'ait eu pour le sens littéral une affec- autoriser. « Il s'est répandu dans les ,esprits des ténèbres extra- tion toute singulière» et qu' « il s'est toujours éloigné de deux ordinaires de prévention contre ce grand homme », disait à juste écu:eils également dangereux dans l'explication de l'\Écriture titre un historien du XVIIe siècle 28. Nous verrons plus loin pour- sainte : l'un de vouloir tout interpréter à la lettre, et l'autre de quoi et sous quelles influences. Pour ne pas remonter mainte- vouloir tout prendre dans un sens spiritue132 ». Puis celui du nant jusqu'à l'antiquité, rappelons que Richard Simon reproche P. Lagrange: « La vérité est qu'Origène met rarement en doute à Origène d'affecter « je ne say quelle Theologie profonde» et la réalité des faits 33. » S'il arrive si souvent qu'on s'y méprenne, de porter « si loin le sens spirituel qu'il semble détruire la vérité c'est peut-être qu'au lieu de le lire - du moins de le lire autre- de l'histoire29 ». Tel était déjà l'avis, du célèbre cardinal du Per- ment que par fragments - on se laisse influencer par un certain ron. Selon lui, le « fourneau d'Origène ... distille et alambique nombre de causes, qu'il pourra être bon d'indiquer et de discu- toute la Religion en allégories »; « par le mensonge de ses allé- ter dès ce premier chapitre, afin de dégager le terrain. gories, il déprave la vérité de l'histoire », ne cessant de « fondre Presque toujours, notons-le tout d'abord, les exemples qu'on et dissoudre toute la solidité de l'Écriture en songes et rêveries », allègue pour soutenir qu'Origène méconnaît la réalité de l'his- de convertir toute sa substance « en vanitez et élusions », et, par toire biblique sont pris à ses commentaires du récit concernant la création du monde, le paradis terrestre, la tentation et la chute. Ainsi ~hez du Perron. Ainsi, depuis, chez maint autre. ver ... As a Jew even Philo had to pay sorne regard to the literaI and histori- cal sense of the Old Testament; but the reins of Origen's imagination knew Comme si cette page initiale de nos "Livres saints n'offrait pas no such restraining influence ... » en ,effet un caractère unique, appelant de l'exégète un traitement 26. Aimé Puech, Hist. de la litt. grecque chrétienne, t. II, p. 411. 27. L. ;Duchesne, Hist. anc. de l'Eglise, t. I,5e éd., pp. 356-357. Mgr Du- à partI Comme s'il n'apparaissait pas de plus en plus clairement chesne écrivait déjà en 1877, De Macario Magnete et scriptis ejus, p. 25 : qu'il est impossible de la comparer à une histoire du temps des cc Excedit (Macarius) limites et sensus haud dubie historicos allegorica exposi- tione evertit. Audaciam igitur eam exosi plerique Orientalium partium doc- Rois ou du temps des Macchabéesl Sans professer avant la lettre tore,s non diu se continuerunt, quin adversus allegorias, Origenellique prin- cipem earum fautorem, acriter contenderent. » nos théories sur les « genres littéraires », Origène se montre ici, 28. De la Motte, Tertullien et Origène (1675), p. 574 : cc L'idée odieuse que à sa manière, précurseur d'une saine critique. Est-il vraiment l'on s'est formée de sa personne a obscurci toutes les circonstances de son histoire », - mais plus encore elle a fait se méprendre sur sa pensée. Cf. p. 766 : cc L'on vit, par un étrange renversement ... ses interprétations toutes divines de l']kriture, qui l'avaient fait admirer de toute la terre, s'effacer 30. Traité de l'Eucharistie (1622), 1. :!, p. :lIg; 1. l, p. 140, etc. tou2gt . dH'uisnt ociroeu pc rdieti qlu'ees pdreist dper intocuipt aluex mcoonmdme .e.n. t»a teurs du Nouveau Testament 3312.. LAipboelro gdiee sduem lam om obroanleo , d1e. s lP, ètrreasc td. e: !,l 'EC.g l1is0e. (1718), pp. IOg-II:!. (16g3), pp. 46 et 47, Richard Simon eût été plus é,quitable s'il s'en était tenu 33. Eclaircissements sur la méthode historique (lg05), p. 26. Et Revue bibli à ce qu'il venait de dire: cc On a reproché autrefois aux Chrétiens qu'Origène que, t. IX (lg00), p. 2g4 : cc Le défaut de la lettre est pour Origène plutôt une étoit l'auteur de ces sens mystiques, qu'ils trouvoient dans la Loy de Moyse : insuffisance pour l'enseignement chrétien qu'une absence de fondement his- mais on ne leur rendoit pas justice en cela, puisque les Juifs les avoient mis torique; le sens littéral est toujours supposé » (à propos des Tractatus Ori en usage lontems auparavant, et qu'il sont même autorisez par saint PauL·» genis). GRIEFS CONTRE ORIGÈNE HISTOIRE ET ESPRIT que (( dans les cinq premiers siècles, l'interprétation allégorique nécessaire de faire profession générale d' allégorisme pour se des six jours a pour elle la presque unanimité des Pères 41 »; demander avec lui: Quel homme de bon sens admettrait qu'il Mais surtout ne manquons pas de voir queœlle-ci, même qHand y a eu succession de jours et de nuits, de soirs et de· matins, elle s'étend, comme chez Origène, à toute la suite du récit, y sans lune ni soleil? Qui serait assez sot pour penser que Dieu a compris la chute, n'est absolument pas du même type que celles planté de ses mains un jardin comme ferait un j,ardinier, etc ... des philosophes païens commentant leurs fables, ni même que Il est tout normal, au contraire, de reconnaître avec lui, malgré celles d'un Philon commentant Moïse.n· ne peut s'agit, bien l'indignation de l'empereur Justinien 34, qu'il y a là des ensei- entendu, de nier qu'à l'un comme aux autres Origène 9,oive gnements profonds, à entendre Tp01t'lXroC; et non c>cof.1anxroc; 35. beaucoup. Il était de son temps et de son milieu. Mais qu'on ne Et qu'y ,a-t-il de scandaleux à penser qu' « il ne faut pas prendre ccmfonde pas un fait de culture et un fait de doctrine! Qu'on les choses à la lettre (xaTà. T~V npoXEtpoTÉpav ÈX()oX~v), comme sache apercevoir, 'Sous les ressemblances de surface, l'antago- font ceux pour qui un espace de six jours a été effectivement nisme des assertions foncières, sous l-es emprunts apparents les employé à la création du monde 36 »? Ou bien encore, s'il s'agit transform,ations radicales! Pour les philosophes, dans tolites les du paradis lui-même, croit-on vraiment que nous aurions avan- histoires qui servent d'étoffe à leurs théories, il n'est pas ques- tage à suivre plutôt saint :Épiphane, qui s'écriait, pour attester tion d'êtres personnels ni de faits spirituels;. l'individualité sen- la réalité matérielle des faits qu'Origène lui semblait volatiliser : sible des héros ou des dieux se transforme sous leur regard en « J'ai vu moi-même l'eau du Géhon, je l'ai vue, dis-je, de mes la nature des choses, ou de l'âme humaine, ou de la divinité yeux de chair, c'est une eau qui se laisse palper, boire, et qui partout diffuse; leur « allégorie » (leur ùnovoia) dissipe toute n'a rien de spiritueJ37 »? Ne vaudra-t-il pas mieux imiter la histoire, tout drame réel; elle fait tout « évanouir dans les. élé- réserve d'un saint Grégoire de Nazianze, disant : « Dieu installa ments du monde 42 ». Si l'on veut, disent-ils, rendre « intelligi- l'homme dans le paradis, - quel que fût ce paradis38 », ou bles » les mythes, leur trouv~r un « sens spirituel », y déchiffrer même l'attitude d'un saint Cyrille d'Alexandrie, tout heureux de « les énigmes divines » qu'ils recèlent, la première condition pouvoir opposer aux r,ailleries de Julien l'Apostat sur l'histoire est de se persuader que rien n'est vraiment arrivé de ce qu'ils du paradis l'interprétation reçue de son grand devancier? 39 mettent en scène : car « le mythe distribue dans le temps et Il nous est difficile, avouons-le, de partager ici l'émotion que sépare des êtres qui ne sont pas séparés, il fait naître ce qui n'a manifestait Dom Bernard Maréchal lorsqu'il écrivait : (,( C'est, jamais commencé 43 ». Pour Philon lui-même, qui repousse le selon lui, une grossièreté de s'imaginer que Dieu ait planté un pur allégorisme et l'assimilation des récits de la Bible aux fables jardin, qu'il. .. se soit promené dans le paradis terrestre, qu'A- d'Homère 44, les choses et les personnes même dont parle le texte dàm s'y soit caché sous un arbre 40 ... » N'oublions pas, au reste, sacré sont surtout des symboles - quoi qu'il en soit de leur réa- lité propre - des facultés ou des états intérieurs de l'âme. Tel 34. Lettre à Menas, in fine (Mansi, Concil., t. IX, 533 A). 35. Per., 4, 3, 1 (p. 3:14)1; cf. CC., 6, 50-51 (pp. 121-123). ,Ainsi fait très juste- est le point de vue qui l',intéresse au premier chef 45. Tout son ment A. van Hoonacker, dans Ephem. theol. lovanienses, t. XVII (1941), trai.té des Allégories des Lois, par exemple, est un traité de la p. :125; mais il se croit tenu, comme pour s'excuser, de dire d'abord: « Ori- gène poussait certes trop loin l'amour de l'allégorie, et il est tombé dans de sensation et de l'intelligence, auquel s'adjoint une théorie du graves erreurs. » progrès moral. Aussi son exégèse peut-elle souvent encore être 36. CC., 6, 60 (p. 131). Après Méthode d'Olympe, De resurrectione, 1. l, C. 4 et 32 (pp. 224 et 270), saint :Épiphane s'indignera du mot qu'on attribuait àp eOauri!g è»n (eH a: e«r . D6i4e,u cé. ta6i3t, dpo.n c5 0c0o).r royeur, pour faire à Adam des vêtements de 41. J. Martin, Philon, p. 38. 37. Lettre à Jean de Jérusalem, c. 5 (P. G., 43, 386 BeC). Déjà Méthode avait 42. Homélies clémentines, homo 6, C.20 (P. G., 2, 2o-n3). 3c1ri4t)i.q uCéf. l'CidCé.,e 4o, ri3g9é n(pipen. n3e1 1d-3u1 3p)a. radis: De resurrectione, 1. l, c. 55 (pp. . 313- co4u3r.s P7l ot: in«, LEensn écahdoeses,s 3d,i v5in, egs., (éqdu.e Blerés hoierre,i llte. s IIdIu, pv.u l8g6a)i.r eC fn. eJ uploieunrr, aÎDeins t 33g8.. DCiosnctoruer sJ u3l8i,e nc., D1 . (3P . (PG.. ,G 3"6., 7362, 4 6B13). ss.). Cf.P. Regazzoni, Il « Contra rec11e4v. oDire, sc'oyn fc· oluilnegn.t, a2u-3 m(t.o yIIe,n pd. 'u2n1ge) . mDiese m eing rs.c èAnber .m, y8gth-gioq u(te.. I»I , p. 277), ele. Gazilaeos » del l'imperatore Giulianoe il « Contra Julianum » di San Curillo 45; Sur Philon et l'histoire, voir Lagrange, Le Judaïsme avant Jésus-Christ, Alessandrino (1928), pp. 97-100. pp. 551-554: F. Grégoire, Le Messie chez Philon d'Alexandrie, dans Epheme 40. Concordance des saints Pères de l'Eglise ... (17/j8),. t. II, p. 322. Cf. Ori- rides ... , t. XIV (1937). gène, Sur la prière, c. 23, n. 3 (trad. Bardy, p. 108).

See more

The list of books you might like

Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.