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Histoire des bibliothèques pénitentiaires françaises de la Libération au début des années 80 PDF

193 Pages·2016·2.56 MB·French
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Diplôme de conservateur de bibliothèque 6 1 0 2 r e i v n a j / s e d Histoire des bibliothèques u t é pénitentiaires françaises de la ' d n Libération au début des années 1980 f e d e r i o m é M Flora Delalande Sous la direction Sophie Bobet Directrice adjointe – Médiathèque Marguerite Yourcenar Remerciements Tous mes remerciements vont d'abord à ma directrice de mémoire, Sophie Bobet, directrice adjointe de la Médiathèque Marguerite Yourcenar (Paris, 15e). Son enthousiasme et le vif intérêt dont elle a témoigné pour mon sujet ont été déterminants. Ayant elle-même déjà travaillé sur les liens entre bibliothèques et établissements pénitentiaires1, elle m'a suggéré des pistes de recherches intéressantes et a d'emblée saisi les enjeux de mon sujet. Je tiens également à remercier toutes les personnes qui ont répondu à mes sollicitations par mail ou par téléphone et qui, bien qu'elles n'aient pas toujours été en mesure de m'aider, m'ont soutenue dans ma démarche en me redirigeant vers d'autres personnes ressources. Un grand merci à Thierry Claerr, chef du bureau de la lecture publique, qui a remué ciel et terre pour me permettre de contacter divers acteurs potentiels de mon sujet. Merci également à Dominique Lahary d'avoir pris le temps de m'éclairer sur l'histoire des BDP tout en relayant mes recherches auprès de nombreux professionnels. Enfin, je tiens à témoigner ma reconnaissance à Geneviève Boulbet, ancienne directrice de la BCP de l'Ariège ainsi qu'à Philippe Henwood, inspecteur général des Archives de France, de m'avoir accordé des entretiens riches d'enseignements. Ce travail n'aurait pu aboutir sans la consultation de nombreux documents d'archives. La grande majorité des archives publiques n'étant a priori pas communicables, j'ai pu les consulter grâce à l'instruction de mes demandes de dérogation par les Archives nationales. Je remercie également l'École nationale d'administration pénitentiaire (E ) de m'avoir autorisée à consulter ses archives NAP et d'avoir, en partenariat avec la bibliothèque de l'E , fait fonctionner le prêt NSSIB entre bibliothèques qui m'a évité de nombreux déplacements entre Lyon et Agen. Annie Ribault et Cécile Chaignepain (responsables du centre de documentation de la direction de l'Administration pénitentiaire), Anne-Marie Pathé (responsable de la bibliothèque de l'Institut d'histoire du temps présent) et Chlotilde Le Calvé (chargée des fonds du secteur des médias et des industries culturelles des Archives nationales) ont également largement facilité mon travail. Qu'elles en soient ici remerciées. Enfin, je tiens à remercier l'E d'avoir accepté que je travaille sur un sujet NSSIB qui me tient à cœur depuis plusieurs années et qui, je l'espère, pourra intéresser les professionnels de la Culture comme ceux de la Justice. 1 Sophie BOBET-MEZZASALMA, Les actions culturelles des bibliothèques publiques dans les maisons d'arrêt : état des lieux, mém. de diplôme de conservateur, dir. Jean-André Ithier, Villeurbanne, ENSSIB, 2013, 156 p. Delalande Flora| DCB24 | Mémoire de fin d'études | janvier 2016 Résumé : De la Libération au début des années 1980, les bibliothèques de prison sont entièrement gérées par l'administration pénitentiaire et s'organisent selon des logiques qui sont propres au monde carcéral. Tour à tour prises en charge par des personnels pénitentiaires, des assistantes sociales, des éducateurs et des détenus bibliothécaires, elles ne disposent que de très rares soutiens de la part des bibliothèques publiques. Malgré cela – et notamment grâce à la création du service central des bibliothèques de l'administration pénitentiaire –, on note une évolution qui tend à rationaliser leur organisation et à les rapprocher du fonctionnement des autres bibliothèques. Descripteurs : Bibliothèques publiques - - France - - 1945-1982 Bibliothèques publiques - - Aspect social - - 1945-1982 Bibliothèques de prisons - - France - - 1945-1982 Abstract : From the Liberation to the begining of the 1980's, jail libraries are managed by the penitentiary administration and are organised according to penal reasoning. Handled by penitentiary staff, social workers, educators or convict-librarians, they receive very few help from public libraries. In spite of that – and particularly thanks to the penitentiary administration's central service for libraries –, they rationalise their organisation and get more and more similar to other libraries' fonctionning. Keywords : Jail librairies - - France - - 1944-1982 Public librairies - - France - - 1944-1982 Droits d’auteurs Cette création est mise à disposition selon le Contrat : Paternité-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de Modification 4.0 France disponible en ligne http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/deed.fr ou par courrier postal à Creative Commons, 171 Second Street, Suite 300, San Francisco, California 94105, USA. Delalande Flora| DCB24 | Mémoire de fin d'études | janvier 2016 - 4 - Sommaire SIGLES ET ABRÉVIATIONS.....................................................................................7 INTRODUCTION..........................................................................................................9 I. DES BIBLIOTHÈQUES QUI ÉVOLUENT AVEC LES RÉFORMES PÉNITENTIAIRES.....................................................................................................13 A. La lecture, un outil de la réforme Amor........................................................13 a. La réforme Amor : une réforme humaniste et chrétienne..........................14 b. La lecture comme facteur d'humanisation de la détention........................15 c. La lecture, un activité favorisant l'amendement , la rééducation et le reclassement social............................................................................................17 d. Une censure nécessaire aux objectifs de la réforme Amor… et au maintien de l'ordre.............................................................................................18 B. De la crise pénitentiaire à l'assouplissement de la censure........................22 1. L'abolition de la censure : une des revendications de détenus.....................22 2. Libéralisation des livres et revues cantinables..............................................23 3. Assouplissement des critères de sélection des ouvrages des bibliothèques.25 II. DES BIBLIOTHÈQUES PÉNITENTIAIRES À L'ÉCART DES BIBLIOTHÉCAIRES ?...............................................................................................27 A. Au niveau local : De l'assistante sociale à l'éducateur................................27 1. Les assistantes sociales : premières personnes officiellement en charge des bibliothèques..........................................................................................................27 a. La circulaire du 23 février 1945 : « bibliothécaire[s] de la Croix Rouge » et détenus bibliothécaires..................................................................................27 b. La circulaire du 29 juin 1945 : des assistantes sociales chargées de la bibliothèque........................................................................................................29 c. 1950-1952 : Renforcement législatif et précision du rôle des assistantes sociales................................................................................................................31 d. 1953 : de la difficulté de systématiser la prise en charge de la bibliothèque par l'assistante sociale.................................................................34 e. Quelle formation pour les assistantes sociales en charge des bibliothèques ?...................................................................................................36 f. Quelles actions mises en place par les assistantes sociales sur le terrain ? .............................................................................................................................38 2. Des éducateurs de l'administration pénitentiaire en charge de certaines bibliothèques..........................................................................................................38 B. Au niveau central : des assistantes sociales aux bibliothécaires chefs du service central des bibliothèques de l'administration pénitentiaire..............40 1. Des assistantes sociales qui font office de bibliothécaires au niveau central (1946-1953)............................................................................................................40 2. Des chefs du SCB issus du monde des bibliothèques (1953-1981)..............41 3. Des locaux et personnels dédiés au service… qui s'avèrent finalement insuffisants.............................................................................................................44 C. Un timide intérêt des bibliothécaires pour les bibliothèques de prison (1954-1981)...............................................................................................................45 1. Des bibliothèques de prison quasiment absentes des discours des bibliothécaires.......................................................................................................45 2. Bibliothèques publiques : des dons et dépôts de seconde main ?................45 Delalande Flora| DCB24 | Mémoire de fin d'études | janvier 2016 III. ÉVOLUTION DE LA POLITIQUE DOCUMENTAIRE, DU TRAITEMENT ET DE LA MISE EN ESPACE DES DOCUMENTS................49 A. Les acquisitions : vers une meilleure prise en compte du goût des lecteurs ?...................................................................................................................49 1. Une accumulation de livres sans cohérence ni réflexion (1945-1953)........49 2. Une bibliothécaire centrale qui tente d'adapter les collections aux besoins des personnes détenues.........................................................................................52 a. Marie-Thérèse Fonteix : un précurseur en la matière................................52 b. Thérèse Chevanne : quand les détenus deviennent des lecteurs...............52 c. Paul Henwood : une officialisation de la prise en compte du goût des lecteurs................................................................................................................54 3. Des budgets toujours insuffisants....................................................................56 B. Traitement et stockage des livres : une tentative de rationalisation.........59 1. Une tentative de centralisation avortée : la reliure des livres......................59 2. La généralisation progressive du classement Dewey....................................63 3. De l'étagère poussiéreuse à l'entrepôt de stockage.......................................65 C. Des bibliothèques qui peinent à sortir des placards....................................68 1. Un lieu bibliothèque inexistant ou inaccessible.............................................68 2. Le catalogue......................................................................................................68 a. Avoir accès au catalogue...............................................................................69 b. Consulter : catalogue fractionné / catalogue analytique............................69 c. Une distribution des livres aléatoire et inégale...........................................72 3. La présentation des livres à la voix.................................................................74 4. Chariot : une tentative d'amélioration............................................................74 5. L'accès direct : deux exceptions......................................................................75 CONCLUSION.............................................................................................................77 SOURCES.....................................................................................................................81 BIBLIOGRAPHIE.....................................................................................................109 ANNEXES...................................................................................................................115 TABLE DES ILLUSTRATIONS.............................................................................197 TABLE DES MATIÈRES.........................................................................................199 Delalande Flora| DCB24 | Mémoire de fin d'études | janvier 2016 - 6 - Sigles et abréviations ABF : Association des bibliothécaires français (devenue association des bibliothécaires de France en 2006) AD : Archives départementales AN : Archives nationales AP : Administration pénitentiaire BBF : Bulletin des bibliothèques de France BDP : Bibliothèque départementale de prêt BM : Bibliothèque municipale BP : Bibliothèque publique CAFB : Certificat d'aptitude aux fonctions de bibliothécaire CD : Centre de détention CNL : Caisse nationale des lettres (devenu Centre national de lettres en 1973 puis Centre national du livre en 1993) CIP : Conseiller d'insertion et de probation. CP : Centre pénitentiaire DAP : Direction de l’Administration pénitentiaire DBLP : Direction des bibliothèques de lecture publique DLL : Direction du livre et de la lecture DRSP : Direction régionale des services pénitentiaires EP : Établissement pénitentiaire IFLA : International federation of library association MA : Maison d'arrêt Mém. : Mémoire SCB : Service central des bibliothèques de l'administration pénitentiaire Delalande Flora| DCB24 | Mémoire de fin d'études | janvier 2016 INTRODUCTION En octobre 2015, l'association des bibliothécaires de France (ABF) publiait un livre consacré aux bibliothèques de prison2. Cet ouvrage basé sur les témoignages de professionnels des bibliothèques est le fruit du travail de la commission « bibliothèques/médiathèques en établissements pénitentiaires » créée en janvier 2011 par l'ABF. Sa publication témoigne de l'intérêt croissant des professionnels pour la question de l'animation des bibliothèques en détention. Depuis plus de trente ans, il est en effet admis que les détenus ont le droit d'avoir accès à une offre de lecture digne de ce nom au même titre que les personnes libres. Aujourd'hui, les bibliothèques publiques françaises sont encouragées à intervenir en détention. Il n'est pas rare qu'elles effectuent des dépôts de livres, prodiguent des conseils quant à l'organisation de la bibliothèque, forment les détenus auxiliaires ou dispensent des animations autour du livre. Si cette intervention est encore loin d'être la règle, elle se développe et permet une professionnalisation des pratiques au sein des bibliothèques des établissements pénitentiaires français. De même, les études et colloques abordant la question de la lecture et des bibliothèques de prison se multiplient depuis une trentaine d'années. C'est le colloque de Reims qui donne le coup d'envoi en 19853, bientôt suivi par celui de Bordeaux en 19934, puis par celui de Valence en 20055. À partir des années 1990, quelques personnes particulièrement impliquées se proposent de dresser un état des lieux de la culture en prison. C'est le cas d'Anne Chapoutot et de Thierry Dumanoir6 qui consacrent tous deux une partie de leur étude à la question des bibliothèques7. Il faut attendre 1995 pour que les sociologues s'intéressent à la question de la lecture en prison avec l'étude menée par Jean-Louis Fabiani à la demande des ministères de la Culture et de la Justice8. En 2008, la sociologue Florine Siganos évoque à son tour la question des bibliothèques9. Enfin, de nombreux travaux de recherche ont été menés à l' E sur le développement NSSIB récent des bibliothèques de prison10. Cependant, force est de constater que cette littérature foisonnante est presque exclusivement dédiée à la période s'ouvrant au début des années 1980. Cette dernière constitue en effet un moment particulièrement marquant pour l'histoire des bibliothèques en détention puisqu'elle correspond au début de l'intervention du ministère de la Culture en direction des personnes incarcérées. C'est à cette époque qu'est affirmé et formalisé le droit des 2 ABF, La bibliothèque : une fenêtre en prison, dir. Marianne Terusse, Paris, 2015. 3 MINISTÈRE DE LA CULTURE, MINISTÈRE DE LA JUSTICE, La culture en prison, quel enjeu ? Actes du colloque de Reims, 1985, Paris, 1986 4 CBA , Lire et écrire en prison, la presse : colloque, Bordeaux, 8 octobre 1993, Bordeaux, 1995. 5 FILL, Culture en prison, où en est-on ? : actes des rencontres nationales [Colloque, Comédie de Valence, 25 et 26 avril 2005], Paris, 2006. 6 Thierry Dumanoir (1951- ) est chargé du développement culturel à la DAP de 1985 à 1997. Avant d'être repéré lors du Colloque de Reims, il est responsable des actions culturelles à l'association FAIRE et anime des ateliers de lecture. 7 Anne CHAPOUTOT, L'air du dehors : pratiques artistiques et culturelles en milieu pénitentiaire, Paris, 1993 / Thierry DUMANOIR, De leur cellule le bleu du ciel : le développement culturel en milieu pénitentiaire, Paris, 1994. 8 Jean-Louis FABIANI, Lire en prison : une étude sociologique, Paris, 1995. 9 Florine SIGANOS, L'action culturelle en prison : pour une redéfinition du sens de la peine, Paris, 2008. 10 Différents mémoires soutenus ces dernières années portent sur ce sujet, soulignant l’intérêt des bibliothécaires pour ce type de question : Joëlle GUIDEZ, Derrière les murs, les mots : le développement de la lecture en milieu pénitentiaire en France, mém. d'études de conservateur, dir. Odile Nublat. Villeurbanne, ENSSIB, 2002 ; Sandrine Haon, Lire en prison : réflexion sur le cas de la Bibliothèque de la Santé, mém. d'études de conservateur, dir. Jean-François Jacques, Villeurbanne, ENSSIB, 2008 ; Pierre GRAVIER, Les bibliothèques en prison et le service public de la lecture, mém. d'études de conservateur, dir. Odile Cramard. Villeurbanne, ENSSIB, 2009 ; S. BOBET-MEZZASALMA, Les actions culturelles des bibliothèques publiques... Delalande Flora| DCB24 | Mémoire de fin d'études | janvier 2016 détenus à la culture et à la lecture par la création d'une commission Culture- Justice11, l'organisation de rencontres internationales12 puis la signature d'un protocole d'accord entre le ministère de la Culture de Jack Lang et le ministère de la Justice de Robert Badinter13. Par la suite, la direction du Livre et de la Lecture (DLL) et la direction de l'Administration pénitentiaire (DAP) signent à leur tour une convention nationale dans laquelle ils prennent mutuellement des engagements quant aux bibliothèques de prison14. Si cette période est particulièrement intéressante, elle ne doit pas faire oublier que des bibliothèques existaient en détention bien avant l'intervention du ministère de la Culture. Que ce soit dans la littérature professionnelle des bibliothèques ou de l'administration pénitentiaire, dans les études sociologiques ou historiques, on constate malgré tout que la période antérieure est presque totalement passée sous silence. Fait notable, l'ouvrage de référence sur l'histoire des bibliothèques au vingtième siècle consacre moins d'une page aux bibliothèques de prisons – en annexe – et s'intéresse à la période 1980-199015. Si quasiment tous les auteurs affirment qu'on « trouve déjà des traces de la présence de bibliothèques en détention sous l'Empire »16, l'histoire des bibliothèques de prison avant les années 1980 reste donc dans l'ombre17. Pire ; lorsqu'elle est évoquée, le manque de connaissances solides entraîne des erreurs et des approximations18. Plutôt que de mettre de nouveau les projecteurs sur ce qui a déjà été dit, nous avons pris le parti de mettre en lumière un pan de l'histoire des bibliothèques pénitentiaires encore totalement inexploré. Remonter au-delà des années 1980 est un préalable qui nous semble en effet nécessaire pour mieux comprendre la période essentielle qui s'ouvre par la suite. Comment les bibliothèques de prison s'organisent-elles à une époque où seule l'administration pénitentiaire s'en préoccupe ? Quel crédit apporter à la chargée de mission auprès de la DLL lorsque, dans son état des lieux des bibliothèques de prisons datant de 1982-1983, elle affirme se trouver sur un « terrain quasi vierge » 19? Notre étude débute juste après la seconde Guerre mondiale, à la Libération, dans un contexte encore difficile pour 11 La commission Culture/Justice est créée en septembre 1981. Pour plus d'informations voir « Mise en place des dispositifs de réflexion : une première pour la culture en détention », dans Flora DELALANDE, Les activités à caractère culturel dans les établissements pénitentiaires français (de la Libération aux années 1980), Thèse pour le diplôme d'archiviste paléographe, dir. Christine Nougaret, École nationale des chartes, Paris, 2015, p. 280-284. 12 MINISTÈRE DE LA CULTURE, MINISTÈRE DE LA JUSTICE, La culture en prison, quel enjeu ?... Pour plus d'information, voir F. DELALANDE, « Les rencontres de Reims, un premier colloque international révélateur », dans Les activités à caractère culturel dans les établissements pénitentiaires français…, p. 325-333. 13 Protocole d'accord entre le ministère de la Justice et le ministère de la Culture du 25 janvier 1986, [téléchargé le 7 septembre 2014], http://www.culturecommunication.gouv.fr/content/download/61481/471989/version/1/file/ProtocoleCultureJustice -1986.pdf. 14 Convention nationale établie entre la direction du Livre et de la Lecture et la direction de l'administration Pénitentiaire, 7 mars 1986, publiée en annexe B.5. 15 Annexe, « Lire en prison », dans Histoire des bibliothèques françaises, t. 4, Les bibliothèques au XXe siècle, 1914- 1990, Paris, 1992, p. 444-447. 16 F. SIGANOS, L'action culturelle en prison…, p. 154. / T. DUMANOIR, De leur cellule…, p. 17 / Paul HENWOOD, « La lecture en milieu carcéral », BBF, n° 6, juin 1974, [consulté en ligne le 30 novembre 2015], http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf- 1974-06-0307-002. 17 Seul Thierry Dumanoir donne quelques éléments intéressants sur l'histoire des bibliothèques de prisons. Cependant, il ne cite pas ses sources avec précision. 18 Dans la presse professionnelle, le dernier article en date mentionnant l'histoire des bibliothèques des établissements pénitentiaires affirme que les bibliothèques de prison sont apparues sous le Second Empire alors qu'on sait qu'il en existait déjà sous le premier Empire (voir note 16). De même, il est affirmé que le service central des bibliothèques a été créé en 1963 alors que sa création est antérieure de dix ans (voir partie II. B. 2). Dans l'article cité, les deux seules informations sur la période antérieure aux années 1980 sont donc erronées, ce qui témoigne d'un manque certain de connaissance de la période. Françoise ROBOAM, « Les bibliothèques de prison : journée d'étude, 24 novembre 2008 à Poitiers », Bulletin de l'ABF, n° 43, mars 2009, p. 61. Delalande Flora| DCB24 | Mémoire de fin d'études | janvier 2016 - 10 - Introduction l'ensemble de la société française. Dans le vent de renouveau qui souffle alors sur la France, une direction des bibliothèques et de la lecture publique est créée au sein du ministère de l'éducation nationale. Occupée par d'autres missions, celle-ci ne se préoccupe absolument pas de ce qui se passe en détention20. À l'inverse, dès février 1945, Paul Amor, directeur de l'Administration pénitentiaire (DAP), défend avec force la nécessité d'une réforme pénitentiaire humaniste ainsi que l'importance des bibliothèques de prisons. Afin de se concentrer sur la période la moins bien connue, c'est à l'aube de l'intervention du ministère de la Culture que s'achève l'histoire des bibliothèques pénitentiaires que nous proposons ici. Comment et pourquoi, la direction de l'Administration pénitentiaire prend-elle en charge l'approvisionnement des prisons en livres ainsi que l'organisation des bibliothèques depuis la Libération jusqu'au début des années 1980 ? L'absence d'action du ministère en charge des bibliothèques empêche-t- elle toute professionnalisation ? Notre étude porte sur les bibliothèques des établissements pénitentiaires français et aborde nécessairement la question de l'histoire de la lecture en prison. Cependant, elle ne s'attarde pas sur les autres modes d'accès à la lecture tels que la possibilité donnée aux détenus d'acheter des ouvrages ou des périodiques en cantine ni celle d'en recevoir à titre personnel (dons et prêts de visiteurs de prison par exemple). De même, les questions d’illettrisme et d'alphabétisation ne seront pas abordées. Nous nous concentrerons sur les bibliothèques dites « de loisirs » sans nous attarder particulièrement sur les bibliothèques réservées aux cercles de lecture ni sur les bibliothèques strictement scolaires qui ont pu exister. Si, les bibliothèques strictement réservées au personnel seront évoquées, notre étude se concentre sur celles destinées aux détenus. Tous les types d'établissements pénitentiaires existant en France seront pris en compte : établissements réformés21 et non réformés, maisons d'arrêt, centres de détention, maisons centrales et centres pénitentiaires22. Notons cependant que nos sources nous permettent rarement d'établir des différences marquantes entre les bibliothèques de ces différents types d'établissements23. De même, le rôle qu'ont probablement pu jouer les associations internes aux établissements pénitentiaires quant aux bibliothèques n'a pu être abordé par manque de sources24. Ce mémoire a nécessité le dépouillement de très nombreuses archives dont un bon nombre avaient été repéré lors de notre précédent travail sur les activités à caractère culturel dans les établissements pénitentiaires français25. Les sources relevant du monde des bibliothèques ainsi que du monde pénitentiaire ont été confrontées afin de varier les points de vue. De même, les allers-retours entre les archives imprimées et les fonds d'archives permettent d'embrasser un spectre relativement étendu en matière de discours. Ainsi, les revues professionnelles les plus représentatives telles que le Bulletin 19 Isabelle JAN, Extension de la lecture publique (hôpitaux, prisons, entreprises), Paris, [1983]. Rapport partiellement édité en annexe B.5. 20 Daniel LINDENBERG, « Les bibliothèques dans les politiques éducatives et culturelles », dans Histoire des bibliothèques françaises : Les bibliothèques au XXe siècle 1914-1990, Paris, 2009, p. 339. 21 Les établissements réformés sont créés par la réforme Amor, après la Libération. Ils ont pour vocation d'atteindre l'amendement et le reclassement social du condamné, notamment par la mise en place d'un régime progressif qui fait passer le détenu de phase en phase selon les progrès accomplis. S'ils sont particulièrement mis en avant dans les rapports de la DAP, ils ne représentent en réalité qu'un très petit nombre d'établissements. Pour plus d'informations sur ces établissements, voir F. DELALANDE, « Les établissements réformés : de rares lieux privilégiés pour la mise en place d'activités culturelles », dans Les activités à caractère culturel dans les établissements pénitentiaires français…, p. 89—109. 22 Le décret du 23 mai 1975 distingue les établissements pour peine (EPP) et les maisons d'arrêt. Ces dernières accueillent des prévenus, des condamnés en attente de transfert et des condamnés à de courtes peines. Au sein des établissements pour peine, il institue deux types de régime pour les condamnés à de longues peines, chaque régime étant désormais lié à une catégorie d'établissement : les maisons centrales accueillent des condamnés de longues peines et sont axées sur la sécurité tandis que les centres de détention sont orientés vers la réinsertion sociale. Quant aux centres pénitentiaires, ce sont des établissements mixtes. 23 La note 90 montre que les établissements pour peine sont parfois les premiers à bénéficier de la libéralisation de l'information. 24 Sur les associations internes, voir F. DELALANDE, « Les associations sportives et culturelles : création, officialisation et encadrement », dans Les activités à caractère culturel dans les établissements pénitentiaires français…, p. 169-198. 25 F. DELALANDE, Les activités à caractère culturel dans les établissements pénitentiaires français…, 800 p. DELALANDE Flora |DCB24 | Mémoire de fin d'études| janvier 2016 - 11 - d'information de l'association des bibliothécaires français (ABF), le Bulletin des bibliothèques de France (BBF) ou la Revue pénitentiaire et de droit pénal ont été dépouillées sur l'ensemble de la période. Notre principal gisement d'archives est celui émanant de la direction de l'Administration pénitentiaire. Les nombreuses notes et circulaires, les rapports des différents chefs du service central des bibliothèques de l'administration pénitentiaire, les textes législatifs et réglementaires ainsi que les mémoires d'étude des éducateurs de l'administration pénitentiaire – ancêtres des conseillers d'insertion et de probation d'aujourd'hui – nous ont permis de comprendre le fonctionnement des bibliothèques étudiées, tant dans les grands principes que dans l'application concrète sur le terrain. Bien que l'administration pénitentiaire soit l'acteur principal de notre sujet, nous avons pris soin de consulter un certain nombre d'archives émanant du ministère du Budget ainsi que du ministère de la Culture et notamment de la DLL et du CNL (Caisse nationale des lettres puis Centre national des lettres). Les sources iconographiques sont extrêmement rares dans les recherches historiques qui touchent au monde pénitentiaire. Afin que le lecteur puisse malgré tout visualiser ce qu'ont pu être les bibliothèques de prison, nous avons pris le parti d'en publier certaines bien qu'elles soient légèrement antérieures à notre période. Des documents tels que les règles minima pour le traitement des détenus ont également été étudiées : si elles s'adressent à l'ensemble des pays européens, elles permettent en effet d'éclairer la politique pénitentiaire française. Enfin, de nombreuses prises de contact ont été effectuées afin de tenter d'obtenir des entretiens avec des personnes ayant été acteurs de notre sujet26. Forte de l'étude approfondie de ces archives, nous nous interrogerons dans un premier temps sur les missions liées aux bibliothèques de prison. Entièrement gérées et organisées par l'administration pénitentiaire, ces dernières sont nécessairement bousculées et transformées par les réformes successives de cette administration. La mise en place d'une bibliothèque pénitentiaire est-elle une fin en soi ou, au contraire, un outil au service de l'administration ? Que cela nous dit-il de la période et de la conception de la prison qui est à l’œuvre ? Dans quelle mesure les bibliothèques répondent-elles à la nécessité d'amender et de rééduquer le détenu puis à celle de participer à sa réinsertion ? La question des acteurs sera également posée. En quoi la Guerre, en permettant l'entrée des assistantes sociales en détention, joue-t-elle un rôle déterminant ? Qui est chargé d'entretenir la bibliothèque, de l'organiser et d'en distribuer les livres ? Les éducateurs de l'administration pénitentiaires, chargés des clubs de lecture, sont-ils également chargés des bibliothèques ? Quelle corrélation entre les textes et la réalité ? À partir de 1953, date de la création du service central des bibliothèques (SCB), on note un rapprochement ténu avec le monde des bibliothécaires. Comment celui-ci s'exprime-t-il ? Peut-on parler de professionnalisation ? Enfin, toute bibliothèque est sous-tendue par une organisation spécifique : acquisitions, désherbage, équipement des ouvrages, classement, stockage et possibilité d'accès du lecteur aux collections : tous ces aspects seront questionnés. Nous verrons en quoi la création du SCB joue ici encore un rôle déterminant et tenterons de comprendre comment l'administration pénitentiaire essaie de gérer au mieux ses bibliothèques dans un contexte matériel et budgétaire difficile. 26 Voir « Entretien avec Geneviève Boulbet », publié en annexes D. De même, nous avons pu réutiliser le témoignage d'Yves Perrier recueilli lors de notre thèse d'école des Chartes. (F. DELALANDE, « Annexe F.2 : entretien avec Yves Perrier », dans Les activités à caractère culturel dans les établissements pénitentiaires français…, p. 240-265). Pour plus d'informations sur nos diverses prises de contact, voir État des sources, p. 106. Delalande Flora| DCB24 | Mémoire de fin d'études | janvier 2016 - 12 -

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-1986.pdf. 14 Convention .. Ainsi, dès février 1945, il affirme que : « ainsi que l'Administration s'y . Vichy avaient des relents de mort et de torture.
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