S(cid:201)BASTIEN MALETTE LA (cid:19) GOUVERNEMENTALIT(cid:201) (cid:20) CHEZ MICHEL FOUCAULT MØmoire prØsentØ (cid:224) la FacultØ des Øtudes supØrieures de l’UniversitØ Laval dans le cadre du programme de ma(cid:238)trise en philosophie pour l’obtention du grade de ma(cid:238)tre Łs arts (M.A.) FACULT(cid:201) DE PHILOSOPHIE UNIVERSIT(cid:201) LAVAL QU(cid:201)BEC 2006 (cid:13)c SØbastien Malette, 2006 RØsumØ Le concept de gouvernementalitØ forgØ par Michel Foucault est de plus en plus populaire non seulement auprŁs des philosophes, mais aussi auprŁs des sociologues, po- litologues, Øconomistes, anthropologues et plusieurs autres spØcialistes appartenant (cid:224) ce que nous nommons les (cid:19) sciences humaines (cid:20). Pourtant, les origines, les recherches et les pistes de rØ(cid:29)exion liØes (cid:224) ce concept au sein mŒme du travail de Michel Fou- cault sont plut(cid:244)t mal connues. Le prØsent mØmoire tentera d’expliquer ce que signi(cid:28)e ce concept dans les travaux de ce penseur. Nous explorerons plus prØcisØment le par- cours qu’emprunta Michel Foucault dans sa thØorisation du pouvoir l’amenant vers ses vues gØnØalogiques. De l(cid:224), nous analyserons les ØlØments relatifs au dØploiement d’une (cid:19) microphysique du pouvoir (cid:20) dØgageant les con(cid:28)gurations stratØgiques du pouvoir de souverainetØ, du rØgime disciplinaire et du biopouvoir. Partant d’une double critique contre l’emploi de cette (cid:19) microphysique (cid:20), nous Øtudierons ensuite l’entrØe de l’(cid:201)tat dans cette grille d’analyse, menant Foucault (cid:224) conceptualiser les relations de pouvoir et de subjectivation en terme de gouvernement, de rØsistance et de pratiques de libertØ. En examinant les principaux textes de Michel Foucault, de mŒme que son enseigne- ment au CollŁge de France entre 1970 et 1984, nous suggØrerons que le projet de cette analyse gØnØalogique de la rationalitØ gouvernementale occidentale (cid:21) qui remonte jus- qu’aux sources grecques et bibliques (cid:21) se veut (cid:224) la fois le relais, l’approfondissement et le dØpassement de ses analyses du pouvoir, du sujet, de la libertØ et de la rØsistance. Avant-propos (cid:19) Increscunt animi, virescit volnere virtus (cid:20) De Furius Antias (cid:201)crire un mØmoire sur le travail de Michel Foucault (cid:21) qui, selon Deleuze, se compare (cid:224) Nietzsche au sens oø il n’indique que des Øbauches au sens (cid:19) embryologique (cid:20) du terme (cid:21) n’est certes pas une entreprise facile, d’autant plus lorsque cette tentative est doublØe de l’exigence toute scolaire d’une rØgression dØ(cid:28)nitionnelle des concepts utilisØs (cid:224) l’in(cid:28)ni, et d’une Øcriture vouØe (cid:224) l’Øpreuve qu’est l’exposition synthØtique. (cid:19) L’esprit de systŁme est un manque de probitØ (cid:20) disait dØj(cid:224) Nietzsche. Il y a peut-Œtre lieu de se questionner sur les fondements de cette Øpreuve qu’est la ma(cid:238)trise et au titre de (cid:19) vØritØ (cid:20) qu’elle confŁre. En(cid:28)n, l’heure est plut(cid:244)t aux remerciements. Je remercie d’abord le lecteur qui a le courage de lire ce qui n’est qu’une Øcriture de jeunesse, l’accident d’une intelligence encore toute immature. Je remercie ensuite la femme que j’aime, celle qui m’initia gØnØreusement (cid:224) tout ce que j’ai de plus prØcieux et de plus secret en moi, Natacha Godbout. Je dØsire aussi ajouter un remerciement spØcial (cid:224) mon directeur Jocelyn Maclure qui, riverain (cid:224) la fois heureux et malheureux, eut la patience de me conseiller et de m’envoyer de grands signes d’exaspØration lorsque je sortais de mes rives. J’aimerais Øgalement exprimer ma reconnaissance aux membres de ma famille et amis, en signalant quelques noms qui se reconna(cid:238)tront au passage : Claire, Jean-Marie, Danielle et l’entiŁre famille Malette, Dany Ferland, Nicolas Filion, Linda, Avant-propos iv Pierre et Maxime Dumoulin, Christiane, Yvon et Karine Godbout, Alexandre, Olivier Bois et Olivier Marcil. Je tiens aussi (cid:224) souligner le soutien indØfectible de plusieurs professeurs et inspirateurs, parmi lesquels (cid:28)gurent monsieur AndrØ Daviault, monsieur Luc BØgin, monsieur Olivier Clain, monsieur Thomas De Koninck et monsieur Rodrigue ThØberge. En(cid:28)n, cette recherche a ØtØ rendue possible gr(cid:226)ce (cid:224) des bourses d’Øtude du Fonds quØbØcois de la recherche sur la sociØtØ et la culture (FQRSC). En mØmoire de Robert Malette (1949-2001). Pour qui mŒme la folie ne fut jamais un obstacle (cid:224) l’amour. (cid:19) J’en suis encore (cid:224) attendre la venue d’un philosophe mØdecin, au sens exceptionnel de ce terme (cid:21) et dont la t(cid:226)che consistera (cid:224) Øtudier le problŁme de la santØ globale d’un peuple, d’une Øpoque, d’une race, de l’humanitØ (cid:21) qui un jour aura le courage de porter mon soup(cid:231)on (cid:224) l’extrŒme et d’oser avancer la thŁse : en toute activitØ philosophique il ne s’agissait jusqu’alors absolument pas de trouver la (cid:19) vØritØ (cid:20), mais de quelque chose de tout (cid:224) fait autre, disons de santØ, d’avenir, de croissance, de puissance, de vie... (cid:20) Friedrich Nietzsche Table des matiŁres RØsumØ ii Avant-propos iii Table des matiŁres vi 1 Introduction 1 1.1 Les cours au CollŁge de France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 1.2 La gouvernementalitØ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 2 Le parcours d’une Øtude sur le pouvoir 12 2.1 Les fondements d’une anthropologie moderne : les pratiques excluantes 15 2.2 Les paramŁtres d’une anthropologie moderne : le tissage d’une ØpistØmŁ 20 2.3 Vers l’articulation d’un projet politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 3 Les travaux d’un gØnØalogiste 34 3.1 L’avŁnement d’une (cid:19) microphysique du pouvoir (cid:20) . . . . . . . . . . . . 37 3.2 Le cycle de la discipline . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 3.3 Le cycle du biopouvoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 4 La gouvernementalitØ 56 4.1 RØcapitulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 4.2 Le pouvoir pastoral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 4.3 Conduites et (cid:19) contre-conduites (cid:20) : vØritØs et rØsistances . . . . . . . . 69 4.4 La raison d’(cid:201)tat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 4.5 Du pastorat (cid:224) l’Øconomie politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 4.6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 5 Conclusion : Vers une Øthique politique de la rØsistance 93 5.1 GouvernementalitØ et relations de pouvoir . . . . . . . . . . . . . . . . 94 5.2 Le problŁme du gouvernement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96 5.3 Domination et gouvernement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98 5.4 L’(cid:201)tat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 5.5 Comment et pourquoi penser autrement? . . . . . . . . . . . . . . . . . 102 5.6 Le critŁre du (cid:19) meilleur choix (cid:20) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108 Bibliographie 110 Chapitre 1 Introduction (cid:19) J’espŁre que la vØritØ de mes livres est dans l’avenir. (cid:20) Michel Foucault 1.1 Les cours au CollŁge de France (cid:19) La raison est-elle totalitaire? (cid:20) Cette question qui donne suite aux propos d’Ador- no et d’Horkheimer au lendemain de la Seconde Guerre mondiale ouvre un dØbat trŁs 1 profond . Parmi les nombreuses fa(cid:231)ons d’apprØhender cette question (cid:28)gure l’interroga- tion qui demande (cid:224) savoir si la raison peut tolØrer son contraire. Peut-on seulement 1Nous reprenons cette question qui ouvre l’article de Michel Senellart, Michel Foucault : (cid:19) gou- vernementalitØ (cid:20) et raison d’(cid:201)tat (Senellart, 1993, p. 276). Cette question provient du passage tirØ de l’ouvrage La dialectique de la raison : (cid:19) Chaque rØsistance spirituelle qu’elle [la Raison] rencontre ne fait qu’accro(cid:238)tre son Ønergie. Cela vient du fait que la Raison se reconna(cid:238)t mŒme dans les mythes. Quels que soient les mythes auxquels se rØfŁre une telle rØsistance, du fait mŒme qu’en s’opposant ils setransformentenarguments,ilsreconnaissentleprincipederationalitØdestructricequ’ilsreprochent (cid:224) la Raison. La raison est totalitaire (cid:20) (Horkheimer et T.W. Adorno, 1974, p. 24). C’est nous qui soulignons ici. Chapitre 1. Introduction 2 penser contre la raison? Il semble que non. Nul n’Øchappe (cid:224) la raison : elle est notre prØsence d’esprit, notre langage, notre prØsent, notre expØrience. Mais cette expØrience a-t-elle elle-mŒme une histoire? Plus profondØment, sommes-nous ce que nous pensons Œtre? Est-il seulement pos- sible de faire la gØnØalogie de ce que nous sommes; de dØgager un espace entre ce (cid:19) nous (cid:20) et ce (cid:19) je (cid:20) qui se renvoient constamment l’un (cid:224) l’autre lorsque convoquØs? C’est en tentant de rØpondre (cid:224) ces questions que Michel Foucault brisera succes- sivement trois grandes idoles de la modernitØ : l’histoire, le sujet et la vØritØ. Plus prØcisØment, c’est l’intØrŒt pour ces questions qui lui fera dØclarer en 1982 que son objectif ne fut pas d’analyser le pouvoir, mais de produire une histoire des di(cid:27)Ørents modes de subjectivation de l’Œtre humain au sein de la culture occidentale (Foucault, 2001i). Il ne s’agit donc pas d’une destruction pure et simple de ces trois idoles, mais 2 d’une (cid:19) problØmatisation (cid:20) de la fa(cid:231)on dont nous les pensons . SelonDidier(cid:201)ribon,tousleslivresdeFoucault,aufond,ontposØlamŒmequestion: (cid:19) (cid:192) travers quels jeux de vØritØ l’homme se donne-t-il (cid:224) penser son Œtre propre quand il se per(cid:231)oit comme fou, quand il se regarde comme malade, quand il se rØ(cid:29)Øchit comme Œtre vivant, parlant et travaillant, quand il se juge comme et se punit (cid:224) titre de criminel? (cid:20) Et en(cid:28)n : (cid:19) (cid:192) travers quels 3 jeux de vØritØ l’Œtre humain s’est-il reconnu comme homme de dØsir? (cid:20) ((cid:201)ribon, 1991, p. 346) Peut-Œtre s’agit-il e(cid:27)ectivement d’une seule et mŒme question. Mais concrŁtement, 2 Le projet de Foucault peut se rØsumer (cid:224) celui d’un historien des systŁmes de pensØe. Ce projet n’est toutefois pas banal. Notre introduction et notre premier chapitre s’appliqueront (cid:224) traduire les contours de celui-ci. Soulignons seulement pour l’instant que les pensØes, pour Foucault, sont d’abord des (cid:19) relations, vivantes et vØcues, entre la pratique et la thØorie, entre l’institution et le concept. (cid:20) Aussi, pour Foucault, les pensØes, par leurs attaches institutionnelles, se distinguent-elles des rØalitØs intermØdiaires ou de recherches d’origines dont le vitalisme et la phØnomØnologie faisaient leur objet ((cid:201)ribon, 1991, pp. 368-369). 3 Ces propos de Foucault sont citØs par (cid:201)ribon. On peut les retrouver dans le deuxiŁme tome de l’Histoire de la sexualitØ : Le souci de soi, page 12-13, 2004c. Chapitre 1. Introduction 3 on peut dire que la forme de cette interrogation s’articule selon deux grands axes chez Foucault. D’une part, il y a l’axe thØorique de la raison, qui s’intØresse (cid:224) savoir com- ment les Œtres humains se comprennent et se gouvernent selon la production de vØritØs. D’autre part, il y a l’axe pratique de la sociØtØ occidentale qui problØmatise ce qu’im- plique la production, la reproduction ou la transformation de ces vØritØs au niveau du statut, du r(cid:244)le et de l’autoritØ confØrØs aux individus et aux institutions au sein des 4 sociØtØs modernes occidentales . Pour Œtre encore plus prØcis, on peut dØcouper (cid:224) l’intØrieur de ces deux axes trois champs d’analyse auxquels s’intØresse plus particuliŁrement Foucault. Il y a d’abord l’investigation historique des pratiques discursives liØes aux domaines de la connais- sance et du savoir, ce qui permet (cid:224) Foucault de suivre la formation des savoirs tout en Øchappant au dilemme du progrŁs scienti(cid:28)que ou de sa rØduction (cid:224) l’idØologie [la 5 pØriode (cid:19) archØologique (cid:20) (1961-1969)] . Il y a ensuite l’investigation des relations de pouvoir envisagØes comme des stratØgies ouvertes, ce qui permet (cid:224) Foucault d’Øchapper (cid:224) l’alternative d’un pouvoir con(cid:231)u seulement comme domination ou simulacre [la pØ- 6 riode dite (cid:19) gØnØalogique (cid:20) (1970-1984)] . Il y a (cid:28)nalement l’investigation des relations Øthiques, que Foucault Øtudie sous l’angle des formes et des modalitØs du (cid:19) rapport (cid:224) soi (cid:20) par lesquelles l’individu se constitue et se reconna(cid:238)t comme sujet d’un ou de 4 Nous dØveloppons ici une adaptation des propos de Ashenden and Owen (1999, pp. 9-10). 5 Foucault cherche (cid:224) dØgager une histoire qui ne demande pas (cid:224) la science si son cheminement l’a rapprochØe ou non de la vØritØ, mais une histoire capable d’illustrer que la vØritØ est prØcisØment un certain rapport que le savoir entretient avec lui-mŒme, en montrant que ce rapport possŁde une histoire qui lui est propre (Foucault, 2001b, p. 873). Notons en outre que Foucault distingue savoir et connaissance :le(cid:19)savoir(cid:20)estun(cid:19)processusparlequellesujetsubitunemodi(cid:28)cationparcelamŒme qu’il conna(cid:238)t, ou plut(cid:244)t lors du travail qu’il e(cid:27)ectue pour conna(cid:238)tre (cid:20); tandis que la (cid:19) connaissance (cid:20) est (cid:19) le travail qui permet de multiplier les objets connaissables, de dØvelopper leur intelligibilitØ, de comprendre leur rationalitØ, mais en maintenant la (cid:28)xitØ du sujet qui enquŒte (cid:20) (Foucault, 2001b, p. 876). 6 Dansunentretiendejuin1976,FoucaultdØclarequecequifaitquelepouvoirtient,qu’onl’accepte, (cid:19) c’est tout simplement qu’il ne pŁse pas seulement comme une puissance qui dit non, mais qu’en fait il traverse, il produit les choses, il induit du plaisir, il forme du savoir, il produit du discours; il faut le considØrer comme un rØseau productif qui passe (cid:224) travers tout le corps social beaucoup plus que commeuneinstancenØgativequiapourfonctionderØprimer.(cid:20)OnvoiticicommentFoucaultrenvoie dos (cid:224) dos la thØorie d’un pouvoir seulement rØpressif ou simulacre (Foucault, 2001c, pp. 148-149). Chapitre 1. Introduction 4 7 plusieurs (cid:19) rØgimes de vØritØ (cid:20) [la pØriode dite (cid:19) Øthique (cid:20) (1980-84)] . OncomprenddŁslorspourquoiceprogrammed’Øtudefortambitieuxs’Øchelonnesur plusieurs volumes, quelques centaines d’Øcrits, et plus de vingt ans de recherches. Sur le plan thØorique, il recoupe plusieurs domaines d’Øtude qui paraissent (cid:224) premiŁre vue sans communemesure:l’histoiredelamØdecine,l’histoiredelapensØepolitique,l’histoirede la sexualitØ. De surcro(cid:238)t, cette vaste entreprise intellectuelle comprend plusieurs annØes d’enseignement au CollŁge de France, qui, au (cid:28)l de leur publication, nous rØvŁlent peu (cid:224) peu les intuitions et les prØcisions manquantes (cid:224) la comprØhension d’une pensØe qui 8 aimait se dØplacer comme l’(cid:19) Øcrevisse (cid:20) . Pour nous, les treize cours qu’o(cid:27)re Michel Foucault au CollŁge de France entre les annØes 1970 et 1984 jouent un r(cid:244)le primordial. Ceux-ci renferment en e(cid:27)et une vØritable mine d’informations et de prØcisions sur des concepts cruciaux qui demeurent parfois 9 peu explicitØs dans les publications de cet auteur . Aussi, l’Øtude de ces cours devient- elle d’autant plus nØcessaire lorsqu’on comprend que Foucault y amorce parfois de vØritables dØplacements thØoriques, modi(cid:28)ant ou prØcisant l’itinØraire de sa pensØe et 10 le choix de ses orientations philosophiques . 7 Foucault prØcise en 1983 qu’il fut amenØ (cid:224) discuter de l’Øthique dans la mesure oø l’analyse des phØnomŁnesdepouvoirneluiparaissaitpaspouvoirrendrecomptedephØnomŁnesplus(cid:28)nsetdØtaillØs, (cid:224)savoirlaquestiondu(cid:19)dire-vrai(cid:20)sursoi-mŒme,associantainsiladØmarchegØnØalogiqueetl’examen des pratiques Øthiques (Foucault, 2001l, p. 1270). Nous y reviendrons ultØrieurement. 8 S’agissant de ce dØplacement de (cid:19) l’Øcrevisse (cid:20), nous faisons allusion ici (cid:224) la fa(cid:231)on dont Foucault dØcrit avec humour son mode de progression thØorique : (cid:19) je suis comme l’Øcrevisse, je me dØplace latØralement (cid:20) (Foucault, 2004e, p. 80). Foucault signale ainsi ses recherches parfois fort intuitives et vouØes au travail de l’exploration. 9Par exemple, le concept de (cid:19) biopouvoir (cid:20) que l’on voit appara(cid:238)tre au chapitre 5 de La volontØ de savoir (Foucault, 2004b), se voit explicitØ beaucoup plus largement dans les cours du 17 mars 1976 (Foucault, 1997, pp. 213-235) et du 11 janvier 1978 (Foucault, 2004f, pp. 3-29). Il faut nØanmoins prendre en compte l’avertissement nuancØ de Foucault que nous retrouvons sous la plume d’(cid:201)ribon. S’exprimant au sujet des cours au CollŁge de France, Foucault dØclare en e(cid:27)et : (cid:19) Il y a beaucoup de dØchets, mais il y a aussi beaucoup de boulot et de pistes de travail qui pourraient servir (cid:224) des petits gars (cid:20) ((cid:201)ribon, 1991, p. 347). 10 (cid:192)cete(cid:27)et,outreleconceptde(cid:19)biopouvoir(cid:20)surlequelnousreviendronsultØrieurement,l’undes dØplacements thØoriques les plus important est l’avŁnement du concept de (cid:19) gouvernementalitØ (cid:20).
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