ministère de l’éducation nationale français 4 e Livret de cours Rédaction N. Langbour F. Nottebaert S. Rio Coordination C. Lenègre F. Milhe Poutingon Expertise pédagogique F. Didier (IA-IPR de lettres) Enregistrement A. Cresseaux Relecture M. Barazer Dessins N. Julo P. Derr Ce cours est la propriété du Cned. Les images et textes intégrés à ce cours sont la propriété de leurs auteurs et/ou ayants droit respectifs. Tous ces éléments font l’objet d’une protection par les dispositions du code français de la propriété intellectuelle ainsi que par les conventions internationales en vigueur. Ces contenus ne peuvent être utilisés qu’à des fins strictement personnelles. Toute reproduction, utilisation collective à quelque titre que ce soit, tout usage commercial, ou toute mise à disposition de tiers d’un cours ou d’une œuvre intégrée à ceux-ci sont strictement interdits. © Cned – 2009 Directeur de la publication Serge Bergamelli Achevé d’imprimer le 31 juillet 2012 Dépôt légal 4e trimestre 2012 3, rue Marconi - 76130 Mont-Saint-Aignan Sommaire Séquence 1 Lire une nouvelle réaliste de Maupassant Durée approximative de la séquence : 11 h 30 Séance 1 Découvrir Maupassant Séance 2 Étudier l’incipit d’« Une partie de campagne » Séance 3 Étudier la rencontre avec les canotiers Séance 4 Analyser le verbe Séance 5 Étudier un tableau : Le Déjeuner des canotiers d’Auguste Renoir Séance 6 Étudier le tête-à-tête amoureux Séance 7 Comprendre l’emploi des connecteurs spatio-temporels dans la construction du récit et de la description Séance 8 La chute de la nouvelle réaliste Séance 9 Je m’évalue Séquence 1 Socle commun Durant cette séquence, tu auras l’occasion de développer tes connaissances et de travailler des items des compétences ci-dessous. Différents items seront travaillés tout au long de l’année et l’an prochain, en troisième. Tu es encore en phase d’apprentissage ; l’évaluation des compétences n’intervient véritablement qu’en fin d’année de troisième et s’effectue par un regard croisé dans toutes les matières. CompétenCe 1. La maîtrise de la langue française Repérer des informations dans un texte à partir des éléments explicites et des éléments implicites nécessaires. Résumer un texte. Écrire lisiblement un texte. Rédiger un texte bref, cohérent et ponctué, en réponse à une question ou à partir de consignes données. Utiliser les principales règles orthographiques. CompétenCe 5. La culture humaniste Décrire des œuvres d’art préalablement étudiées. CompétenCe 7. L’autonomie et l’initiative Être autonome dans son travail : savoir l’organiser, le planifier, l’anticiper, rechercher et sélectionner des informations utiles. Identifier ses points forts et ses points faibles dans des situations variées. Savoir s’auto-évaluer. 8 — © Cned, Français 4e séance 1 — Séquence 1 Séance 1 Découvrir Maupassant Je peux lire aussi … Dans le cadre de cette séquence, tu peux lire aussi en lecture cursive les nouvelles de Guy de Maupassant suivantes : – Aux champs – La Parure – Le Donneur d’eau bénite Tu les trouveras aisément sur Internet. © Cned / N. Julo Durée approximative : 30 minutes. Les durées indiquées en début de séance sont approximatives. Il est possible que tu aies besoin d’un peu plus (ou moins) de temps pour réaliser l’ensemble. Dans cette séquence, tu vas étudier une nouvelle de Maupassant. Avant de travailler sur les textes, tu vas apprendre à mieux connaître l’auteur. A Découvrir la vie de maupassant 1- Apprends à mieux connaître la vie de Maupassant en reliant chaque question posée dans la colonne A à sa réponse proposée dans la colonne B. Pour répondre aux questions, cherche sur Internet ou dans un dictionnaire. Colonne A Colonne B Quand Maupassant est-il né ? • • Gustave Flaubert a été son mentor (conseiller). [A] Où Maupassant est-il né ? • • Il a écrit des nouvelles réalistes et des nouvelles fantastiques (tu découvriras plus tard le sens de ces adjectifs) [B] Quel écrivain normand a été le conseiller • • Il a été journaliste. [C] littéraire de Maupassant ? Quel écrivain, chef de file de l’école • • Il est né le 5 août 1850. [D] naturaliste (mouvement littéraire du XIXe s.), a contribué à faire connaître Maupassant en tant qu’écrivain ? Quels types de nouvelles Maupassant a-t-il • • Il est mort le 6 juillet 1893. [E] écrits ? Quel métier Maupassant a-t-il exercé ? • • C’est émile Zola. [F] Quelle activité sportive Maupassant • • Il a été victime de dépression et de folie. [G] pratiquait-il sur la Seine ? Quels troubles physiologiques ont conduit • • Il est né en normandie. [H] Maupassant à sa mort ? Quand Maupassant est-il mort ? • • Il faisait du canotage. [I] © Cned, Français 4e — 9 Séquence 1 — séance 1 2- Tu as sûrement remarqué que, dans le premier exercice, les informations de la colonne B sont suivies d’une lettre de l’alphabet entre crochets. Pour vérifier que tu as trouvé les bonnes réponses, relie, sur le dessin suivant, les lettres associées aux informations dans l’exercice 1 en suivant l’ordre dans lequel tu les as utilisées. Si tu as trouvé les bonnes réponses au premier exercice, tu verras apparaître Maupassant. Tu as certainement trouvé les bonnes réponses ; regarde tout de même dans le corrigé. 10 — © Cned, Français 4e séance 1 — Séquence 1 B Découvrir les œuvres de maupassant Place, dans la grille ci-dessous, les titres de quelques romans et nouvelles de Maupassant. Le titre à écrire dans les cases grises est celui de la nouvelle que tu vas étudier à partir de la séance 2. – Adieu – Au printemps – Bel-Ami – Boule de Suif – La Confession – La Main – La Parure – Le Horla – Le Papa de Simon – Sur l’eau – Une partie de campagne B B p H Compare tes réponses avec celles du corrigé. © Cned, Français 4e — 11 Séquence 1 — séance 2 Séance 2 Étudier l’incipit d’« Une partie de campagne » Durée approximative : 1 heure. Tu vas à présent commencer l’étude d’une nouvelle de Maupassant intitulée « Une partie de campagne », intégralement reproduite dans cette séquence. Dans cette séance, tu vas étudier l’incipit de la nouvelle, c’est-à-dire le début. Avant de commencer, prends ton cahier. En haut de la première page, recopie en rouge le numéro et le titre de la séquence. Encadre-les. Écris ensuite en rouge le numéro et le titre de la séance. Souligne-les. Lis à présent le texte ci-dessous puis réponds aux questions posées : 1 On avait projeté depuis cinq mois d’aller déjeuner aux environs de Paris, le jour de la fête de Mme Dufour, qui s’appelait Pétronille. Aussi, comme on avait attendu cette partie impatiemment, s’était-on levé de fort bonne heure ce matin-là. M. Dufour, ayant emprunté la voiture du laitier, conduisait lui-même. La carriole, à 5 deux roues, était fort propre ; elle avait un toit supporté par quatre montants de fer où s’attachaient des rideaux qu’on avait relevés pour voir le paysage. Celui de derrière, seul, flottait au vent, comme un drapeau. La femme, à côté de son époux, s’épanouissait dans une robe de soie cerise extraordinaire. Ensuite, sur deux chaises, se tenaient une vieille grand-mère et une jeune fille. On apercevait encore la chevelure jaune d’un 10 garçon qui, faute de siège, s’était étendu tout au fond, et dont la tête seule apparaissait. Après avoir suivi l’avenue des Champs-Élysées et franchi les fortifications à la porte Maillot, on s’était mis à regarder la contrée1. En arrivant au pont de Neuilly, M. Dufour avait dit : « Voici la campagne enfin ! » et sa femme, à ce signal, s’était attendrie sur la nature. 15 Au rond-point de Courbevoie, une admiration les avait saisis devant l’éloignement des horizons. À droite, là-bas, c’était Argenteuil, dont le clocher se dressait ; au-dessus apparaissaient les buttes de Sannois et le Moulin d’Orgemont. À gauche, l’aqueduc de Marly se dessinait sur le ciel clair du matin, et l’on apercevait aussi, de loin, la terrasse de Saint-Germain ; tandis qu’en face, au bout d’une chaîne de 20 collines, des terres remuées indiquaient le nouveau fort de Cormeilles. Tout au fond, dans un reculement formidable, par-dessus des plaines et des villages, on entrevoyait une sombre verdure de forêts. Le soleil commençait à brûler les visages ; la poussière emplissait les yeux continuellement, et, des deux côtés de la route, se développait une campagne 25 interminablement nue, sale et puante. On eût dit qu’une lèpre2 l’avait ravagée, qui rongeait jusqu’aux maisons, car des squelettes de bâtiments défoncés et abandonnés, ou bien des petites caravanes inachevées, faute de paiement aux entrepreneurs, tendaient leurs quatre murs sans toit. Notes : 1. « contrée » : région correspondant aux environs de Paris. 2. « lèpre » : maladie. 12 — © Cned, Français 4e séance 2 — Séquence 1 A Comprendre le texte As-tu bien lu ? Pour vérifier ta lecture, réponds aux questions suivantes sur ton cahier de brouillon. 1- Qui raconte l’histoire ? Est-ce un personnage de l’histoire ? 2- a) Quels sont les personnages présents dans le texte ? Donne précisément leurs noms, quand c’est possible. b) Où vivent-ils ? Où vont-ils ? c) Justifie ta précédente réponse en soulignant en bleu les toponymes, c’est-à-dire les noms des lieux. 3- a) Pourquoi les personnages vont-ils à la campagne ? b) Comment y vont-ils ? c) Quel moment précis les personnages ont-ils choisi pour cette sortie ? 4- a) Surligne la seule phrase prononcée par un personnage. Qui parle ? b) Quel sentiment du personnage cette phrase trahit-elle ? N’oublie pas de vérifier tes réponses dans le corrigé avant de passer aux exercices suivants. 5- Selon toi, à quelle classe sociale appartiennent les personnages ? Aide-toi de tes réponses précédentes pour répondre. je retiens L’incipit Tu as étudié en cinquième l’incipit (séquence 2, séance 1). Tu vas maintenant approfondir tes connaissances… Issu du mot latin incipio signifiant « je commence », l’incipit est un moment important d’un récit : il s’agit des premières pages qui permettent au lecteur de découvrir le livre. L’incipit apporte un certain nombre d’informations : où se déroule l’action ? Ici, elle se déroule à la campagne. Quand se déroule l’action ? Ici, l’action se déroule au printemps, le jour de la fête de Mme Dufour (Sainte-Pétronille : 31 mai ou fête des mères). Qui sont les personnages principaux ? Ici, il s’agit du couple Dufour, de leur fille, de la grand-mère et d’un garçon aux cheveux jaunes. L’incipit permet de planter le décor : il doit inciter le lecteur à poursuivre sa lecture. B Analyser la description de la campagne 1- Quelle est la réaction de Mme Dufour en voyant la campagne ? 2- Relis le cinquième paragraphe (l. 15-21) a) Quelle image de la nature est donnée par cette description ? Dans le paragraphe, souligne en rouge les mots qui justifient ta réponse. b) Relève les deux verbes renvoyant au sens de la vue dans ce paragraphe. c) Qui est désigné par le pronom sujet « on » ? © Cned, Français 4e — 13 Séquence 1 — séance 2 d) Le paysage est-il décrit du point de vue interne (c’est-à-dire à travers le regard d’un ou de plusieurs personnages) ou du point de vue externe (c’est-à-dire du point de vue d’un narrateur extérieur) ? je retiens Le point de vue dans la description 1. Quand la description est faite à travers le regard d’un personnage de l’histoire, on dit que le point de vue est interne. Les informations nous renseignent uniquement sur ce que voit et ressent le personnage. Attention : on trouve le point de vue interne aussi bien dans les récits à la première personne que dans les récits à la troisième personne. 2. Quand la description est faite à travers le regard d’un témoin, extérieur à l’histoire, on dit que le point de vue est externe. Les informations se limitent à ce que l’on voit de l’extérieur. 3. Quand la description est faite par un narrateur extérieur à l’histoire, mais qui sait tout, on dit que le point de vue est omniscient. Les informations concernent aussi bien les personnages (leur identité, leurs sentiments…) que le cadre du récit (histoire, vue d’ensemble…). e) En t’aidant des informations fournies dans le paragraphe, dessine un plan de la campagne. Compare tes réponses avec celles du corrigé. 3- Relis le sixième paragraphe (l. 22-26). a) Quelle image de la nature est donnée par cette description ? Dans le paragraphe, souligne en vert les mots qui justifient ta réponse. b) Selon toi, qui voit ? Le paysage et les personnages sont-ils décrits du point de vue interne ou du point de vue externe ? c) Pourquoi la description de la nature est-elle si différente entre le cinquième et le sixième paragraphe? Vérifie tes réponses dans le corrigé puis recopie dans ton cahier et apprends le « Je retiens » qui suit. je retiens La nouvelle réaliste Genre bref, la nouvelle est un récit court centré sur un seul événement. Cette brièveté impose au narrateur de présenter rapidement le décor, l’intrigue et les personnages. Contrairement au roman, la nouvelle n’a pas le temps de développer les pensées et les sentiments des personnages. L’auteur n’évoque qu’un ou deux traits de caractère. Par ailleurs, dans la nouvelle réaliste, le décor est décrit avec précision afin que le lecteur reconnaisse le cadre et identifie des lieux réels. C’est pour cette raison que Maupassant multiple les toponymes (noms de lieux) désignant la banlieue parisienne. Tu peux désormais poursuivre ta lecture. Voici la suite de la nouvelle… 14 — © Cned, Français 4e séance 2 — Séquence 1 De loin en loin, poussaient dans le sol stérile de longues cheminées de fabriques, seule végétation de ces champs putrides où la brise du printemps promenait un parfum de pétrole et de schiste mêlé à une autre odeur moins agréable encore. Enfin, on avait traversé la Seine une seconde fois, et, sur le pont, cela avait été un ravissement. La rivière éclatait de lumière ; une buée s’en élevait, pompée par le soleil, et l’on éprouvait une quiétude douce, un rafraîchissement bienfaisant à respirer enfin un air plus pur qui n’avait point balayé la fumée noire des usines ou les miasmes des dépotoirs. Un homme qui passait avait nommé le pays : Bezons. La voiture s’arrêta, et M. Dufour se mit à lire l’enseigne engageante d’une gargote : « Restaurant Poulin, matelotes et fritures, cabinets de société, bosquets et balançoires. » « Eh bien, madame Dufour, cela te va-t-il ? Te décideras-tu à la fin ? » La femme lut à son tour : « Restaurant Poulin, matelotes et fritures, cabinets de société, bosquets et balançoires. » Puis elle regarda la maison longuement. C’était une auberge de campagne, blanche, plantée au bord de la route. Elle montrait, par la porte ouverte, le zinc brillant du comptoir devant lequel se tenaient deux ouvriers endimanchés. À la fin, Mme Dufour se décida : « Oui, c’est bien, dit-elle ; et puis il y a de la vue. » La voiture entra dans un vaste terrain planté de grands arbres qui s’étendait derrière l’auberge et qui n’était séparé de la Seine que par le chemin de halage. Alors on descendit. Le mari sauta le premier, puis ouvrit les bras pour recevoir sa femme. Le marchepied, tenu par deux branches de fer, était très loin ; de sorte que, pour l’atteindre, Mme Dufour dut laisser voir le bas d’une jambe dont la finesse primitive disparaissait à présent sous un envahissement de graisse tombant des cuisses. M. Dufour, que la campagne émoustillait déjà, lui pinça vivement le mollet, puis, la prenant sous les bras, la déposa lourdement à terre, comme un énorme paquet. Elle tapa avec la main sa robe de soie pour en faire tomber la poussière, puis regarda l’endroit où elle se trouvait. C’était une femme de trente-six ans environ, forte en chair, épanouie et réjouissante à voir. Elle respirait avec peine, étranglée violemment par l’étreinte de son corset trop serré ; et la pression de cette machine rejetait jusque dans son double menton la masse fluctuante de sa poitrine surabondante. La jeune fille ensuite, posant la main sur l’épaule de son père, sauta légèrement toute seule. Le garçon aux cheveux jaunes était descendu en mettant un pied sur la roue, et il aida M. Dufour à décharger la grand-mère. Alors on détela le cheval, qui fut attaché à un arbre ; et la voiture tomba sur le nez, les deux brancards à terre. Les hommes, ayant retiré leurs redingotes, se lavèrent les mains dans un seau d’eau, puis rejoignirent leurs dames installées déjà sur les escarpolettes. Mlle Dufour essayait de se balancer debout, toute seule, sans parvenir à se donner un élan suffisant. C’était une belle fille de dix-huit à vingt ans ; une de ces femmes dont la rencontre dans la rue vous fouette d’un désir subit, et vous laisse jusqu’à la nuit une inquiétude vague et un soulèvement des sens. Grande, mince de taille et large des hanches, elle avait la peau très brune, les yeux très grands, les cheveux très noirs. Sa robe dessinait nettement les plénitudes fermes de sa chair qu’accentuaient encore les efforts des reins qu’elle faisait pour s’enlever. Ses bras tendus tenaient les cordes au-dessus de sa tête, de sorte que sa poitrine se dressait, sans une secousse, à chaque impulsion qu’elle donnait. Son chapeau, emporté par un coup de vent, © Cned, Français 4e — 15
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