Axe 4 du programme RAUDIN, Février 2013 Etude de cas – Le Drive-Fermier 33 Sous la direction d’Aurélie Laborde, MCF MICA Etude réalisée par : Tom Aguilar, Fanny Etienne, Alexandra Gouttefarde, Julien Lacaze, Thibault Parpaillon, Marie Pozzo Di Borgo, Laetitia Wright Sommaire Sommaire..............................................................................................................................2 Introduction..........................................................................................................................3 I-‐ L’agriculture à l’ère du numérique....................................................................................4 A) Agriculture et NTIC.....................................................................................................4 B) Le Drive : historique et concept.................................................................................9 C) Secteur alimentaire : univers et tendances de consommation................................11 II-‐ Focus sur le Drive-‐Fermier Bordelais...............................................................................14 A) Le Drive-‐Fermier : retour sur un nouveau concept..................................................14 B) Analyse du site web : ses principaux composants....................................................18 C) Analyse de l'image sur les réseaux sociaux..............................................................22 D) Analyse des autres outils de communication...........................................................25 E) La stratégie de communication....................................................................................27 III-‐ Quelles autres expériences en France ?......................................................................29 A) Benchmark concurrentiel.........................................................................................29 B) Mapping synthétique...............................................................................................41 IV. Réflexions et préconisations..............................................................................................43 A) Diagnostic de la situation.........................................................................................43 B) Recommandations...................................................................................................46 Conclusion...........................................................................................................................48 Bibliographie.......................................................................................................................49 Table des annexes...............................................................................................................52 2 Introduction A l’ère du numérique, le secteur agricole a su évoluer avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Le numérique devient ainsi un nouveau canal incontournable utilisé par les producteurs pour vendre leurs récoltes au plus grand nombre. Ces nouvelles techniques de commercialisation, appelées les « circuits courts », tendent à réduire le nombre d’intermédiaires. Une pratique en vogue qui séduit de plus en plus les Français. Aujourd’hui, le consommateur français cherche à redonner du sens à son acte d’achat, notamment en consommant local et responsable. C’est ainsi que de nouvelles plateformes numériques voient le jour. Elles ont notamment pour objectif de mettre en relation directe les producteurs et les consommateurs, dans une logique de gagnant-‐gagnant. On peut alors se demander, comment l’utilisation de plateformes numériques, permet de favoriser l’émergence des circuits courts tout en recréant du lien social ? Nous allons nous intéresser de plus près à un cas girondin, le Drive-‐Fermier 33, une boutique en ligne de produits girondins. Ce nouveau concept de circuit court est à mi-‐chemin de trois formules : drive grande distribution, point de vente collectif et AMAP1. L’objectif de cette étude de cas est d’étudier de plus près le modèle du Drive-‐Fermier 33, ses forces, ses faiblesses et ses leviers de développement. Dans un premier temps, nous allons étudier le contexte général de l’agriculture à l’ère du numérique. Puis, nous réaliserons un focus sur le Drive-‐Fermier 33, notamment à travers une analyse approfondie de leur site Internet. Ensuite, nous effectuerons un benchmark concurrentiel à l’échelle nationale, afin de mettre en lumière d’autres expériences similaires au cas girondin. L’idée est de dégager les forces et les faiblesses de chaque modèle à travers l’analyse de leurs sites Internet. Enfin, nous proposerons des recommandations et des axes de réflexion autour du cas du Drive-‐Fermier 33. Vous pourrez également retrouver en annexe de ce document, une revue de presse. 1 AMAP : Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne. 3 I- L’agriculture à l’ère du numérique A) Agriculture et NTIC Dans un contexte de mondialisation de l’économie internationale, l’agriculture française, secteur historique et pilier de l’économie, souffre d’une concurrence toujours plus accrue des pays en développement. En effet, si le vieux continent ne semble pas caractérisé par une forte démographie – la France étant un des seuls pays à avoir un taux de natalité supérieur à deux enfants par femme en 2010 (à part l’Irlande -‐ source INSEE) – la croissance démographique mondiale reste soutenue dans des pays tels que l’Inde ou le Brésil. De ce fait, l’agriculture, secteur dépendant des ressources naturelles, se voit contraint d’augmenter continuellement les volumes produits. Il est également marqué par un processus de libéralisation de l’économie mondiale et d’une urbanisation de la population. Ainsi, dans une optique de soutien de l’activité d’un secteur en léger ralentissement, nombreuses sont les réformes des politiques agricoles à avoir vu le jour ces dix dernières années. L’exemple le plus marquant est bien sûr la PAC (Politique Agricole Commune) mise en place en 2003 (et qui connaîtra une nouvelle modification cette année). Système de régulations et de subventions mis en place par la Communauté Européenne pour augmenter les rendements agricoles tout en maintenant les revenus des exploitants, la PAC avait et a toujours pour but final d’accroître la productivité pour garantir les approvisionnements, de stabiliser les marchés, ainsi que d’assurer des prix convenables au consommateur et un niveau de vie équitable à la population agricole. 4 D’autre part, il nous semble ici essentiel d’expliquer le concept des circuits courts2. Le circuit court est un circuit de distribution dans lequel il existe un minimum d'intermédiaires, entre le producteur et le consommateur final. Circuit de distribution traditionnel jusqu’aux années 60, les circuits courts reviennent à la mode depuis une dizaine d’années. Alors que la tendance globale était, et reste encore, à la consommation de masse en distribuant des produits standardisés et vendus par le biais de géants de la grande distribution, les circuits courts représentent un gage de qualité, de convivialité et une sécurité alimentaire, recherchés par le client. De plus, abordée lors des discussions du Grenelle de l'environnement dans le cadre du groupe « production et consommation durable », l'augmentation de la part de produits saisonniers et de proximité figure parmi les engagements de ce dernier. Il contribue ainsi au « développement d'une consommation durable et responsable, au maintien de l'agriculture périurbaine, à l'amélioration de la compréhension de l'agriculture par les consommateurs et à la promotion de pratiques favorables à l'environnement »3. Parmi les typologies utilisées pour différencier les différentes formes de circuits courts, celles faisant état de ventes directes d’une part (ventes collectives, marchés, ventes en tournée, à distance ou à domicile), de ventes indirectes d’autre part (via un intermédiaire tel qu’un restaurateur, un commerçant) sont certainement les plus décrites et les plus claires. Les circuits courts apparaissent alors pour les agriculteurs comme un mode de distribution complémentaire aux autres types de commercialisation en diversifiant leur activité agricole4. Si la dernière initiative du gouvernement se fonde sur la norme des années 60 en termes de circuit de distribution, la tradition s’appuie aujourd’hui sur la modernité. En effet, si de nos jours près de huit personnes sur dix utilisent Internet quotidiennement (sondage IFOP Février 2012), le Web a désormais gagné tous les milieux professionnels. Et l’agriculture ne fait pas ici partie des exceptions. Un nouveau concept a alors vu le jour : les « agrinautes ». Comme son nom l’indique, les « agrinautes » sont les agriculteurs utilisant Internet dans une optique professionnelle ou 2 « Inauguration du premier Drive-‐Fermier ». C.G, 10/10/2012. http://www.lafranceagricole.fr/actualite-‐ agricole/vente-‐directe-‐inauguration-‐du-‐premier-‐drive-‐fermier-‐63170.html 3 « Renforcer le lien entre agriculteurs et consommateurs. Plan d’action pour développer les circuits courts ». 14/06/2009. http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/100809-‐lettreCircuitsCourts.pdf 4 « Circuits courts ». 09/08/2010. http://agriculture.gouv.fr/circuits-‐courts 5 pour un simple divertissement. Et si les stéréotypes pensent ces derniers comme des « retardataires », la réalité est bien loin de cette idéologie. D’après une étude (« Agrinautes, êtes-‐vous innovateurs ?, 2010 ») menée par NTIC AGRICONSEIL5, un « agrinaute » passe aujourd’hui en moyenne huit heures par semaine sur Internet, dont plus de la moitié est consacrée à un usage professionnel, et plus de 90 % de ces derniers possèdent une connexion ADSL. Les agriculteurs sont alors bien conscients des opportunités qu’offre Internet : pour 66 % d’entre eux, les nouvelles technologies sont indispensables pour s'adapter aux nouvelles contraintes du métier. Ainsi, inspiré par le concept d’AMAP et porté par la tendance du made in France, nous assistons aujourd’hui à la naissance d’un nouveau concept : celui de Drive-‐Fermier. Nous allons maintenant analyser les enjeux communicationnels, territoriaux et stratégiques présents dans le livre blanc « Agriculture et Numérique en Aquitaine ». Le Livre Blanc « Agriculture et Numérique en Aquitaine » tente de répondre aux problématiques existantes de l’introduction des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans le milieu agricole. Fruit d’un travail collaboratif de plus de quatre années de recherche, ce document fait partie intégrante du projet RAUDIN6, projet lancé par les chercheurs et professionnels de l’université Michel de Montaigne Bordeaux 3. Inscrit dans l’axe 2 du programme FEDER (Fonds Européen de Développement Régional) « Développer les TIC au service de la société de l’information », le projet vise principalement à analyser la diffusion et l’appropriation des dispositifs numériques d’information de communication et de gestion dans les organisations agricoles régionales, à comprendre la place que prennent ces technologies dans les mutations des métiers et des pratiques 5 http://www.tic-‐agri.com/ 6 Recherches Aquitaines sur les Usages pour le Développement des dIspositifs Numériques – http://raudin.u-‐ bordeaux3.fr/ 6 professionnelles et communicationnelles de la filière agricole aquitaine et à saisir les enjeux et diffuser les recherches en travaillant avec les professionnels aquitains de l’agriculture. Pour ce faire, l’équipe de chercheurs et professionnels s’appuie sur des outils communicationnels tels que l’Observatoire Agriculture et TIC en Aquitaine (l’OAT) mais aussi sur la constitution d’un forum d’experts de l’agriculture et du numérique. Les enquêtes et observations de terrain ont amené les collaborateurs à réaliser le livre blanc « Agriculture et numérique en Aquitaine ». Dans une première partie, le livre blanc fait l’état des lieux de la diffusion du numérique, au niveau national et régional, en mettant en exergue l’exemple de l’agriculture en Aquitaine. Forte d’un territoire fortement boisé, la région compte ainsi en 2010, 43 000 exploitations agricoles et emploie pour la même année 73 900 personnes. L’enquête menée auprès de 504 agriculteurs (chefs d’exploitation) montre ainsi un fort équipement numérique personnel tant au niveau des ordinateurs (73,6 % du panel possède un ou plusieurs ordinateurs) que des téléphones mobiles (68 % d’entre eux l’utilisent dans le cadre du travail). Les Smartphones et les tablettes PC sont peu utilisés avec respectivement 3 % et 10 % d’utilisation en 2010. Si le gain de temps et de productivité est apprécié pour certains en leur faisant envisager leur métier d’agriculteur sous un nouvel angle, certains évoquent le coût encore trop important de l’équipement (en plus des frais de maintenance et de mise à jour) mais aussi la déshumanisation via le lien virtuel. Ce contraste nous amène à penser que l’utilisation des nouvelles technologies dépend fortement de l’exploitation agricole, de l’exploitant mais aussi de ses motivations et compétences à interagir avec les outils. Au regard de ces chiffres, l’usage des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans l’environnement agricole semble pleinement intégré par ces acteurs au quotidien. Toutefois, les mutations opérées actuellement sont importantes et soulèvent des problématiques naissantes, ce à quoi la deuxième partie du livre blanc tente de répondre en analysant cinq grandes mutations : la gestion de l’information, la gestion des temporalités, le développement de nouvelles 7 compétences, l’inscription sociale et sociétale de l’activité agricole et enfin la gestion de la communication et de l’image des agriculteurs. Toutes ces mutations ont donc un impact non négligeable sur les organisations du secteur agricole. L’information devient un élément essentiel dans les prises de décision et oblige les « agrinautes » à la gérer avec précaution. La communication et l’image que renvoient les agriculteurs aux consommateurs sont tout aussi importantes et peuvent avoir des répercussions plus ou moins grandes. On assiste alors à une nouvelle organisation du travail, où l’instantanéité du numérique change les temporalités. La conclusion générale se présente sous la forme de recommandations à destination des acteurs et décideurs du milieu agricole afin de leur ouvrir des perspectives quant au développement de l’intégration des nouvelles technologies de l’information et de la communication au sein de leurs exploitations. Si une majorité de ces structures sont actuellement équipées des technologies évoquées ci-‐dessus, il n’en faut pas moins marginaliser celles qui ont choisi de ne pas suivre cette voie ou qui n’en ont tout simplement pas les capacités financières. L’accès à des formations spécifiques autour du numérique permettrait à tout un chacun de l’intégrer pleinement dans un système global d’information et d’apporter de la valeur ajoutée au métier d’agriculteur. Enfin, et ce dans une période où l’agriculture française est menacée (entre 2000 et 2010, une exploitation sur quatre a disparu), une transparence des données ainsi que la traçabilité des modes de cultures et de productions seraient vraisemblablement un gage de sauvegarde de ce patrimoine agricole. 8 B) Le Drive : historique et concept Venu tout droit des Etats-‐Unis, le concept de Drive est arrivé en France avec l'émergence des fast food. Mc Donald’s ou Quick (deux marques de restauration rapide) par exemple, ont réussi à imposer dans les habitudes de consommation des Français, le fait d'aller chercher son repas en voiture via des bornes de retrait, pour le manger chez soi. Cette dynamique lancée dans les années 80 s'est vue transportée dans le monde de la grande distribution à partir des années 2000. Précurseur dans le domaine, Auchan a lancé en 2000 son service « Volumexpress ». Destiné aux clients souhaitant acquérir des produits lourds et volumineux, il leur permettait de passer leurs commandes sur Internet et de venir retirer leurs achats en magasin. Ce n'est qu'en 2006, six ans plus tard, que le service s'étend à la totalité des marchandises. Le premier drive de grande distribution, Auchan Drive, était né. Suivi de près par Chronodrive et Leclerc en 2007, le mouvement commence vite à prendre de l'ampleur et semble répondre à une réelle demande de la part des ménages français. Le boom de 2012 L'année qui vient de se terminer fut témoin d'une augmentation accrue du nombre d'enseignes créatrices de structures dédiées au marché du drive. En 2012, près de 1 700 de 9 ces enseignes étaient recensées sur le sol français, alors qu'on en dénombrait « seulement » 1 000 l'année d'avant, soit une augmentation de 70 %7 en un an. Parallèlement, les agriculteurs ne supportant plus la perte financière engrangée par l'augmentation cyclique des marges de profit des grands distributeurs sur leurs produits, des initiatives de création de circuit court éclosent un peu partout en France. Alliant pour les deux parties (consommateurs et producteurs) gain de temps et d'argent, l'idée d'associer circuit court de distribution et drive apparaît comme une évidence. Et c'est ainsi qu'est née en 2012 l'initiative Drive-‐Fermier. Un concept novateur qui allie drive et circuit court de distribution autour d'une plateforme numérique indispensable, chaînon manquant entre l'agriculteur et le client. 7 http://blog.lebondrive.fr/2012/04/le-‐boom-‐du-‐drive/ 10
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