L, P 2, ESQUISSE PHONOLOGIQUE DU SANGO URBAIN (BANGUI) PAR ANDRÉ JACQUOT Le sango véhiculaire, également connu sous le nom de sango coin- inercia1 ou tout simplement sango, est parlé sur le territoire de la république centre-africaine mais il n’est pas possible dans l’état 1 , présent des connaissances de définir avec précision l’étendue exacte de son domaine ni son importance comme moyen de communication dans l’ensemble du pays. I1 paraît certain que son aire est très étendue géographiquement, mais sa connaissance et sa pratique ne sont pas générales et il peut être ignoré poul.’ diverses raisons relevant du contexte social et de circonstances locales particulières. Le sango n’est pas une langue homogène et présente des variantes dues à divers facteurs. En premier lieu, la langue maternelle du locu- teur influe sur le sango qu’il parle et il existe ainsi un certain nombre de dialectes sango correspondant aux diverses langues locales qui manifestent leur influence dans la phonétique, le système phonologique et le lexique On remarque également qu’il existe des différences 2. entre le sango parlé chez les catholiques et celui des protestants, ce phénomène devant être rattaché par son origine à la constatation faite ci-dessus concernant les variantes locales : les Missions catholiques * . et protestantes ont en effet fixé par l’écriture dans des traductions I de textes religieux le sango parlé dans des régions déterminées et i l’ont ensuite diffusé au fur et à mesure que leur action s’étendait à d’autres régions. C’est ainsi que le sango ((protestant porte la )) 4 marque de Bossangoa, alors que la variété catholique semble avoir (( )) = .. ,C‘ sa source à Mbaïki et présente moins de particularités dues à l’in- ’0, fluence des langues locales. -r -4 -I D’autres causes de différenciation résident dans l’âge, le sexe, la ,Y- 1. Des renseignements généraux et une bibliographie sont données dans Samarin (W. J.) : Sango, an african lingua franca, n Word, 11/2, 1955, p. 254-267. 2. SAMARIN(W . J.). The Phonology of Pidgin Sango. Word, 14/1, 1958, p. 62-70. Cette &tude concerne surtout le sango parlé dans l’ouest du pays. Fonds ORSTOM __---- Documentaire __ - ~ Cote : +I2983 &:=E. _ . - -- b_lc L \-----I-- - 1 174 SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES position sociale des individus et interviennent souvent simultané- ment : les jeunes gens parlent plus cóuramment que les adultes et avec moins d’emprunts à la langue maternelle l, les femmes exercent une action conservatrice ou au contraire participent à la diffusion et à la formation du sango selon qu’elles fréquentent des marchés plus ou moins importants et cosmopolites (les hommes leur recon- naissent souvent une certaine supériorité dans la connaissance et la pratique du sango, car disent-ils, elles sont beaucoup plus bavardes I qu’eux), et enfin dans les centres urbains où s’effectue un brassage C I 3 , de populations qui peut être très important, le sango tend à se = I différencier des variantes locales en se standardisant éliminant (( D, k I du lexique des termes considérés comme archaïques OLI dont l’aire c” I i d’emploi est limitée, simplifiant le système phonologique. A Bangui, capitale de la république centre-africaine, de nom- breuses influences se conjuguent et les divers dialectes sango se trouvent confrontés en permanence L’étude qui suit est basée sur 2. des documents recueillis dans cette ville en 1958. Les deux principaux informateurs utilisés étaient de sexe masculin, âgés respectivement de 15 et 18 ans, le premier Mandjia de religion protestante, le second Banda de religion catholique, tous deux nés à Bangui et y ayant tou- jours vécu, nantis du certificat d’études primaires. Ces deux infos- mateurs peuvent être considérés comme des représentants typiques de la jeune génération citadine qui semble jouer actuellement un rôle prépondérant dans la formation d’une langue véhiculaire standardisée propre à la ville. Le corpus sur lequel s’appuie cette étude se compose de 15 textes enregistrés sur bande magnétique puis transcrits phonétiquement, et d’un fichier de vocabulaire contenant 674 termes simples. Ce chiffre peut sembler assez bas à première vue, mais il ne semble pas que le sango urbain dispose d’un matériel lexical commun à tous ses utili- sateurs qui soit très étendu. Samarin (Sango, an African Lingua Franca) estime à environ 800 termes simples le contenu du sango tel qu’il a pu l’étudier dans l’ouest du pays. I1 paraît certain qu’un tri s’effectue dans le vocabulaire et que des termes utilisés en brousse n’ont pas cours en ville, mais en tout état de cause‘la documentation recueillie, qui ne prétend du reste nullement être exhaustive, con- tient cependant la majorité des mots usuels pouvant être compris de tout interlocuteur. 1. L’utilisation du sango par les jeunes est souvent une forme de snobisme. La langue maternelle est dénigrée, considérée comme primitive par rapport au sango qui a la réputation d‘&trel a langue des citadins et jouit i ce titre d‘un grand prestige. 2. JACQUOT( André). Notes sur la situation du sango &Bangui.R ésultats d’un sondage (Ù paraffre). ESQUISSE PHONOLOGIQUE DU SANGO URBAIN (BANGUI) 175 I. PROSODIE. Le parler étudié ici se présente sous la forme d’énonces se compo- \ I posant d’une succession de syllabes ouvertes. 11 n’y a pas de con- sonnes syllabiques et le sommet de syllabe est toujours une voyelle. Chaque voyelle sert de support à un ton. Le ton est ponctuel et comprend trois registres, respectivement haut, moyen et bas, notés ici à l’aide des signes ’, - et ’, placés sur les symboles vocaliques. L’analyse des déments prosodiques se fait en partant de la notion .de more qui permet de décomposer certaines syllabes présentant un schéma mélodique montant ou descendant en une succession de deux mores, chaque more correspondant à. un ton ponctuel, sans que la voyelle qui sert de support à ces deux mores subisse d’allongement 1. Le ton a une fonction distinctive qui ressort des rapprochements suivants : dè rester / de vomir / dé froid ; kóá mort / köä (( )) (( )) (( )) (( 1) poil / kbà travail ; pápä sandale / päpä fourchette / pàpà (( )) (( 1) (( (( 1) palabrer ; kámgbá tôle / kàmgbà vieillard ; kbli coussin / (( )) (( )) (( )) (( )) kóZï mâle ; gùndã motif / grindà vanter ; kblóngb écuelle / (( )) (( )) (( )) (( kölõngö rônier (( 1) s. Le ton remplit également une fonction démarcative, mais de portée limitée, du fait que certaines syllabes se présentent du poi& de vue mélodique comme une succession de deux mores supportées par un seul timbre vocalique, et ceci dans des mots monosyllabiques. II. PHONÈMES. A. Consonnes. Phonème p. L’identité phonologique de ce phonème ressort des oppositions sui- vantes : B $f p/b : pàpà (( palabrer 1) / bàbà (( orgueil D. p/kp :p öpõ (( milieu 1) / kpdkpó (( pipe 1) ; pà(pà) (( palabrer D/ kpà(kà) ’ rl- (( tatouer n. p/m/mb : pàpà ((palabrer))/ màm( ((mère))/ mbàmbh ((huîtreD . ‘1 f+%l ‘3 p/f : pùpù ((vent1 ) / fùfù (( poumon n. 1. Pour simplifier la transcription des tons montants et descendants, analysés comme une suc- cession de tons ponctuels, nous utiliserons un double symhole vocalique, étant entendu que chacun des sigues représente une more et non un phoneme. 2. Les definitions sémantiques des mots cités dans cette étude ne visent pas B la précision. t 176 SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES Ce phonème est réalisé comme une occlusive bilabiale, sourde, non nasale, sans coarticulation dorsale. Phonème b. Son identité phonologique ressort des rapprochements suivants, auxquels s’ajoute celui effectué ci-dessus pour la distinction p/b : b/gb : bà (( pencher 1) / gbà (( nager, coïter n. b/mb/m : bàbà orgueil / mbdmbà huître / mcimá mère (( )) (( 1) (( 1). b/w : bà (( pencher 1) / wà (( propriétaire )) ; (tà)bà (( mouton 1) / (mä)wZ pauvreté (( D. b/u : bò(zö) étui / uò acheter ; (bà)bä père / (@uá être en (( 1) (( )) (( )) (( bonne santé )) 1. Ce phonème est réalisé comme une occlusive bilabiale, sonore, non nasale, sans coarticulation dorsale. Phonème mb. L’identité phonologique de m b ressort de certains rapprochenients effectués dans les paragraphes précédents pour l’identification de p et b (p/m/mb)( b/m/mb)c omplétés par les suivants : mb/nd : mbò (( chien )) / ndò (( endroit D. mb/mgb : mbáà (( compatriote 1) / mgbáà (( esclave D. mb/mu : mbe(ngë) (( cochon sauvage )) / muë(ne) (( mensonge D. Ce phonème se réalise comme une bilabiale sonore, mi-nasale, sans coarticulation dorsale. Phonème m. Son identité phonologique ressort des rapprochements faits au snjet de p, b et mb ainsi que des suivants : m/n : mi(ngi) ((beaucoup / ni(ngci) dorer )) (( 1). m/mgb : má(ngà) ’U tabac )) / mgbá(kò) (( alcool à brûler )). ’ Le phonème m est réalisé comme une nasale bilabiale. Phonème f. L’identité phonologique de ce phonème ressort du rapprochement effectué au sujet de p (p/f)e t de ceux qui suivent : 1. Les emprunts a des langues européennes (français, anglais, portugais) sont utilisés pour cette étude au meme titre que le vocabulaire africain s’ils sont parfaitement intégrés au sango. ESQUISSE PHONOLOGIQUE DU SANGO URBAIN (BANGUI) 177 flu : fÙ(1ciz) ((farine1 ) / vÙ(k8) ((noir) ) ; (fÙ)fÙ( (poumon1 ) / (Zà)uii abeille (( D. f/mv : fi(ni) K nouveau 1) / mvi(ngi) (( fronde D. f/h : fá défricher / há être alerte (( 1) (( 1). I1 se réalise comme une fricative labio-dentale sourde, non nasale. Phonème u. L’identité phonologique de u ressort des rapprochements faits à propos de b et f auxquels s’ajoutent les suivants : v/w : uh/Zii) (( blanc 1) / WÙ (( respirer 1) ; (sà)vcí (( être en bonne santé 1) / (m6))wü pauvreté n. u/h : uò acheter / hõ dépasser (( 1) (( )). Ce phonème est réalisé comme une fricative labio-dentale sonore, non nasale, ce dernier caractère ne pouvant cependant être prouvé par aucune opposition u/mv attestée par des mots où ces deux pho- . nèmes occuperaient des positions identiques ou sensiblement compa- rables. Le phonème u n’est pas très courant et mu n’a été rencontré que dans trois mots. Phonème mu. L’identité phonologique de ce phonème rare, attesté uniquement à l’initiale, ressort des rapprochements effectués au sujet de mb et f, ainsi que du suivant : mulm : mvingi fronde / mingi beaucoup (( 1) (( )I. Quoi qu’aucune opposition mv/v n’ait été rencontrée il est clair cependant que mu constitue un phonème particulier qui se réalise comme une labio-dentale sonore, mi-nasale. Phonème t; L’identité phonologique de ce phonème ressort des rapprochements suivants : t/d :t à (( marmite )) / dà (( maison 1) ; (kÕ)tZ (( grand )) / (kii)d¿i (( dette D. t/n : tè manger / nè être lourd (( )) (( )). t/nd : tö faire cuire / ndö dos (( )) (( 1). t/s :t i (( manquer )) / si (( remplir 1) ; báfà (( garder )) / bcisà (( plomb D. t/Z : ti (( manquer 1) / Z í : (( entrer )) (kü)të (( poitrine 1) / (fõ)Zë (( conte D. . t 178 SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES t/r :p é¿è (( tordre )) / përë (( herbe D. t/R :p btö chapeau / pÓRÓ peau v. (( )) - Ce phonème se réalise comme une occlusive apicale post-dentale, sourde, non nasale. c Phonème d. L’identité phonologique de d ressort de certains rapproc1iement.s faits dans le paragraphe précédent auxquels s’ajoutent ceux qui suivent : - d/n : dè ((rester) ) / nè (( être lourd D. y_ d/nd : dö hache / ndö dos (( 1) (( 11 . d/z : dè (( rester 1) / zè (( panthère 1) ; (di)& (( corne 1) / (ki)zi c( perle )) d/Z : dé (( froid 1) / Zé (c visage )) ; (kci)dci (( margouillat )) / (gd)ZC (c mar- ché )). d/r : (fci)dé (( vite 1) (tè)ré (( corps D. d/R : kddá (( margouillat )) / káRÚ (( décourager )L Ce phonème est réalisé comme une occlusive apicale post-dentale, sonore, non nasale., Phonème nd. Son identité phonologique .ressort des -rapprochements effectués à propos de t et d ainsi que des suivants : nd/n : ndé différent 1) / nè (( lourd )) ; kóndö (( poulet 1) / könö (( être grand n. nd/nz :n dü ((toucher nzü fourou ;z indè nier / zinzè achever )) (( 1) (( )) (( 1). Ce phonème est réalisé comme une apicale post-dentale, sonore, 1 mi-nasale. . > ! Phonème n. i .- L’identité phonologique de ce phonème ressort des rapprochements faits au sujet de t (tln),d (dln), nd (ndln) et m (m/n) auxquels s’ajou- tent les suivants : - \ i n/l :n i (( écraser 1) / lì (( tête )) ; kbnö (( être grand )) / kbZb (( girafe u. n/r : könö ((êtreg rand / (ndö))kÓrö ((plante (esp.) 1) D. n/R : kbnÓ hippopotame / kÓRÓ rhume (( )) (( )). Ce phonème se réalise comme une nasale apicale. 179 ESQUISSE PHONOLOGIQUE DU SANGO URBAIN (BANGUI) Phonème s. L'identité phonologique de ce phonème ressort du rapprochement - effectué au sujet de t (t/s) et de ceux qui suivent : s/z : së (( amer )) / zë enlever 1) ; l&ò (( tirer 1) / kózò (( premier 1): s/nz : si alors / mï dérober n. (( )) (( Le phonème s est réalisé comme une sifflante sourde, non nasale. Phonème z. L'identité phonologique de ce phonème ressort de certains rappro- chements faits précédemment (s/z ; d/z) et des suivants : z/nz : zä (( brûler )) / nzä (( corne N. z/l : kózò (( premier )) / kbZb (( girafe n. z/r : kízi (( perle 1) / kiri (( revenir B. z/R : kózb (( premier )) / kóRb ((trouerD . Ce phonème se réalise comme une sifflante ou une chuintante sonore, non nasale. Sa marge de réalisation chez un même individu est plus large que pour la sourde correspondante pour laquelle on n'a pas noté de' variantes chuintées. Phonème nz. . L'identité phonologique de ce phonème ressort de rapprochements indiqués ci-dessus au sujet de nd (ndlnz),s (s/nz)e t z (zlnz) auxquels s'ajoute le suivant : nz/n :n zï (( dérober )) / nï (( couler n. I1 se réalise comme une sifflante ?u une chuintante sonore, mi-nasale. I 1 L. Phonème k. Son identité phonologique ressort des rapprochements suivants : !r k/g : kó récolter / gÓ cou ; kù(dd), margouillat / gù@) (( )) (( 1) (( )) marché ; ngäkõ canne à sucre / ngdgõ épinard (I1 se pourrait (( )) (( 1) (( )) que ces deux termes qui comme on le verra plus loin présentent des combinaisons de consonnes exceptionnelles soient des composés dont les éléments ont perdu leur autonomie.) k/kp : kà ((blessure) ) / kpà (( gratter D. k/ng : kó récolter / ngó pirogue n. (( )) (( k/h : kä ((vendre) ) I hä (( essayer 1). I so 1 SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES Ce phonème est réalisé comme une occlusive dorsale, sourde, non nasale, sans coarticulat.ion bilabiale. Phonème g. L'identité phonologique de g ressort du rapprochement avec k fait dans le paragraphe précédent et de ceux qui suivent : g/gb : gá ((venir / gbd fagot )) (( )). g/ng : gú (( champignon )) ngú (( eau N. g/h .- gá venir / há être alerte n. (( )) (( Le phonème g se réalise comme une occlusive dorsale, sonore, non nasale et sans coarticulation bilabiale. Phonème ng. Son identité phonologique ressort des rapprochements effectués au sujet de k (klng) et de g (glng) ainsi que des suivants : ng/n : ngè mince / nè ((lourd (( )) 1). ng/mgb : ngá / (( aussi 1) / mgbá ((rester) L ng/nd : ngò K tambour / ndò (( endroit 1). Ce phonème est réalisé comme une dorsale sonore, mi-nasale, sans coarticulation bilabiale. Phonème kp. L'identité phonologique de ce phonème ressort des rapprochements indiqués à' propos de p (p/kp)e t de k (klkp) auxquels s'ajoutent les suivants : kp/gb : kpà gratter.))/ gbà nager, coïter ; (bC)kpä ((sésame / (( (( )) 1) (kir)gbC feuille (( D. . kp/mgb : kpà ((gratter )) / mgbà ((buffle1 ). Ce phonème est réalisé comme une occlusive labio-dorsale, sourde, inspirée, non .nasale. *i ,- Phonème gb. 1 L'identité phonologique de ce phonème ressort des oppositions '* indiquées dans les paragraphes concernant b (blgb), g (glgb) kp (kp/ gb) et de celles qui suivent : 1 ESQUISSE PHONOLOGIQUE DU SANGO URBAIN (BANGUI) 181 gb/mgb : gbd nager, coïter )) / mgbd (( buffle D. gb/w : gbá ((fagot / Wá ((feu 1) 1). Ce phonème se réalise comme une occlusive labio-dorsale, sonore, inspirée, non nasale. Phonème mgb. L’identité phonologique ‘de mgb ressort des rapprochements faits à propos de mb (mblmgb), m (m/mgb),n g (nglmgb), kp (kp/mgb) et gb (gblmgb) qui sufisent à la définir. Ce phonème est réalisé comme une labio-dorsale sonore, inspirée, mi-nasale, la partie nasale comportant une occlusion bilabiale. I1 est à noter que l’occlusion dorsale s’effectue sans qu’il y ait relâchement de l’occlusion bilabiale qui reste totale pendant toute la durée du plio- nème. Phonème h. L’identité phonologique de ce phonème ressort des rapprochements indiqués au sujet de f (f/h),u (u/h)e t k (k/h)q uiesont complétés par les suivants : h/-: há(ndà) (( mentir )) / á(ridè) (( après D. h/w : há (( être alerte )) / wá (( feu )I. Ce phonème se réalise comme une laryngale sourde, continue. I1 est relativement rare et attesté principalement à l’initiale. I1 n’a été ren- contré en position intervocalique que dans le mot dàháZé sypliilis (( D. Phonème 1. L’identité phonologique de ce phonème ressort de certains rappro- chements effectués à propos de t (t/Z), d (d/Z), ZI (n/Z),z (z/Z) et de ceux qui suivent : Z/r : mbiiZii (( poudre )) / mbfirii (( palmier à huile n. Z/R : (gö)Zb noix de palme / (kó)Rb ((trouer (( )) )). Ce phonème est réalisé comme une latérale apicale. Phonème r. L’identité phonologique de ce phonème ressort des rapprochements indiqués dans les paragraphes relatifs à t, d, n, z et I, ainsi que du sui- vant : r/R : gdrd fumée / gdRd petit poisson (( )) (( 11 . Airicanisfes. 5 182 SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES Ce phonème se réalise comme une vibrante apicale faible à un bat- tement qui offre une variante libre latérale. I1 ne se rencontre qu’en position intervocalique. Phonème R. L’identité phonologique de ce phonème ressort des rapprochements faits à propos de t, d, n, 2, Z et r, I1 n’est attesté qu’entre voyelles et se réalise comme une vibrante apicale à un battement. La différence entre la vibrante faible et la vibrante forte réside donc dans le fait que la première présente une variante latérale alors que la seconde, à conditions égales d’entourage, ne comporte qdune réalisation possible. -_ 1 - 1 Phonème y. ’ 1 i L’identité phonologique de ce phonème ressort des rapprochements suivants : y/- : yingö sel / ingù moquerie (( )) (( )I. y/z : yingö (( sel 1) / zingò (( réveiller 1). I1 est réalisé comme une fricative dorso-palatale attestée à l’ini- tiale et en position interne. Dans certaines positions qui seront vues plus bas, y peut être une réalisation des phonèmes vocaliques i et e. Phonème w. Son identité phonologique ressort des rapprochements indiqués dans les paragraphes relatifs’à b, u, gb et h, ainsi que des suivants : zu/- : wókö (( faible )) / Ókò (( un 1). w/g : wàlä (( ou bien )) 1g àZä (( marché D. Ce phonème est réalisé comme une fricative labio-dorsale attestée à l’initiale et entre voyelles. Dans certains cas w peut être la réali- sation des phonèmes vocaliques u et o (voir ci-dessous les paragraphes consacrés à ces voyelles). B. Voyelles. Phonème i: L’identité phonologique de ce phonème ressort des rapprochements suivants : 1. Ouelques rares mots présentant une nasale dorso-palatale (n u monillé i)) l’initiale ont été relevés. Vu leur rareté (il y en a quatre) et le fait qu’il existe des doublets sans nasale, il est préfé- rable d‘analyser le son /p/c omme la réalisation de y subissant une assimilation de nasalité de la part d’une voyelle nasale subséquente.