LANGUES ET CIVILISATIONS A TRADITION ORALE N° 50 ÉTUDES PYGMÉES IV ENCYCLOPÉDIE DES PYGMÉES AKA 1 (fascicule 3) EDITIONS PEETERS SELAF 330. SOCIÉTÉ D'ÉTUDES LINGUISTIOUES ET ANTHROPOLOGIOUES DE FRANCE LANGUES ET CIVILISATIONS À TRAOlTION ORALE - 50 ÉTUDES PYGMÉES IV Jacqueline M.C. THOMAS et Serge BAHUCHET éditeurs de Jacqueline M.C. THOMAS et Henri GUILLAUME ENCYCLOPÉDIE DES PYGMÉES AKA Techniques, langage et société des chasseurs-cueilleurs de la forêt centrafricaine (Sud-Centrafrique et Nord-Congo) 1 LES PYGMÉES AKA (fascicule 3) La Société SELAF 330 Publiéavec leconcoursdu CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE 1991 III. RELATIüNS EXTÉRIEURES par Henri GClllAUME Si les Pygmées ont maintenu jusqu'à ces derniéres décennies un mode de subsistance comparable à celui qu'a connu. depuis l'aube de la culture, 90% de ['humanité, ils n'en sont pas pour autant des reliques, des fossiles des temps pré-néolithiques. La connaissance de leur existence même est mentionnée dès 2400 av. J.c. sur un document trouvé dans la tombe du pharaon Nderkara. Ce dernier fait des recommandations à Herkhouf, chef d'une expédition égyptienne partie reconnaître les sourcesdu Nil. qui l'avait informé de lacapture d'un Pygmée: «Tu fais savoir à Sa Majesté, qu'aucun nain de son espèce n'avait encore été rapporté paraucun de ceux qui, jusqu'à toi. avaient entrepris le voyage du Pays des Arbres, Prends donc la route du nord et viens tout de suite, en hâte, à la résidence royale puisque tu as ramené ce nain que tu es alléchercher au Paysdes Esprits... Quand il t'accompagneraà bord. postederrière lui ct aux deuxcôtésdu bateau des hommes sûrs qui le gardent de tomber à l'eau. La nuit, pendant son sommeil. des hommessûrsdevront dormir derrière lui dans lacabine. Surveille-le dix fois pendant la nui!...» Depuis cette relation, pour l'instant la plus ancienne qui soit connue. les Pygmées ont été généralement matière à propos légendaires, le mystère qui les entourait conduisant à mettre en doute jusqu'à leur identité d'humains. Ils participaient à la fois de l'homme, de l'animal et du surnaturel. Au XVème siècle, par exemple, le commentaire d'une mappemonde les présente comme des monstres troglodytes au visage sur la poitrine. Plusieurs auteurs les cantonnent à une étape précédente de l'évolution humaine considérée durant longtempscomme unilinéaire: ce seraient des intermédiaires entre l'homme et le singe, des «pré-hommes». Les Pygmées trouvent progressivement leur «réhabilitation» aux XIXème et XXème siècles dans les récits et travaux d'explorateurs, ethnologues, anthro pologues physiques et administrateurs coloniaux. Malgré cette entrée dans le sérail des humains, ils resteront longtemps considérés comme constituant des sociétés figées, closes, qui auraient traversé les siècles dans un perpétuel présent, n'entrant véritablement dans l'Histoire, sa dynamique et sa richesse, que sous l'effet de l'implantation européenne dans le bassin congolais. L'anthropologie elle-même les a longtemps circons- 176 RELATIONS EXTERIEURES- 1. LESGRANDS NOIRS crits dans ce cadre statique, autarcique qu'elle avait remis en question plus tôt pour d'autres types de sociétés, comme les sociétés agricoles ou pastorales. Or, de récentes études archéologiques. ethnohistoriques, linguistiques. ren· dent vraisemblable l'existence d'un trés long passé migratoire et de relations avec des populations de Grands Noirs. C'est en effet dès 2.400-500 av. J.c. que la partie occidentale de la forêt équatoriale, peuplée par plusieurs groupes pygmées. parmi lesquels les Aka. aurait été pénétrée en direction du sud par des gens de savane, Ceux-ci utilisaient des outils de pierre. des poteries et détenaient sans doute des techniques de production alimentaire: des échanges possibles avec les Pygmées leur procuraient gibier et autres ressources fores tières (DAVID. 1980). L'ancienneté probable de ces contacts et leurs conséquences. notamment sur les plans économique et social (comme les modifications dans les formes de coopération et les pôles de pouvoir dans un passé rapproché), nous ont conduits à dénoncer ce que nous avons appelé le «mythe du cocon forestier» (BAHUCHET et GUILLAUME. 1979). Cette expression renvoie à l'image mysti ficatrice encore répandue des Pygmées vivant en autarcie à l'abri de la forêt. A cette marginalité est associée une prétendue pureté ou virginité culturelle qui suscite toujours la curiosité et l'engouement des publics. Le maintien jusqu'à aujourd'hui d'un mode de subsistance fondé sur la chasse-collecte ne doit pas masquer les changements et les tensions engendrés notamment parce long passé de relations extérieures. Ces dernières ont été nouées successivement ou simultanément avec des partenaires variés: Grands Noirs. commerçants européens, missionnaires. administrateurs civils et militaires coloniaux. entrepreneurs et pouvoirs publics contemporains. Elles sont passées, avant de déboucher sur la situation de rupture actuelle dans le cadre des Etats-nations. par une série de phases comportant des types de contacts de forme ct de nature différentes. 1. LES RAPPORTS AVEC LES GRANDS NOIRS Sur la vaste aire (85.000 km2 environ). qui englobe toute la zone forestière centrafricaine de l'Oubangui à la Sangha et qui s'étend au sud en République Populaire du Congo. jusqu'au cours moyen de la Likouala aux Herbes. les Aka côtoient plusieurs populations dl: langues bantoues et de langues oubanguiennes. 1i7 ENCYCLOPEDIE AKA lm- LASOCIETE Populations acruellement en contact avec les Aka fOfJlIfu[iOlls de langues hml[oues Popufarions de langues ouhunguiennes bongo Mbanza Bucmha (ou Bolcmbal Monzombo 'Jganlio Ngbaka Panlic Bari 'Jgunlii Banda-Yangere Bogongo Gbaya Kaka Bomasa Porno Yasua Sanga-Sanga (Bomoali. Lino, Bonglli Kabonga \1bomilaba Bonza Bondongo Enyèlè Comme généralement tous rapports entre sociétés. les rapports avec les Grands Noirs sont complexes, car ils se tissent sur plusieurs plans: techno économique. social. idéologique et politique. L'histoire de leur mise en place et de leur évolution fait apparaître pour l'instant trois périodes caractérisées respectivement par des processus d'associalion. d'asservissement et d'utilisa tion directe de la force de travail. Cependant, avant d'aborder l'étude de ces périodes, il est nécessaire de mieux cerner l'identité des sociétés en présence. CHASSEURS-COLLECTEURS ET AGRO-CHASSEURS Les modes de vie des deux parties, c'est-à-dire des Aka et des Grands ~oirs, ont habituellement été perçus comme radicalement différents. Aux activités de chasse-collecte. conduites par les premiers, s'opposeraient les activités agricoles, pratiquées par les seconds. La situation des populations de forêt et de lisière forestière est en réalité plus compliquée: on ne peut en rendre compte en la réduisant à une simpledichotomiechasseurs-collecteurs / agriculteurs. En effet, avant les bouleversements provoqués par la politique coloniale que nous examinerons plus loin (fourniture de biens destinés au commerce de 178 RELATIONS EXTÉRIEURES- 1. LESGRANDSNOIRS FIG.l Populations en contact a\'ec les Aka \ \ , ,-- -- \ , .... '\ 8.r.nzo..o 1 \ ICAICA1 aav.nga N CAMEROUN ZAIRE Oongou. Ip'omoo R.P. CONGO L,;'lIIItS d Elal a ENCYCLOPEDIE.>'KA 1(Jl - LASOCIÈTE traite. tlxation <:t I:onœntrallon de l'habitat, développement de cultures wmmerciaJes -1::1fé. I::1GlO-), plusieurs ethniesde Grands Noirs, généralement I:onsidérés I:ommc <:ssentiellement agriculteurs, possédaient une économie largement fondée sur la chasse el la I:ollecte. 1\ en était ainsi. parexemple, des \Igbaka. des :'-Jgando ct des lsongo de la Lobaye, des Enyélè, des Kaka et des Bondongo de "[benga-Motaba, dcs Porno de la Sangha. C<:s <:thnics -:ombinaient des travaux agricoles. limités à la culture peu ~lstrclgnantedu mais (principalement dans la Sangha) etde plantes à féculents {bananes. manJOl.:, taros. ignamesl, à des activités de chasse-I.:ollecte (et. dans une momdre mesure. de péche) qui occupaient en làit l'essentiel du calendrier annuel. Chez les Ngbaka de la Lobaye prévalait, jusqu'à il y a une trentaine d·années. une vie semi-nomade axée sur la forêt. L'acquisition des ressources forestières sauvages intervenait sans interruption tout au long de l'année, 'iculement ralentie pendant la saison séche réservée en priorité aux travaux agricoles U.M.C. THOMAS. 1963). Cette situation était rendue possible par la nature des espèces végétales cultivées qui nécessitaient des techniques et des soins wlturaux relevant plus de la «conservation vivante sur pied» que de j'agriculture: "Chez I<:s :-.lgbaka. c'est surtout pour le bananier qui assure la base-support de l'alimentationque le phenomèneest frappant. Une fois le plant mis en terre, il ne reçoit plus aucun soin jusqu'à la récolte du regime... On voit ainsi cette sociéte. géneralementconsidérée comme agricultrice. avoir pourtant une économie essen tiellement basee sur la I.:hassc ct la cueillette, avec un appoint saisonnier de féculents en «conservation vive». On touche là la limite floue entre économie de chasse-c;ueillette d ~conomie de proto-agriculture, typique de cette forêt d'Afrique Centrale...»(S. BAHUCHETelJ.M.C. THOMAS, 1980). Les plantations, véritables «greniers vivants», déplacés lorsque la terre et les plantes étaient épuisées, constituaient ainsi, dans ce semi-nomadisme forestier, le point d'attache de la population. Aujourd'hui encore. plusieurs ethnies de Grands Noirs tirent de la forêt une partie non négligeable de leurs ressources vivriéres. Etant donné cette longue tradition de chasse-eollecte en forêt, il semble plusjuste de qualifierces populations d'agro-ehasseurs plutôt que d'agriculteurs. D'autres, comme les Sonzo et les Monzombo de l'Oubangui, les Pande de la Mbaere. étant des agro-pêcheurs sans emprise véritable sur la forêt. Dans cette palette d'états combinés. intermédiaires, que révèle le coeur du bassin congolais, il y a aussi le cas de quelques populations, comme les Mbomitaba de la Haute-Likouala aux Herbes, qui menaient conjointement, et en s'y consacrant de manière comparable. agriculture. chasse-collecte et pêche. Le long passé d'activités forestières chez des populations pratiquantégalement l'agriculture représente une donnée essentielle pour comprendre non seulement les rapports entre les Ab et leurs voisins. mais aussi le fonctionnement de 180 RELATIONS EXTÉRIEURES- 1. LESGRANDS NOIRS l"écosystème forestier. La variable homme-milieu naturel ne peut être réduite à la seule interaction avec les chasseurs-collecteurs aka: elle doil intégrer la pression exercée par les populations d·agro-chasseurs. RAPPORT D'ASSOCIATION Durant une trés longue période. encore difficile à dater. mais qui s'achève sans doute dans le courant du XIXème siècle. les relations entre les Aka et les Grands Noirs ont pris la forme d'une réciprocité équilibrée de services. Ce rapport était fondé sur ("opposition complémentaire de dispositifs techniques et de modes d'insertion dans l'environnement naturel qui. en dépit de certaines similitudes que nous venons de souligner (cas des agro-chasseurs). n'en restaient pas moins différents. L'éventail des savoirs et des techniques chez les Aka est marqué par une triple absence: de la métallurgie. de la poterie et de l'agriculture. Les Grands Noirs. en revanche. pratiquent plus ou moins toutes (ou certaines de) ces activités. En ce qui concerne la métallurgie. si presque chaque ethnie possé dait ses forgerons. seules certaines d'entre elles toutefois (comme les Mon zombo. les Bofi. les Pande) opéraient ("extraction du fer. Ces derniéres techniques donnaient ainsi lieu à des échanges entre Grands Noirs. l'obten tion du métal de fonte s'effectuant contre des chèvres. des filets de chasse. de la viande fumée. des bracelets de métal et enfin d'ivoire. dans les cas d'importantes transactions. En contrepartie d'objets Corgés1(fers de sagaie. de hache et de couteau). de l.toli..bunù (è/t poteries~ et de produits agricoles3 (banane. manioc. maïs...). biens dont ils :.mbla J' , apprécient ("usage. les Aka facilitent l'accès des Grands Noirs à un monde .ema forestier étranger à ces populations originaires de savane. Ce rôle d'introduc- tion. d'initiation se réalise sur un double plan. - Sur le plan malérie/: Les Aka pourvoient leurs voisins en ressources naturelles. viande de chasse. aliments de collecte (feuilles comestibles. champignons, chenilles, miel...), plantes médicinales. ivoire4 Ce sont ces échanges qui ont été présentés par ... certains auteurscomme un troc silencieux. En raison d'un naturel farouche et d'une extrême timidité de leurs partenaires. les Grands Noirs auraient eu l'habitude de déposer leurs marchandises en un lieu précis du sous-bois. se retirant ensuite pour permettre aux Pygmées d'y placer leurs produits. puis y revenant pour juger si la contrepartie leur convenait. La réalité de ce commerce muet relève très certainement du halo de légendes qui a entouré durant longtemps les Pygmées. Conjointement à cet approvisionnement en richesses forestières, les Aka 4.sémbé ENCYCLOPÉDIEAKA 1(3)- LASOCIÉTÉ 1X1 ont servi de guides aux Grands Noirs. Comme le relatent plusieurs récits de tradition orale. c'est eux en effet qui ont conduit leurs voisins à travers la forêt durant les nombreux déplacements qu'entreprirent ces derniers au fil des siècles. La derniére grande période migratoire remonte à la fin du XVlléme siècle lorsque. sous la pression de la traite atlantique. plusieurs populations bantoues et oubanguiennes.jusque là localisées vers la confluence de l'Ouban gui et du Congo s'enfuient pour échapper au sort des colonnes d'esclaves acheminées vers la côte. Elles remontèrent vers le nord / nord-ouest. le long des grands cours d'eau forestiers: Likouala aux Herbes. Sangha. Motaba. Ibenga. Lobaye. Reconnus par les Grands Noirs eux-mêmes comme premiers occupants de la forêt. les Aka témoignent d'une profonde connaissance de cet espace. sachant en tirer tout au long de l'année un large éventail de ressources alimentaires et de matières premières (lianes. bois. résines...). Si leur culture matérielle est rudimentaire. se limitant pour l'essentiel à quelques armes et outils et à la hotte de portage. ils ont développé par contre des savoirs et des techniques sans support matériel extrèmement élaborés. C'est ainsi que l'exploitation des richesses sauvages repose en grande partie sur de remar quables capacités d'observation et d'analyse de ('environnement naturel. Par exemple. le repérage des nids d'abeilles. Apis mellitica. perdus à vingt ou trente mètres de haut dans la canopée forestière. fait appel à une grande acuité visuelle et auditive ainsi qu'à des possiilités d'interprétation raffinée des phénomènes observés dans la nature. C'est l'examen des déchets de repas de fourmis qui. lorsqu'ilscontiennent une forte proportion de fragments d·abeilles. signifie qu'une ruche dont les cadavres ont été dévorés est localisée à proximité. De même. ['utilisation des armes de chasse (arbalète. sagaie. filet) entre dans des techniques s'appuyant sur un grand savoir éthologique: caractères. habitudes alimntaires. rythmes d'activité et pari:ours de prédi lection des animaux. Durant une expédition de chasse. l'indice le plus infime est décelé. interprété grâce aux connaissances que le chasseur a accumulées dès son plus jeune âge au contact de ses ainés. Tout en progressant à travers marigots et broussailles. les hommes scrutent le sol et la végétation. Des traces laissées par les animaux (empreintes. salive déposée sur les feuilles ou les écorces. tiges cassées et état plus ou moins desséché de leur sève...). ils tirent des indications sur leur identité. leur nombre. le moment de leur passage. ['endroit vers lequel ils se dirigent. C'est sur la base de ce système de connaissances et de pratiques originales. uniques que les Aka conditionnent l'accès des Grands Noirs au milieu forestier. Mais ce pouvoir. cette fonction d·introduction. se fondent égaIe ment sur des capacités qui ne relèvent plus du seul plan matériel. - Sur le plan symholique: Les Aka contrôlent la mise en relation avec les pUissances surnaturelles 182 RELATIONS EXTÉRIEURES- 1. LESGRANDS NOIRS dont dépendent les possibilités d'évolution et d'action de l'homme dans l'univers forestier. Celui-ci est en effet le domaine de puissances spirituelles envers lesquelles les hommes doivent manifester attention et bienveillance. Une telle conduite est indispensable pour mener à bien toute entreprise en forêt et maintenir des relations sociales harmonieuses au sein des communautés. De nombreux rituels leur sont voués. Tout individu accompagne ses activités forestières de pratiques magico-rituelles destinées àchasser les forces malfai santes et à rechercher le soutien des esprits protecteurs5 qui lui sont propres. 5.kulu 6.dio Les cultes rendus aux mânes6, esprits des ancêtres de tous les humains c,mbàl après leur mort. sont du ressort des trois personnages - l'ainé', le devin8. le 8.ngàngà maître de la grande chasse9 investis de responsabilités importantes dans la - O.tUma société et qui interviennent au nom et pour l'intérêt de l'ensemble de celle-ci. nrlmbO 10 (NGB1 L'accès des Grands Noirs à la forêt et à ses richesses passe par le maintien. la réactivation permanente des rapports qu'entretiennent les Aka avec ces entités surnaturelles. De ces relations dépendent le bon déroulemenJ des migrations à travers le sous-bois forestier et l'obtention de viande de chasse, champignons ou miel attendus des Pygmées. Cependant. les bénéfices retirés par les Grands Noirs ne se réduisent pas au seul approvisionnement en produits acquis par leurs voisins. En effet. conjointement à cet accés indirect aux ressources forestières, ces derniers leur permettent également d'assurer, à travers des rapports autonomes avec le monde surnaturel, leur emprise directe, immédiate, sur la forêt. Des traditions orales rapportent ainsi que des puissances surnaturelles10 du panthéon ngbaka sont des mânes pygmées offerts par les Pygmées eux-mêmes à leurs partenaires (AROM et THOMAS, 1974, THOMAS, 1983). Ces mânes pygmées / génies du piégeage viennent en oaralléles et en compléments des mânes ngbaka pour aider les hommes dans leurs entreprises terrestres. Leur champ d'intervention principal est précisé ment la chasse où ils préservent les individus des dangers encourus et poussent le gibier vers les filets et les pièges. Leur action est particulièrement iiée au piégeage, technique individuelle et menée par les Ngbaka seuls, sans l'assisiance des Pygmées qui ne sont d'ailleurs pas à l'origine des trappeurs. mlmoo, :\insi, graêe à l'action des les Grands Noirs peuvent conduire des activités forestières pour lesquelles ils ne peuvent disposer du concours effectif àe leurs voisins. C'est sur la base de cet ensemble diversifié de connaissances, de techniques ~t de capacités différentes de mise en valeur des milieux naturels que Pygmées et Grands Noirs sont associés, Chaque partie bénéficie des potentialités originales de l'autre dans le cadre d'un vaste complexe régional de réseaux sociaux et de modes d'insertion dans l'environnement forestier et péri-forestier. Les relations entretenues dans le cadre du rapport d'association, si elles créent les fondements d'une interdépendance mutuelle, n'en restent pas moins
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