Elles sont grandes dames ou simples bourgeoises, débutantes ou femmes du monde. Elles vivent à la Renaissance, en pleine Révolution française, au début ou à la fin du XIXe siècle. Elles fréquentent qui les rois, qui les anarchistes, qui les philosophes. Le plus souvent, elles sont éclipsées par leur père, par leur frère, par leur mari, voire par leur créature. Mais leur point commun n'est pas leur sexe ; c'est le courage avec lequel elles s'élancent dans le vide - celui de la page blanche - pour découvrir en vol des espaces inconnus. Le portrait que Virginia Woolf consacre à chacune d'entre elles fait à chaque fois vibrer une sensibilité unique, précieuse, plus rare que ne furent jamais les diamants. Son livre n'est pas celui d'une militante. De salons en imprimeries, dans la paisible campagne de Madame de Sévigné ou parmi l'activité bouillonnante des poètes métaphysiques, Virginia Woolf, si rarement à l'aise en société, ne construit pas un mausolée aux Grandes Dames. Parmi les figures éternelles du génie féminin, la plus drôle d'entre elles se choisit des amies, simplement.