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Écriture et réécriture hagiographiques: Essai sur les réécritures de Vies de saints dans l’Occident latin médiéval (VIIIe-XIIIe s.) PDF

322 Pages·2005·13.54 MB·French
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Écriture et réécriture hagiographiques HAGIOLOGIA Études sur la Sainteté en Occident - Studies on Western Sainthood Volume 4 Comité de Rédaction - Editorial Board HAGIOLOGIA Belgische Werkgroep voor Hagiologisch Onderzoek Atelier Belge d'Études sur la Sainteté P Bertrand ] . Deploige K. Heene A.-M. Helvétius X. Hennand M. Trigalet BREPOLS ® PUBLISHERS 2005 Monique GOULLET ,, Ecriture et réécriture hagiographiques Essai sur les réécritures de Vies de saints dans l'Occident latin médiéval (vn(-xrne s.) BREPOLS@PUBLISHERS 2005 © BREPOLSl'l!IPUBLISHERS - Turnhout (Belgium) All rights reserved. Nu parl uf Lhis publicalion may be reproduced, stored ln a retrieval syslem, or transmitted, in any f orm or by any me ans, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise, without the prior permission of the pub!isher. D/2005/0095/89 ISBN 2-503-51799-4 Avant-propos Ce livre est issu d'un travail élaboré dans le cadre d'une Habilitation à diriger des recherches, soutenue à l'Université Paris X-Nanterre en 2001, devant un jury composé de François Dolbeau, directeur d'Etudes à l'ÉPHÉ (IV section), Guy Philippart, professeur à l'Université de Namur, Martin Heinzelmann, cher cheur à l'Institut historique allemand de Paris, Michel Sot, professeur d'Histoire médiévale à l'Université Paris IV, Étienne Wolff, professeur de latin à l'Univer sité Paris X-Nanterre. Sa mise en forme définitive doit beaucoup à la discussion tenue avec le jury au moment de la soutenance: que tous ses membres en soient ici remerciés. Je voudrais exprimer ma gratitude toute particulière à François Dolbeau, qui a accepté de «patronner» mes travaux, à Guy Philippart, qui a généreusement relu l'ouvrage avant publication, au comité de rédaction d'Hagiologia et à Luc Jocqué, qui ont bien voulu l'accueillir dans cette collec tion. Abréviations AASS Acta sanctorum quotquot a toto urbe coluntur .. , 1 éd., 6 7 vol., e Anvers - Tongerloo - Bruxelles, 1643 -1940. BHL Bibliotheca Hagiographica Latina, ed. socii bollandiani, Bruxelles, 1898- 1899 (Subsidia Hagiographica, 6), et Novum Supplementum, ed. H. Fros, Bruxelles, 1986 (Subsidia Hagiographica, 70). CCCM Corpus Christianorum, Continatio mediaevalis MGH Monumenta Germaniae Historica, Hanovre - Berlin - Leipzig, depuis 1826. SRM Scriptores rerum Merovingicarum (réimpression 1984 -) SS Scriptores PL ] .-P MIGNE, Patrologiae cursus completus ... Series latina, 221 vol., Paris, 1844-1855. Introduction Définition de la réécriture Non noua, sed noue. On a, depuis une trentaine d'années environ1 cessé de traquer dans les textes , hagiographiques un illusoire réel historique, que seuls des héritiers du positi visme pouvaient imaginer y trouver; on les a alors largement utilisés pour construire une histoire des mentalités2 Non que les textes hagiographiques . soient vides a priori de tout substrat historique: certains d'entre eux sont même des sources riches et fiables. Mais le <<genre » hagiographique n'impose nulle ment aux auteurs de dire la vérité historique, toute la vérité et rien que la vérité. Tout récit rétrospectif suppose une stylisation et, quand il est rédigé des siècles après les événements, le mot «stylisation» devient un euphémisme: comme l'écrit Marc Van Uytfanghe, la stylisation inhérente au discours hagiographique génère «un récit orienté, infléchi, sélectif aussi3 ». Le «pacte de lecture» d'un texte hagiographique repose sur la (re)connaissance, par les auteurs et par leurs lecteurs, de ces lois du genre de la biographie spirituelle. La seconde phase, dans laquelle l'hagiographie n'entre que timidement, et à laquelle ce livre voudrait apporter sa contribution, consiste à mettre l'accent sur la littérarité de cette production, autrement dit à l'étudier dans sa spécificité textuelle. Car si les travaux de la codicologie et de la paléographie ont fait progresser l'histoire du texte hagiographique envisagé dans sa matérialité, si l'ecdotique et la philologie, en particulier la recherche des sources, ont éclairé ses modes de transmission et ses procédés d'écriture, ce n'est que récemment que les chercheurs l'ont envisagé comme un objet littéraire parmi d'autres. Or bien qu'on puisse discuter de la pertinence du terme «littérature» pour qua- 1 On peut lire un panorama des études hagiologiques de ces trente dernières années dans lare vue Hagiographica, VI (1999), p. 1-168, sous les plumes de]. Martinez Gasquez pour l'Espagne, F Dolbeau pour la France, M. Lapidge pour les îles britanniques, F Prinz pour l'Allemagne, P Go linelli pour l'Italie, R Godding pour la Belgique, et A. B. Mulder-Bakker pour les Pays-Bas. 2 Voir F DoLBFAU, Hagiographica, VT (1999), p. D. Témoin de cette tendance de l'hagiologie à s'inscrire dans l'histoire des mentalités, alliée à une lecture structurale des textes, la thèse inédite de j.-L. DEROUET, Recherches d'Histoire des mentalités sur les textes hagiographiques du Nord et de l'Est de la Gaule (v11-v11f s.), sous la direction de P Riché, Université Paris X -Nanterre, 1972; à l'exception d'Amand et Arnoul, ce travail concerne surtout des saints de la Belgique actuelle, et ne prend nullement en compte les réécritures. 3 M. VAN UYTFANGHE, «La formation du langage hagiographique en Occident latin», Cassiodorus, 5 (1999), p. 143-169, ici p. 144. 10 INTRODUCTION lifier des textes hagiographiques latins du haut Moyen Âge4 on peut tout de , même, provisoirement au moins, émettre l'hypothèse que, moyennant certaines précautions, ils devraient être analysables par les méthodes de la critique litté raire ou de la poétique5 quelles qu'elles soient. D'autres que moi ont déjà , adopté le même point de vue, qui s'est avéré fructueux non seulement pour l'histoire de la littérature, mais pour l'histoire tout court, en particulier les auteurs qui ont eu recours aux outils de la narratologie6 . Mais il me semble qu'un des phénomènes les plus intéressants du discours hagiographique, pour qui veut l'appréhender dans sa double dimension histo rique et littéraire7 réside dans l'usage de la réécriture, qui instaure un système , de renvois entre les textes consacrés à un même saint. On peut donc y observer les infléchissements de l'écriture, et s'interroger sur leurs rapports avec les circonstances historiques, autrement dit sur les effets du contexte sur le texte. C'est là un observatoire exceptionnel des motivations, des méthodes et des finalités des hagiographes et de leurs commanditaires, ainsi que de l'horizon d'attente de leur public, pour reprendre la célèbre notion développée par jauss8 . On sait les dégâts occasionnés dans les esprits par des décennies de positi visme durant lesquelles éditeurs et historiens ne se sont intéressés qu'à la version 4 Sur cette question on peut lire G. PHILIPPART, « L:hagiographie comme littérature: concept récent et nouveaux programmes?», Revue des Sciences Humaines, Lille, 251 (1998), p. 11-39. 5 Grossièrement, on considérera que l'objet de la critique est le texte ou !'oeuvre dans leur sin gularité, alors que la poétique tente d'appréhender l'ensemble des catégories qui constituent «la littérarité de la littérature» selon l'expression de G. GENETTE, Palirnpsesles. La littérature au second degré, Paris, 1982, p. 7. Par commodité toutes mes références se font à l'édition de poche, Le Seuil, Points-Essais, n° 257. 6 Par exemple A. BouREAu, La Légende dorée. Le système narratif de Jacques de Voragine, Paris, 1984; ID., «Les structures narratives de la Legenda aurea: de la variation au grand chant sacré», dans 'Legenda aurea': Sept siècles de diffusion. Actes du colloque international de Montréal ( 1983), Paris, 1986, p. 57-76 (Cahiers d'études médiévales, cahier spécial n° 2); ID., I:événement sans fin. Récit et christianisme, Paris, 1993 ; J. -L. DEROUET, « L~s possibilités d'interprétation sémiologique des textes hagiographiques», Revue d'histoire de ]'Eglise de France, LXII (1976), p. 153-162; C. VEYRARD-COSME, «Hagiographie du haut Moyen Age», Lalies, 15 (1995), p. 209-215, et I:œuvre hagiographique en prose d'Alcuin. Vitae Willibrordi, Vedasti, Richarii. Edition, traduction et études narratologiques, Florence, 2003; P BouLHOL, ANAfNDPU:MOS. La scène de reconnaissance dans l'hagiographie antique et médiévale, Presses de l'Université de Provence, 1996; W VERBAAL, «Le saint et moi. Le «narrateur» : une donnée structurelle dans l'hagiographie bernardine 7 », Hagiographica, IX (2002), p. 19-44. 7 La distinction académique est factice, car la littérature appartient évidemment de plein droit à !'Histoire; par «littéraire» j'entends ici quelque chose comme «rhétorique» 8 Pour une esthétique de la réception, trad. française, Paris, 1978. Pour résumer, on peut donner la définition proposée par D. BERGEZ, V GÉRAUD etJ-J RoBRIEUX, Vocabulaire de l'analyse littéraire, Paris, 1994, p. 109-110: « L:horizon d'attente désigne tout ce qui caractérise la culture, l'état d'esprit et les connaissances des lecteurs à un moment donné de !'Histoire, et qui conditionne la conception et la réception d'une oeuvre. Ces références concernent principalement les oeuvres antérieures, les thèmes, le genre considéré et la nature de la fiction littéraire(. .. ) L:écrivainjoue de ces données et peut déplacer les limites de !"attente' du lecteur.»

Description:
Un des phénomènes les plus intéressants du discours hagiographique, pour qui veut l’appréhender dans sa double dimension historique et littéraire, réside dans l’usage de la réécriture, qui instaure un système de renvois entre les textes consacrés à un même saint. On peut donc y obser
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