DENYS D'HALICARNASSE OPUSCULES RHÉTORIQUES L'IMITATION (fragments, Epitomé) PREMIÈRE LETTRE À AMMÉE LETTRE À POMPÉE GÉMINOS DINARQUE COLLECTION DES UNIVERSITÉS DE FRANCE publiée sous le patronage de ¡'ASSOCIATION GUILUUMEBUDÉ DENYS D'HALICARNASSE OPUSCULES RHÉTORIQUES TOMEV L'IMITATION (fragments, Épitomé) PREMIÈRE LETTRE À AMMÉE LETTRE À POMPÉE GÉMINOS DINARQUE TEXTE ÉTABLI ET TRADUIT PAR GERMAINE AUJAC Professeur emèrite à ¡'Université de Toulouse · Le Mirait Deuxième tirage PARIS LES BELLES LETTRES 2002 Conformément aux statuts de VAssociation Guillaume Bude, ce volume a été soumis à Vapprobation de la commission technique y qui a chargé M. Jacques Bompaire d'en faire la révision et den surveiller la correction en collaboration avec Mlle Germaine Aujac Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous les pays. © 2002. Société d'édition Les Belles Lettres 95 boulevard Raspali, 75006 Paris unvw.lesbelleslettres.com Première édition 1992 ISBN : 2-251-00431-9 ! ISSN: 0184-7155 AVANT-PROPOS Ce cinquième et dernier volume des Opuscules Rhétori ques réunit quatre textes assez disparates qui, pour des raisons techniques, n'ont pu être présentés, dans les volumes précédents, à la place qui leur revenait, eu égard à la chronologie. La première Lettre à Ammée, écrite avant même le traité sur les Orateurs Antiques, porte sur un point bien particulier : Démosthène doit-il ou non, la qualité de son t éloquence à l'influence d'Ar istotę, l'auteur de la Rhétori que? Denys s'y montre, comme dans son ouvrage précédent (perdu) sur la Philosophie Politique, ardent défenseur de l'école de rhétorique d'Isocrate, et reproche aux Péripatéticiens leur esprit partisan. Cette lettre est bien antérieure aux études que Denys consacrera par la suite à Démosthène. Le traité Sur l'Imitation est, lui, contemporain de la Lettre à Pompée Géminos ; Denys en a interrompu la rédaction pour répondre à son correspondant, et en cite un large extrait. Les deux opuscules ont été composés après le Démosthène I, qui devait constituer la première partie du tome II des Orateurs Antiques. Hélas, du traité Sur Γ Imitation, il ne reste que quelques broutilles, et un epitomé du livre II, peu fidèle à l'original. La Lettre à Pompée Géminos, disparate elle aussi, traite du style de Platon d'abord, et puis cite, du traité de L'Imitation, le passage consacré aux historiens anciens. Quant au Dinarque, c'est le dernier en date des opuscules qui, de près ou de loin, touchent au problème de l'imitation. Avec le traité sur la Synthesis et le Démosthè ne II qui suivront, Denys va troquer sa toque de professeur de rhétorique contre celle de critique littéraire. 8 AVANT-PROPOS Pour faciliter la lecture de la Lettre à Ammée et du Dinarque, dans lesquels entrent beaucoup de discussions sur la chronologie, il a paru judicieux de présenter en fin de volume une liste récapitulative des archontes nommés par Denys, avec les dates correspondantes. Un lexique général des termes techniques utilisés par Denys pour ses analyses littéraires, un index auctorum couvrant l'ensemble de l'œuvre, complètent ce tome V, dernier de la série. Au terme de cette édition des Opuscules Rhétoriques, ce m'est un agréable devoir de remercier très chaleureusement Monsieur le Recteur Bompaire qui, avec beaucoup de générosité, a accepté la lourde tâche de réviseur et m'a, tout au long de ces cinq volumes, prodigué conseils, suggestions et encouragements, et épargné bien des bévues. Je lui en garde une grande reconnaissance, à la mesure de ma dette. Pour ce tome V en particulier, qui pose tant de problèmes divers, son intervention a été aussi importante que pertinente. Mes sincères remerciements aussi à Monsieur J. Irigoin qui n'a cessé d'accompagner ce travail de son active bienveillance. Si cette édition a quelque mérite, elle le doit pour une très large part à l'analyse minutieuse à laquelle P. Costil avait soumis les Opuscules pour obtenir un classement chronologique satisfaisant; beaucoup de la documentation réunie par lui est passé dans les Notes. Les défauts, hélas ! sont nôtres. IX L'IMITATION (Fragments, Epitomé) NOTICE Il reste bien peu de choses de l'important traité en trois livres que Denys a consacré à Y Imitation, à peine six courts extraits livrés par Syrianus, commentateur d'Hermogène, un épitomé du livre II, tardif et peu fiable, mais heureusement une longue citation du même livre 11 faite par Denys lui-même dans sa Lettre à Pompée Gèminos, seul témoignage un peu consistant sur la pensée et les analyses de Denys. Ne sont réunis ici, sous le titre de L'Imitation, que les maigres fragments de Syrianus, empruntés au livre I et au livre II, et, pièce de résistance, l'Epitome du livre II, qui appelle bien des réserves et dont le texte est, de plus, bien mal transmis. Quant à la longue citation du livre II, faite par Denys lui-même et portant sur les historiens à imiter, il a semblé inutile de la reproduire ici : elle constitue, dans ce même volume, la seconde partie de la Lettre à Pompée Géminos (p. 87 à 99). I. CIRCONSTANCES DE PUBLICATION Le traité Sur l'Imitation fut entrepris par Denys après la rédaction et la publication du tome I des Orateurs Antiques, après aussi la rédaction et la publication (provisoire) du premier volet du tome II, portant sur Démosthène (soit la trentaine de chapitres qui ouvrent actuellement le Démosthène). Dès le traité consacré à Lysias, Denys était préoccupé par le 12 LIMITATION problème de l'imitation. S'il cherche à définir le type d'éloquence pratiqué par Lysias, à analyser ses qualités, et les raisons de sa supériorité, c'est essentiellement pour proposer aux étudiants en rhétorique des pistes à suivre pour faire eux-mêmes des progrès, et il ne manque pas une occasion d'indiquer «les exemples à retenir chez lui » (II, 1,5); énumérant les qualités de Lysias, il précise toujours : «telle est à mon sens la première qualité (= la pureté) digne d'émulation et d'imitation chez cet orateur» (II, 2, 3), ou : «telle est donc la seconde qualité (= recours au langage courant) que j'invite à retenir chez cet orateur, si l'on désire utiliser le même genre de langage que lui» (II, 3, 9), ou encore : «Aussi est-il bon d'imiter également chez lui la clarté» (II, 4, 3); et le reste est à l'avenant. Ce sont donc les réflexions nées au cours des études consacrées aux auteurs réunis dans le tome I des Orateurs Antiques, Lysias, Isocrate, Isée, qui ont fortifié Denys dans l'idée qu'il était indispensable d'affiner ses idées sur l'imitation. D'autant que l'étude qu'il venait de consacrer à Démosthène, le premier des trois orateurs dont les monographies devaient constituer le tome II des Orateurs Antiques, semblait le conduire à une impasse ; puisque Démosthène réunissait en lui tant de qualités opposées, et pouvait être considéré comme le parfait modèle en tout ou presque tout, que pouvaient apporter de plus les analyses projetées sur Eschine ou Hypéride? Mieux valait traiter au fond le problème de l'imitation! Et le tome II des Orateurs Antiques ne fut jamais terminé. Denys était donc au travail quand survint une lettre de Pompée Géminos, qui venait de lire le Démosthène /, récemment publié ; elle exigeait une réponse immédiate. Pompée, entre autres choses, lui demandait son opinion sur les historiens Hérodote et Xénophon. Or Denys, dans le second livre de L'imitation, venait de consacrer un développement aux historiens, et au profit que pouvaient tirer de leur lecture les étudiants en rhétori que; le plus simple était donc de le transcrire à