Guide international de sécurité Chapitre 2 pour les bateaux citernes de la navigation intérieure et les terminaux Dangers des liquides en vrac Chapitre 2 DANGERS DES LIQUIDES EN VRAC Afin de comprendre les raisons qui ont conduit à l'adoption de certaines pratiques pour garantir la sécurité lors des opérations à bord de bateaux-citernes et dans les terminaux, l'ensemble du personnel doit être familiarisé avec les propriétés d'inflammabilité des produits, les effets de la densité des gaz et leurs propriétés toxiques. Ceux-ci sont décrits dans le présent chapitre. Des questions spécifiques, y compris la manutention des cargaisons à haute pression de vapeur et les risques particuliers associés à la manipulation, au stockage et au transport de fiouls lourds sont également abordés. Le présent chapitre décrit aussi les principes, les utilisations et les limites de l'équipement de détection de gaz et traite des questions relatives à l'évolution et à la dispersion de gaz. 2.1 Inflammabilité La volatilité (par exemple la tendance d'un produit à générer du gaz) est caractérisée par la pression de vapeur. Quand un produit est transféré dans une citerne ou un conteneur exempt de gaz, il commence à se vaporiser, c'est-à-dire qu'il dégage un gaz dans l'espace qui le surplombe. L'inflammabilité est un risque principal lors de la manutention de pétrole, ce qui implique un danger permanent. Pour des informations détaillées relatives à l'inflammabilité, voir la section 1.2. 2.2 Densité Les gaz provenant de liquides en vrac peuvent être plus lourds que l'air et, lors de la manutention, il convient de tenir compte du danger que représente cette propriété. Des informations sur la densité de ces gaz figurent à la section 1.3. 2.3 Toxicité 2.3.1 Introduction La toxicité est la mesure dans laquelle une substance ou un mélange de substances peut nuire à l'homme. "Toxique" a le même sens que "poison". Edition 1 - 2010 © CCNR/OCIMF 2010 Page 11 Guide international de sécurité Chapitre 2 pour les bateaux citernes de la navigation intérieure et les terminaux Dangers des liquides en vrac Les substances toxiques peuvent nuire à l'homme de trois façons : en étant avalées (ingestion), par contact avec la peau (absorption), et par les poumons (inhalation). Les substances toxiques peuvent avoir des effets locaux, tels qu'une irritation de la peau ou des yeux, mais elles peuvent également affecter d'autres parties du corps plus éloignées (effets systémiques). L'objectif de la présente section est de décrire les effets indésirables associés aux substances toxiques auxquelles le personnel intervenant dans des opérations à bord de bateaux-citernes est le plus susceptible d'être exposé, d'indiquer les concentrations auxquelles les effets négatifs sont susceptibles de se produire chez l'homme en cas d'exposition unique ou répétée et de décrire les procédures pour réduire les risques d'une telle exposition. Bien qu'il ne s'agisse pas d'un aspect strictement lié à la toxicité, les effets du manque d'oxygène sont également décrits. Les produits et les vapeurs de produits peuvent avoir des effets variés. Ils peuvent être cancérigènes (causer un cancer), repro-toxiques (affecter la fertilité), et peuvent occasionner des brûlures chimiques, de l'eczéma, de l'asthme, des dommages aux organes, etc. Ces effets sont décrits dans la Fiche de Données de Sécurité du Produit. 2.3.2 Liquides en vrac 2.3.2.1 Ingestion La toxicité orale de produits chimiques est très variée et la Fiche de Données de Sécurité du Produit (FDSP) doit être consultée pour les informations spécifiques relatives au produit ainsi qu'aux mesures qui doivent être prises si une personne en a ingéré. La FDSP décrit également les Equipements de Protection Individuelle (EPI) nécessaires. Le pétrole présente une faible toxicité orale, mais en cas d'ingestion il provoque une gêne aiguë et des nausées. Il est alors possible, en cas de vomissement, que du pétrole liquide soit aspiré dans les poumons, ce qui peut avoir des conséquences graves, en particulier avec des produits présentant une volatilité plus élevée, tels que les essences et le kérosène. 2.3.2.2 Absorption Pour les produits chimiques l'effet de l'absorption peut varier considérablement. Les produits peuvent avoir des effets aigus (perte de conscience, étourdissements, brûlures chimiques, défaillance d'organes, décès) ou des effets chroniques (cancer, lésions organiques, effet reprotoxique). La Fiche de Données de Sécurité du Produit doit être consultée pour les informations spécifiques relatives au produit et les mesures qui doivent être prises si le produit est entré en contact avec la peau d'une personne. Beaucoup de produits pétroliers, en particulier les plus volatils, causent des irritations et dissolvent des films gras protecteurs, ce qui peut provoquer une dermatite en cas de contact avec la peau. Ils peuvent également causer une irritation des yeux. Certaines huiles plus lourdes peuvent occasionner de graves problèmes de peau en cas de contact répété et prolongé. Le contact direct avec le pétrole doit toujours être évité par le port de l'équipement de protection approprié, en particulier des gants imperméables et des lunettes. La FDSP doit être consultée pour obtenir des renseignements sur les EPI appropriés devant être portés. Edition 1 - 2010 © CCNR/OCIMF 2010 Page 12 Guide international de sécurité Chapitre 2 pour les bateaux citernes de la navigation intérieure et les terminaux Dangers des liquides en vrac 2.3.3 Vapeurs de produits 2.3.3.1 Inhalation Les effets de l'inhalation de gaz émanant d'un produit peuvent varier considérablement. Les gaz peuvent avoir des effets aigus (perte de conscience, étourdissement, brûlure chimique défaillance d'organes) ou chroniques (cancer, lésion organique, effet reprotoxique). Le risque d'œdème pulmonaire est particulièrement important. Du liquide dans les poumons peut occasionner un essoufflement grave, lequel peut souvent survenir plusieurs heures après l'inhalation. La Fiche de Données de Sécurité du Produit doit être consultée pour les informations spécifiques et pour les mesures qui doivent être prises si une personne a inhalé des vapeurs de produit. La FDSP décrira également les EPI requis. L'absence d'odeur ne doit jamais être interprétée comme indiquant une absence de gaz. En général, le danger du produit augmente lorsque la pression de vapeur est élevée et que la Valeur Limite d'Exposition est faible. Comparativement, de petites quantités de gaz émanant d'un produit, lorsqu'elles sont inhalées, peuvent provoquer des symptômes d'affectation du jugement et de vertiges semblables à une intoxication, avec des maux de tête et une irritation des yeux. L'inhalation d'une quantité excessive peut être mortelle. Cela dépend principalement du produit, pour lequel l'information doit être consultée dans la FDSP. Ces symptômes peuvent se produire à des concentrations bien en dessous de la Limite inférieure d'Explosivité. Toutefois, les effets physiologiques des gaz de pétrole sont variés, de même que la tolérance humaine à ces effets. Il ne faut pas présumer que, parce que les conditions sont supportables, la concentration de gaz est dans les limites de sécurité. L'odeur des mélanges de gaz émanant de produits est très variable et, dans certains cas, les gaz de produits peuvent altérer l'odorat. L'altération de l'odorat est particulièrement susceptible de se produire et particulièrement grave si le mélange contient du sulfure d'hydrogène. 2.3.3.2 Limites d'exposition Les limites d'exposition sont toujours décrites dans la fiche FDSP. Les limites d'exposition fixées par les organisations internationales, les administrations nationales ou par les normes réglementaires locales ne doivent pas être dépassées. Les organismes de l'industrie et les compagnies pétrolières font souvent référence à l'American Conference of Governmental Industrial Hygienists (ACGIH), qui a établi des lignes directrices sur les limites qui sont censées protéger le personnel contre les vapeurs nocives dans l'environnement de travail. Les valeurs indiquées sont exprimées en valeurs limites d'exposition (VLE) (Threshold Limit Value - TLV) en parties par million (ppm) par volume de gaz dans l'air. La meilleure pratique consiste à maintenir les concentrations de tous les contaminants atmosphériques aussi bas que raisonnablement possible (As Low As Reasonably Possible - ALARP). Dans le texte ci-après sont utilisés les termes TLV-TWA (Threshold Limit Value - Time Weighted Average). Parce qu'il s'agit de moyennes, les TWA partent du principe d'expositions de courte durée au-dessus de la TLV-TWA, qui ne sont pas suffisamment élevées pour être nocives pour la santé et qui sont compensées par des expositions équivalentes en dessous de la TLV-TWA au cours d'une journée de travail conventionnelle de huit heures. Pour éviter les dommages pour la santé, les pics d'exposition doivent être limités (voir FDSP ou similaire). Edition 1 - 2010 © CCNR/OCIMF 2010 Page 13 Guide international de sécurité Chapitre 2 pour les bateaux citernes de la navigation intérieure et les terminaux Dangers des liquides en vrac 2.3.3.3 Effets Les effets de l'exposition à des vapeurs peuvent varier selon le type de produit et les informations doivent être obtenues en consultant la FDSP du produit. 2.3.4 Fiches de Données de Sécurité du Produit (FDSP) / fiches de sécurité (FDS) Afin d'assister les équipages dans leur préparation pour des cargaisons toxiques, l'OMI a invité les gouvernements à veiller à ce que des Fiches de Données de Sécurité du Produit (FDSP) soient distribuées aux bateaux et conservées à bord pour les cargaisons correspondantes. La FDSP doit indiquer le type et la concentration probable de composants dangereux ou toxiques de la cargaison à charger, en particulier le H S et le benzène. Dans 2 la réglementation de la CEE-ONU et celle de l'UE, ces documents sont appelés Fiches De Sécurité (FDS). La FDSP ou la FDS doit être basée sur le format standard requis par la réglementation applicable. Le fournisseur doit mettre à disposition la FDSP correspondante au bateau-citerne avant de commencer à charger les produits. Le bateau-citerne doit fournir au destinataire une FDSP pour la cargaison à décharger. Le bateau-citerne doit également informer le terminal et tout contrôleur ou surveillant si la cargaison précédente contenait des substances toxiques. La fourniture d'une FDSP ne garantit pas que tous les composants dangereux ou toxiques de la cargaison concernée ou des avitaillements en cours de chargement ont été identifiés ou documentés. L'absence d'une FDSP ne doit pas laisser conclure à l'absence de composants dangereux ou toxiques. Les exploitants doivent avoir mis en place des procédures pour déterminer si des composants toxiques sont présents dans les cargaisons dont ils pensent qu'elles sont susceptibles d'en contenir. La réglementation de la CEE-ONU et de l'UE n'exige pas que les bateaux-citernes possèdent à leur bord des FDS(P). A la place, des "instructions écrites" doivent être fournies aux bateaux-citernes. Toutefois, comme ces instructions contiennent des informations moins nombreuses et plus générales, il est fortement recommandé que les FDS(P) soient disponibles pour tous les produits transportés à bord, car elles seront utiles en cas de situations d'urgence liées à la cargaison. 2.3.5 Benzène, autres produits CMR et autres hydrocarbures aromatiques 2.3.5.1 Hydrocarbures aromatiques Les hydrocarbures aromatiques incluent le benzène, le toluène et le xylène. Ces substances sont des composants, en quantités variables, de nombreuses cargaisons de pétrole telles des essences, composants de mélanges d'essence, reformats, naphte, solvants à point d'ébullition spécial, essence de térébenthine, white spirit et pétrole brut. Le fournisseur doit informer le bateau-citerne de la teneur en hydrocarbures aromatiques de la cargaison à charger (voir section 2.3.4 ci-dessus). 2.3.5.2 Benzène et autres produits CMR L'exposition à des concentrations de vapeurs de benzène de seulement quelques parties par million dans l'air peut affecter la moelle osseuse et peut causer une anémie et une leucémie. Le benzène présente surtout un danger par inhalation. Ses caractéristiques d'alerte sont faibles car son seuil olfactif est bien supérieur à la TLV-TWA. Edition 1 - 2010 © CCNR/OCIMF 2010 Page 14 Guide international de sécurité Chapitre 2 pour les bateaux citernes de la navigation intérieure et les terminaux Dangers des liquides en vrac Limites d'exposition L'OMI fixe la TLV-TWA pour le benzène à 1 ppm sur une période de huit heures. Toutefois, les procédures de travail doivent viser à assurer les concentrations de gaz les plus basses possibles sur les lieux de travail. Équipement de protection individuelle (EPI) Les personnels doivent être tenus de porter des équipements de protection respiratoire dans les circonstances suivantes : • Chaque fois qu'ils risquent d'être exposés à des vapeurs de benzène au-delà de la TLV-TWA. • Lorsque les TLV-TWA spécifiées par les autorités nationales ou internationales sont susceptibles d'être dépassées. • Lorsqu'aucun contrôle ne peut être effectué. Entrée dans une citerne Avant l'entrée dans une citerne qui a récemment contenu des produits contenant du benzène et / ou d'autres produits CMR, la citerne doit être testée pour ces concentrations. Cette mesure s'ajoute aux exigences pour l'accès aux espaces confinés détaillées au chapitre 10. 2.3.6 Sulfure d'hydrogène (H S) 2 Le sulfure d'hydrogène (H S) est un gaz très toxique, corrosif et inflammable. Il présente un 2 seuil olfactif très bas et une odeur caractéristique d'œufs pourris. Le H S est incolore, il est 2 plus lourd que l'air, a une densité relative de vapeur de 1,189 et il est soluble dans l'eau. 2.3.6.1 Sources de sulfure d'hydrogène (H2S) Beaucoup de pétroles bruts sont extraits avec des niveaux élevés de H S, mais un 2 processus de stabilisation réduit généralement ce niveau avant que le pétrole brut ne soit livré au bateau-citerne. Toutefois, le niveau de stabilisation peut être temporairement réduit et un bateau-citerne est susceptible de recevoir une cargaison ayant une teneur en H S 2 supérieure à la normale ou supérieure à celle prévue. En outre, certains pétroles bruts ne sont jamais stabilisés et contiennent toujours des niveaux élevés de H S. 2 Le H S peut également être rencontré dans les produits raffinés tels que le naphte, le fioul, 2 les combustibles de soute, les bitumes et les gazoles. La cargaison et les combustibles de soute (en tant que cargaison) ne doivent être considérés comme étant exempts de H S qu'après avoir été chargés et qu'après que 2 l'absence de H S ait été confirmée par les résultats de la surveillance et des informations 2 pertinentes de la FDSP. Edition 1 - 2010 © CCNR/OCIMF 2010 Page 15 Guide international de sécurité Chapitre 2 pour les bateaux citernes de la navigation intérieure et les terminaux Dangers des liquides en vrac 2.3.6.2 Concentrations prévues Il est important de faire une distinction entre les concentrations de H S dans l'atmosphère, 2 exprimées en ppm en volume, et les concentrations dans le liquide, exprimée en ppm en poids. Il n'est pas possible de prédire la concentration probable de vapeur pouvant être produite par une concentration donnée de liquide, mais, à titre d'exemple, il a été démontré qu'un pétrole brut contenant 70 ppm (en poids) de H S, produit une concentration de 7000 ppm 2 (en volume) dans le flux de gaz qui s'échappe de l'évent de la citerne. Durant le transport, la concentration de vapeurs de H S peut augmenter de manière 2 significative et doit par conséquent être surveillée. Une attention particulière doit être accordée à la possibilité de cargaisons précédentes ayant contenu du H S, en raison de la possible émission de vapeurs contaminées durant le 2 chargement, en particulier lorsque les cargaisons en cours de chargement sont chauffées. Une attention particulière doit également être accordée à la marge d'erreur potentielle des analyseurs de H S, laquelle peut être de l'ordre de 0 - 3 ppm en poids. 2 Des précautions contre les concentrations élevées de H S sont normalement jugées 2 nécessaires si la teneur en H S en phase vapeur est de 5 ppm en volume ou au-dessus. 2 Toutefois, la réglementation (inter)nationale peut être plus restrictive que ce niveau. Les effets de l'H S à diverses concentrations croissantes dans l'air sont présentés dans le 2 tableau 2.1. La concentration de H S dans la vapeur varie grandement et dépend de facteurs tels que : 2 • la teneur en H S liquide, 2 • l'intensité de la circulation de l'air, • la température de l'air et du liquide, • le niveau de liquide dans la citerne, • l'intensité de l'agitation. Edition 1 - 2010 © CCNR/OCIMF 2010 Page 16 Guide international de sécurité Chapitre 2 pour les bateaux citernes de la navigation intérieure et les terminaux Dangers des liquides en vrac 2.3.6.3 Limites d'exposition Dans de nombreux pays, la TLV-TWA pour le H S est de 5 ppm sur une période de huit 2 heures. Toutefois, la législation (inter) nationale peut être plus restrictive. Les procédures de travail doivent viser à assurer les concentrations de gaz les plus basses possibles sur les lieux de travail. 2.3.6.4 Procédures de manutention de cargaisons et d'hydrocarbures de soute contenant du H S 2 Les précautions suivantes doivent être prises lors de la manutention de toutes les cargaisons et de tous les combustibles de soute susceptibles de contenir des concentrations dangereuses de H S. Ces précautions doivent également être prises lors du 2 ballastage, du nettoyage ou du dégazage des citernes qui ont contenu auparavant une cargaison présentant une teneur en H S. Des informations concrètes et des mesures 2 opérationnelles pouvant être prises pour minimiser les risques associés au chargement de cargaisons présentant une teneur en H S sont présentées à la section 11.1.9. 2 Concentration en H S 2 Effets physiologiques (ppm en volume dans l'air) 0.1 - 0.5 ppm D'abord détectable par l'odeur. 10 ppm Peut causer des nausées légères et une faible irritation des yeux. 25 ppm Irritation des yeux et des voies respiratoires. Forte odeur. Le sens de l'odorat commence à diminuer. 50 - 100 ppm Une exposition prolongée à des concentrations de 100 ppm provoque une hausse progressive de la sévérité de ces symptômes et la mort peut survenir après une exposition de 4 à 48 heures 150 ppm Perte du sens de l'odorat en 2 à 5 minutes. 350 ppm Possibilité de décès après une inhalation de 30 minutes. Provoque rapidement une perte de conscience (en quelques minutes) et le décès. Cause des convulsions et une perte de contrôle de l'intestin et 700 ppm de la vessie. La respiration s'arrête et entraîne la mort en l'absence d'une intervention rapide des secours. 700+ ppm Immédiatement mortelle. Note : Les personnes surexposées à de la vapeur de H S doivent être déplacées à l'air libre dans les 2 meilleurs délais. Les effets négatifs du H S peuvent être inversés et la probabilité de pouvoir sauver la vie d'une 2 personne est augmentée si l'intervention est rapide. Tableau 2.1 - Effets typiques de l'exposition au sulfure d'hydrogène (H S) 2 Edition 1 - 2010 © CCNR/OCIMF 2010 Page 17 Guide international de sécurité Chapitre 2 pour les bateaux citernes de la navigation intérieure et les terminaux Dangers des liquides en vrac Surveillance de la vapeur Les niveaux d'exposition dans tous les lieux de travail doivent être surveillés à l'aide d'instruments appropriés pour détecter et mesurer la concentration du gaz. Des concentrations élevées et la nature corrosive du gaz peuvent avoir un effet néfaste sur de nombreux instruments électroniques. De faibles concentrations de H S sur la durée 2 peuvent également avoir un effet néfaste sur les instruments électroniques. Des tubes de détection doivent par conséquent être utilisés s'il s'avère nécessaire de surveiller une concentration élevée connue. L'utilisation d'instruments individuels de surveillance du gaz H S par le personnel engagé 2 dans les opérations concernant la cargaison est fortement recommandée. Ces instruments peuvent comporter soit une alarme d'avertissement à un niveau préétabli ou une lecture de la concentration en H S assortie d'une alarme. Il est en outre recommandé que les alarmes 2 soient réglées sur la valeur correspondant au maximum de la TLV-TWA. Le personnel doit toujours porter les instruments individuels de surveillance lorsqu'il travaille dans des espaces confinés, effectue le jaugeage, prend des échantillons, entre dans une chambre des pompes, branche et débranche les conduites de chargement, nettoie des filtres, effectue une vidange pour ouvrir des espaces confinés et nettoie de la cargaison déversée, dès lors que les concentrations de H S sont susceptibles de dépasser la valeur TLV-TWA. 2 Des badges de contrôle passif fournissent une indication visuelle immédiate de l'instant où un risque chimique spécifique est détecté ou en cas de dépassement d'un niveau d'exposition sûr et préétabli à un produit chimique. Ils doivent exclusivement être utilisés à des fins d'hygiène industrielle, par exemple pour le contrôle de zones et pour la détermination de l'exposition du personnel sur une période donnée. Ils ne doivent jamais être utilisés en tant qu'élément de l'équipement de protection individuelle. Équipement de protection individuelle (EPI) Des procédures doivent être définies pour l'utilisation des équipements de protection respi- ratoire lorsque les concentrations de vapeur sont susceptibles de dépasser la TLV-TWA. Il doit être envisagé de fournir des Appareils Respiratoires pour Evacuation d'Urgence (AREU) au personnel travaillant dans des zones dangereuses. Ces équipements sont très légers et peuvent être enfilés rapidement en cas de détection de gaz. Le personnel doit être tenu de porter un appareil respiratoire dans les circonstances suivantes : • A chaque fois qu'il est susceptible d'être exposé à des vapeurs de H S au-delà de la 2 TLV-TWA, • Lorsque la TLV-TWA spécifiée par les autorités nationales ou internationales est dépassée ou risque d'être dépassée, • Lorsque le contrôle ne peut pas être effectué, • Lorsque des opérations en mode fermé ne peuvent pas être effectuées pour une raison quelconque et que les concentrations de H S sont susceptibles de dépasser la valeur 2 TLV-TWA. Procédures des sociétés et terminaux Le système de gestion de la sécurité du bateau-citerne (SGS) (Safety Management System - SMS) et le guide des opérations du terminal doivent contenir des instructions et des procédures visant à assurer la sécurité des opérations lors de la manutention de cargaisons susceptibles de contenir du H S. Les exigences fonctionnelles doivent inclure, sans s'y 2 limiter, les éléments suivants : • Formation de tous les membres de l'équipage aux risques associés au H S et aux 2 précautions à prendre pour limiter les risques à des niveaux acceptables, • Procédures de fonctionnement sûres pour toutes les opérations, Edition 1 - 2010 © CCNR/OCIMF 2010 Page 18 Guide international de sécurité Chapitre 2 pour les bateaux citernes de la navigation intérieure et les terminaux Dangers des liquides en vrac • Procédures de tests de gaz / de surveillance de l'atmosphère, • Procédures de maintenance pour les systèmes liés à la cargaison, • Exigences EPI, • Préparation aux imprévus, • Mesures d'intervention d'urgence, • Mesures visant à protéger les visiteurs contre l'exposition. 2.3.6.5 Procédures supplémentaires lors de la manutention de cargaisons à très fortes concentrations en H S 2 Les entreprises et les terminaux doivent élaborer des procédures supplémentaires pour la manutention de cargaisons présentant des teneurs très élevées en H S. (100 ppm dans le 2 volume de phase gazeuse sont considérées comme un seuil raisonnable) Pour éviter une exposition à des concentrations élevées de sulfure d'hydrogène, les membres d'équipage sur le pont doivent porter un détecteur personnel de sulfure d'hydrogène assorti d'une alarme. Lorsque ce détecteur déclenche une alarme, les actions suivantes, au minimum, doivent être prises immédiatement : • Arrêter la manutention de cargaison, • Informer les membres d'équipage, • Informer le personnel du quai, • Informer les autres bateaux-citernes voisins (en particulier ceux à côté, sous le vent), • Informer l'opérateur du bateau-citerne, • Demander au terminal d'effectuer une mesure, • Discuter en étroite coopération avec le terminal et l'opérateur la façon de poursuivre l'opération de manutention. Essayez de rester sur le côté exposé au vent et ne restez pas inutilement sur le pont. 2.3.6.6 Corrosion Le H S est très corrosif et des cycles renforcés d'inspection et d'entretien doivent être mis 2 en place si du H S est susceptible d'être présent en concentrations élevées. 2 Les sièges en laiton possédant une valve de pression / vide sont davantage susceptibles de se détériorer que les sièges en acier inoxydable. Les jauges mécaniques des citernes sont davantage susceptibles de se détériorer car le H S a un effet néfaste sur la tension des ressorts en acier inoxydable et sur les métaux tels 2 que le laiton et le bronze. Une augmentation du stock de pièces de rechange peut s'avérer nécessaire. Les composants d'ordinateurs et d'instrument qui sont réalisés en or et en argent sont particulièrement sensibles même aux faibles concentrations de H S. 2 2.3.6.7 Nocivité générale En plus de présenter un danger pour la santé, l'odeur du H S est également considérée 2 comme une nuisance publique. La plupart des réglementations environnementales locales limitent ou interdisent l'émission de concentrations de H S dans l'atmosphère, ce qui 2 constitue sans aucun doute une bonne pratique. Il est par conséquent nécessaire de maintenir la pression des citernes à cargaison dans des limites acceptables. La pression de vapeur dans la citerne augmentera rapidement si le volume de phase gazeuse est exposé à la chaleur ou si le produit est agité. Edition 1 - 2010 © CCNR/OCIMF 2010 Page 19 Guide international de sécurité Chapitre 2 pour les bateaux citernes de la navigation intérieure et les terminaux Dangers des liquides en vrac 2.3.7 Mercaptans Les mercaptans sont des gaz incolores et odorants générés naturellement par la dégradation d'organismes naturels. Leur odeur peut être comparée à celle du chou pourri. Ils peuvent également être trouvés dans les usines de traitement de l'eau et dans les installations de traitement de ballast. Les mercaptans sont également présents dans les vapeurs de cargaisons de pentane plus ainsi que dans certains pétroles bruts. Ils sont également utilisés comme agent odorant du gaz naturel. Les mercaptans peuvent être détectés par l'odorat à des concentrations inférieures à 0,5 ppm, mais des effets sur la santé ne sont ressentis que lorsque la concentration atteint un niveau plusieurs fois supérieur. Les premiers effets des mercaptans sur les personnes sont similaires à ceux causés par l'exposition au H S, c'est à dire une irritation des poumons, des yeux, du nez et de la gorge. 2 Si la concentration est très élevée, une perte de conscience peut se produire et il peut être nécessaire d'administrer de l'oxygène. 2.3.8 Essences contenant du plomb tétraéthyle (PTE) ou du plomb tétraméthyl (TML) Les quantités de plomb tétraéthyle (PTE) ou de plomb tétraméthyl (TML) normalement ajoutés aux essences ne sont pas suffisantes pour rendre les vapeurs provenant de ces produits nettement plus toxiques que celles des essences sans plomb. Les effets des vapeurs d'essence au plomb sont donc similaires à ceux décrits pour les vapeurs de produits (voir section 2.3.3). 2.3.9 Gaz inerte 2.3.9.1 Généralités Le gaz inerte est principalement utilisé pour le contrôle des atmosphères des citernes à cargaison, empêchant ainsi la formation de mélanges inflammables. L'exigence principale pour un gaz inerte est une faible teneur en oxygène. Sa composition peut toutefois être variable. (Le tableau 7.1 dans la section 7.1.3 fournit des indications sur les composants typiques de gaz inertes, exprimées en pourcentage par rapport au volume.) 2.3.9.2 Composants toxiques Le principal danger associé au gaz inerte est sa faible teneur en oxygène. Toutefois, certains gaz inertes peuvent contenir des traces de différents gaz toxiques qui sont susceptibles d'augmenter le risque encouru par le personnel qui y est exposé. Les précautions à prendre avant de pénétrer dans une citerne ne comprennent pas d'exigences concernant la mesure directe de la concentration en composants de gaz inerte. Ceci est dû au fait que la procédure de dégazage requise pour l'entrée dans la citerne est suffisante pour ramener la teneur en composants toxiques sous leur valeur TLV-TWA. 2.3.9.3 Sans objet 2.3.9.4 Sans objet 2.3.9.5 Sans objet Edition 1 - 2010 © CCNR/OCIMF 2010 Page 20
Description: