Description:La violence semble une composante permanente de la vie urbaine au Moyen-Age. Dans l'espace clos que ménagent les remparts, une société particulière s'est constituée en effet, que des dissensions multiples écartèlent. Jeunes et vieux, laïcs et clercs s'y adonnent également, partageant les rivalités politiques, les querelles d'intérêt, les rancoeurs des laissés-pour-compte, ou les haines que développent parmi les populations chrétiennes la présence de minorités juives ou arabes. Quelles que soient ces manifestations - rixes, assassinats, viols, crimes crapuleux, attentats contre les forces de l'ordre, insultes ou blasphèmes - la violence trouve en ville le support de solidarités constituées et s'inscrit dans les rythmes quotidiens : ceux de l'habitation, de la rue, ou des multiples lieux de rencontre qu'offre la cité. Les temps exceptionnels de la fête ou de la révolte exaspèrent ses accès, la rendent sauvage et passionnelle. Pour la prévenir ou la maîtriser afin qu'elle se maintienne en deçà d'un seuil de tolérance, les autorités imaginent bien des procédés, depuis les instances de conciliation ou les prédications de paix jusqu'à la répression policière, en dépit des faiblesses qu'elle présente. Cependant, les peines et les exécutions publiques, qui légitiment les manifestations officielles de la pire cruauté, traduisent une interprétation sélective du crime et un jugement inégal des violents. Tolérée lorsqu'elle exprime le style de vie des notables, la violence est réprimée avec ardeur quand elle se charge d'une menace pour l'ordre politique ou social. A la fin du Moyen-Age, au moment où la puissance de l'Etat se veut démonstrative, la seconde interprétation devient plus fréquente et marginalise une fraction de la population urbaine dont on exagère ou redoute les excès.